«Laisse moi t’aimer, comme au jour premier, quand tu ne portais ni mon nom ni mes cicatrices. Laisse moi tourner, les pages du passé, déchirer celles qui t’attristent. Retrouver les mots, pour le meilleur après le pire, qu’on s’aime à nouveau.»

Pourquoi ? Je ne sais pas. Pourquoi avais-je accepté de tout quitter en entendant le son de sa voix ? Il m'avait fait l'effet d'un tsunami. Rien qu'avec un tout petit coup de fil, il avait foutu en l'air le semblant de stabilité qu'il me restait. J'avais difficilement apprit à vivre sans lui, j'avais ma vie, celle dont il ne faisait plus partie. Je pensais que de cette façon, je trouverais un moyen de me reconstruire, de laisser le passé derrière moi. Il m'avait prouvé que ce n'était pas possible en me faisant quitter mon pays, mon argent, ma famille. J'ai tout lâché, absolument tout.
J'avais dit oui. Oui je viendrai t'aider si tu as besoin de moi. Une bonne poire. Voilà ce que je suis.
Je n'avais pas posé de questions. M'occuper de l'argent des autres, je suis faite pour ça. Il ne m'avait pas choisi parce que nous avions vécu quelque chose de fort ensemble, mais parce que j'étais la meilleure et il le savait.
M'installer en Corée n'avait pas été chose facile. Aucun repère, aucun ami. Je débarquais dans une ville qui m'était inconnu tout ça parce que mon ancien fiancé me l'avait demandé. J'avais beau crier sur tous les toits qu'il ne représentait plus rien pour moi, que ce n'était qu'un égoïste doublé d'un idiot, il n'en restait pas moins l'homme que j'avais aimé durant de longues années et rien ne pourra changer ça.

Ce matin je m'étais réveillé avec cette boule à l'estomac, celle qui vous fait comprendre que le grand jour est arrivé. Je ne savais pas si j'avais vraiment envie de revoir son visage, sentir son odeur. L'envie de fuir se faisait de plus en plus présente, mais maintenant il était trop tard, je ne pouvais plus faire marche arrière. J'appréhendais cette rencontre. Et si... et si il avait refait sa vie ? Et si quand j'ouvrais la porte je tombais nez à nez avec une femme ?
Quand il s'agissait de Mikio, je n'étais plus moi même, je devenais vulnérable, et complètement hystérique, voir à côté de la plaque.
Je n'avais pas réussit à avaler mon petit déjeuner. Je le détestais pour me rendre aussi faible même après ces années de séparation. Je ne représentais sûrement plus rien à ses yeux ? Je n'étais que la femme qui avait perdu son bébé. Ce sentiment de culpabilité ne me quittait plus depuis l'accident et ça, il ne l'avait jamais comprit.
J'observais mon reflet dans le miroir pendant que je brossais mes cheveux. J'avais changé.
Après m'être rapidement maquillé, j'enfilais mes vêtements en n'oubliant pas mes talons. Je ne voulais pas qu'il me regarde de haut ou qu'il évite mon regard. De cette façon, je pourrais lui tenir tête. Je voulais avoir l'air sûre de moi. Il ne devait pas voir combien il m'avait fait souffrir.

tenue:

Il était temps d'y aller. J'attrapais mon sac en prenant soin de fermer la porte à clé en partant. Je sentais mon coeur tambouriner dans ma poitrines, les battements raisonnant des ma tête. J'hésitais quelques minutes avant d'enfin arrêter un taxi, donnant au chauffeur l'adresse du club. Le nom me semblait... tout à fait lui. Pink Aphrodisia.
Je regardais le paysage défiler devant mes yeux à travers la vitre en tentant de ne pas me laisser bouffer par la peur. Non, je ne suis pas le genre à être terrifiée.
Une fois la voiture arrêté, je sortais quelques billets pour payer ma course et je descendais enfin du véhicule. Je restais surprise par la façade du club. Ca, il ne me l'avait pas dit, mais j'aurai du m'en douter. Venant de lui, ce n'était pas étonnant.
Il faisait encore jour, j'espérais donc ne pas me retrouver au milieu de femmes à moitié nues. Je poussais la porte en respirant un grand coup. J'y étais. Je sentais mes mains trembler, et serrait les poings pour tenter de me calmer.

« Mikio ? »

C'était la première fois que je prononçais son nom à haute voix depuis que nous nous étions quitté. Un frisson parcouru mon échine, ne laissant aucun doute sur mes sentiments encore présents.

«Un club de strip tease. Espèce d'enfoiré.»

Je parlais pour moi même, mais je ne me gênerai pas pour lui faire la réflexion. Je regardais autour de moi, et ne me sentais pas vraiment très à l'aise. Heureusement que je n'avais qu'à m'occuper de la comptabilité.

« Mikio ! Si tu me fais poireauter encore longtemps, je m'en vais ! »

Je ne voulais pas que l'on croit que je faisais partie des danseuses et surtout j'espère secrètement qu'il ne vienne pas.

Je me levais directement quand mon réveil sonna, je n’avais guère dormi et ce n’était pas à cause de l’alcool que j’avais bu la veille, non j’avais été raisonnable une ou deux bières en travaillant sur les comptes, vérifiant le stock et tout les contrats que devais renouveler . Bref cela n’avait pas été de tout repos, surtout que je devenais mélancolique quand je repensais à Reina, à notre passé en commun, à notre enfant disparu à cette vie gâchée et j’en étais la cause principale, la drogue m’avait détruit, nous avait détruit, Reina avait tout fait pour me sauver de cette merde mais rien n’en avait eu raison de ça et notre couple avait explosé comme un pétard parti en fumée le bonheur …

Je pensais l’oublier en partant en Corée mais rien n’y fis dès que je voyais un couple avec un enfant, enfin un bébé mon cœur se serrait, je pensais que cette famille pouvait être la mienne mais il n’en serait jamais rien … Tout ça par la faute d’une crapule … Je conduisais plus pété ou drogué depuis qu’on avait eu ce drame, notre drame. Je voulais un garçon comme tout les hommes, je ne me souviens plus ce que la femme que j’aimais et que j’aime toujours voulait. Enfin tant que le bébé était le notre à vrai dire je me moquais du sexe qu’il aurait de ce qu’il ferait plus tard, même s’il devenait gay je m’en foutais et bordel dieu seul sait que j’aime pas deux mecs qui se roulent des pelles … Non je ne voulais que son bonheur car ce petit être était désiré, ma future femme était rayonnante, elle était aussi belle qu’au premier jour avec son joli ventre arrondi. Ce que personne ne savait c’est que j’avais encore sa photo ainsi que la seconde échographie du bébé dans un emplacement de mon bureau et une photos de nous deux dans mon portefeuille, elle était enceinte de deux mois d’après ce que j’avais marqué sur la photo. Il m’arrivait fréquemment de la regarder et c’est en général que je craquais, je ne voulais que personne ne le voient alors je fermais mon bureau à double tour comme quand je voyais des demoiselles … Oui je passais des fois du bon temps dans mon bureau avec des femmes. Depuis cette romance j’avais changé, j’étais devenu libertin et je me défonçais très souvent.

Je repensais à tout ça quand je partis dans ma cuisine, je me posais des questions surtout comment allait elle réagir quand elle verrait que je dirige un club de strip, qui était un des détails que je ne lui avait pas donné quand je l’avais recontacté pour lui demander si travailler avec moi la tenterait, je savais que je lui demandais de quitter le Japon et tout ce qui lui était cher mais je voulais tenter de recoller les morceaux entre nous, une amitié pourquoi pas et ensuite qui sait peut être une nouvelle histoire de couple avec plus … Je tenais vraiment à elle mais je ne devais pas lui montrer … je ne déjeunais pas et partis après m’être habillé, j’avais mis un jeans bleu noir et une chemise noir des plus banales, le tout avec des converses noires elles aussi.

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Cela me plaisait et même si le rendez vous était un truc officiel pour lui découvrir la boite et son lieu de travail, elle savait que les costumes cravates ce n’était guère pour moi, surtout avec elle, le seul jour que je serais habillé comme ça , c’est quand elle m’épouserait. Je pris la moto et parti sur les chapeaux de roues quelques minutes plus tard après avoir mis mon casque et ma veste de cuir. Le chemin fut comme d’habitude rapide en zigzagant à travers la circulation. Je pouvais me garer et le fit dans la cour où les stocks étaient entreposé. J’y chipotais quand j’entendis la porte du bar s’ouvrir, des talons se firent claquer, une femme certainement et j’entendis une voix de femme.

« Mikio ? »

Cette voix je l’avais reconnue entre mille, elle avait appartenu à la belle qui avait failli devenir madame Sagazaki. Je terminais tout de même d’écrire ce que je devais car il s’agissait d’une série de chiffre pour un stock à commander. Là je l’entendis de nouveau

«Un club de strip tease. Espèce d'enfoiré.»

Ah elle avait devait avoir aperçu les bars ou certaines des filles … Ou non merde la déco de Dae mi … Putain j’étais le roi des cons mais en même temps sa réaction m’amusais, je savais que j’avais eu raison de pas lui dire pour le club. Je mis une main devant ma bouche pour pas qu’elle m’entende rire et qu’on se dispute déjà, cela n’allait pas tarder mais pas de suite, les bonnes choses se font attendre.

« Mikio ! Si tu me fais poireauter encore longtemps, je m'en vais ! »

Bon là je devais faire mon entrée car elle était capable de se tirer réellement, je pris une caisse pur faire genre que j’étais super occupé alors que je ne foutais plus rien depuis que j’avais entendu sa voix.

« Salut Reina ! »

Fis je tout simplement en arrivant et en déposant la caisse sur le bar non loin d’où elle se trouvait.

« L’espèce d’enfoiré est là ! Il te plait pas mon club ? Pourtant tu sais que c‘est-ce qui me fait gagner ma vie. »

Je souriais avec une pointe d’ironie qui voulait tout dire. Je passais une main dans mes cheveux que j’avais pas eu le temps de faire.

« Désolé mais tu crois que les commandes se font toutes seules ? Je t’ai fait attendre et t’es pas mortes hein ! »

Je me rapprochais d’elle et je sifflotais mais dans se sifflement, il y avait une partie qui voulait dire toujours aussi canon la demoiselle. Je la regardais droit les yeux maintenant, j’avais envie de l’embrasser pour la provoquer mais je le fis pas, non elle était une proie et j’allais lui tourner un peu autour.

« Tu sais qu’avec un corps pareil tu pourrais être plus une de mes danseuses que ma comptable ? T’es toujours superbe. »

J’allais avoir des représailles je m’en doutais surtout que je défis un bouton de ma chemise car j’avais trop chaud, bordel je devais ça aussi faire venir un réparateur pour le chauffage, j’allais pouvoir m’occuper de tout ça maintenant que j’avais celle que je considérais comme mon bras droit. Elle était en fac de moi et j’allais pas la laisser partir non pas une fois de plus.

Je crois que s’il m’avait dit qu’il tenait un club de strip tease, je n’aurai jamais mit les pieds ici et il le savait très bien. Encore une fois il avait oublié volontairement de me mettre au courant. Sa façon d’agir n’avait, elle, en tout cas, absolument pas changer. J’avais tout quitté pour… pour un club de strip tease. C’était tout de suite moins classe. J’allais assumer ma décision, mais hors de question que je passe mon temps ici au milieu de ce genre de filles. Je ne les jugeais pas, je me sentais simplement mal à l’aise. J’avais pour habitude de côtoyer les gens riches et hautains. Ce n’était pas l’ambiance à laquelle je m’attendais. J’étais en colère. Je ne l’avais pas encore vu et déjà, il jouait avec mes nerfs. J’aurai presque eu envie de l’étrangler sur le coup. Si j’étais la ce n’était pas pour m’occuper d’un club minable, du boulot, je pouvais en avoir en claquant des doigts, si j’étais la, c’était pour lui, pour rien d’autre, et je regrettai déjà mon choix.

Je ne sais pas ce que les gens présents pensaient de moi, mais je sentais bien leurs regards interrogateurs posés sur moi. Ils devaient se demander qui j’étais, ce que je faisais ici, ou bien si je venais postuler pour un poste de danseuse. Cette idée me fit frissonner de dégoût.
Ne voyant pas arriver mon ancien fiancé, sachant très bien qu’il n’était pas loin, j’avais lancé une menace, il me connaissait et savait mieux que n’importe qui que j’étais capable de retourner au Japon en un rien de temps.
Je sursautais en entendant sa voix et sentis mon cœur se serrer si fort que j’en eus mal durant de longues secondes. Je ne le lâchais pas du regard. Ce visage que j’avais tant essayé d’oublier. Tous les sentiments que j’avais essayés d’enterrer me revenait en pleine gueule. Je le détestais.

« L’espèce d’enfoiré est là ! Il te plait pas mon club ? Pourtant tu sais que c‘est-ce qui me fait gagner ma vie. »

Je ne pus m’empêcher de sourire. J’avais raison, il était bien là, il m’avait observé er surtout m’avais fait poireauter. Je haussais les épaules, il aurait très bien pu faire ce qu’il voulait, il n’était pas idiot, mais non, il avait décidé de gérer ce genre de club. Son sourire me fit l’effet d’une bombe et je lui en voulais d’être toujours aussi beau, voir encore plus qu’avant.

«Chacun son truc. Il me plairait s’il y avait un peu plus d’hommes nus. »

Il savait me rendre folle et surtout je ne supportais pas de me laisser faire. Il m’avait assez manipulé pour me faire venir ici et je lui ferai payer à un moment ou un autre. Nous avons toujours été deux fortes têtes avec nos caractères biens à nous, nous n’étions jamais d’accord non plus, mais ça ne nous empêchait pas de nous aimer. Cette façon qu’on avait de se parler, de se chercher, j’y étais habituée, mais c’était tout de même douloureux après tant d’années sans se voir.

« Désolé mais tu crois que les commandes se font toutes seules ? Je t’ai fait attendre et t’es pas morte hein ! »

Je détestais cette façon qu’il avait de s’adresser à moi comme si je n’étais qu’une idiote sans cervelle, je détestais la façon qu’il avait de m’embobiner rien qu’avec un de ses sourires. Le problème était que je l’avais tellement aimé que j’en étais venue à tomber amoureuse de ses pires défauts. J’étais foutue.
Je ne savais pas si j’avais encore assez le courage de me battre contre lui. Je n’avais qu’une envie, me serrer contre lui pour me sentir en sécurité, pour me sentir vivante. Quand je l’avais quitté, j’avais perdue une partie de moi, je n’étais plus la même. Par contre, j’avais beaucoup trop de fierté pour le lui montrer ou laisser paraître quoi que ce soit. Je devais jouer les dures qui n’en avait rien à faire et face à lui, ce n’était pas évident.

« C’est pas comme si c’était la première fois que tu me faisais attendre. »

Je lui souris de façon assez cynique et fit un pas en arrière en le voyant s’approcher de moi. Il jouait, encore et son sifflement me fit grimacer. J’avais affaire à un espèce de playboy et je ne voulais pas faire partie de ses filles qu’il devait draguer pour les mettre un soir dans son lit. Je valais mieux que ça et surtout, je méritais mieux.

« Tu sais qu’avec un corps pareil tu pourrais être plus une de mes danseuses que ma comptable ? T’es toujours superbe. »

Je ne savais pas comment prendre ce compliment déguisé. Il me trouvait encore à son goût, c’était déjà une bonne chose. Je soupirais d’agacement suite à ses paroles et détournais le regard en le voyant ouvrir le haut de sa chemise. S’il ne tenait qu’à moi, je lui aurai enfilé un col roulé pour ne pas laisser mes désirs reprendre le dessus.

«Ecoute moi bien Al Capone. Je suis là pour travailler, alors tu vas m’arrêter ton petit cinéma. T’as oublié qui j’étais ? Je suis pas une de ces petites poulettes que tu peux emballer avec un petit sourire de merde et une chemise ouverte.»

Bon, j’y étais allée un peu fort sur le surnom, mais j’avais pour habitude que les mafieux tiennent ce genre d’endroit et il en avait tout l’air d’un. Je voulais remettre les choses à leur place. Je voulais qu’il se rappelle combien j’avais compté pour lui et qu’il ne pouvait pas se permettre d’agir comme il le ferait avec d’autres. J’étais plus importante que n’importe qui d’autre et je lui ferai bien comprendre.
Je ne sais pas si c’était lui, ou le manque de climatisation, mais la chaleur commençait à me déranger. Je retirais mon manteau et le gardais à la main.
Mon regard plongé dans le sien, je ne pouvais m’empêcher de repenser au passé et à tous ces moments que nous avions vécus. Je me rendais compte qu’en dépit de tous mes efforts, je ne pouvais toujours pas vivre sans lui.

« Il est où ton bureau ?»

J’avais besoin d’intimité, je n’aimais pas ces étrangers qui nous observaient en se faisant sûrement des millions de films. Ma question sonnait plus comme un ordre que comme une interrogation. Je ne le laisserai pas prendre le dessus. Je soutenais son regard.

« Bon, on y va ou on va rester la à se regarder pendant des heures ? Tu me dois des petites explications. Qu’est ce que je fous la ?! »

Je lui tendis mon manteau pour qu’il l’attrape et le porte. Il avait vraiment le don de me mettre en colère. Personne d’autre à part lui en était capable. C’était le plus désolant pour moi. Savoir que cet abruti était l’homme de ma vie.