Ulsan n'était plus ma ville de rêve, non, c'était plus une sorte d'album photo qui ne faisait que nous plonger dans des souvenirs plus horrible les uns que les autres. Quand je voyais un bâtiment, j'en avais un souvenir, d'une moi tellement différente. J'avais pleinement conscience que je n'étais plus la même, et c'était pour cela que je n'avais pas le même contact avec les autres personne. Rien n'était plus pareil, plus rien. Assise sur mes jambes dans mon canapé, fixant par la fenêtre la douce lumière du soleil. Je ne sortirais pas. J'avais bien trop peur d'affronter une nouvelle fois le monde réel. Je voulais rester dans mon chez moi qui correspondait tant aux ravages de mes émotions. Je traversais mon salon où bout de verre, bout de papier et tableau en morceaux jonchaient le sol : dévastée. On aurait presque l'impression qu'on m'avait cambriolé, qu'une tornade avait dévasté mon intérieur, mais non. C'était juste moi, lors d'un moment d'inconscience dont je n'avais aucun souvenir. J'avais du tout cassé, et quand j'avais repris mes esprits, j'étais en sang, les bras, et les jambes pleins de plaies. J'arrivais tant bien à les cacher sous des vêtements, et de toute façon... personne ne prêtait attention à moi.

Pourquoi je continuais à vivre d'ailleurs ? J'avais à peine une raison : mon ventre rebondi. Mon petit ventre où mon bébé à moi grandissait. Ce petit être qui n'allait que me rappeler l'horrible moment que j'avais vécu. Ce viol, cette honte, cette tare qui me suivrait jusqu'à ma mort. Ce dont je n'arriverais jamais à me séparer. J'avais l'impression qu'à chaque fois que quelqu'un portait son regard sur moi, il savait. Il savait ce que j'avais vécu, il savait tout. J'avais des fois l'impression qu'il voyait carrément toute la scène que j'avais mérité, et qui m'avait fait tomber enceinte. Tout les gens qui me voyait, avec mon masque souriant, me félicitait pour ma grossesse, lorsque j'osais mettre le pied dehors. Mais moi, je ne voyais pas comment on pourrait me féliciter pour la conséquence de cet acte. Et j'avais été trop faible, bien trop faible pour me résoudre à tuer cette vie innocente qui n'avait rien fait pour mériter que j'y mette fin. Et cela faisait 4 mois que je la portais, et je devrais encore le faire durant 5 mois, puis je devrais m'en occuper des années... avec tout l'amour que je pouvais donner.

L'amour... Je ne voulais même plus en entendre parler. Qu'était devenu Kyung Ae ? L'homme auquel j'avais fait vivre toute sorte de chose. Venir me chercher en prison, participer à une de mes soirées... mes mensonges. Qu'allait-il penser de moi maintenant ? Je ne voulais pas le savoir. Je ne voulais pas voir son regard posé sur ma nouvelle personne détruire. Ma silhouette encore plus maigre a part mon ventre rond, couverte de noir, de pansement, de plaie. Je ne voulais pas voir son regard peiné, ou plein de pitié posé sur moi. Du coup, encore une fois, je ne sortais pas, me contentant d'observer la vie qui évoluait par la fenêtre. Mon ventre grogna. Encore une fois, cela faisait longtemps que je n'avais pas mangé. Soudain, on sonna a la porte. Je ne répondit pas, ne donnant aucun signe de vie, me cachant près de la porte. On insista, je regardais par la fenêtre. C'était Kyung Ae : je n'ouvrirais pas.

J'étais planquée derrière la porte, où j'essayais de me faire la plus silencieuse et discrète possible, voulant me faire invisible, ou inexistante. Il ne devait pas m'entendre, il ne devait pas savoir que j'étais là, ça n'était pas possible. Il n'avait pas le droit de venir à l'improviste comme ça chez moi ! Il n'avait pas le droit de me chambouler de cette façon. Ne pas le revoir aurait dû être la chose la plus bénéfique qui aurait du m'arriver parce que, comme on disait, loin des yeux, loin du coeur, et pourtant, je n'arrivais toujours pas à l'oublier, et l'avoir aussi loin de mois durant ces longs mois avaient été une véritable torture. Cela me faisait mal d'y penser, cela me faisait mal de réaliser qu'il était devenu celui qui faisait battre mon coeur. Ça me faisait mal de me dire qu'il fallait que je l'oublie, parce que tout ce que je faisais, c'était briser sa vie. Et puis... il ne devait pas me voir, cela allait le détruire, et me détruire par la même occasion. Voir ses yeux rivés sur mon ventre était bien la dernière chose que je souhaitais, surtout que quand nous nous sommes quittés, dans la forêt... je venais de lui annoncer que j'étais enceinte de lui. Ça n'avait été qu'une idée lancé comme ça, pour renouer le contact après que je lui ai pratiquement dit de sortir de ma vie ! J'espérais juste aussi qu'il allait quitter Sun Ae pour moi, mais... c'était trop espérer.

« Seo Ra, écoute moi… je sais que tu es la.. et je suis sur que tu sais que je t’attends la… Laisse moi juste te parler une petite minute… te voir quelques instants. Ouvre moi. » Entendre sa voix me fit l'effet d'une décharge électrique traversant tout mon corps. C'était comme la pire des tortures après tout mes efforts. C'était comme le premier verre de vin d'un alcoolique après sa cure, c'était comme la première dose de drogue après un sevrage. Moi, mon addiction, elle, avait été tout autre. Elle avait été sa présence près de moi, sa voix à mon oreille qui me susurrait mille merveilles, ses lèvres contre les miennes, contre mon corps qui me donnait des frissons, son sourire qui me promettait de moments heureux, et son espoir lorsqu'il m'avait demander : « Qu’est ce qu’on fais maintenant bébé ? ». Mais tout ça... ça n'avait été que le temps d'une soirée. Une soirée qui ne se répétera simplement jamais, une seule soirée qui devait rester dans ma mémoire pour toujours. Mais maintenant, c'était ma rechute, le moment où je me rendais compte que mes douces tortures avaient été vaine. Je n'aurai jamais du revenir.

Recroquevillée sur moi même, collée contre la porte en bois, je sanglotais, mais je savais que je n'allais plus tenir longtemps silencieuse. Il m'avait tellement manqué, et là, il était à quelques centimètres de moi, et nous n'étions séparés que par une porte que je ne voulais pas ouvrir. Je l'entendais encore insister, d'une voix douce qui me faisait tellement culpabiliser de ne pas être assez courageuse pour me montrer face à lui. « Seo, je veux aux moins m’assurer que tu aille bien… tu m’as tellement manqué si tu savais… je veux comprendre pourquoi tu es partis… je veux te revoir… j’en peux plus t’attendre ce jour, celui ou je pourrais enfin de voir à nouveau. Laisse moi au moins m’assurer que tout ce passe bien. » Un fort sanglot s'échappa de mes lèvres lorsqu'il m'annonça que je lui avais manqué, et je sus alors que j'avais été découverte. Je ne savais pas si je devais lui répondre, je ne savais pas ce que je devais lui répondre. Je ne pouvais pas lui dire qu'il m'avait aussi manqué. Et puis je ne comprenais pas. N'était-il pas censé être heureux de savoir que je n'étais plus là ? Pourquoi je lui avait manqué, lui qui avait sa Sun Ae ?

La voix pleine de sanglots, je gémis, presque silencieusement un petit « Kyung Ae... » Dire son prénom me faisait un effet étrange, c'était comme si cela faisait des années que je ne l'avais pas prononcer à voix haute. Il ajouta encore : « Tu sais qu’on a beaucoup de choses a se dire tout les deux… » Je secouais la tête de droite à gauche. Je relevais la tête, la posant contre la porte avant de lui dire, la voix assez forte pour qu'il m'entende, et d'une façon un peu enrouée : « Non, on a rien à se dire » Je savais que je m'étais montrée sèche, que je n'aurai pas du dire ça. Je savais que j'aurai du être gentille, lui ouvrir la porte et lui offrir quelque chose à boire ou à manger pour qu'on puisse discuter tranquillement, mais je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas lui montrer mon corps maigre, mes cicatrices, ma face blanche et mes cheveux de sorcière. Je ne pouvais pas non plus lui faire voir mon appartement en sang, en verre, en papier déchirés et oeuvres d'art en morceau. Je ne voulais pas qu'il découvre ce que j'étais devenue, et qu'il sache ce qui m'était arrivé pour que je sois dans cet état, ça serait bien trop pour moi qu'il apprenne... l'acte que j'avais subis, mérité.

Je me tournais un peu vers la porte pour que je n'ai pas à parler trop fort pour qu'il puisse entendre ma voix, n'ayant plus l'habitude de hurler pour m'exprimer comme avant. « Je vais bien, ne t'inquiète pas pour ça » Le contraste entre ce que je disais et ma voix qui paraissait abattue était clairement percevable, sauf que je n'avais pas envie qu'il s'inquiète pour moi. « Tu sais, Kyung Ae... » le début de ma phrase était à nouveau dit avec une faible voix, et j'aurai été étonnée de savoir qu'il m'entendait. « Je ne suis pas sûre que me revoir soit une bonne chose pour toi » J'allais encore lui servir le même discours, celui qu'à force, il devait connaître par coeur. Celui dont je savais qu'il l'énervait, parce que je n'arrêtais pas de lui répéter. « Tu ne devrais pas t'inquiéter pour moi parce que tu as... » Je marquais un petit temps d'hésitation avant de souffler « Sun Ae » Je fermais mes yeux, appuyant ma tête contre le panneau de bois. « C'est auprès d'elle que tu devrais être maintenant, pas chez moi, tu l'aimes elle, pas moi, il faut que tu saches où se situent tes priorités... »

Les larmes remontaient à mes yeux alors que je me rendais compte que je ne voulais plus croire en mes paroles. J'inspirais un grand coup avant de faire une grosse erreur. « Tu... tu m'as aussi manqué... » J'eus un tout petit sourire un peu triste avant de répéter plusieurs fois le mot « mais... », le laissant à chaque fois un peu en suspens, hésitant à finir ma phrase. « Mais je ne veux pas te voir... ni maintenant, ni plus tard... » Maintenant, c'était dit, même si cela me faisait affreusement mal, même si je sentais que j'allais regretter toute ma vie de l'avoir repousser, pour la deuxième fois d'ailleurs, même si je savais que ma seule envie était qu'il me tienne dans ses bras et qu'il ne me lâche plus jamais... c'était la chose à faire.

Spoiler:

J'avais l'impression de ne lui répéter que ça à longueur de temps, aucune autres phrases ne sortaient jamais de ma bouche " il ne faut plus qu'on se voit " ou encore " il faut que tu partes ". J'étais partie quatre mois sans laisser aucune nouvelle, ni aucun indice sur où je pouvais être, et pas un mot tendre ne s'échappait de ma bouche. La seule chose que j'avais pu lui dire qui montrait mes sentiments, c'était un simple " je t'aime " lancé sèchement alors que j'étais complètement bourrée. Pourtant au fond, ce n'était pas du tout les sentiments que j'éprouvais à son égard, cette froideur que je lui adressais, et la distance que je mettais entre nous. Au contraire, je voulais juste qu'il reste pour toujours à mes côtés, que je puisse être dans ses bras où je me sentais si bien... mais ça n'était pas possible, et cette dualité me perturbait. Il n'était pas pour moi, et ne le serait jamais. Il méritait bien mieux que la jeune femme perturbée que j'étais, il n'avait pas besoin de la folie qui me hantait dans sa vie. Il méritait au contraire la douceur et le calme que pouvait lui offrir sa petite amie avec qui il était depuis si longtemps.

J'étais toujours assise contre la porte, et je me renfermais de plus en plus sur moi à mesure que Kyung Ae me parlait. « Seo Ra… tu ne comprends vraiment pas alors. J’ai passé quatre mois atroces sans toi. Chaque jour j’attendais qu’on m’appelle pour me prévenir que tu étais revenue et maintenant que je peux te revoir tu me rejettes encore… » Un petit sanglot s'échappa de mes lèvres. C'était lui qui ne comprenait pas ! Insister de cette manière ne servait à rien ! Il ne devait pas souffrir de mon absence ! Il n'aurait pas du souffrir de mon départ ! Cela était censé lui être bénéfique, il aurait du se rapprocher de Sun Ae pour redevenir avec elle le couple parfait qu'ils incarnaient. Donc oui, il fallait que je te rejette, Kyung Ae, jusqu'à ce que tu comprennes clairement mes intentions. Je ne lui répondrait pas. De toute manière, il n'y avait rien à répondre, puisque je ne voulais pas le voir. « Durant ces quatre mois j’ai passé mes journées à travailler plus dur qu’avant pour oublier que tu étais partie. » Je secouais la tête de droite à gauche. C'était faux, il me mentait. Ça ne pouvait pas être possible. Il n'avait pas le droit de faire ça ! Il n'avait pas le droit de me faire croire qu'il tenait à moi au point d'en être brisé ! Il n'avait pas le droit de jouer avec mon coeur et mes sentiments. Il n'avait pas le droit de me donner de tels faux espoirs...

Je lui en voulais d'essayer de m'attendrir de cette façon. Je lui en voulais tellement, que mon envie de ne pas lui ouvrir s'accentuait. Je croisais les bras autours de mes jambes, et je calais ma tête entre mes genoux. Je ne voulais pas le voir. Ni aujourd'hui, ni plus tard. Peut être dans un an, ou deux, mais pas avant... Juste le temps qu'il m'oublie, et que mes sentiments à son égard se soient envolés. « Je me fiche de comment tu es… tout ce que je veux c’est te prendre dans mes bras, encore une fois. » Je secouais la tête de droite à gauche. Il ne fallait pas qu'il me persuade mais... mais me retrouver encore une fois dans ses bras était une idée qui me plaisait tant ! Tant que j'en étais frustrée de ne pas pouvoir le voir. Un nouveau sanglot raisonna dans ma maison alors que j'essayais d'essuyer les larmes qui coulaient encore sur mon visage. « Je t’en supplie… ne pleure pas sans que je puisse de prendre contre moi. Tu sais que j’ai toujours été la pour toi. Alors laisse-moi l’être encore une fois même si cela est la dernière fois que je pourrais le faire. Laisse-moi te voir encore une fois. J’en ai besoin et toi aussi. » Encore une fois, je secouais la tête de droite à gauche, même si je savais qu'il ne pouvait pas me voir.

Soudain, j'entendis la poignée de ma porte bouger, et je commençais à paniquer. Presque hystérique, je hurlais un « NON » de peur qu'il réussisse à ouvrir la porte. Sentant qu'il n'allait pas abandonner, il fallait que je trouve une solution. La seule chose que je ne voulais pas, c'était qu'il me voit. Je ne voulais pas qu'il me voit maigre, pâle, et pleine de cicatrice. Je ne voulais pas qu'il me voit affreuse, triste et enceinte. Je tournais la tête dans tout les sens avant de trouver une solution. Je me levais difficilement, avant de me coller face à la porte. « Kyung Ae... Tu.. tu bouges pas, hein ? et... et tu n'essaies pas d'ouvrir la porte non plus ! » Ma voix n'était pas très assurée, et un peu timide. Je m'éloignais un peu de la porte avant de lui dire encore « Je... je reviens vite ! » Je me retournais et me mis à courir dans ma maison. Je montais rapidement à l'étage, pour fouiller dans les tiroirs de ma chambre. Je ne savais plus où je l'avais mis ! J'étais sûre qu'il était encore là, parce que je ne l'avais pas emmené quand j'étais partie... soudainement, je le trouvais. Je sortis le bandeau noir du tirroir, et je redescendis prudemment les escaliers. Je me reposais devant la porte, et là... j'hésitais un peu.

Je toquais un peu à la porte pour savoir s'il était toujours derrière, parce que j'aurai eu l'air bien idiote s'il était parti, et quand j'eus un signe de sa présence, je lui dis : « Tu peux tenir une promesse ? » Je ne voulais pas qu'il demande des précisions, alors je le coupais déjà. « Ne pose pas de question, dis moi juste oui, ou non. » J'étais un peu stressée par ce que j'allais fais. J'avais peur d'échouer dans ma manoeuvre, et que du coup, il me voit... Une fois que j'eus sa réponse, je lui expliquais. « Je vais te mettre un bandeau sur les yeux. Tu me promets de pas l'enlever ? » J'avais fini ma phrase sur un ton d'enfant en même temps que j'en adoptais la moue, même s'il ne pouvait pas le voir. Je l'entendis me répondre positivement, alors je lui demandais de fermer les yeux. « Ne triche pas ! » Une fois que je fus sûre qu'il eut bien fermé les yeux en regardant par le petit trou sur ma porte, je l'ouvris, et lui plaçais le bandeau noir sur les yeux. Je lui ordonnais de se retourner pour que je puisse l'attacher en me mettant sur la pointe des pieds. Je vérifiai s'il était bien mis, et lui fis quelques signes devant les yeux pour savoir s'il me voyait ou non. N'obtenant aucune réaction, j'en déduis que c'était efficace.

Je m'accrochais à son bras, et je le tirais avec moi dans ma maison, refermant la porte derrière lui. Je le mis alors en garde : « Fais attention où tu poses les pieds... » Je n'avais pas envie qu'il tombe sur le sol, et avec tout le bordel qu'il y avait, il y avait de grandes chances qu'il se prenne quelque chose dans les pieds qui le fasse trébucher. J'avançais tout doucement jusque dans la cuisine. Je le fis s'asseoir sur une chaise et je partis refermer la porte de la pièce. Je le vis monter ses mains jusqu'à son visage et je lui hurlais presque : « N'enlève pas le bandeau ! » Je m'assis sur une chaise en face de lui, et pris ses mains dans les siennes. Elles étaient grandes et chaudes, alors que les miennes étaient toutes petites et très froides. Cela me fit un bien fou... Je voulu les enlever, mais il m'en empêcha. Je fis semblant de sourire, et lâchais en même temps un faux rire pour accentuer ce que j'allais dire. « Tu es à l'intérieur maintenant. Et tu me touches ! Tu vois bien que je vais bien ! » Il y eu un petit blanc... je ne savais pas quoi dire. Je me levai, quittant ainsi sa chaleur, et lui demandais : « Tu souhaites boire quelque chose ? »

J'étais très hésitante maintenant que Kyung Ae était chez moi, tout proche de moi. Je me sentais trembler rien qu'à l'idée de le savoir dans la même pièce que moi, et je perdais toutes mes convictions. Je l'aimais tellement ! Je me demandais comment cela pouvait être possible d'aimer tant une personne. Étais-je folle ? C'était déjà fort probable... Mais est ce que cela pouvait jouer sur mes sentiments ? Avaient-ils toujours été aussi forts depuis le début ? Non... Je ne savais pas si j'avais fais le bon choix en le laissant entrer chez moi finalement, je doutais à présent de ma décision. Peut être que si je l'avais ignoré, et qu'il était resté en plan devant la porte, il aurait totalement abandonné le fait de me reparler ? Ça aurait été une bonne chose. Adossée contre le plan de travail, je me mordais les doigts de ma bêtise. C'était foutu, il allait vouloir parler, et comme je me connaissais, je n'arriverais pas à lui mentir ! Ses yeux - bien que je ne les voyais pas - me semblait si sincère parfois que je me sentais mal de ne pas lui dire la vérité. Et puis, j'avais toujours été une personne plutôt franche, mentir n'était pas trop dans mes habitudes. Quoiqu'il en soit, Kyung Ae n'avait pas trahis sa promesse. Il avait toujours son bandeau sur les yeux, et n'avait pas l'air d'essayer de l'enlever, et c'était une très bonne chose.

Il me demanda si j'avais des bières... Mais je ne savais plus si j'en avais ou pas. Je restais quelques instants en blanc face à cette demande, avant de me diriger vers le frigidaire pour voir s'il en traînait une que j'aurais acheté dans mes anciens réflexes. Par chance, il m'en restait encore un carton plein - ma conscience continuant à me dicter que l'alcool durant une grossesse, c'était mal -, et je défis le carton pour en sortir une. J'allais me redresser lorsque j'entendis un murmure. « Je veux bien te voir aussi. » Ma bouche s'ouvrit en grand, et je cru un instant avoir mal entendu. Je me relevais, et me cognais la tête contre le haut du frigo en lâchant un « Aïe » que j'eu du mal à retenir. Je me mis droite en me frottant le haut de la tête. Je pris un verre, et le servit gentiment à Kyung Ae en lui mettant la mains sur le verre pour éviter qu'il ne le renverse puisqu'il ne voyait rien. Je ne lui répondit rien quant à sa demande de me voir, espérant qu'il oublierait vite cette envie. Je restais cependant proche de lui pour sentir son parfum masculin. Il se tourna vers moi, et me demande : « Alors, pourquoi est ce que tu m’as laissé ? »

Je me sentais un peu blessée par la dureté de ses paroles, et ce coup de poignard ne me donna pas du tout envie de lui répondre. Je fis deux pas en arrière en baissant la tête, et m'assis sur une chaise près de lui. Il chercha ma mains, mais je ne l'aidais pas du tout dans sa recherche, le laissant se débrouiller tout seul. Je me sentais mal qu'il me juge comme ça, je me sentais si mal qu'il ne comprenne pas que je n'avais pas eu d'autre choix... pourtant un côté de moi savait qu'il ne pouvait pas savoir dans quelles circonstances j'étais partie... Sa main qui serra la mienne me réchauffa tout le corps, et j’esquissais un léger sourire un peu triste lorsqu'il me dit : « Désolé… enfin, j’aimerais comprendre pourquoi tu es partis… ça m’a fait tellement mal. » Je serrais moi aussi alors sa main qui serrait la mienne, me sentant désolée intérieurement de ne pas avoir la force de tout lui expliquer. J'étais bien trop fatiguée pour essayer de partir dans des grandes discussions explicatives et argumentatives. Le silence pesa un peu dans ma cuisine, et je me sentis mal de rester assise à côté de lui. Je me levais à nouveau, le forçant à lacher ma main avant de tourner un peu en rond.

« Seo Ra, laisse-moi enlever ce bandeau. Je me fiche de ce que tu veux me cacher, laisse moi te voir. » Je n'avais pas envie qu'il me voit vraiment pas... Je restais quelques instants face à la fenêtre, appuyée contre mon évier, avant de me tourner vers lui, et de constater que quelque chose clochait. Ses yeux... JE VOYAIS SES YEUX ! Mes yeux s'ouvrirent en grand avant que je ne me précipite sur lui pour bloquer sa vue avec ma main. « PUTAIN KYUNG AE ! » J'étais si en colère qu'il ait enlevé son bandeau ! Et je me sentais si.. si trahie ! Il m'avait promis de ne pas le faire ! J'enlevais finalement ma main de ses yeux, et je le fixais, toute proche de lui, avec des yeux très triste : « Tu n'as pas tenu ta promesse... » Mes mains migrèrent sur ses épaules, alors que je continuais a le regarder tristement. Cela avait pourtant été une promesse si simple ! et si facile à tenir ! Je lui fis comprendre toute ma déception à son égard. « Comment tu veux que je te crois, ou te fasse confiance, si tu ne tiens pas des promesses, certes enfantines, mais si basiques ? »

Fatiguée, et surtout lassée, je m'avachis sur la chaise en face de lui, me cachant un peu derrière mon grand t-shirt, rentrant dans le même temps mes bras dans mes manches. Rancunière, et irritée, je lui lâchais sans même essayer d'être gentille : « C'est bon, tu m'as vu maintenant ? t'es content ? » Je lui fis un bon gros faux sourire, avant d'enchaîner avec un mouvement de tête montrant la sortie : « Tu peux partir alors. » Je croisais mes bras sous mon t-shirt, et m'adossais à la chaise, vexée. Pourtant, je sentais qu'il n'allait pas partir de si tôt, parce qu'il avait eu du mal à entrer, alors il fallait que je lui donne une bonne raison de partir. Je me penchais vers lui, et sortit mon bras droit de ma manche, pour tapoter la table avec mon index. « Tu es égoïste Kyung Ae. » Je le regardais droit dans les yeux très sérieusement, avant de continuer à lui dire tout ce que j'avais sur le coeur. Je ne savais pas trop quel ton prendre avec lui. Je n'avais pas envie d'être trop sévère, mais en même temps je n'avais pas envie d'être trop laxiste avec lui, pour bien lui faire comprendre comment étaient les choses.

« Tu es égoïste, parce que toutes les fois où tu m'as parlé depuis que tu t'es pointé devant ma maison, c'est pour parler de TA douleur, mais pas de la mienne. Tu as parlé de TA tristesse quand je suis partie, tu as parlé de tout le mal que TU as eu pour essayer de m'oublier. Tu n'as parlé que des longs mois où TU étais tout seul, mais est ce que tu as pensé une seule fois à ce que JE pouvais éprouver ? » Ma voix se cassait un peu, et je sentais que j'allais me remettre à pleurer, mais je fermais les yeux quelques secondes pour m'empêcher de verser une larme. « Tu n'as pas pensé que j'avais sûrement eu une très bonne raison de partir ? Tu n'as pas pensé non plus que pour moi aussi ça a été très dur de te quitter ? Voir même plus, parce que moi, je me suis retrouvée toute seule, alors que toi tu avais les bras de Sun Ae ? Tu n'as pas pensé que je me sentais mal de t'avoir laissé l'occasion de totalement m'oublier ? Je... J'étais mal pendant quatre longs mois, et quand je reviens enfin à Ulsan, tout ce que tu me demandes, c'est pourquoi JE t'ai abandonné ? Alors que si tu avais été très attaché à moi, tu m'aurais sûrement cherché... As-tu au moins essayé de vraiment savoir où j'étais ? Pas seulement en me harcelant sur mon téléphone ? »

Je laissais finalement une larme m'échapper, puis une seconde, avant de me mettre vraiment à pleurer. « Tu n'as rien à faire chez moi, si tu n'as rien d'autre à dire, tu peux prendre la porte... » Je levais les yeux vers lui, et mon regard se fit un peu plus doux. « Tu sais Kyung Ae... je t'aime toujours, ce n'est pas parce que je suis dure avec toi que je n'ai plus de sentiments... » J'esquissais une seconde un petit sourire. « Je veux juste que tu comprennes que tu n'es pas seul au monde, que tu n'es pas toujours la victime, que tout ne s'arrête pas à tes sentiments... » Je me levais, et ouvrit la porte de la cuisine, le laissant ainsi apercevoir le chantier que ma maison avait pu devenir depuis que j'y habitais à nouveau. « Lorsque tu auras compris ça, tu pourras revenir... et là, je suis fatiguée... » Je lui montrais mon ventre rond pour lui montrer que oui, j'étais réellement enceinte, même si ce n'était pas de lui. « Maintenant tu sais pourquoi je ne voulais pas que tu puisses voir. »

J'attendais calmement qu'il parte, debout près de la porte de ma cuisine que je maintenais ouverte. Enfin... pas si calmement en fait. J'étais énervée, fatiguée, et surtout lassée de lui et de son comportement. Je n'avais plus envie de rester plus longtemps près de lui, encore moins aujourd'hui, après tout ce qu'il avait pu me dire pour me faire culpabiliser sur mon absence, alors qu'il ignorait tout de l'histoire. J'avais essayé de le raisonner, de lui dire ce que je pensais, sans avoir à tout lui expliquer dans les détails, mais ça n'avait fait que l'énerver, me maintenant dans l'idée qu'il n'était pas assez " adulte " malgré le fait qu'il ait le même âge que moi. Ça m'agaçait moi aussi, parce qu'il n'avait pas l'air de comprendre toute l'importance des choses. Je soupirais longuement avant de lui montrer mon ventre tout en lui disant que c'était à cause de ça que je ne voulais pas qu'il me voit. Bien sur, ça n'était pas qu'à cause de ça. C'était aussi à cause de tout le bordel, de mon visage défait, de mes horribles vêtements sombres et des multiples cicatrices que je pouvais avoir sur tout le corps et que je prenais à peine la peine de masquer puisque je ne sortais jamais, et que sa visite était tout à fait inattendue.

Il se rapprocha de moi, de plus en plus, et une fois qu'il fut à mon niveau, il posa ses mains sur mes joues tout en me disant : « Ne te fatigue plus a me dire que je suis un idiot, je le sais va. » Je me forçais à rester indifférente à son contact, mais c'était bien plus dur que ce que je me serais imaginer. J'aimais trop le contact de ses mains chaude avec ma peau, et je n'avais qu'une seule envie, c'était de caler tout mon visage au creux de sa paume, mais je ne devais pas le faire, surtout pas. Aussi, s'il savait qu'il était idiot, pourquoi il ne partait pas maintenant ? Et pourquoi il restait aussi proche de moi ? Savait-il à quel point cela me perturbait ? Puis... je le voyais se pencher de plus en plus au dessus de moi, mettant nos visage à à peine quelques centimètres. J'avais envie de le gifler, de lui dire de s'arrêter maintenant et de partir, de me laisser tranquille et de ne plus me chambouler comme il le faisait, mais mon corps ne bougeait plus, simplement dans l'attente de ce baiser qui semblait imminent. Lentement, à mesure où il s'approchait, mes yeux se fermaient, et quand ses lèvres se posèrent sur les miennes, je crus renaître.

Je me demandais comment j'avais pu tenir si longtemps sans ce doux contact, et je me demandais comment je vivrais si je ne pouvais plus jamais le ressentir. Et puis, je ne savais pas pourquoi c'était si bon ! J'avais vécu des tonnes de baisers, sûrement plus que lui d'ailleurs, alors pourquoi avec lui c'était si différent ? Pourquoi avec lui, et seulement lui, je ressentais une douce chaleur qui me réconfortait à chaque fois qu'il m'embrassait ? Et puis, si encore ce n'était que le baiser, mais tout chez lui me rend plus heureuse. Rien que son regard, son sourire, la chaleur de sa peau m'emplissait d'un bonheur... tout autant que d'un malheur. Il s'éloigna de moi, et je rouvris les yeux, et je forçais dans l'immédiat mon regard à se faire dur à son égard. Je ne devais pas me faire subjuguée par mes émotions de la sorte. Il me prit la main pour me ramener à la table de la cuisine où il me fit m'asseoir, et mon regard ne s'était toujours pas adoucit. Il posa sa mains sur mon ventre et me demanda : « Qu’est ce qu’il t’es arrivé Seo.. après mon départ.. ? » Je me sentis perdre toutes mes couleurs. Qu'est ce qui lui faisait dire qu'il m'était arrivé quelque chose ? Mes yeux s'écarquillaient alors que je regardais paniquée de tout les côtés. Il ne devait jamais savoir. Jamais.

Quand il se pencha au dessus de moi, et qu'il changea de sujet en me demandant comment je me sentais juste là, je fus soulagée, car je sentais que je pourrais aisément éviter le sujet. Il enchaîna en me demandant comment allait le bébé, et mon visage s'assombrit tout de suite après. Devais-je lui dire une partie de la vérité, ou devais-je lui cacher pour toujours ? N'était-ce pas malhonnête de lui faire croire que j'étais enceinte de lui, alors que ce n'était pas le cas ? Mais... Est ce que ça n'assurait pas aussi un avenir plus radieux à cet enfant ? D'avoir un père qui serait là, même si nous n'étions pas ensemble, plutôt qu'un père absent, inconnu, qui n'avait fait que blesser sa mère ? J'étais dans un cruel dilemme dont je ne savais comment m'en défaire. Qui devais-je blesser ? Car là était la question. Soit je détruisais la vie de Kyung Ae, soit celle de mon bébé. A laquelle tenais-je le plus ? Ma main se leva doucement, et je la posais sur le visage de Kyung Ae, en caressant tout les traits. Je passais ma main sur sa joue, remontant sur sa tempe pour aller sur son front. Petit à petit, je descendis pour caresser son nez, passer doucement sur ses yeux clos, puis ensuite tracer le contour de ses lèvres avec le bout de mon doigt.

Et si l'enfant ne lui ressemblait absolument pas ? Cela avait de grandes chances de se produire, étant donné que ce n'était pas lui le père, et là, quelles explications je lui donnerais ? Il serait bien trop tard pour lui avouer la vérité, alors que je ne serais toujours pas prête pour lui donner les détails les plus sombres que je voulais laisser cacher à tout jamais. Que devais-je faire ? Pourquoi est ce que je n'avais jamais cru aux ancêtre qui pouvait nous aider ? Je serais en train de prier le ciel de me donner une solution, mais je me retrouvais bien seule face à mon problème. Doucement, je murmurais d'une voix douce : « kyung ae... » dès que je sentis son regard se poser sur moi à nouveau, j'essayais de lui sourire pour atténuer ce que j'allais lui dire. J'ouvris plusieurs fois la bouche, mais aucun son n'en sortait. Je n'étais pas prête à lui dire, mais je savais que je ne serais jamais prête à cela... Je pris une longue inspiration avant de lui dire, en essayant de le fixer droit dans les yeux : « tu... tu n'es pas le père kyung ae. » Je fermais les yeux une fois que j'eus fini de dire ça, ne voulant pas affronter les siens. Je ne voulais pas savoir ce qu'il ressentait en apprenant ça.

Je ne voulais pas voir son sûrement mélange de tristesse car il avait toujours pensé qu'il serait père, et de soulagement car il n'aurait pas à le dire à Sun Ae. Je ne voulais pas voir sa colère de l'avoir berné, et son questionnement sur qui aurait pu être le père. Les yeux toujours fermé, et au bord des larmes, je continuais à parler, la voix un peu sanglotante : « c'est... le jour où je t'ai dis que j'étais enceinte c'est... c'était un mensonge... je voulais juste que tu quittes sun ae pour moi... » Je savais que ce que j'étais en train de lui dire pouvait être décisif sur ce qui allait suivre. Je savais que ce que je disais allait le faire partir, et qu'il ne voudrait sûrement plus jamais me voir, mais... c'était la vérité, au moins. Mais là... s'annonçait quelque chose d'un peu plus difficile à manipuler. Les yeux toujours clos, je lâchais, la voix particulièrement cassé parce que moi, je connaissais la vérité derrière les paroles : « le soir de ce jour... je suis allée dans un bar et... et j'ai pris un gars au hasard assis à une table et je l'ai ramené chez moi... » Je tournais la tête légèrement sur le côté, pour ne pas croiser son regard, et lorsque j'ouvris légèrement mes yeux, une goutte tomba sur ma main.

Je tournais enfin la tête vers lui, et essayant de prendre l'air le plus convainquant possible, je dis : « c'est de lui que je suis enceinte. » Je gardais un regard sérieux, tout en essayant de calmer mes pleurs. C'était fait maintenant, je n'aurais plus à assumer ce mensonge plus longtemps, mais même avec cette pensée, je ne me sentais pas plus légère. Cela allait être dur, cela allait être long, j'allais être toute seule, mais j'étais presque honnête. Ne disait-on pas que le plus dur était la vérité ?

J'étais tellement stressée dans la cuisine de ma maison où je me devais d'être tranquille, maintenant que je venais de dire à Kyung Ae qu'il n'était pas le père de l'enfant. J'avais inventé le mensonge le plus pittoresque que l'on pouvait imaginer à propos de cet enfant, lui disant qu'il était d'un gars qui m'était totalement inconnu que j'avais rencontré dans un bar et qu'on avait oublié de se protéger. Pour être vraiment tranquille, j'aurai pu lui dire que j'avais rencontré un autre gars et que je vivais le parfait amour avoir lui mais là... j'aurai eu peur qu'il cherche à vraiment le rencontrer. A présent, j'espérais simplement qu'il n'essaie pas d'avoir plus d'information à propos de cette soirée ou de ce gars, ou qu'il n'insiste pas à propos de cette histoire pour en connaître plus de détail, car je ne saurais pas quoi lui inventer comme mensonge pour qu'il puisse vraiment me croire et ne douter de rien à mon propos. Le mensonge, toujours le mensonge, il n'y avait que cela dans ma vie. Sans m'en rendre compte, j'en rajoutais au dessus d'un autre sans réussir finalement à discerner le vrai du faux. Je m'étais moi-même perdue, et comme personne ne connaissait la totalité de la vérité... Personne ne pouvait m'aider à m'en sortir.

Tout doucement, les larmes coulaient sur mon visage. Il ne savait pas vraiment pourquoi je pleurais, il ne pouvait pas s'en douter. Il devait peut être me prendre pour une folle, car lui dire que j'avais couché avec un mec n'était pas tant habituel, alors pourquoi je me mettais à pleurer ? Il ne savait simplement pas tout le désespoir qui m'habitait... Il ne le saurais d'ailleurs jamais. « Tu as pensé aux conséquences ? Et si j’en avais parlé a Sun Ae ! » Etait-il débile, ou alors le faisait-il exprès ? Je lui avais bien dis avant, que ma seule envie avait été qu'il la quitte pour qu'il n'y ait que nous deux ! Mais face à lui, je gardais le silence, me contentant de pleurer un peu plus, toujours aussi silencieusement, me renfermant sur moi-même à mesure que je l'entendait parler. « Pourquoi tu m’as fais croire cela ? Pourquoi ? Et être partit quatre moi en me laissant m’inquiéter pour toi et l’enfant que je pensais de moi ! » Je continuais de me taire, il n'aurait qu'à réfléchir, je lui avais dis. Je n'allais pas gâcher de l'énergie alors que cela faisait longtemps que je lui avais demander de me laisser tranquille pour que je puisse me reposer car il m'avait trop épuisé avec sa venue. 

Toujours pas décidé à s'en aller, il s'installa sur une chaise en face de moi, se taisant enfin, me fixant simplement. Je fixais tout doucement mes mains qui jouaient un peu ensemble, sans vraie expression sur mon visage à par un air un peu triste et perdu. Il prit mon menton entre ses doigts et m'obligea à le regarder, et, pas prête à cela, je détournais mes yeux vers la gauche. « Pourquoi tu n’es pas directement aller voir ce mec ? Pourquoi moi ? C’est lui qui devrait t’aider a élever l’enfant… » Je baissais une nouvelle fois les yeux, honteuse. Oui, mon mensonge avait été mauvais. J'aurai du trouver autre chose pour le convaincre de me laisser tranquille, mais je n'avais pas envie de parler maintenant... Je voulais lui laisser le temps de dire tout ce qu'il avait sur la conscience pour qu'il soit enfin tranquille et ... et je ne savais pas trop. J'attendais simplement. J'attendais qu'il oublie, qu'il me laisse tranquille et qu'il s'en aille pour que je puisse recommencer à me morfondre dans mon coin. « Je ne te laisserais pas seule même si je ne suis pas le père. » finit-il par dire. Je relevais soudainement la tête pour le fixer, très sérieusement. Il ne pouvait pas faire cela, il n'en avait pas le droit.

Je lui fis un doux sourire remplis de larme, avant de lui dire d'une voix un peu faible, mais déterminée : « Et moi, je ne veux pas que tu t'en occupes. Tu as bien assez de problème comme cela pour ne pas te mêler de la vie de cet enfant qui n'est pas le tiens... » Mon doux sourire se changea en quelque chose d'un peu plus amer, avant que je ne me remette à parler, d'une voix encore plus basse que la fois d'avant. « Pour répondre à toutes tes questions, oui, j'avais bien réfléchis aux conséquences que cela pourrait avoir de te faire croire que j'étais enceinte de toi... Et c'est justement ce que je cherchais. Je voulais voir une dispute entre toi et Sun Ae qui vous amènerez à vous quitter... Puis ta sœur t'en aurais voulu, et alors tu n'aurais eu personne vers qui te tourner à part moi. Par conséquent, je t'ai fais croire cela pour que tu quittes Sun Ae... » Mes paroles étaient dures, mais je me devais de l'être. De toute façon, je ne disais que la vérité actuellement.

Je baissais encore un peu la tête, car la, ça ne serait plus totalement la vérité. Le pire de cette histoire était que je ne mentais qu'en partie sur certain détails. « C'était un coup d'un soir, je n'ai pas ses coordonnées, ni son identité » C'était en partie vraie, mais pas pour les mêmes raisons... Je n'ai ni ses coordonnées, ni son identité simplement parce que je ne cherche pas à les avoir ! « J'ai eu un comportement débile, sur ces deux points, et c'est d'autant plus de raison pour toi de m'abandonner » Je caressais doucement son bras, tout en articulant sans le dire un " je t'aime " qui ne servait strictement à rien à part nous torturer tout les deux. Enfin, j'eus une idée pour le convaincre de ne pas avoir à m'aider après. « Tu n'auras pas à t'en faire, de toute façon, je pense le faire adopter... » Je caressais mon ventre comme pour me faire pardonner de mon bébé, et je m'adressais à lui dans mes pensées “ ne t'inquiète pas mon chat, jamais je n'oserais penser cela... ”

J'essayais juste tellement de lui faire abandonner l'idée de vouloir s'occuper de l'enfant, et cela, par tout les moyens. Je lui avais dis qu'il n'était pas le père, je lui avais dit que j'avais été horrible avec lui, avec tout les coups bas que j'avais pu lui faire depuis le début de cette grossesse, enfin même de la fausse grossesse d'ailleurs, mais il n'avait pas l'air de vouloir m'écouter. Et pourtant, j'aimerais tellement qu'il le fasse ! Qu'il m'écoute, qu'il m'abandonne comme je mérite tant qu'il le fasse, et que je puisse m'occuper seule de tout ce que j'ai semé... Tout était de ma faute de toute façon, je n'avais que ce que je méritais. j'avais été mauvaise, trop longtemps, j'avais menti, j'avais trahis, j'avais faillis brisé des couples... me faire briser de cette façon n'était en quelque sorte qu'une vengeance divine... Une vengeance certes, horrible, mais cela devait cumuler sur tout ce que j'avais fait de mal... Les vols, les accidents, la drogue, l'alcool, le sexe avec des hommes en couple, ou même marié... Ouais.. Je l'avais amplement cherché finalement. Face à moi, Kyung Ae ne disait rien, alors que je venais de lui dire que j'allais sûrement faire adopter l'enfant... Mais il ne disait rien.

Il ne tenait pas à lui ! Il ne tenait pas à moi ! De toute façon, pourquoi il tiendrait à l'enfant, ce n'était même pas le siens ! Et pourquoi il tiendrait à moi, il ne m'aimait même pas ! Il posa sa main sur ma joue, et je le regardais droit dans les yeux, les miennes posées sur mon ventre qu'elles caressaient doucement, presque amoureusement. « Je peux au moins être au près de toi pendant le reste de la grossesse.. » Je me mordis un peu les lèvres, retenant les paroles blessantes qui allaient sortir de ma bouche. Je n'avais d'une part pas envie de le blesser mais... cela me semblait d'une autre part tellement la seul solution valable pour qu'il me laisse tranquille à tout jamais ! Même si je m'imaginais mal vivre sans sa présence, même si je l'aimais de tout mon coeur, presque à en mourir tellement cela me rongeait... Je ne pouvais pas le laisser prendre des responsabilités qui n'étaient pas les siennes. Je ne voulais pas qu'il prenne la responsabilité d'un viol qu'il ignorait ! Je ne voulais pas qu'il s'occupe d'une personne aussi sale que moi parce que je ne voulais pas qu'il le devienne lui aussi rien qu'en me touchant ! Rien qu'en trahissant une autre personne par ma faute !

« Je ne t’abandonnerais pas, pour la simple bonne raison que tu fais partie de ma vie et que je tiens a toi. Même si tu as voulus casser mon couple, me faire croire que j’étais le père, même si tu es partis me laissant sans nouvelle, même si tu pense que tout serait mieux si on ne se parlait plus, moi je ne veux plus vivre sans toi. Même si nous ne seront pas ensemble Seo Ra, plus rien nous empêche d’être ami, pas même la distance. Alors, laisse moi être a tes cotés.. » Je fermais fort les yeux, secouant la tête de gauche à droite. Je ne devais pas l'écouter, je ne devais pas croire ce qu'il me disait, je ne devais pas me laisser avoir, m'attendrir une nouvelle fois et continuer de gâcher sa vie. Je levais mes yeux vers lui, prête à tout lui dire, mais il continua de parler. « Si tu veux que je parte dis le, si tu ne veux plus me voir dis le, si tu pense que sans moi ta vie sera meilleure dis le et je quitterais cette maison, je te laisserais tranquille. Si tu es mieux sans moi, je suis prêts a te laisser même si je ne le veux pas. »

Je ne savais pas quoi répondre, je ne savais pas quoi penser... Avais-je envie qu'il parte maintenant, et qu'il parte aussi totalement de ma vie de cette façon ? est ce que j'étais prête à tourner la page ? Certainement pas, je l'aimais tellement ! Je l'aimais bien trop pour mon propre bien. J'avais l'impression qu'en faisant ce choix, une partie de mon coeur s'arrachera à moi et partira avec lui mais... quel était le bon choix ? Souffrir une bonne fois pour toute de le voir partir, ou attendre à ses côtés en souffrant de ne jamais l'avoir pour moi ? Je le regardais attristée, avant de me pencher vers lui : « Juste une dernière fois » Je lui fis un tout petit sourire, avant de déposer mes lèvres contre les siennes, l'embrassant tout doucement. J'avais passé mes mains derrière son cou pour ne pas qu'il recule, et j'avais approfondis le baiser, juste pour profiter de cela avant la dure réalité. Je me reculais, ouvrant petit à petit les yeux pour pouvoir le regarder.

J'étais restée à le fixer un long moment, imprimant simplement les moindres traits de son visage dans mon esprit pour ne jamais les oublier. Il allait me manquait... tellement me manquer. Je ne savais pas ce que je ferais sans lui, mais il valait mieux tourner la page pour commencer une nouvelle histoire du bon pied : « Je crois qu'il serait mieux qu'on ne se revoit plus. Cela nous fera du mal à tout les deux Kyung Ae. Je n'ai pas envie que tu souffres, et je n'ai pas envie de souffrir plus que je ne le fais déjà... Alors je te laisse partir maintenant. Tu vas me manquer, beaucoup. »