Un an de recherche sans fin, telle était ma destinée. Je ne vivais plus que pour ça, mais... Comme petite, la recherche était une de mes passions. L'élément déclencheur fut il y a environ un an, si je me souviens  bien, lorsque j'étais dans le train qui me menait à la ville où j'étais à présent depuis trop longtemps. J'avais mes valises, j'étais sale de poussiere et de transpiration, je ne savais pas combien de temps j'avais marché pour arriver jusqu'à la gare, et j'y avais quand même rencontré un jeune homme qui m'avait, déjà à l'époque, grandement intrigué. Je n'avais pas compris pourquoi il m'avait parlé, moi qui devait etre noire de suie, mais... Il l'avait fait, et je ne pouvais pas vraiment dire que je le regrettais. Mais... une chose en entraînant une autre, j'ai été simplement obnubilé par lui... Au point de ne pas lâcher l'idée de le revoir, même après tant de temps. J'avais l'impression affreuse d'être enfermée dans ces sentiments, d'être prisonnière de cette folie, dont je n'avais aucune envie de m'échapper, car une part de moi voulait garder cette situation... De dépendance, alors que même tout l'amour que je portais à mon frère ne m'avait pas fait rester auprès de lui. Que la destinée est cocasse.

J'avais cherché dans les moindres recoins d'Ulsan de nombreuse fois, même les plus sombres et les plus glauques où il y avait chaque fois une différente personne qui venait m'accoster, gardant l'image de lui me souriant bien ancrée dans mon esprit, mais en vain... Le sort ne daignait pas décider qu'il était temps pour moi de le revoir, comme si ça n'était pas le bon moment, ou la bonne décision pour l'instant... Et cela m'attristait. Maintes et maintes fois, j'avais tenté de demander aux gens, mais ils avaient pris l'habitude de me jeter des regards hautains avant de partir, me laissant seule avec mes papiers et mes recherches, me prenant pour une folle d'être si déterminée. Mais moi même je ne comprenais pas. J'avais tant cherché la liberté dans tout les recoins de ma vie, et maintenant, je m'enfermais moi même dans la prison des sentiments, pour un homme qui devait sûrement m'avoir oublié, mais dont les traits ne s'effaçaient pas de mes pensées et de mes songes, comme si je n'étais plus maitre de mes décisions. Que la destinée est cocasse.

Pourtant, aussi fou que cela pouvait paraître, je n'abandonnais pas mes recherches, les poussant jusqu'à leur paroxysme, me forçant à faire les choses jusqu'au bout, sinon jamais rien ne serait réussi. C'était ce matin que j'avais choisis d'aller chercher, plus déterminée que les autres matins sans même chercher à en connaître les raisons. Vêtue d'un jean bleu usé et d'un haut en maille trop large, je sortis de chez un de mes nombreux hébergeurs. Celui ci était curieusement bien plus sympathique que tout les autres, essayant sans cesse de me faire rire ou de me changer les idées... Même si parfois il me touchait bien plus qu'il le faudrait ! Mes pas, petit à petit, me menèrent jusqu'au parc d'Ulsan, sans que je n'eus à réfléchir un seul instant. Au milieu de l'étendue de vert, je me posais alors la question, mais que faisais-je là ? Je tournais la tête jusqu'à apercevoir une silhouette dans l'herbe, qui le rappelait étrangement quelqu'un... Que la destinée était cocasse !

Je ne pouvais y croire ! C'était bien trop beau pour que ce puisse être réel ! Mon être abasourdi, je ne faisais plus que fixer la silhouette sans aucune réaction, simplement... Dépassée par la tournure des événements. Tout mes souvenirs me remontaient à l'esprit, pour pouvoir le comparer avec la personne que j'avais en face de moi. Avait-il la même odeur ? Le même sourire ? Était-il resté identique à ce qu'il avait été dans le passé ? Se souvenait-il de moi ? La dernière question me paru avoir une réponse tellement différente des autres qu'elle me donna l'impression de ne pas avoir sa place maintenant. Comment pourrait-il se souvenir d'une fille telle que moi, la bohémienne ? Certes nous avions longtemps discuté, mais je n'étais point remarquable parmi tant d'autres filles avec des caractères bien différents du mien... Mais, il était temps de faire avancer les choses... Pitié que ce soit le même jeune homme sinon... Que la destinée pouvait s'avérer cocasse !

Il fallait que mes jambes bougent, et que mon corps se dirige vers lui, et ce n'était pas une mince affaire. Moi qui était en temps normale particulièrement déterminée était à présent pleine d'hésitation. Et si je n'avais tout simplement rien à lui dire ? Il n'était pas si aisé de trouver un sujet de conversation, et aucun ne me venait naturellement à l'esprit, alors que mes jambes avaient finies par m'obéir, pour me guider jusqu'au jeune homme, où, plus je m'approchais de lui, plus je reconnaissais les traits adorables de son visage qui m'avaient tant marqué jusqu'à maintenant. Simplement, je m'assis à côté de lui. Son nom, je ne l'avais pas oublié, c'était même une des premières choses qu'il m'avait dit Yoon Caleb. Assurément, il n'était pas totalement coréen, puisque pour ma part, malgré le fait que j'avais traversé la Corée en long et en large depuis 4 longues années, je n'avais jamais entendu de pareil prénom, et c'était une des choses qui le rendait particulier à mes yeux. Je ramenais mes jambes contre moi, avant de poser ma tête sur les genoux pour le fixer, alors que lui en faisait de même, ayant l'air un peu surpris. La destinée me paru un instant si cocasse !

« Bonjour ! »

Ma voix fluette du à peine atteindre son oreille, mais de toute façon, je n'avais pas dit grand chose d'intéressant, et pourtant, ce n'était surement pas moi qui allait fuir maintenant, alors que je l'avais enfin trouvé !

« Je... Suis surprise de te revoir après un an, Caleb ! Je trouve que c'est une drole de coïncidence, pas toi ? »

Un beau sourire se logea sur mes lèvres alors que ma tête était toujours posée sur mes jambes. Je me redressais un peu, avant de me laisser tomber sur le dos, posant mes mains sur mon ventre, observant le ciel et les nuages danser au gré du vent, sentant l'herbe jouer sur mon visage, le chatouillant agréablement.

« Comment vas tu ? »

Tellement surprise de cette rencontre que je ne trouvais pas les mots qui ferait qu'il ne m'oublierait pas après cela. Tellement désespérée que je ne trouvais pas ce qui allait faire de moi quelqu'un de différent de toutes les autres filles qu'il avait pu rencontré, pour qu'il n'y ait plus que moi dans son esprit, parce que pour ma part, il n'y avait que lui dans le mien depuis bien longtemps... Que la destinée était cocasse...

J'allais m'asseoir à ses côtés, je le sentais, mes jambes se diriger sans la force de mon esprit vers lui, sans que je ne puisse arrêter cette destinée dont je ne savais pas la fatalité. Il avait été pour moi comme une attirance incontrôlable, comme un aimant complémentaire au mien, ou plutôt comme un trou d'air qui m'aspirait jusqu'à m'avoir entre ses bras. Comme j'aurai eu envie de me retrouver dans ses bras ! Je ne savais pas si c'était bien ou mal, de toute manière j'avais toujours eu un problème à discerner ces deux valeurs, ne sachant pas vraiment où s'arrêtait l'un et où commençait l'autre, mais pour l'instant, j'en avais envie. J'avais envie, comme je le faisais maintenant, de m'asseoir à côté de lui, sur l'herbe verte et fraîche, pour ressentir pleinement sa présence qui me gardait irréversiblement prisonnière et dont je ne cherchais étrangement pas à m'échapper. J'avais envie, comme j'allais le faire de lui parler sans jamais que nous n'ayons à nous arrêter, comme si nous avions la capacité de défier éternellement le temps pour le faire jouer en notre faveur, ou bien simplement l'avoir à notre merci, comme si nous n'étions plus tout à fait humain, et que nous n'avions pu l'obligation de boire ou de manger... comme si nous étions simplement isolé dans une bulle au milieu de nulle part, où il n'y aurait que lui, moi, et mes sentiments affolants. Sauf que tout ceci n'était pas vraiment possible. Je n'avais pas la capacité à le faire rester à côté de moi éternellement, je n'avais pas la capacité à créer une bulle intemporelle, j'étais humaine.

Ma tête lourde de mes réflexions reposaient sur mes genoux repliés, alors que mon regard ne se faisait pas à l'idée de quitter le sien une seule fraction de seconde. Ma bouche articulait des mots dont j'avais à peine connaissance. J'étais si surprise ! Si surprise qu'après tant de recherche, je le trouve alors que ma seule idée avait été de prendre un peu l'air, parce qu'il faisait bon et frais ! Si surprise, de le voir en si grande forme, si beau, si semblable à mes souvenirs que ça en paraissait irréel ! J'étais presque perdue. Si perdue de me trouver déjà si dépendante à une personne dont je ne connaissais rien. Si perdue de me sentir si folle de ne plus réussir à contrôler mon corps et mes réactions. J'allais, et je sentais mon coeur s'emballer, mes joues chauffer, ma vue se brouiller. Mais qu'est ce que c'était que ça ? Était-ce ce que les gens appelaient l'amour ? Si c'était cela, pourquoi apprécient-ils tous ce sentiments que je trouve si perturbant ? Je soupçonnais un instant les gens de chercher leur propre perte, avant que ma bouche ne formule les mots qui engageait peut être une nouvelle phase de ma vie. Deux syllabes, et tant de promesses comme de désenchantements. Un mot que chaque humain disait chaque jour.

J'aurai sûrement du fuir, comme je le faisais si bien, je n'aurai sûrement pas du être aussi déterminée, et je n'aurais pas ainsi plongé dans cette dépendance dont je ne pouvais plus me dépêtrer. Il me répondit alors lui aussi, par les mêmes mots que je lui avais moi-même dit. Je le sentis se rapprocher de moi, et de façon surprenante, l'envie de me laisser contre lui et de fuir s'entremêlaient sans que je sache laquelle était la plus adaptée. Fuir pour ne plus le revoir aurait été la meilleure solution, sûrement, beaucoup de personne me l'aurait dit, mais, après un an de recherche, n'était-il pas plus adapté de profiter de cette merveille ? J’enchaînais en lui faisant part de ma surprise de le revoir, tout en lui demandant s'il trouvait lui aussi que c'était une drôle de coïncidence.

« Si, d'ailleurs, je me demandais si j'allais te revoir un jour. Je suis content. »

Mes joues chauffèrent un instant. Il était content de me revoir ? Un sourire un peu niais fit plisser mes yeux alors que j'exprimais ma joie de la façon la plus simple qu'il était. J'observais aussi ses lèvres enjolivées par son sourire adorable. Était-ce ça, d'éprouver des sentiments ? N'avoir en tête que des choses fleurs bleues, et un peu idiotes ? Ne plus contrôler tout les évènements de son corps, comme le fait que mes joues chauffent sans cesse ? Étais-je rouge ? D'où venait donc ce soucis pour mon apparence ? Je ne me reconnaissais plus, je n'étais plus moi-même en sa présence, pourtant mon seul souhait était qu'il me voit absolument telle que j'étais : nomade, fière et sincère. Sauf que ce n'était pas des choses très faciles à montrer. Je lui demandais alors comment il allait, un grand sourire sur les lèvres alors que je m'étais allongée sur mon dos, profitant de l'herbe qui chatouillait mon visage à cause du vent qui la faisait bouger.

« Ca va très bien et toi ? »

J'allais lui répondre, lui dire que j'allais à merveille depuis que je l'ai vu quelques minutes auparavant, j'allais aussi lui dire que je me sentais un peu fatiguée par un an de recherche, et que j'allais mieux dormir maintenant, mais il ne m'en laissa pas vraiment le temps car il me posa tout de suite une nouvelle question.

« Qu'est ce que tu deviens depuis la dernière fois, je suis étonné de te voir à Ulsan, tu m'avais pas dis que t'étais un peu une vagabonde, que tu changeais tout le temps d'endroit ? »

Un an, et il se souvenait encore d'une de mes caractéristiques, changer d'endroit tout le temps, et ne jamais rester à une place plus de deux mois. Cependant, lorsqu'il me demanda ce que j'étais devenue ces derniers temps, je ne su quoi répondre, enfin, plutôt, par quoi commencer. Je réfléchis longuement avant de me redresser, et de m'asseoir en tailleur face à lui. Je mis un certains temps avant de commencer à parler, réfléchissant à l'ordre que je pouvais mettre dans mon récit, avant de me lasser, et de simplement tout dire lorsque l'idée me venait.

« Eh bien, je vis de maison en maison. Il y a des gens gentils qui m'hébergent souvent ! Bon... parfois ils sont un peu étrange, et on dort dans la même pièce, mais ce n'est pas comme si j'avais beaucoup de choix ! Je suis même devenue amie avec certains de mes hébergeurs ! Tu connais Joo Hee ? Elle est très gentille ! Et je vais chez elle parfois ! »

Je lui fis un petit sourire avant de me remettre à parler. J'avais tant de chose à dire pour lui montrer qui j'étais ! Tant de chose à dire pour qu'il me remarque vraiment, que je me démarque du reste du monde et qu'il ne voit que moi comme moi je ne voyais que lui. Sauf que j'étais folle, trop folle pour qu'on puisse trouver quelque chose d’intéressant en moi. Je n'avais pas l'impression que ce que je lui racontais pouvait être intéressant, au contraire, je lui racontais des choses de ma vie insignifiante, comme mes amis, qu'il ne devait même pas connaître, ou ma façon de vivre, dont il devait éperdument se ficher, pourtant, j'avais envie qu'il me connaisse plus.

« Sinon, je me suis étrangement fais des amis ! Soon Mi, tu l'as connais ? Elle est très gentille ! Un peu bizarre avec ses manies de m'acheter des vêtements et de jouer avec moi comme si j'étais sa poupée, mais elle est pleine de bonnes attentions ! Puis j'ai rencontré Mi Yeon, que j'apprécie beaucoup aussi et qui m'aide à... non je te le dirais pas. Tu connais Stephany ? Je l'apprécie beaucoup, on a plein de point en commun... Puis il y a aussi Kyung Ae ! Ça doit être la personne dont je suis le plus proche ici... Il fait tout pour que je reste à Ulsan ! Mais ce n'est pas vraiment à cause de lui que je suis toujours ici... »

Je parlais et je parlais sans jamais que mes discours ne prennent fin. J'avais l'impression de totalement l'ennuyer mais je voulais qu'il connaisse ma vie dans les moindre détails, pensant fortement que cela pourrait nous rapprocher. Peut être qu'ainsi nous nous trouverions des amis commun, ce qui nous forcerait à nous revoir dans le futur ! Ou bien nous aurions des point communs tout simplement, des passions, qui nous entraînerait à l’exercer tout les deux, à continuer de nous voir, et d'apprendre à nous connaître ! On n'avait jamais fini d'apprendre à connaître une personne, c'est pourquoi, j'avais encore des choses à dire. Pourquoi j'étais restée à Ulsan alors que c'était contraire à mes règles et mes principes ? Devais-je lui dire la vérité, ou lui inventer un mensonge ? Je n'étais pas très fan des mensonges, et je ne savais pas les inventer... surtout que c'était un peu loupé, avec la façon dont j'avais décris mon meilleur ami.

« Ensuite... ne ... me juge pas trop vite mais... la raison pour laquelle je devais rester, c'est parce qu'il y a un homme qui m'a ... comment dire... obsédé ? Depuis que je suis arrivée. Je l'ai rencontré par hasard, et on avait longuement parlé... je ne sais pas vraiment pourquoi il m'a autant préoccupé tout ce temps, mais je suis juste là pour le retrouver... apparemment, j'ai de la chance ! car je l'ai déjà sous mes yeux. »

Ma franchise me perdra un jour, j'en étais sûre, mais je ne pouvais pas faire autrement, j'espérais qu'il avait compris que je parlais de lui, tout en espérant qu'il ne le découvre pas, pour ne pas passer pour une maniaque obsessionnelle, ce que je n'étais absolument pas. Je fixais le sol, où mes mains s’affairaient à arracher petit a petit l'herbe pour en faire une sorte de bouillie qui verdissait mes doigts. J'étais nerveuse, je ne pouvais pas rester sur place sans m'agiter, et je n'aimais pas ça.

« J'ai... comment dire... presque abandonné une partie de ma vie pour lui » je laissais un petit blanc, et d'une voix toute inaudible, j'ajoutais : « pour toi... »

C'était fou ce que je faisais, c'était nul, c'était affreux, c'était trop humain. Je me dévoilais toujours comme si je n'avais jamais rien eu à cacher. Je me levais, presque rouge de honte, et le fixais alors que ma vue se brouiller. Je ne comprenais même pas cette réaction là ! Je me rendais plus ridicule que je ne l'étais déjà.

« Je n'aurai pas du dire tout ça. »

Mais où était passé cette fille qui ne regrettait rien ?

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