Le regard concentré, le bras tendu, il tente d’attraper une nouvelle fois cette fichue boîte pour la remettre à sa place. Cela fait déjà trois fois qu’il la replace, et ça ne rentre toujours pas. Une quatrième sera peut-être la bonne, mais le résultat n’est pas plus probant. Découragé, il pousse un soupir, avant de regarder le coupable d’un œil mauvais… est-il idiot au point de ne pas réussir à ranger une foutue boîte ou alors est-ce juste parce qu’il n’y a vraiment pas de place. Pour dire vrai, il n’en sait rien du tout… en fait lui avait pensé à la ranger dans le placard de droite, mais son patron avait insisté pour que cela soit celui de gauche. Car d’après lui les fruits en conserves doivent aller avec les autres boites de fruits en conserves. Une logique imparable sur laquelle il ne contesterait pas, mais le problème était que le placard ne pouvait pas contenir autant de boîte. Il aurait dut la laisser à la réserve ça aurait été de toute évidence plus facile, mais là encore monsieur le mini boss n’avait pas envie d’y aller. Non, car les heures filaient et lui devait partir. D’ailleurs alors qu’il se penchait de nouveau sur ce placard idiot, avec toujours la même boîte à rangée, une voix rauque s’éleva à un mètre au dessus de lui. Relevant les yeux, il écouta pour la énième fois le même discours, à croire qu’il avait peur qu’il ne s’en souvienne pas. Ça faisait déjà plus de sept fois qu’il lui disait la même chose en l’espace de quelques minutes. Pense à bien fermer la porte, surtout vérifie deux fois, il faut mieux être sur que avoir un doute… encore et toujours les mêmes paroles. D’accord, il le savait bien il n’était surement pas l’employé le plus hyperactif, et avait toujours l’air d’être un peu blasé, mais ça ne voulait pas dire qu’il était idiot. Il en avait marre d’entendre la même chose, car c’était la plupart des soirs comme ça depuis qu’il avait ce nouveau job.

En fait, le patron ne semblait pas vraiment avoir une totale confiance en lui, car il se sentait toujours obligé de lui rappeler dix fois les choses pour être sur qu’elles soient faites. Shin Il n’avait pas besoin d’entendre tout quarante fois pour que ça rentre dans son crâne, mais disons qu’il comprenait la situation. Cet homme ne pouvait pas décemment faire confiance au premier venu et surtout pas à Shin Il, vu le passé qu’il avait. Le problème quand on bosse dans ce genre d’endroit c’est que le passé intéresse toujours… en fait c’était surtout parce-que le tuyau venait de l’un des flics du poste. Une fois de plus il trainait au mauvais endroit au mauvais moment, cette fois-ci il n’avait rien sur lui, ni drogue, ni arme, alors il n’avait pas passé plus d’une heure ou deux assit au chaud sur sa chaise préférée. Oui à force il la connaissait par cœur, et il était même capable de dire quelle cellule était confortable ou pas. Quoiqu’il en soit, le policier qu’il avait finit par avoir l’habitude de côtoyer, était le genre de type qui n’est pas trop méchant mais qui sait être dur quand il faut. Pour une raison complètement obscure, il semblait avoir prit Shin Il sous son aile, et voulait qu’il réussisse. Seulement, l’ex californien avait bien du mal à comprendre pourquoi… d’après lui ça ne servait à rien. C’était déjà perdu d’avance, il n’était pas un gamin, loin de là, et savait ce qu’il faisait. Peut-être que ce flic ne l’avait pas encore comprit… on n’échappe pas à son destin, mais surtout au échappe pas au Wah Ching. Quand on y entre on n’en ressort jamais à moins de se prendre une balle en plein milieu du front. Mais soit, il avait beau paraitre complètement insensible face à ce que faisait cet homme pour lui, en réalité il lui en était reconnaissant. Il lui avait parlé de ce job, on cherchait un serveur pour la cafet de l’hôpital, et pour la première fois il trouvait que ce n’était pas si détestable que ça.

Ses horaires étaient pas mal, malgré que parfois il soit obligé d’arriver en retard ou partir trop tôt à cause de ses activités au sein du gang. Son patron était gentil, et ne l’avait pas trop jugé… enfin les regards habituels quoi, et les doutes qui planaient comme toujours. Mais il ne lui en voulait pas, c’est pourquoi il ne disait rien quand il passait son temps à lui répéter la même chose. Après tout, c’était juste à lui de prouver qu’il pouvait avoir confiance… et chaque lendemain matin, où le patron arrivait et voyait la cafet en bon état, semblait faire monter son baromètre de confiance envers Shin Il. C’était déjà ça ! Pour une fois il n’était pas trop lassé, en fait il trouvait même ça plutôt sympa. Ici les gens étaient différents, plus reconnaissants, et plus souriant. Même si lui n’était pas l’exemple même du sourire émaille diamant. Non en fait il était toujours aussi insociable, mais disons qu’au fil des jours il espérait pouvoir se dérider un peu. Il n’était pas coincé, juste sur la défensive, et lassé de tout… de cette vie, de ce qu’il était… Oh beaucoup dirait qu’il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même, mais c’était bien plus facile à dire que la réalité elle-même. Enfin, parfois il avait le droit à certains regards de travers, et quelques petites remarques, mais ça lui allait. Au moins quand il rentrait chez lui le soir il ne sentait pas la friture à pleins nez où il ne portait pas un uniforme ridicule. Ici, il pouvait venir avec ses fringues, il n’y avait que le tablier qu’il devait mettre mais ça allait encore. Pas de dessins débile dessus, ni de slogan à dormir debout… non juste un tablier noir. Ça allait plutôt bien avec son style qui était loin d’être coloré avouons le. Morne… mais non, il n’était pas non plus le genre d’homme complètement déprimé. Il trouvait des choses bien dans ce monde, comme les puddings à la fraise. Alors ça, c’était vraiment le top du top ! Honnêtement, si il aurait dut se lancer lui-même dans un trafic il en aurait fait pour les puddings. Pas sur que ça se vende bien mais au moins lui en aurait des tas à manger.

Enfin, lorsque son patron l’examina quelques secondes en l’attente d’une réponse, il finit par lâcher un petit « hum », qui d’après son langage voulait dire qu’il allait faire ce qu’on attendait de lui. Pas besoin de long discours quand on peut faire simple. L’homme sembla satisfait, et finalement décida de tourner les talons en lui souhaitant une bonne soirée. Par politesse Shin Il aurait dut en faire autant, mais le temps qu’il se décide à dire quelque chose, il était déjà parti. Il était pressé de retrouver sa famille comme tous les soirs. Il le comprenait, lui aussi si il avait une famille il serait ravi d’aller les rejoindre… il se souvenait encore de ces moments où il s’empressait de retourner à son appart, pour retrouver son meilleur ami, lorsqu’ils avaient prévu une soirée films. C’était idiot, tout simple mais ça lui suffisait, refaire le monde avec son meilleur pote ça n’a pas de prix… mais aujourd’hui lorsqu’il rentrait chez lui, c’était différent, silencieux…. Horriblement silencieux. Est-ce que Jun aurait aimé vivre à Ulsan… surement pas, lui il préférait vivre sa vie à l’américaine. Il avait raison, Shin Il aussi aimait ça avant… maintenant c’était différent. Il n’avait plus les mêmes rêves en tête, avoir une baraque hors de prix, des voitures de collections et des filles en bikini autour de sa grande piscine. On l’avait bercé d’illusion à l’époque, et il se prenait pour le roi du monde… aujourd’hui il savait qu’il n’était pas intouchable, et que sa vie n’était pas celle là. Son rêve à lui… oh avoir une vie normale comme tout le monde. Lui aussi il aimerait pouvoir rentrer chez lui et retrouver un visage qui le rassure, voir un sourire qui le rend heureux, et entendre un rire qui le réchauffe. Mais ça n’existe pas dans son monde à lui. Dans le sien, on est seul…

Laissant échapper un nouveau soupir, il se relève avant de déposer sa boîte sur le plan de travail. De toute évidence il n’arrivera pas à la ranger là dedans. Maintenant que le patron était parti, il pouvait tenter de la mettre ailleurs. Et c’est ce qu’il se fit, pas du genre à se prendre la tête pour ce genre de futilité. Après ça, il lui reste encore deux trois choses à faire… nettoyer les tables, bloquer la caisse, aller prendre ses affaires et fermer les portes. L’avantage c’est que la cafétéria se trouve à l’intérieur de l’hôpital, alors disons que ce n’est pas trop grave si il oublie quelques petits détails. Et puis ici il y a les gardiens de nuits… d’ailleurs il en connait l’un d’entre eux, qui est plutôt amusant et qui adore jouer au jenga. Un de ces jours c’est sur, ils allaient s’affronter… oui oui, vous pensiez quoi, que parce qu’il était dealer et trafiquant il devait aimer jouer à la roulette russe. Pas le moins du monde, Shin Il aime les choses simples comme les dessins animés, les mangas, les jeux vidéos… en fait il doit surement être un peu geek sur les bords. Disons que si il avait plus de temps pour lui et un peu moins pour le gang il passerait des journées entières à regarder ses animes préférés ou lire des mangas. Mais bon, on n’a pas toujours ce qu’on veut dans la vie… Nettoyant les tables une à une, il prenait le temps qu’il lui fallait pour faire les choses biens. Il devait l’admettre, ce genre de moment lui plaisait, même si il était seul, il était au calme, et tout était silencieux dans le hall. C’était parfait, au moins ça le reposait un peu… c’était loin de l’ambiance parfois tumultueuse de ses soirées.

Lorsqu’il eut terminé, il retira son tablier avant d’aller l’accrocher, et s’avancer vers la caisse… mais lorsqu’il fut près de cette dernière, il entendit soudainement un bruit sourd résonner dans tout l’espace. Oui, le problème quand il n’y a personne, c’est que lorsque quelqu’un fait tomber quoique ce soit ça fait un bruit monstre. De quoi alarmer la police… bon d’accord il exagérait, mais quand même, ça venait de faire un sacré bruit. C’était peut-être un des médecins, mais dans ce service c’est plutôt calme, c’est réservé à ceux qui sont en rééducation à cause des accidents. L’ambiance est surement plus détendu et plus calme qu’ailleurs… ici il croise souvent les infirmières en train de parler de choses et d’autres, elles sont souriantes et les médecins plutôt détendu. Enfin ce n’est pas non plus la joie partout, surtout pour ceux qui ont de sérieuse blessure… en fait pour dire vrai il n’était pas très à l’aise ici… non car tout lui rappelait une faute qu’il avait commise quelques mois auparavant…

Relevant la tête, il resta quelques secondes à se demander s’il devrait aller voir ou non… et puis finalement, il se dit que ça ne devait pas être grand-chose. Il finit, donc ce qu’il faisait, ça ne lui prit que deux ou trois minutes avant qu’il ne ferme la porte de la cafétéria. Fourrant les clés dans sa poche, il s’avança alors dans l’intention de sortir des lieux, quand soudain son regard croisa un drôle de chose à quelques pas de là au plein milieu d’une des allées… Il plissa les yeux, pour mieux apercevoir ce qui semblerait être une silhouette au sol. Hum... ah, bon il ne savait pas trop ce que c’était, mais ça ressemblait presque à un film d’horreur. Oui, ça c’était l’appât, lui de bon cœur allait y aller, et finalement en fait derrière l’une des portes se trouvaient un sérial killer qui allait le découper à coup de hache. Shin Il regarderait-il trop de films d’horreur… oui et pas qu’un peu d’ailleurs. Bref, il n’allait pas aller voir, parce-que de toute façon ça ne le regardait pas. Il avait bien vu que ça semblait être une fille qui était tombée, mais de toute façon elle allait bien finir par se relever non… comment ça il était cruel, mais non pas du tout, c’est juste que… Roh bon d’accord il n’avait pas d’excuses, et à peine avait-il osé tourner le dos à l’allée et faire deux pas, qu’il se sentait tout de même coupable de laisser cette pauvre fille par terre. Elle devait surement avoir besoin d’aide… ne cherchant pas plus loin, il tourna les talons, faisant demi-tour pour s’avancer jusqu’à l’allée où se trouvait la jeune femme. Arrivé près d’elle, il eut le temps de constater qu’il y avait un fauteuil roulant à ses côtés. Surement le sien… à peine voyait-il ça qu’il se disait qu’il avait bien fait. La pauvre, elle devait surement avoir des soucis pour se relever, peut-être qu’elle ne pouvait même plus se servir de ses jambes… et lui, il allait mener la belle vie et rentrer dans son studio pourri pour retrouver son colocataire Pikachu. Oui alors pikachu, c’est une peluche débile qu’il a, et qui fait Pika pika ! Ne lui demandez pas pourquoi il a ça… mais ça l’occupe au moins quand il parle tout seul, cette peluche lui réponds. Certes toujours la même chose m’enfin bon. Bref, il avait bien fait de venir l’aider… la scène faisait un peu peur, avec ses longs cheveux bruns, il n’arrivait pas à distinguer son visage, et elle poussait des petits gémissements parce qu’elle tentait de se relever. Mais après tout il était membre d’un gang si il avait peur d’une fille sans visage, ça ne le ferait pas vraiment. Se penchant vers elle :

« Attends je vais t’aider ! »

Oui, parce-que Shin Il tutoie tout le monde. C’est le genre américain qui veut ça… que personne ne lui en veuille les formalités et tout ce qui touche à la culture coréenne ça lui passe bien au dessus. A peine avait-il dit ça, qu’il se pencha d’avantage pour venir attraper l’un de ses bras tandis qu’il rapprochait le fauteuil roulant d’elle, de son autre main libre. La saisissant sous les bras, il avait bien dans l’intention de l’aider… mais peut-être qu’il aurait mieux fait de s’abstenir. C’est vrai quoi, ne dit-on pas qu’il faut toujours se fier à sa première impression… lui avait eut envie de partir, et c’était peut-être ce qu’il aurait dut faire. Enfin, parfois être serviable ça paye pas toujours.

Cette soirée était plutôt tranquille, enfin du moins c’est sur que comparé à celles qu’il pouvait connaitre quelque soir durant la semaine, il trouvait que là c’était le vrai calme plat. Ça pourrait l’ennuyer, lui qui était un homme de terrain, et qui avait souvent à faire à de l’action. Même dans ses petits deals des ruelles sombres, il fallait toujours que quelque chose finisse par mal tourné. C’était souvent sans gravité ces nuits là, juste un toxico contrarié, ou alors un peut trop exciter, qui s’énervait pour un rien. Il n’avait pas à se plaindre, dans son rôle on lui accordait la présence de deux hommes étrangers, qui faisaient bien deux fois sa taille. Quant à leur corpulence… Shin Il n’était pas réellement sur de faire le poids si ces deux gorilles décidaient de s’en prendre à lui. Mais tout était calculé d’avance, on ne lui avait pas donné ces deux gardes du corps par simple sympathie. Ce n’était que pour pouvoir le garder en laisse… un moyen comme un autre de s’assurer qu’il n’aurait pas l’idée de tourner des talons, ou fuir. Y avait-il déjà pensé… oh oui, plus d’une fois. Il n’avait pas quitté le gang sur un coup de tête à San Francisco… il aspirait à autre chose, une autre vie que celle qu’on lui avait offert. Pourquoi n’était-il pas né dans une famille aimante qui prenait soin de lui... Il n’en savait rien, certains naissent avec une culière en or dans la bouche, et lui n’avait juste pas eut de chance. Ses parents… il ne savait même pas ce qu’ils étaient devenus, depuis le jour où il était parti à l’orphelinat. Il ne se souvenait même pas les avoir vus, le regretter ou jeter un regard désolé lorsqu’il était monté en voiture. Non en fait, ils avaient semblé soulagé… enfin, ce gosse qui n’était pas désiré s’éloignait, enfin, il ne leur prendrait pas la moitié de leur argent.

Oui, car avoir un enfant signifie dépenser… mais là encore Shin Il, pensait qu’il n’avait jamais eut le droit à ce que tous les enfants pourraient avoir. Pas de consoles de jeu, même pas un ballon pour taper dedans… la seule chose qu’il avait c’était des livres. Près de lui, une librairie laissait souvent certains de leurs ouvrages abîmés devant leurs portes, pour s’en débarrasser… Lui du haut de ses sept ans, avait trouvé son joli coffre au trésor, et pouvait se vider la tête de cette façon. Ce n’était surement pas des livres pour des enfants, mais il les avait tous lu, et comprit. Oui, car finalement ils ne lui montraient que la triste réalité de la vie… celle qu’il vivait lui aussi. Se plaignait-il donc… oui, en quelque sorte, mais il n’était pas du genre à se complaire de ça. Il voulait changer, et avait envie encore d’y croire. Lorsque cet homme était arrivé à l’orphelinat et avait posé son regard sur lui, il s’était dit que c’était sa chance… que sa vie enfin deviendrait intéressante. Il y avait cru, pendant de nombreuses années… mais ce n’était que des illusions. En maison de redressement, il avait cru qu’il pourrait devenir quelqu’un d’autre, lorsqu’il avait quitté le gang aussi… et finalement c’était tous ses rêves qui étaient devenus illusoires. Non en fait la réalité, c’est qu’il n’avait pas le choix, il était juste enchainé à son propre destin. Peu importe ce qu’il ferait, même fuir à Ulsan, ne l’avait pas aidé… on l’avait retrouvé, et menacé… cette nuit là aussi il la garderait en souvenir, ces photos qu’on lui avait mit sous le nez… celle de son meilleur ami… ou plutôt ce qu’il restait de lui… la scène lui avait collée la nausée, alors que les autres riaient, oui ils riaient de son malheur et de le voir aussi anéanti par ce qu’il voyait… il n’avait jamais oublier la vu de son meilleur ami étalé au sol, dans une marre de sang, l’odeur si forte, et ce gout cuivré s’immisçant dans sa bouche. Il l’avait laissé tombé lui aussi… le laissant là, et ce qu’on avait fait de lui par la suite, était si abominable.

Il les détestait, tous autant qu’ils étaient… et oui intérieurement, il avait promit qu’un jour il le vengerait… seulement, être face à une arme, être face à des hommes qui avaient sa vie entre ses mains, faisait réfléchir. Il pouvait se jeter dans la gueule du loup… mais malgré son air morne, et même parfois taciturne, Shin Il aimait la vie… Alors oui, lâchement il se retrouvait encore là, quelques mois plus tard à continuer ce qu’on attendait de lui… pourtant à choisir entre ces moments, et celui de ce soir, tranquille, silencieux dans cette cafétéria, il préférait de loin ce dernier. Tout était plus simple, et oui l’espace de quelques heures, il se sentait presque normal… si il en oubliait, ces marques sur sa peau, qui quoiqu’il fasse lui rappellerait à jamais qu’il avait vendu son âme au Wah Ching… Ce n’était qu’un court répis, demain il savait qu’il aurait surement des « boulots », à faire pour eux... alors il voulait en profiter, il pensait même encore marcher un peu à l’extérieur, histoire de pouvoir se baigner de l’ambiance nocturne de la ville. Il s’attendait donc à se faire surprendre par le bruit des voitures, des individus déjà un peu éméché, ou alors des jeunes femmes racoleuses… mais il ne s’attendait pas à faire parti d’une scène digne d’un film d’horreur.

Lorsqu’il avait vu cette silhouette étalée au sol, au milieu de l’allée, il avait l’impression de vivre un mauvais moment. Un de ceux qu’on aimerait fuir. Elle faisait carrément flipper à ramper de la sorte par terre… s’en rendait-elle compte. Il n’en savait rien, et il ne comptait même pas s’avancer vers elle au départ. Seulement, il avait peut-être l’attitude d’un mauvais garçon, il n’était pas non plus odieux au point de laisser une pauvre fille tombée de son fauteuil roulant par terre. Alors c’est avec toute la bonne volonté qu’il pouvait y mettre, qu’il s’était avancé vers elle. Attrapant son fauteuil, il l’avança un peu plus vers elle, histoire que cela soit plus facile pour l’aider… et sans réfléchir, il se pencha pour venir l’attraper, la saisissant déjà au niveau des côtes, pour tenter de la soulever. Elle faisait un peu flipper, avec ses longs cheveux bruns devant son visage… il ne savait même pas si elle était jeune ou non, mais vu sa tenue, il ne pouvait que se dire qu’elle devait l’être. Faut dire qu’un pyjama avec des nounours ce n’était pas le genre de chose que lui porterait par exemple. Non pas qu’il trouvait ça laid, mais c’était… mignon, enfantin peut-être bien. M’enfin il n’était pas là pour la juger, mais bien venir l’aider. Tirant un peu sur son bras pour tenter de la relever, elle tourna brusquement la tête, venant le surprendre au point qu’il eut un petit geste de recul. Son regard croisa le sien, quelques secondes où son cœur manqua un battement, alors qu’il constatait qu’en fait, elle avait bien un visage… et de beaux yeux. Il ne s’attendait pas vraiment à ce qu’elle se retourne aussi soudainement, c’était surement pour cette raison que son cœur s’emballait. Elle venait de lui faire peur, à être aussi brusque.

« Mais lâchez moi ! Je n’ai pas besoin de votre aide, je peux me débrouiller toute seule ! »

La regardant encore, il resta quelques secondes un peu figé, ne sachant pas bien pourquoi ses jambes semblaient devenir fébriles. Elle se débâta, et lui lâcha prise, avant de venir froncer les sourcils, et tenter de chasser cette drôle de sensation. Il se sentait bizarre… non pas du tout, c’est juste que… hum, qu’elle le surprenait à venir lui crier dessus de la sorte. Oui, voilà ça devait être dut à ça. Il ne s’attendait pas vraiment à ce qu’elle lui parle sur ce ton. Lui était venu pour l’aider, et voilà qu’il se faisait littéralement envoyé chier. Disons les choses comme elles étaient hein. Elle pouvait se débrouiller toute seule… bah tiens, lui il avait dut mal à y croire. La regardant d’un air un peu perplexe, il vint lui lâcher :

« Ah bon ? Vu comment tu sembles te tordre dans tous les sens depuis quelques minutes c’est pas vraiment ce que je dirais ! »

Shin Il, insolent… oui, et surtout un peu trop franc. Non, mais en même temps, ça l’agaçait un peu qu’elle l’envoie balader de cette façon, alors qu’il était venu dans l’intention de l’aider. Finalement il aurait mieux fait de tracer sa route ça aurait été plus simple. Il se mordilla l’intérieur de la joue, semblant un peu agacé par ce qu’elle venait de lui dire, et c’était bien le cas. L’observant, il se demandait bien ce pourquoi il était venu… ça lui apprendra à être serviable de temps en temps. Ah oui, c’est vrai, il ne la connaissait pas et la tutoyais déjà… bah oui, parce qu’il n’avait pas l’habitude de le faire. Lui et les coutumes coréennes, c’était plutôt loin de le concerner. La preuve, il n’hésitait même pas à toucher une fille sans la connaitre…m’enfin bon c’était les circonstances qui l’incitait aussi à agir de la sorte. Pas la peine de croire qu’il se jetait sur toutes les femmes qu’il croisait. Faisant une petite moue dubitative, il continua à l’observer… ou plutôt se démener pour tenter de se relever… à bien y regarder, cela ne devait pas faire longtemps qu’elle était dans cette chaise roulante. Il n’y connaissait rien bien sur, mais pour avoir croisé plus d’un patient dans le même état qu’elle, ils semblaient plus débrouillards… Il laissa échapper un soupir, avant de venir lui dire tout en s’approchant d’elle :

« T’obstine pas, t’y arriveras pas de cette façon, laisse moi faire ! »

Oui, bon d’accord, il ne devrait peut-être pas lui dire qu’elle n’y arriverait pas, comme si lui pourrait réussir à le faire si il se retrouvait dans la même situation qu’elle. Mais bon il voyait bien qu’elle s’y prenait mal, et elle ne semblait pas avoir assez de force dans ses bras pour soulever son propre poids. Il se doutait bien que cette situation ne devait pas être évidente pour elle, surtout si cela ne faisait pas longtemps qu’elle se retrouvait dans une chaise roulante… d’ailleurs, son cœur se serra un peu, alors qu’il la regardait encore tenter de se relever… il la trouvait jeune… elle l’était vraiment trop, d’ailleurs, pour qu’elle ait déjà sa vie gâchée. A cause de quoi…. il n’en savait rien, un accident peut-être bien, pour la plupart des jeunes qui se trouvaient dans ce service c’était à cause de ce genre de choses… et lui, inconsciemment repensait à cette fameuse nuit… comment avait-il pu partir sans même s’arrêter, comment avait-il déjà pu prendre le volant, alors qu’il n’était pas en état de le faire. Il ne se souvenait pas de tout, certaines choses étaient flous dont notamment le visage de cette silhouette… il savait que c’était une fille, mais il n’arrivait pas à se souvenir de tous les détails. La seule chose qu’il revoyait parfaitement, c’était cette jeune femme au sol… il avait osé regarder, mais lorsqu’il avait vu qu’elle était allongée, et inerte, il avait prit peur… malgré tout ce qu’on pourrait croire, dans ses trafics, il n’avait jamais tué personne. Non, pas une seule fois… et ce soir là c’était peut-être ce qu’il avait fait… oui parce qu’il ne savait même pas ce qu’elle était devenue. Est-ce que quelqu’un l’avait trouvé… une foule était arrivée, il le savait, des cris avaient été poussé, mais lui était parti… parfois il y repensait, et oui, ça le tourmentait, bien plus qu’il n’en laissait paraitre. Dans le fond, cette fille il voulait savoir comment elle allait… sa conscience le tiraillait… c’était à cause d’homme comme lui, qu’une jeune femme comme celle en face de lui, finissait sur ce fauteuil. Il se sentait coupable, malgré qu’il ne la connaissait pas, et ne savait même pas pourquoi elle était là, mais il ne pouvait que penser à sa propre histoire en la voyant. Bon il voyait bien qu’elle n’avait pas envie de recevoir de l’aide, mais elle n’avait pas non plus trop le choix. Tendant sa main pour venir l’attraper de nouveau, il se stoppa dans son geste, la regardant avant de lui dire :

« Tu veux pas de mon aide à moi ou à personne ? Tu préférais une infirmière ?! Si c’est le cas, je trouve ça culotté de ta part de les déranger pour ça… surtout que tu devrais être dans ta chambre à cette heure-ci. »

Tout en lui disant ça, il la regarda de la tête aux pieds…comme pour faire référence à son pyjama. Bah oui, vu la tenue qu’elle avait, c’était évident qu’elle devrait être dans son lit à l’heure qu’il est. Non, il ne faisait pas référence à son âge… bien qu’il ne lui donnait pas plus de dix sept ans… Enfin, il grimaça, prenant un air un peu arrogant, alors qu’il était venu lui dire ça. Bon d’accord, venir faire une remarque, ce n’était surement pas le meilleur moyen pour la convaincre qu’elle se laisse faire. Mais il pensait avoir raison… il était là, alors elle pouvait en profiter non, c’était mieux que de demander une infirmière pour ça. Il n’était peut-être pas hyper musclé, mais il avait assez de force pour la soulever tout de même… Il la regarda encore…. Elle ne semblait surement pas très convaincu par ce qu’il disait, et en fait il était même sur que si elle pouvait le tuer sur place, c’était ce qu’elle ferait. Se redressant, il croisa ses bras sur son torse, restant quelques instants à la regarder, à la jauger… allait-elle lui crier dessus encore, ou carrément l’envoyer balader. Il n’en savait rien, mais finalement, il voyait qu’elle ne semblait avoir envie de ne faire aucune concession. En fait il se demandait bien même pourquoi il tentait de s’acharner. Elle n’avait pas besoin d’aide, alors il allait la laisser. Laissant retomber ses bras lourdement, il poussa un soupir avant de dire :

« Ok je te laisse là, débrouille toi ! »

Il lui jeta un dernier regard, avant de lui tourner le dos, et de s’avancer dans l’allée… oui il allait la laisser. Il n’avait pas besoin de l’aider, puisqu’elle n’en avait pas besoin. Comme elle pouvait se débrouiller toute seule, et bien il allait donc la laisser faire. Elle avait qu’à prévenir les infirmières. Comment, il ne savait pas, vu qu’elle était coincée au sol, et toute seule, m’enfin bon… au pire le gardien finirait bien par la trouver, à moins qu’elle se mette à crier à l’aide pour qu’on vienne à son secours. Ah mais non, puisqu’elle n’avait besoin de personne….alors soit, qu’elle se débrouille, lui avait envie de rentrer chez lui, il était sur de pouvoir regarder les rediffusions de ses animes préférés.

Il fallait être honnête, proposer son aide n’était pas dans ses habitudes. Pas qu’il était égoïste et du genre à se prendre pour meilleur que les autres. Non c’était juste une question de sociabilité. Certains sont aptes à discuter et aller vers les autres, Shin Il lui était plus apte à rester dans son coin, et se faire le plus discret possible. Une chose qu’il avait apprit dans sa vie au sein du gang… oui un peu, mais pas seulement. C’était surtout le temps qui l’avait fait devenir ce qu’il était. A force, il pensait que tout garder pour soit était mieux, être à l’écart de tout plus facile à vivre. Se livrer, se lier avec quelqu’un, c’était difficile… et si douloureux lorsque cette personne disparaissait. Il n’était pas prêt à revivre ce qu’il avait vécu avec Jun... Son meilleur ami lui manquait plus que tout, les jours qui filaient depuis sa disparition semblaient long, et ternes. Ce jour là il avait tout perdu, un frère, mais aussi sa vie. Ce qui le rendait encore plus amère c’était cette façon qu’avaient ceux au dessus de la pyramide, ceux qui contrôlaient tout de se servir de sa souffrance pour qu’il ne soit réduit qu’à un petit chiot qui obéit. Ça l’agaçait, et ça il supportait encore moins qu’on ose s’intéresser à lui. Il en avait croisé des personnes biens, qui avaient envie de le changer, et de l’aider… n’importe qui de censé, remarquerait que Shin Il trainait un lourds poids sous ses épaules, mais pour lui tout était trop évident, personne ne pouvait l’aider. Il détestait qu’on vienne fourrer son nez dans ses affaires, même si c’était pour son bien, pour lui… à quoi cela servirait qu’il se livre, et croit que tout pouvait s’arranger, alors qu’il était évident que ce n’était pas possible. Non, il était juste condamné à suivre la voie qu’on avait tracée pour lui. Comment tourner le dos à ceux qui lui avait tout donné…. Il avait osé une fois, et avait retenu la leçon.

Ce jour là, c’était lui qui aurait dut finir dans une marre de sang, faute de ne pas être à l’appartement, c’était son meilleur ami qui avait tout prit… son destin était noir, et fait de sang. Il ne voyait pas comment les choses pourraient prendre fin naturellement. Il avait essayé, ça n’avait pas fonctionnait… ces tatouages, ces marques sur sa peau… il était marqué comme on le ferait avec le bétail. Qu’il le veuille ou non, il était la propriété du Wah Ching, et ils faisaient ce qu’ils voulaient de lui… Voilà pourquoi il n’était pas le garçon le plus sociable qui puisse exister. Il ne pensait pas que c’était un défaut, juste un moyen de se protéger, et de ne plus souffrir… mais surtout de ne pas faire souffrir les autres. Des liens réels il pouvait en créer, mais il restait toujours une part d’obscurité et surtout de culpabilité qui venait le faire hésiter. Des amitiés, il en avait... mais il préférait se tenir à l’écart, et faire sa petite vie de son côté. Ne mêlez personne à ses affaires… il n’était un ange, et ne pensait même pas mériter l’attention de certaines personnes qu’il côtoyait. S’ils savaient… tous autant qu’ils sont, ce qu’il avait fait… ce qu’il regrettait. Des tas de choses dont il n’était pas fier, mais la dernière en date le tiraillait et l’étouffait. Chaque jour qui passait ses remords venaient faire pression sur lui, doucement la corde se resserrer… il ne savait pas quand cela finirait, si il fallait qu’il en parle pour que cela cesse. Mais à quoi bon… si jamais il en parlait et qu’il apprenait ce qu’il redoutait… il le savait, il n’aurait plus la force de se regarder dans un miroir. Déjà aujourd’hui c’était difficile de vivre avec un tel secret sur la conscience…

De tous, c’était celui qui le tourmentait le plus. Des mauvaises actions il en avait faite…. Mais à bien y regarder ces types là le méritait. Etre odieux avec eux, les traiter comme des moins que rien, et le laisser pour mort derrière lui… ça n’était pas si perturbant que ça pour lui. Ces hommes avaient tous les mains sales… mais cette fille… Oui cette fille, celle qu’il avait renversée, avait-elle mérité qu’il s’en aille, qu’il ne s’arrête même pas pour elle. Il regrettait…. Et il avait tellement peur d’apprendre qu’elle avait perdu la vie par sa faute… que ferait-il si il le savait, trouverait-il le courage d’aller voir sa famille et de s’excuser. Pour quoi faire… il leur ferait du mal, et se sentirait encore plus coupable en apprenant que c’était une fille bien, avec un avenir prometteur. Peut-être avait-elle-même comme projet de devenir médecin sans frontière… oui ridicule comme pensée, mais le simple fait qu’elle aurait pu devenir quelqu’un lui collait la nausée. Il savait ce que ça faisait, de vouloir être meilleur, d’avoir des rêves pleins la tête… et se dire qu’aucun d’eux ne se réaliserait. Oui, il ne pouvait pas imaginer une telle chose, ça lui faisait mal… et ça le rongeait de l’intérieur.

Face à cette jeune femme, il se disait que celle qu’il avait renversé était peut-être dans le même état qu’elle, ou alors qu’elle aurait eut de la chance si elle avait pu l’être, lorsqu’il se mettait à imaginer le pire. Etait-elle aussi la victime du genre d’ordure comme lui… ou alors était-ce différent. Toutes les histoires ne se ressemblent pas… et pourtant… Il n’était pas là pour lui faire la morale au départ, il voulait jsute l’aider à se relever. Une décision qui lui coutait, lui éternel être solitaire, qui préférait de loin n’avoir aucun contact avec personne. Il savait que c’était une mauvaise idée et il avait raison. La seule chose qu’elle trouva à lui redire était de l’envoyer bouler. Ça commençait plutôt mal… et comme il n’était pas du genre à mâcher ses mots lorsqu’il fallait parler, il ne se priva pas de venir lui dire ce qu’il pensait. Il ne se moquait pas… quoiqu’un peu tout de même. Ce n’était pas la meilleure attitude à adopter, mais peut-être au moins se rendrait-elle compte que c’était stupide de refuser son aide. Sauf que… elle semblait ne pas être le genre de filles niaises qui boit toutes les paroles d’un parfait inconnu. Au lieu de ça, c’était de beaux regards noirs qu’il avait le droit en guise de récompense, et une attitude qui lui laissait penser qu’elle rêvait de l’envoyer baladé. Bon d’accord, il le comprenait, après tout il n’y mettait pas du sien, surtout lorsqu’il se permettait de venir la juger, et d’être aussi insolent. Mais ce n’était que pour lui faire comprendre qu’il était là, et qu’il avait fait l’effort de venir l’aider. Normalement quand quelqu’un fait une telle chose, on prend la main qu’on nous tend, pas vrai. Enfin c’était ce qu’il voyait dans les films, mais la réalité était loin d’être aussi facile. Ou alors ‘était-ce cette fille qui était trop bornée.

Quoiqu’il en soit au dernier regard qu’elle lui lança, il comprenait qu’il n’avait pas sa place ici. Non il aurait mieux fait de rentrer chez lui directement, et d’aller se mater des dessins animés pourris. Ça aurait été bien mieux que d’être là à attendre qu’une fille têtue et bornée, ne daigne accepter son aide. Et dire qu’il avait fait demi-tour pour elle… c’était ça de se sentir coupable, si il avait été sans cœur ça aurait été plus simple. Oui au moins il n’aurait pas eut la sensation de faire quelque chose de mal. Finalement, il en avait assez, tout ça ne mènerait absolument à rien. Et si elle disait pouvoir le faire toute seule, alors soit, il n’était personne pour lui dire le contraire. Peut-être bien même qu’il l’avait vexé… jeune comme elle était, cela ne devait peut-être pas faire longtemps qu’elle se retrouvait dans une telle situation… une situation dure à acceptée, et elle n’avait surement pas besoin qu’un mec arrogant, et insolent vienne lui faire une leçon de moral… surtout qu’il était plutôt mal placé pour parler avouons le. Ne fais pas aux autres ce qu’on n’aimerait pas qu’on te fasse… il devrait peut-être réfléchir à deux fois cette expression, peut-être qu’il en comprendrait le sens. Quoique pas sur, la drogue avait peut-être fini par lui griller les neurones. Lui accordant un bref regard, il finit alors par lui tourner le dos et partir pour faire demi-tour. Cette fois-ci c’était sur il allait rentrer chez lui. Tan pis pour elle, peut-être la croiserait-il demain après-midi lorsqu’il devrait travailler. Si il la voyait, c’est que quelqu’un avait pu l’aider ou qu’elle l’avait fait seule, mais dans le cas contraire… et bien peut-être que le gardien de nuit se ferait incendier, parce qu’il n’avait pas entendu un bruit étrange. Tiens ça le faisait presque rire…. il n’était pas sadique, mais il trouvait la situation amusante, bien que cette fille lui ait tout de même mit les nerfs.

C’est vrai quoi, pour qui elle se prenait. Certes elle était dans un fauteuil roulant et alors.. ça ne lui donnait pas toutes les raisons du monde d’être désagréable avec ceux qui lui tendent la main. Si elle voulait, lui aussi il pourrait se plaindre, à un autre degré mais des choses horribles il lui en était arrivé aussi. Ça l’agaçait, surement qu’elle devait se prendre pour la pauvre petite malheureuse de service... avait-elle raison… il n’en savait rien, ça ne le regardait pas de toute façon. Non non, lui il allait partir et rentrer chez lui. Chassant ses idées, il laissa échapper un soupir, avant de continuer son chemin dans le hall vers la grande porte d’entrée. Mais voilà qu’à à peine quelques mètres, il entendit brusquement un nouveau bruit…. Il s’arrêta, juste deux secondes, avant de se dire que c’était ridicule. Elle avait dit vouloir se débrouiller seule, alors il n’allait plus s’en mêler. C’était bien fait pour elle si elle s’était fait mal.

« Monsieur ???! Vous êtes toujours là ??? Il y a quelqu’un ???! »

Enfin, du moins c’était ce qu’il pensait jusqu’à entendre cette voix s’élever. Il rêvait ou elle venait de l’appeler Monsieur…. Non mais sérieux, ça lui fichait un gros coup de vieux. Bon certes, ce n’était pas très courant d’utiliser damoiseau, mais il préférait de loin qu’elle l’interpelle avec un « hey », ou encore un « oh », qu’un monsieur. Là pour le coup au moins ça l’avait fait s’arrêter. Il se demandait bien pourquoi elle appelait encore. N’avait-elle donc pas dit qu’elle pouvait se débrouiller seule… rah les filles, c’est toujours la même chose. Il ne savait pas bien quoi faire, la laisser, ou alors partir. Mais finalement il n’eut pas besoin de chercher plus loin une réponse lorsqu’il l’entendit de nouveau appeler à l’aide. Bon, d’accord il allait peut-être regretter d’y aller, mais c’était sur que si il sortait d’ici sans aller la voir, il se sentirait encore plus mal. Pas la peine de rajouter une nouvelle vague de culpabilité à celle qu’il avait déjà. Ne réfléchissant pas d’avantage, il fit demi-tour, pressant le pas pour retourner à l’allée et sentir son cœur s’affoler lorsqu’il vit la scène. Comment avait-elle fait pour faire basculer son fauteuil sur elle… ça avait beau l’air être innocent, ces choses là pesaient une tonne, et surtout vu la silhouette frêle qu’elle avait. C’était peut-être mieux qu’il appelle des infirmiers, mais franchement ça ne lui traversa même pas l’esprit. Il se sentait largement capable de pouvoir lui venir en aide. S’approchant rapidement d’elle, il se précipita pour venir attraper le fauteuil et le soulever afin de le redresser. Se penchant vers elle, il se saisit de son bras tout en lui demandant :

« Ça va ? Tu t’es pas fais mal ? »

Bon sang pourquoi lui demandait-il ça… est-ce que ça le regardait ne serait-ce qu’une seconde. Et puis comment pouvait-il osé lui demander si ça allait…. Bien sur que non ça n’allait pas, il le voyait bien à son regard humide, et ces perles salées sur ses joues. Allez savoir pourquoi, son cœur se serra, trouvant cette image plus difficile qu’il ne l’aurait cru à observer. Détournant les yeux, il se pencha un peu plus pour venir passer l’un de ses bras sous ses jambes, et venir la soulever… Shin Il qui jouait au prince charmant… c’était amusant à voir, enfin dans d’autres circonstances ça aurait pu être drôle, mais ça ne l’était pas vraiment. Lui en tout cas n’avait pas envie de rire… Il se baissa bloquant le fauteuil avec l’un de ses pieds, alors qu’il la déposait doucement sur l’assise. Faisant attention, il se recula un peu avant de venir regarder ses jambes… devait-il l’aider à mettre ses pieds sur les étriers. Il se mordilla l’intérieur de la joue, avant de finalement se décider à se redresser… il n’allait pas le faire, parce-que c’était déjà surement beaucoup pour elle de lui avoir demandé de l’aide. Il l’observa quelques secondes… trouvant la situation peut-être un tantinet embarrassante. Pour elle, mais aussi pour lui… pourquoi, il ne savait pas vraiment, et sans même réfléchir il vint lâcher d’un petit air moqueur et séduisant :

« Sympa le pyjama ! »

Est-ce qu’il se moquait d’elle… oui un peu, mais c’était surtout une façon pour ne pas qu’elle se sente gênée et lui non plus d’ailleurs. Il sourcilla, tout en la regardant, avant de se dire que ce n’était peut-être pas une bonne idée. Elle allait peut-être lui arracher la tête. Est-ce qu’il attendait un merci… non pas vraiment… il se sentirait embarrassé si elle le faisait de toute façon. Il aurait pu la narguer pour venir lui dire qu’elle avait finalement eut besoin d’aide mais il trouvait ça déplacé. Après tout ça devait lui avoir couté de lui demander… il n’allait pas enfoncer le clou.

Parfois dans la vie on peut être surprit par des beaux imprévus. Ce soir, il ne savait pas bien si il pouvait considérer ça comme un imprévu, ou alors comme… un problème. Bah quoi, c’est vrai, cette fille n’était surement pas la plus adorable que cette terre ait pu connaitre. Mais peut-être était-ce lui qui avait eut la mauvaise idée de l’idéalisé. Enfin, pas la peine d’imaginer quoique ce soit… non ce n’était qu’un stéréotype. Comme lorsqu’on pense, que les handicapé sont tous adorables et gentils quoi. Oui, il devrait avoir honte d’avoir pensé à une telle chose, mais en même temps, cette fille avait tout l’air d’un petit ange. Son visage de poupée, ne laissait rien paraitre quant à un éventuel caractère de diablesse… mais il avait apprit à ses dépends qu’il ne fallait pas se laisser berner par la première impression. La preuve, puisqu’il s’était fait jeté comme un malpropre… pour le coup il le regrettait bien, ne cessant de se répéter qu’il aurait mieux fait de ne penser qu’à lui, et de la laisser toute seule. Fichue conscience… qu’est-ce que ça pouvait bien lui faire qu’elle reste toute seule, là au milieu de ce couloir. De toute façon quelqu’un aurait bien finit par la trouver, ce n’était pas comme si elle était tombé au fond d’un puits ou dans un fossé. Non c’était une allée, où il y avait pas mal d’allée et venue dans la journée… dans même pas trois heures, il était sur que les infirmières feraient un tour et passeraient par là. Alors oui, il aurait mieux fait de tracer son chemin. Mais Shin Il avait beau avoir tout d’un mec insociable, et un peu morne, il était surement le premier qui pourrait tendre la main à quelqu’un qui en aurait besoin. Il n’y avait qu’à le voir déambulé les rues, une pièce dans sa poche, et elle finissait toujours dans la paume d’un sans abris qui en avait plus besoin que lui. Un gentil garçon en somme… oui, c’était ce qu’on pourrait se dire, mais lui ne se considérait pas comme tel… non juste un pauvre homme banal, qui ne savait pas trop bien de quoi demain serait fait.

En tout cas, comme il n’avait pas l’habitude de prévoir quoique ce soit, si il avait eut la mauvaise idée de le faire, son programme aurait été tout chamboulé par cette jolie brune. Il ne savait pas bien pourquoi, même en s’avançant vers la porte de sortie, il se sentait terriblement coupable de la laisser plantée là. Elle était peut-être désagréable, mais honnêtement, il avait connu pire en matière de politesse… comme se faire accueillir par une arme braquée sur lui, ou alors recevoir des coups, en guise de « bonjour ». Faut dire que dans ce milieu, certains avaient leur propre façon de voir les choses… il devait donc s’estimer heureux, cette fille ne l’avait pas menacé, et avait juste été désagréable. Ça arrivait… et puis, elle avait surement toutes les raisons d’être aigrit. Ce n’était pas surement pas de naissance qu’elle se trouvait dans ce fauteuil… et voilà qu’il arrivait à lui trouver des excuses pour sa mauvaise humeur. Bah oui, il était soit trop gentil, soit il n’avait juste pas envie de se prendre la tête… ou alors peut-être se trouvait-il une excuse pour justifier le fait qu’il accoure vers elle, lorsqu’elle se mit à appeler à l’aide. Oui, peut-être… mais en même temps, ignorer son appel, ferait de lui un connard fini. Il n’en était pas un, du moins il pensait avoir un tas de défaut, mais pas celui là. Etre égoïste, ce n’était pas non plus une de ses habitudes, bien que dans un sens il se devait de l’être dans certaine situation. Mais qu’importe, elle avait beau être miss mauvaise humeur, il n’allait pas la laissé, et s’était donc précipité vers elle pour l’aider. Et en plus il venait faire du zèle, en lui demandant si elle allait bien, ou si elle ne s’était pas fait mal. Bah voilà, rien que ça… si elle l’envoyait bouler, il n’avait qu’à s’en prendre à lui-même après tout.

Par chance, ce n’est pas ce qu’elle fit, mais en même temps elle devait surement avoir le souffle court à cause de ce stupide fauteuil qui l’avait écrasée. Soyons franc, cette chose pesait une tonne… par contre elle… il la trouvait légère, et plutôt facile à porter. Non, il ne se la jouait pas prince charmant sorti tout droit d’un conte de fée, mais il se devait de l’aider. Il était venu ici, il n’allait pas non plus s’offusquer parce qu’il devait la porter. Puis, n’oublions pas… Shin Il avait vécu presque toute sa vie à San Francisco, les limites de proximités, garçons filles, il ne connaissait pas vraiment. Mais il ne pensait même pas que cela la dérangerait… il faisait ça pour elle après tout, et n’était pas le genre d’homme à laisser ses mains se balader, et en profiter. Bah ouais quand même, c’est qu’il pouvait avoir l’air d’un gentleman si il voulait… mais lui dirait juste que les relations avec les filles ça le gavait plus qu’autre chose. En fait il n’y voyait pas trop d’intérêt, puisque cela ne le menait à rien… il n’avait pas envie de s’attacher, et ne laissait personne s’approcher de lui… alors oui, effectivement, il n’y avait pas réellement d’avenir à construire avec l’une d’entre elle. Ou alors était-ce parce qu’il pensait, ne pas avoir d’avenir tout court… oui peut-être, en fait c’était même surement une grosse partie à cause de ça. M’enfin, qu’importe… maintenant… et bah maintenant, il se sentait étrange face à elle. Il ne savait pas trop pourquoi, mais c’était un peu embarrassant d’être là… et allez savoir pourquoi, il ne trouva rien d’autre à lui dire, que venir se moquer de son super pyjama nounours. Il le trouvait mignon, et oserait peut-être dire, qu’elle était mignonne elle aussi avec ça sur le dos, mais bon, pas sur que cela lui fasse plaisir qu’il vienne dire ça. Non en fait, il pensait même que c’était une erreur, et qu’elle allait surement lui faire payer… non pas qu’il la connaissait, mais après tout elle ne lui avait même pas dit merci pour ce qu’il venait de faire.

Oh, il n’attendait rien en retour, mais au moins ça, ça coutait rien… mais soit… tan pis, il allait faire demi-tour, mais ça c’était avant qu’il ne sente brusquement quelque chose lui rentrer dedans, et lui rouler sur le pied. Un peu choqué par la douleur, il serra les dents, avant de venir grimacer et porter sa main à son genou. Relevant les yeux vers elle, il la regarda quelques secondes… secondes où il se demanda si elle l’avait fait exprès ou pas. Pour se venger… était-elle capable de faire une chose pareille, ou était ce lui qui devenait parano.

« Oups … Désolé, je ne sais pas encore bien dirigé mon fauteuil. »

Finalement, il se figea quelques instants, l’observant d’un petit œil suspicieux, avant de grimacer de nouveau, et détourner les yeux, en se redressant. Hum, il avait été odieux de penser qu’elle pouvait le faire exprès… oui parce-que c’est vrai, si elle était déjà tombée de son fauteuil, c’est qu’elle devait avoir du mal à le diriger… Mouais, il ne savait pas trop quoi en penser, car c’était arrivé pile après le moment où il se moquait d’elle et de son pyjama nounours alors… disons qu’il allait garder le doute pour lui, et préférait se méfier d’une fille au visage angélique. Il se mordit l’intérieur de la joue, s’empêchant de venir lui faire une autre remarque.

« Hum … Merci de m’avoir aidé. Tu aurais pu passer ton chemin vu comment je t’ai parlé tout à l’heure. »

Et il avait bien fait de se raviser… elle lui disait merci. Franchement, ça aurait été culotté qu’il vienne encore lui faire une remarque… Alors qu’elle le remerciait, il la regarda quelques instants avant de détourner les yeux, et se sentir subitement embarrassé. Oui, c’est vrai tout à l’heure il avait pensé qu’elle pouvait lui dire merci, mais maintenant qu’elle le faisait, il trouvait ça gênant… ce n’était pas grand-chose, et il était loin d’être le genre d’homme prétentieux, qui trouve que tout lui ait dut. Non lui il était du genre modeste, qui se sent un peu mal à l’aise quand on lui dit ces choses là. Il préférait passer inaperçu, plutôt que de se faire remarquer… il devrait peut-être s’excuser pour les mots qu’il avait eut tout à l’heure, mais il n’osait pas vraiment répondre, et surtout pas la regarder. Que personne ne lui demande pourquoi… c’était surement parce qu’il était gêné qu’elle l’ait remercié. Il se racla la gorge discrètement, comme pour tenter de faire passer son embarra. Et c’est à ce même instant, où il entendu un drôle de son s’échapper de la jeune femme… son ventre semblait crier famine, et pas de chance pour elle, il n’y avait personne dans ce couloir, et le service était trop silencieux pour qu’il ne l’entende pas. Détournant son attention sur elle, il eut un regard surprit, alors qu’un sourire se dessinait sur ses lèvres.

« Euh … Je … Je dois y aller. A un de ces jours, enfin ... peut être. »

Il ne s’attendait pas à ce qu’elle lui dise ça, et encore moins qu’elle veuille s’en aller comme une voleuse. Bon d’accord, en même temps il n’attendait rien de plus, mais bon, elle laissait tomber son sauveur d’un soir, pour aller… à un distributeur. Hum, était-ce ça qui l’avait poussé à se lever en pleine nuit. Il n’en savait trop rien, mais de son point de vu, si elle voulait combler sa faim avec une chose de cet appareil, elle n’irait pas très loin. Bah c’est vrai quoi, depuis quand une barre chocolaté, ou des bonbons rassasiaient quelqu’un. Et pour avoir entendu son ventre appeler à l’aide, il était évident qu’il voulait manger bien plus qu’une chose pareille… mais soit, elle faisait ce qu’elle voulait après tout. Fourrant ses mains dans ses poches, il s’avança dans le couloir, passant devant elle, avec surement la firme intention d’enfin partir d’ici…. Mais il marchait d’un pas nonchalant, et n’avait pu s’empêcher de regarder ce qu’elle était en train de choisir dans cette machine. Il serait incapable de dire pourquoi, il venait de s’arrêter non loin d’elle, ni même pourquoi il avait une drôle d’idée en tête. Et pourtant, il ne réfléchit pas trop avant de lui dire :

« Tu devrais pas manger ça… »

Il détourna les yeux vers elle, la détaillant du regard, d’un air de dire… tu vas grossir si tu bouffes ça. Mais ce n’était pas ce qu’il pensait, il se disait jute que ce n’était pas trop bon pour son estomac qui avait faim. Qui il était pour juger… bah personne, juste un pauvre type qui était passé par là et qui venait brusquement de s’immiscer dans sa vie… enfin il ne se disait pas les choses de cette façon. Non lui se contentait de dire, que de toute façon il n’avait rien de mieux à faire ce soir que de trainer ici… ses animes il pourrait toujours les revoir une prochaine fois. Relevant les yeux vers la machine, il laissa échapper un soupir, avant de sortir les mains de ses poches, et venir derrière elle pour se saisir des poignets de son fauteuil :

« Je bosse à la cafet, tu pourras manger à ta faim là-bas… et m’en veut pas, c’est moi qui pousse ton fauteuil, je ne voudrais pas que tu m’écrases vu comment tu conduis ton bolide. »

Il lui lança un regard amusé, avant de pousser son fauteuil, sans même lui demander réellement la permission, ou attendre sa réponse. Non, de toute façon il savait être borné quand il voulait. Et de toute évidence, il estimait qu’elle aurait encore faim à trois heures du matin, si elle mangeait une simple barre de céréale. Il traversa tout le couloir, se retrouvant dans le hall d’entrée, avant d’arriver devant la porte de la cafet, lâchant le fauteuil, il s’en approcha, avant de sortir les clés de sa poche, et se baisser pour venir l’ouvrir. Se redressant, il poussa la porte, hésitant quelques secondes à venir la faire entrer… mais il préféra, finalement, la laisser faire. Il n’avait pas envie qu’elle le tue, parce qu’il osait être la prendre en pitié… oui c’était peut-être de cette façon qu’elle voyait les choses et c’était peut-être ce qui le poussait à agir ainsi avec elle. Il ne savait pas trop bien, mais il ce qui était sur, c’est qu’il entra dans la cafétéria, avec la ferme intention de lui donner quelque chose à manger. Il n’y avait plus rien dans les vitrines puisque tout avait été rangé, ou jeté pour certaines choses, mais il avait tout de même de quoi faire dans les frigos et placard. Il y avait même des tas de caisses bien remplies de produits reçu ce matin. Jetant les clés sur le comptoir, il en fit le tour, avant de jeter un bref coup d’œil à la jeune femme… son patron allait surement ne pas apprécier qu’il ouvre la cafétéria après son départ mais… mais c’était pour une bonne cause non. Oui, c’était ce qu’il tentait de se dire… mais il se surprit à resté planté quelques secondes à la regarder, en sentant son cœur s’affoler brusquement… hum, la peur de se faire surprendre après l’heure de la fermeture surement… il fronça les sourcils, détournant les yeux, avant de lâcher tout en se dirigeant vers un des placards :

« Si jamais t’as l’occasion de revenir ici, n’en dit rien à mon patron… je tiens à mon job, et j’aimerais bien le garder celui là. »

Il se baissa au même instant, pour venir ouvrir le placard, et attraper une énorme boîte… oui, celle qu’il avait galéré à ranger. Au moins son patron, ne serait pas déçu en voyant qu’il ne l’avait pas mise avec les autres. D’ailleurs il était plutôt sérieux en venant lui dire une chose pareille. Il tenait vraiment à son job, et n’avait pas envie de le perdre… si elle savait, tous les petits boulots qu’il avait déjà faits. Et celui là était bien, et personne ne le regardait comme un échappé d’asile… bien que lui, était plutôt l’ex tolard qu’on regardait de travers, m’enfin ce n’était qu’une question d’étiquette et de parcours. Se redressant, il alla prendre un bol, puis un ouvre boite pour venir l’ouvrir, et verser le contenu. Attrapant une cuillère, il la fourra dedans, avant de venir faire le tour du comptoir. Il ne savait même pas si elle aimait ces fruits en boites, et n’avait même pas prit le temps de lui demander ce qu’elle voulait manger… Bon, soit, il n’était surement pas un gentleman finalement, mais bon elle n’allait pas rouspéter, c’était déjà gentil ce qu’il faisait. S’approchant d’elle, il lâcha le bol d’un air un peu nonchalant devant elle, avant de lui dire :

« Shin Il… moi c’est Shin Il. Enfin, je sais qu’ici vous vous appelez par les noms, mais ça me barbe cette coutume... et toi ? C’est quoi ton prénom ? »

Tout en disant ça, il vint s’assoir en face d’elle, faisant comme si il était chez lui… bah en même temps il connaissait les lieux, mais bon en quelque sorte c’était le cas. Sauf que bon, là il s’installait, comme si tout était normal, et qu’elle n’avait le droit de rechignait sur ce qu’il lui avait donné à manger. Bah quoi c’est vrai elle n’allait pas râler non plus… il ne savait pas bien pourquoi il lui avait dit son prénom, et il savait encore moins pourquoi il voulait savoir le sien. Pourtant, l’un expliquait l’autre…. Il lui avait donné son nom, pour qu’elle lui donne le sien… c’était idiot, mais en même temps, il avait bien le droit d’être curieux parfois… ou pas.

Sa gentillesse allait le perdre, c’était évident non…. En tout cas lui c’était ce qu’il pensait. Bien qu’il n’avait rien réellement contre cette fille, il se disait qu’elle n’était surement pas la plus facile des patientes qui devait être dans cet hôpital. Il ne savait pas bien pourquoi mais la voir réagir ainsi lui indiquait que tous les jours ça ne devait pas être facile pour les infirmières… seulement, pouvait-il lui reprocher… Il n’en était pas certains, une petite partie lui, en venait même à la plaindre. Il le savait surement, au fond cette jeune femme devait détester qu’on la prenne en pitié ou bien justement qu’on se mette à la plaindre… mais il ne pouvait pas faire autrement. Elle était si jeune, et semblait si innocente, qu’il ne pouvait pas non plus se réjouir de la voir dans cet état. Sa jeunesse était gâchée à cause d’un pauvre idiot surement… oui à cause d’un mec comme lui. Il avait beau entendre cette petite voix qui lui disait de la laisser tranquille et poursuivre sa route, sans savoir pourquoi son inconscient le poussait à rester ici… et qui plus ais à se mêler de sa vie. Bon d’accord, il n’aurait surement pas un énorme impact en lui disant qu’elle ne devait pas manger cette barre aux céréales, mais il fourrait tout de même son nez dans des affaires qui ne le regardait pas. Ne détestait-il pas ça lorsque cela le concernait… il était surement le premier à envoyer quiconque qui oserait s’immiscer dans sa vie personnelle. Mais voilà que lui faisait exactement ce qu’il détestait ce qu’on lui fasse. Alors était-ce de la pure politesse, ou simplement un bon conseil… Shin Il diététicien à ses heures perdues, on aura tout vu franchement. Peut-être qu’il devrait penser à se reconvertir… ouais enfin lui il donnerait des régimes à base de petites poudres blanches. L’avantage c’est qu’on ne ressent pas la faim vu qu’on plane à des mètres du sol, et qu’en plus c’est pratique à emmener partout. Mouais, en gros il ferait mieux de s’en tenir à ce qu’il sait faire… c'est-à-dire, se faire le plus discret possible.

Enfin c’était surement ce qu’il se conseillait à lui-même, mais il n’avait pas envie de s’écouter. Non au lieu de ça, le voilà qui avait déjà attraper les poignets du fauteuil de cette miss désagréable pour l’emmener en direction de la cafétéria. De quoi je me mêle… non mais sérieux, n’avait-il pas mieux à faire. Oh que… non… bah oui faut dire que sa vie n’était pas très passionnante lorsqu’il n’avait rien à faire pour le gang. Certains dirait qu’il manquait d’action, mais lui dirait qu’il préférait de loin tourner en rond plutôt que de risquer sa vie ou jouer à ce jeu stupide. Là au moins il n’avait rien à craindre, à part qu’elle lui roule sur le pied et n’en fasse que du pâté. Mais il avait déjà connu pire alors ce n’était pas cette pauvre gamine qui allait lui faire peur… quoique, ne sait-on jamais de quoi elle était capable. C’est vrai quoi, que savait-il d’elle à part qu’elle semblait être maladroite et une accro à ce chaton débile… Bah quoi, vous avez surement déjà dut entendre des guerres entre Pikachu et Hello Kitty… bah Shin Il était pour cette chose jaune à la queue en forme d’éclair. De toute évidence HK ne faisait pas le poids face au célèbre pokémon… mais il n’allait pas polémiquer avec elle, de toute façon c’est lui qui aurait raison voilà tout. Shin Il têtu…. Pas vraiment, mais il était doué pour faire son chieur. Bref, il ne se basait que sur ce qu’il voyait, et donc en gros, il ne savait rien sur elle. Ah si il savait une chose… elle était surement têtue...

Arrivé à la cafétéria il la laissa alors seule pour aller chercher de quoi nourrir son petit estomac qui criait famine. Pas sur qu’elle aime ce qu’il avait à lui proposer, et en fait ça ne lui était même pas venu à l’esprit de lui demander. Non il se disait qu’elle ferait avec ce qu’il lui donnait et rien de plus. Il avait justement des boîtes dont il devait se débarrasser… tout était ranger à sa place, sauf cette fichue boîte de fruit en conserve. C’était donc une belle occasion pour la refiler à quelqu’un… et cette personne allait être elle. La jeune femme n’allait pas ronchonner tout de même, il faisait quelques efforts pour être gentil, et elle devrait apprécier. Enfin, elle n’avait pas l’habitude de le côtoyer non plus… mais si elle savait comparer à d’ordinaire il était serviable. Une première en soit. Il en venait même à parler de lui, ce qui ne lui ressemblait pas vraiment non plus. Ce n’était pas une grande confidence et il ne pensait qu’à lui en venant lui demander de ne rien dire à son patron. Si elle savait le mal qu’il avait à trouver un réel job où il se sentait bien… c’était le premier depuis son arrivée en Corée. Son patron était compréhensif et à la fois dure, mais il sentait bien qu’il voulait le pousser vers le haut, il n’était pas là pour le rabaisser ou lui faire comprendre qu’il n’était pas à sa place ici…

« Promis, je ne dirais rien. »

Il aurait bien plaisanté en lui disant qu’elle avait intérêt sinon il l’éliminerait, mais il n’avait pas envie qu’elle se mette à crier et ne comprenne pas son humour noir. Du coup, il préféra se taire et garder cette réflexion qui n’amuserait que lui, pendant qu’il ouvrait la boîte et versait les fruits dans un bol. Il se doutait qu’une fille pareille n’apprécie ces remarques, et encore moins de savoir qu’il n’était pas un gentil garçon… être un serveur qui sert des fruits, ça n’était qu’une façade… même si lui estimait que personne ne pourrait réellement se tromper sur ce qu’il était. Jamais il n’avait croisé quelqu’un qui ne le trouvait pas louche, bizarre… ce qu’il détestait le plus c’est qu’on le voit comme un étranger qui n’avait pas sa place ici. Il le savait déjà assez lui-même, il n’avait pas besoin qu’on le lui rappelle à chaque fois qu’il osait regarder quelqu’un dans les yeux. Une fois, oui rien qu’une fois il aimerait qu’on le voit différemment… les filles… oh les filles, elles lui courraient après juste parce-que justement il était bad boy. Elles voulaient juste frôler le danger, et se sentir vivante en étant avec un type comme lui. Seul hic c’est que lui se sentait toujours inexistants aux regards de tous… C’est d’un air nonchalant qu’il était venu déposer le bol qu’il tenait en main devant elle, avant de venir s’assoir et lui demander son nom. Ça non plus ce n’était pas très commun à ses habitudes, il s’en fichait bien de connaitre le prénom de quelqu’un… mais quelque chose le poussait à vouloir connaitre le sien.

Elle sembla l’observer, et lui restait impassible, en se demandant pourtant bien ce qu’elle pouvait penser de lui… allait-elle avoir ce regard, celui que tout le monde portait sur lui. Oh qu’elle ne s’inquiète pas si c’était le cas il ne serait pas vexé, il était tellement habitué… elle ne serait qu’une de plus parmi tan d’autres. Oui comme tous, elle devait surement se dire qu’il était étrange… qu’il avait l’air morne, et presque éteignent… ils n’avaient pas tords, c’était bien ce qu’il était, mais la vérité c’est qu’au fond de lui, il ne demandait qu’à briller, et exister. Un peu gêné par son regard, il finit par détourner les yeux, lâchant un soupir, avant de s’enfoncer dans sa chaise.

« Euh … Enchantée Shin Il. Moi c’est Ji Won, Yoon Ji Won. Mais … Hum … Pourquoi tu dis ‘ici’, tu ne viens pas de Corée ?! »

Arquant un sourcil, il jeta un coup d’œil vers elle, se répétant son prénom comme pour mieux le mémoriser intérieurement. Ji Won alors… le Yoon… il allait le laisser à la trappe. De un il trouvait ça commun à mourir, faut dire que des Yoon y’en avait des tas, et il trouvait que Ji Won, c’était mignon. Oui en fait ça lui allait bien… mais il sembla un peu surprit par la question qu’elle lui posait. Au point même, qu’il en finit par laisser échapper un rire désabusé entre ses lèvres. Il n’y avait rien de drôle pourtant, mais lui ça l’amusait :

« T’es bien la première à me demander ça ! »

D’ordinaire c’était toujours évident, il était même vu comme l’étranger, il avait beau être coréen, tout le monde le voyait comme quelqu’un qui devait se trouver ailleurs. Depuis qu’il était gamin on le considérait comme un étranger… au sein du Wah Ching, il était toujours vu comme le petit coréen perdu entre des centaines de chinois, rien qu’un jouet qui pourrait aider pour leurs affaires… au sein de sa propre famille il n’avait jamais trouvé sa place, et n’avait pas été désiré… ici à Ulsan, il n’avait pas non plus de place… un délinquant, un voyou, un criminel… il ferait mieux de retourner là où il était… c’était ce que tout le monde pensait… Alors oui forcément entendre quelqu’un lui demander si il n’était pas d’ici, ça l’amusait. C’était la première qui lui posait une telle question. Il faut croire qu’elle était trop innocente… Il détourna les yeux, gardant un petit sourire au coin, avant de laisser échapper un nouveau soupir, et regarder ailleurs. Il ne lui dirait rien de plus, si elle s’attendait à ce qu’il lui donne une réponse, elle se fichait le doigt dans l’œil. Shin Il ne parlait pas de lui, et il n’allait certainement pas raconter à une inconnue sa vie. Elle n’en demandait pas autant il le savait, mais il n’aimait pas parler de lui, même pour un simple détail. Moins elle en savait, mieux elle se porterait. Elle connaissait déjà son prénom, et c’était déjà trop selon lui… à bien y réfléchir il ne savait même pas pourquoi il lui avait dit.

Il n’avait pas grand-chose à dire, et espérait presque intérieurement qu’elle se dépêche pour manger son bol de fruits… seulement, Ji Won ne semblait pas très ravie de ce qu’elle avait. Se risquant quelques secondes à détourner les yeux vers elle, il l’aperçue faire une moue qui en disait long sur ce qu’elle pensait. Elle n’était pas ravie de ce qu’elle avait c’est ça…. il ne savait pas vraiment, mais de toute évidence elle s’était surement attendu à autre chose. Désolé pour elle, mais il devait se débarrasser de cette boite qui l’encombrait, si elle n’était pas contente le distributeur était toujours à la même place.

« Merci pour les fruits mais hum … comment dire … Je n’aime pas ça … Enfin ce n’est pas que je n’aime pas les fruits, juste ça là, la mangue. Je suis allergique et comme ça a touché les autres fruits, et bien, je ne peux pas en manger sinon je vais gonfler comme un ballon de baudruche. »

Et voilà qu’il était tombé sur miss monde ! Oui en fait, elle avait beau être dans un fauteuil roulant, elle était surement une de ces filles qui avait l’habitude qu’on lui cède tout et qu’on lui donne tout surement. Bon d’accord il avait bien entendu ce qu’elle avait dit, elle était allergique, ce n’était vraiment pas de bol qu’il tombe pile sur le fruit qu’elle ne supportait pas… seulement lui se disait que ce n’était qu’une manière de lui faire comprendre qu’elle voulait autre chose. Faut croire que les fruits en boîte n’étaient pas de sa condition. Se redressant, il fronça les sourcils avant de jeter un coup d’œil au bol, et relever les yeux vers elle… la scrutant quelques instants, il la fixa avant de dire :

« On t’as jamais appris la politesse ou quoi ? Tu ne connais pas la méthode, on te donne, tu prends et tu dis merci. C’est comme ça que ça marche princesse ! »

Son Shin Il, ou l’art d’être aimable… mais il n’y pouvait rien, il ne savait pas si elle se moquait de lui ou si alors elle disait vrai. il préférait se méfier, vu qu’il ne savait pas à qui il avait à faire. Une jolie brunette, fille d’un diplomate ou alors une simple jeune femme, qui était réellement allergique à la mangue. Il aurait pu être gentil et lui demander, mais il préférait de loin faire ses remarques… Oui princesse, parce-que c’était bien ce qu’elle semblait être à ses yeux… de là à savoir si c’était péjoratif ou pas, il n’y avait qu’à lui demander, et forcément la réponse semblait évidente… lui détestait les filles qui croient que tout leur ais dut. Elle pouvait toujours rêver pour qu’il se plie en quatre aux moindre de ses désirs. Seulement une petite voix lui disait qu’elle n’était surement pas ce genre de filles non plus… elle avait l’air de tout sauf d’être prétentieuse et égocentrique. La regardant, il finit soudainement par détourner les yeux, prenant un air désabusé, il attrapa la cuillère qu’il lui avait donné avant de faire glisser le bol jusqu’à lui :

« Rah sale gamine ! Tan pis pour toi, je vais le manger à ta place, ça m’évitera de gaspiller ce qu’il a dans mon frigo. »

A peine avait-il dit ça, qu’il fourra la culière à sa bouche, et la regarda d’un petit air provocant, mais aussi un peu blasé. Tout un art c’est moi qui vous le dit. Mangeant d’un air nonchalant, il observa autour de lui, comme si de rien n’était, et surtout comme si c’était tout à fait normal. Mais Shin Il n’avait jamais eut la prétention de dire qu’il était un gentleman… bah oui il était un vrai goujat quand il s’y mettait aussi. Il mangea bien deux à trois grandes cuillérées, avant de détourner les yeux vers elle, et l’observer… oui d’accord c’était elle qui avait faim pas lui. En plus c’est vrai il n’avait pas vraiment envie de manger, mais bon la boite était ouverte, il n’allait pas le jeter… Seulement…. Allez savoir pourquoi lorsqu’il l’observait, il se sentait subitement un peu « coupable » sur les bords. Elle allait s’énerver, et il pouvait peut-être déjà remercier n’importe quoi pour le fait qu’elle ne se soit pas encore jeté à son cou. Soit, il allait donc faire des efforts et être aimable… laissant retomber brusquement sa culière dans son bol, il lâcha un râle de mécontentement, avant de se lever et s’avancer vers le comptoir :

« Bon fais pas cette tête, tu vas finir par me fiche la trouille !»

De l’autre côté du comptoir, il alla farfouiller dans les placards avant d’en sortir de nouvelles boîtes, et les déposer sur le plan de travail. Lui demander ce qu’elle voulait… non il n’avait pas envie. Des abricots en boite ça lui disait ou pas… il regarda l’emballage, puis releva les yeux vers elle. Ji Won ne semblait pas réellement satisfaite de cette proposition… bon soit peut-être n’aimait-elle donc pas les fruits. Il détourna les yeux, faisant une moue plutôt mécontente, avant de disparaitre de nouveau derrière le comptoir et sortir autre chose. Se redressant, il déposa sa trouvaille, avant de regarder de nouveau Ji Won, et la jauger histoire de savoir ce qu’elle pensait de ça… bah ma foi ça ne semblait pas encore la convaincre… au point même qu’il en leva les yeux au ciel. Bon aller il n’allait pas se laisser démonter… patience. Il lui jeta un petit regard au coin, avant de lui tourner le dos et filer à l’arrière pour aller chercher d’autres choses à lui proposer. Revenant les bras chargés de paquets, il les déposa tous sur le comptoir, avant de se redresser et lui faire un signe de tête :

« Approche ici, et décide toi ! »

Il n’était surement pas le plus aimable qui soit, mais en même temps il ne voyait pas pourquoi il le serait. Elle avait beau être n fauteuil roulant ça ne changeait rien à la donne. Il la considérait comme une personne normale, mais surtout agaçante. Bah oui quoi, elle semblait ne rien aimer… allait-elle trouver quelque chose qui lui plaisait. Son petit doigt lui disait qu’il ne devrait pas trop espérer. Bah oui c’est vrai, rien ne lui disait qu’elle se transformerait en une fille adorable… la grenouille qui devenait princesse, peut-être devrait-il l’embrasser pour la voir devenir aimable… non mais qu’est-ce qu’il allait chercher là, elle ne devait même pas avoir l’âge de fréquenter un garçon.

Cette fille allait-elle donc avoir sa peau... franchement ne serait-ce pas ironique, qu’une telle situation se produise. Lui qui avait subit des coups, qui s’était même déjà prit une balle, qui connaissait la torture physique et morale, il y aurait de quoi rire, si c’était cette Ji Won qui venait à l’avoir. Mais à bien y regarder, c’était peut-être possible… si dans sa vie au sein du gang, il savait faire preuve de patience, dans sa vie de tous les jours c’était plus difficile, surtout avec une gamine dans son genre. Non mais c’est vrai quoi, pour qui se prenait-elle donc à lui dire non à tout ce qu’il proposait. Déjà il n’était pas obligé de s’occuper d’elle, et il en venait même à regretter de l’avoir secouru quelques minutes plus tôt. « Bon sang, j’aurais mieux fait de rentrer chez moi ! » c’était ce qu’il s’était dit, alors qu’elle disait être soit disant allergique à ses mangues. Est-ce qu’il hésitait sur son honnêteté… oui un peu, après tout il n’avait pas l’habitude de faire confiance à qui que ce soit, et qui lui disait que cette fille n’était pas une manipulatrice née. Elle pensait peut-être l’amadouer parce qu’elle était dans un fauteuil roulant, mais Shin Il n’avait pas pitié d’elle. Après tout, elle restait une fille comme les autres, et d’après ce qu’il voyait, avec un caractère bien trempé. Si ça l’énervait… bien sur que oui. Il n’était pas prétentieux, ni capricieux au point de croire que personne ne pouvait lui dire non, mais pour des choses aussi simple, c’est vrai qu’il n’était pas habitué. Si lui faisait un effort d’amabilité, il estimait juste que ça devait être du donnant donnant. Qu’elle en fasse autant, ça ne ferait de mal à personne, et ça permettrait surement de passé un meilleur moment. Quoique, à bien y regarder, il ne pouvait pas non plus se plaindre de cette soirée. Il y avait mieux oui, mais entre un pororo qui vit une folle aventure, et une jeune femme plutôt jolie, il ferait vite le choix. Non pas la peine de croire qu’il avait de mauvaises idées en tête, Shin Il n’était pas un dragueur, et encore moins un tombeur. Enfin, disons qu’il avait laissé à la trappe son passé de tombeur, lorsqu’il avait enfin compris que ce n’était pas la vie réelle. Mais il n’avait pas envie de renouer avec son passé, et puis quoi, cette fille était bien trop jeune en plus.

Quoiqu’il en soit, d’un naturel franc, il ne se priva pas pour lui dire sa façon de penser quant à sa soit disant allergie. Il se fichait un peu en fait de savoir si c’était vrai ou non, elle aurait pu juste dire merci non… bah en fait non, car si elle était vraiment allergique, c’était risqué tout de même. Et le fait de se trouver sur place ne changeait pas grand-chose au danger. Bon d’accord, il était surement en tord, et en était même désolé, mais il ne lui dirait pas. C’est vrai, surtout vu la tête qu’elle faisait. Elle semblait offusquer par ce qu’il venait de dire. Bah quoi, avait-elle besoin qu’il lui répète… il n’allait pas se laisser faire par une gamine pourrie gâtée. Et c’est donc sans scrupule, qu’il vint attraper la culière et la fourrer dans sa bouche. Oui c’était cruel de manger devant une personne qui a faim, mais c’était sa faute à elle. Cette Ji Won, n’avait qu’à être plus aimable, peut-être aurait-il fait l’effort de lui donner autre chose…. Ou alors c’était lui qui était désagréable. Il ne savait pas vraiment, car en fait il avait du mal à cernée cette fille. Peut-être était-ce aussi parce qu’ils ne se connaissaient pas du tout, mais il était un peu troublé, par sa présence… pas très à l’aise du moins, et c’était surement dut à ce fait là, pas vrai. Pas sociable pour deux sous, être avec quelqu’un d’étranger dans la même pièce, ça avait de quoi mettre n’importe qui mal à l’aise pas vrai… Mouais, pas sur, enfin, lui s’en fichait, de toute façon il pouvait manger à sa guise pendant qu’elle le regardait. Mais la situation était bien plus dérangeante qu’il n’y paraissait. Ça le gênait bien plus que ça, qu’elle soit là en face de lui, et l’observe… et c’est poussé par un élan de gentillesse, mais surtout par l’embarras, qu’il se leva brusquement de sa chaise, pour aller derrière le comptoir. Bien sur il n’avait pas manqué de lui faire une petite réflexion, mais dans le fond ce n’était surement que parce qu’il voulait qu’elle affiche un autre air que celui qu’elle avait. Elle semblait contrariée, et puis il avait une fois de plus entendu son estomac faire des siennes… quel homme cruel il serait si il ne lui donnait pas quelque chose à manger.

C’est donc armé de la meilleure volonté qui soit, qu’il partit à la recherche de quoi nourrir cette jeune femme… seulement voilà, la miss Yoon, faisait sa difficile. Rien ne semblait lui plaire… ou alors était-ce seulement les fruits qu’elle avait en horreur. C’était idiot selon lui, y’avait rien de meilleur que les fruits, et surtout les fraises. Encore une qui ne savait pas ce qu’elle ratait… m’enfin il n’était pas là pour la faire la morale, et était plutôt exaspéré en la voyant faire la moue à chacune de ses propositions. Bon aller il fallait qu’il reste calme et surtout patient. Inspiration, expiration, il ne s’avouait pas encore vaincu, même si il était à deux doigt de l’envoyer balader. Y mettant du sien, il parti à l’arrière pour aller chercher tout ce qu’il avait à lui offrir. Entre sachets de riz, pâtes, et même curry, il y avait le choix, enfin c’était ce qu’il se disait. Manquerait plus que ça ne lui plaise pas aussi… avec un petit air autoritaire, il lui demanda alors de s’approcher et de se décider sur ce qu’elle voulait manger. Et sans savoir pourquoi, il se mit à la scruter, dans l’attente d’une quelconque réaction. Ce n’était pas trop son genre de fixer les gens comme ça, mais elle semblait si difficile… Elle avait semblé ravie qu’il rapporte tout ça, mais est-ce que quelque chose lui plaisait.

« Hum … Il n’y a rien avec du chocolat dans ta cuisine ?! »

Elle releva les yeux vers lui, le prenant un peu de cours, alors qu’il était en train de l’observer. Dans un petit geste de recule, il détourna le regard, en déglutissant d’un air gêné, avant de la regarder de nouveau. C’était quoi cet air sur son visage… pourquoi ce regard triste, et cette moue. Bon sang, non ! Qu’elle ne lui dise pas qu’elle voulait vraiment du chocolat. Il y en avait oui, mais il n’allait pas lui donner. Son patron allait le tuer… Shin Il n’avait apporté que les choses qu’ils avaient en quantité, jamais il ne s’apercevrait qu’il manquait une boite de fruit, ou un sachet de riz avec tout ce qu’ils avaient. Elle baissa la tête, et sans savoir pourquoi, son cœur à lui se serra… était-il touché par cette attitude, non bien sur que non… enfin… il ne savait pas trop. Il ne pensait pas qu’elle prendrait autant à cœur le fait de ne pas avoir de chocolat ici. Il se sentait mal, presque même coupable de ne pas pouvoir lui donner ce qu’elle voulait. Un sentiment qu’il connaissait pourtant bien… il n’était pas capable de grand-chose, et encore moins de faire plaisir aux personnes qui l’entourait. Mais là… c’était différent, ça le dérangeait bien plus qu’il ne le fallait. Il se mordilla l’intérieur de la joue, laissant échapper un soupir silencieux, alors qu’il se résignait intérieurement à aller lui chercher du chocolat. Mais c’est ce moment là qu’elle choisit pour relever la tête, et venir lui dire brusquement qu’elle l’avait bien eut. La regardant d’un air surprit, il resta figée quelques secondes étonné par ce qu’elle venait de lui faire. Bon sang, et lui avait plongé la tête la première dedans… non mais ça va bien pas là-dedans, d’habitude, il garde ses distances, ce genre de chose ça ne le touche pas. Il se décomposa sur place, parce-qu’il s’était fait avoir, et dans tous les sens du terme… serrant les dents, alors qu’il la voyait éclater de rire, et se moquer ouvertement de lui. Il était agacé, en même temps qu’il se disait, qu’elle était encore plus jolie quand elle se mettait à sourire de la sorte. Il détourna les yeux, gardant son air faussement contrarié sur le visage, comme pour lui faire comprendre qu’il n’aimait pas sa plaisanterie.

« Hum … c’est possible que tu me cuisines le sachet de riz là avec ce sachet de boulettes de viande ! »

Il détourna de nouveau les yeux vers elle, le regard un peu dur, avant de croiser le sien, et apercevoir un sourire radieux accroché à ses lèvres. Mince alors, il la trouvait détestable avec ce qu’elle disait, mais lorsqu’il la regardait il changeait d’avis… Est-ce qu’elle tentait de l’amadouer avec tout ça. Oui surement, ce n’était que dans ce but qu’elle le faisait ! Une sale gamine ! Voilà ce qu’elle était, il n’allait pas se laisser avoir aussi facilement. Se redressant bien droit devant elle, il la scruta quelques instants, gardant un air neutre sur le visage avant de lancer :

« Tu crois que tu le mérites ? »

Etait-il sérieux ou alors plaisantait-il… et bien aussi étrange que cela puisse être, il ne plaisantait pas. Il n’était pas vexé, quoique en fait un peu. Oui en fait il était vexé par son attitude, et par le fait de s’être fait avoir… quel beau crétin il faisait, si il était aussi naïf que ça, c’était à se demander comment il avait fait jusqu’à maintenant pour s’en sortir avec son gang. Rah pauvre type, il se trouvait ridicule, et simplement par fierté, peut-être ne lui donnerait-il pas ce qu’elle voulait. Il n’en savait rien, en fait il ne faisait jamais attention à son égo, sauf dans son « job », mais là… et bien là il n’avait rien à perdre à être gentil, mais rien à gagner non plus en l’étant. Déposant ses deux mains sur le comptoir, il observa brièvement les sachets de riz, avant de lui dire :

« Dans ton monde t’as peut-être tout ce que tu veux, mais dans le mien quand on veut quelque chose, ça se mérite ! »

Et tout en disant ça, il vint attraper les boites, pour venir les rassembler ensembles. Les faisant glisser sur le comptoir, il les plaça les unes à côtés des autres, avant de venir les attraper, et lancer un regard espiègle à la jeune femme. Allait-il oser repartir avec, et les ranger… et bien, pas la peine de se poser d’avantage la question car il les avait déjà en main, et qu’il faisait déjà demi-tour vers l’arrière. Il osait oui… pour être un peu plus sadique, Shin Il avait même décidé de laisser les sachets de riz et de boulettes... comme pour lui faire croire qu’il allait lui faire. Mais en revenant derrière le comptoir, il lui lança un regard amusé, avant de se saisir des sachets, et lui sourire de façon un peu insolente. Oui, elle pouvait toujours rêver, il ne lui ferait pas à manger, malgré qu’il en avait peut-être envie. Elle allait l’avoir mauvaise c’est sur, mais il allait lui apprendre les bonnes manières. Bon d’accord, elle n’avait pas été méchante avec lui… mais c’était pour le fait qu’elle soit moquée, et qu’elle ait joué avec ses nerfs. Lui aussi il pouvait être doué à ce jeu là. Revenant derrière le comptoir, il le longea, avant d’en sortir, et de s’approcher d’elle tout en farfouillant dans sa poche. Se penchant vers elle il lui tendit alors une pièce :

« Tiens, pour te payer une deuxième barre de céréale ! Tu mourras pas de faim comme ça, et je me sentirais pas coupable. »

Il lui adressa un petit sourire charmeur, et amusé, avant de se redressé. Oui, il ne blaguait pas, et il abusé même de la situation en venant derrière elle, et la poussant à l’extérieur de la cafétéria. Refermant la porte sous son regard assassin, pour sur qu’elle aurait surement rêvé de le tuer en cet instant même. Mais quoi, au moins il lui apprenait un peu la vie… sale gamine, elle allait savoir ce que c’était de se frotter à un mec comme lui. Il n’allait pas tout lui céder, déjà qu’il l’avait aidé, c’était déjà pas si mal hein. Lui jetant un dernier regard, il sourcilla, avant de tourner les talons, et s’avancer vers la grande porte du hall. En chemin, il lui dit tout en étant dos à elle :

« Dors bien Yoon Ji Won ! »

Il fit exprès de bien insister sur son nom, comme pour la faire enrager d’avantage, avant de se mettre à sourire, tout en franchissant les portes. Il était sadique… oui peut-être un peu, mais en fait il s’amusait juste à l’exaspéré. Ça faisait longtemps, qu’il n’avait pas fait ça, d’ordinaire, il ne se préoccupait de personne, et traçait son chemin. Cette fille, n’était peut-être pas comme les autres… du moins quelque chose de différent s’était passé en lui. Il ne savait pas trop quoi… si en sortant il avait le sourire aux lèvres, en rentrant chez lui, il avait finit par disparaitre, sous ces questions, et des inquiétudes… des remords peut-être bien… qu’avait-il pu advenir de cette fille qu’il avait renversé.