∞ baby it's a whale world

« yue xin ft. hong jae won. •• .unbreakable »

Expliquer ce qui était passé par la tête du chinois ce matin-là était loin d'être une mince affaire: lui-même, après réflexion, avait un mal certain à dénicher motivation qui se tienne derrière ses décisions et agissements présents, qui, il devait l'avouer, étaient loin d'être des plus brillants. Sa journée avait d'abord débuté par l'habituel rituel d'un chat s'appliquant avec soin à lui piétiner la figure jusqu'à lui mettre une patte dans l'oeil en guise de réveil: grommelant, il avait, comme toujours, tassé la bête - qui, obstinée, était revenue à l'assaut un quart d'instant après. Il n'avait eu d'autre choix que de se mettre debout en ronchonnant, tout particulièrement énervé parce qu'il avait congé aujourd'hui et qu'il avait devant lui la promesse d'une grasse matinée exceptionnelle... Jusqu'à ce que le félin ne vienne ruiner ses espoirs et rêves les plus fous, évidemment. Le message de l'animal était plutôt clair lorsque celui-ci guida son maître vêtu d'un pyjama bleu à rayures vers la gamelle commune, où l'attendaient deux de ses comparses à moustaches. Comme toujours, Xin ne put entretenir quelconque colère en les voyant ainsi et les gratifia de rapides caresses juste avant de se traîner, encore endormi, vers l'armoire où il entreposait la nourriture pour chats dans le but de remplir le plat vide. En véritables affamés qu'ils étaient, ses enfants à quatre pattes entreprirent de se nourrir convenablement, offrant au maïeuticien baillant un spectacle assez divertissant. Une fois ce dernier achevé et les minets rassasiés, le jeune homme passa à sa propre routine.

Tout d'abord, le café: celui-ci était primordial à sa survie en avant-midi et, bien qu'il soit encore incapable de le boire fort et noir, il s'assurait de ne pas trop y mettre de lait, de crème ou de sucre. Ensuite, le petit-déjeuner: il négligeait fréquemment ce repas les jours de travail, mais aujourd'hui était un jour nouveau et différent, si bien qu'il s'étira pour attraper une poêle dans laquelle il fit glisser de quoi se faire à manger, par conséquent des nouilles et des légumes agencés à un assaisonnement purement chinois, repas qu'il dégustait habituellement à la même heure dans son pays d'origine. S'appliquant à tout faire cuire correctement - il n'était pas le plus habile des cuistots -, le sage-femme fit passer le tout dans une assiette et s'attaqua à son plat devant la télé, rapidement absorbé par l'émission qui y passait. Lorsqu'il réalisa, de nombreuses minutes plus tard, que ses baguettes n'avaient plus rien à attraper, il abandonna le sofa pour aller laver la vaisselle utilisée puis prit la direction de la douche pour se rendre lui-même propre vite fait. Une fois frais et débarrassé de toute impureté, habillé et soigneusement coiffé, il se permit enfin de planifier le reste de la journée: ce fut à cet instant que les choix douteux firent leur entrée en scène.

Il y avait en effet, non loin de la plage d'Ilsan ce musée intriguant, qui attirait sans cesse son regard lorsqu'il passait devait: le musée de la baleine. De son propre point de vue, l'endroit lui semblait propice à un tas de découvertes fascinantes et la simple perspective de le visiter l'enchantait au plus haut point: d'un point de vue partagé par une majeure partie de la population, les baleines ne méritaient sans doute pas qu'on leur dédie un musée entier et celui-ci ne représentait donc aucun intérêt majeur. Évidemment, le chinois en avait parfaitement conscience, et lorsqu'il décida après fort peu d'hésitation de dédier sa journée de congé aux mammifères marins, il savait très bien qu'il devait se résigner à se rendre seul sur le site - cela dit, ce détail ne t'attristait pas vraiment, le laissant seulement indifférent. En effet, il se voyait bien mal appeler quelqu'un pour lui demander si une visite au musée de la baleine le branchait et s'imaginait encore moins proposer à une personne quelconque de passer de merveilleux moments en sa compagnie à en apprendre plus sur une créature immense qui vivait au fond des mers et qui produisait un tas de sons parfaitement dignes d'un monstre incompris. Et puis, ce genre de truc se demandait-il vraiment ?

Mettant la main sur ses clés et son argent, il enfouit le tout dans ses poches avant de quitter son appartement, ayant préalablement averti ses chats de son départ - il ne pouvait tout de même pas partir comme ça, non ? - et prit le chemin de l'arrêt de bus le plus proche pour attendre patiemment le transport qui le mènerait à son cher musée. Il n'avait pas cru nécessaire de prendre sa voiture pour ça, et l'autobus presque vide ne lui fit pas regretter son choix. Le trajet fut assez rapide et Xin descendit une vingtaines de minutes plus tard près de la plage. Un large sourire s'afficha sur ses lèvres alors qu'il entrait dans le bâtiment et il se traita mentalement de grand enfant alors qu'il payait son entrée. Le rez-de-chaussée était principalement aménagé pour les jeunes et évidemment, le maïeuticien se promit de revenir faire les quizz et autres jeux après la visite. Il gravit donc les marches menant au premier étage, celui expliquant l'histoire de la chasse à la baleine... Et voilà notre cher ami si empressé de se renseigner sur le sujet qu'il fit un faux pas avant de se ressaisir. Un soupir de soulagement s'échappa de ses lèvres et, pour reprendre maîtrise de lui-même, il s'appuya - autre mauvais choix - sur un écran sur pied qui se mit à se balancer dangereusement...

- Oh... Attentioooooon !

S'exclama-t-il en se mettant à tirer en sens inverse du mieux qu'il le pouvait pour empêcher l'objet de tomber et ainsi assommer à coup sûr un jeune homme qui se trouvait directement à l'endroit de la chute potentielle... Oui, expliquer ce qui passait aujourd'hui par la tête du chinois était définitivement chose ardue.

Hrp:

Xin paniquait littéralement: quel idiot il pouvait être parfois ! Il était nul en fait, archinul. Il lui devrait être interdit de mettre le pied dehors: chaque fois, il avait l'impression de causer une catastrophe pire que nucléaire, le genre d'événement qui vous fout la honte pendant un bon moment, à lequel vous repensez des années plus tard en secouant la tête et en vous demandant simplement "pourquoi ?". D'ailleurs, il n'arrivait pas à comprendre comment il était arrivé jusque là à ne tuer aucune mère en les faisant accoucher tant il pouvait être maladroit... Quoique son manque d'adresse semblait pour l'instant s'exclure de sa profession, ce qui était franchement parfait comme ça. Enfin, en ce moment, il n'était pas du tout question de son métier, mais bien de la tête du jeune homme qu'il menaçait involontairement grâce à son incroyable intelligence... Non mais vraiment, avait-il sincèrement cru en s'y appuyant que cet écran tiendrait debout ? Quel sot il faisait... Et il devrait penser à commencer l'entraînement parce que franchement, il n'était pas très fort et il sentait qu'il allait lâcher d'une seconde à l'autre si personne ne venait l'aider rapidement.

Heureusement pour le chinois, l'inconnu eut la bienveillance de voler à son secours et les bras supplémentaires poussant sur l'écran suffirent à le remettre sur pied. Le jeune Yue souffla, soudainement soulagé de ne plus avoir à tirer sur ce truc comme si sa vie entière en dépendait. Une fois l'objet immobilisé, il replaça ses cheveux vite fait et regarda l'homme un bref instant avant de baisser les yeux, embarrassé par ce qui venait de se passer, même si le dénouement était plutôt positif. Plutôt positif uniquement grâce au jeune homme, qui devait avoisiner la vingtaine, ou peut-être un peu moins. D'ailleurs, celui qui se tenait devant lui lui conseilla de faire plus attention à l'avenir d'un ton bienveillant et il hocha piteusement la tête.

- Oui, pardonnez-moi... Enfin, ce n'était pas voulu hm, de... Vouloir vous décapiter.

Répondit le maïeuticien avec un sourire désolé en relevant le regard pour observer un peu son sauveur. Sa tignasse était aussi foncée que la sienne et il avait un visage rond, un peu enfantin et plutôt mignon. Ses traits étaient délicats et ses yeux sombres ne semblaient aucunement porter de la rancoeur à son égard, ce qui eut le mérite de rassurer un peu notre cher Xin. Celui-ci toussota, un peu gêné du silence, jusqu'à ce qu'il penche légèrement la tête sur le côté pour réfléchir. Il devait bien se faire pardonner, non ? Il ignorait seulement comment...

- Ça, ça vous dirait qu'on visite le musée ensemble ? Enfin, si vous êtes seul: si vous êtes avec quelqu'un, je ne veux pas vous déranger. Et puis, si d'autres écrans croisent ma route, vous serez là pour sauver des vies. ~

Ajouta-t-il à la blague.

blop:

Lorsqu'il y repensait comme il faut, c'était probablement la rencontre la plus ridicule qu'il ait faite, vraiment. Ce n'était pas comme si sa vie était dénuée de rencontres hors du commun, en plus: il avait connu un grand nombre de gens grâce à d’étranges hasards… Mais faire la connaissance d'un jeune homme après être passé à deux doigts de l'assommer, c'était du jamais vu, il se surpassait. Xin aurait à décider s'il raconterait les événements à qui que ce soit… Bon, d'accord, ce n'était pas la fin du monde, mais le ciel-même savait que ses amis y verraient une excuse parfaite pour se payer amplement sa tête, et disons que ses proches étaient assez doués pour ça. Enfin, l'important, c'était que le pire scénario ne s'était pas concrétisé et surtout, que l'inconnu ne lui en veuille pas: ce dernier verbalisa son absence de rancoeur, ce qui fit sourire le chinois. S'il lui en avait voulu, il se serait probablement confondu en excuses jusqu'à la fin de ses pauvres jours - il détestait porter quelconque culpabilité - jusqu'à ce que son interlocuteur finisse par lui pardonner sa faute, fort probablement par agacement d'avoir toujours le jeune Yue collé aux basques.

- Génial !

S'exclama-t-il avec un large sourire lorsqu'il obtint une réponse positive. Au moins, sa maladresse lui servirait à quelque chose, pour une fois. Et, lui qui était déçu de n'avoir personne avec qui visiter le musée, il était maintenant choyé ! Il lui emboîta ainsi le pas pour poursuivre la visite, prenant cette fois-ci le temps de bien observer autour de lui tout en faisant particulièrement attention où il mettait les pieds… Inutile d'expliquer pourquoi, hm. Il n'avait aucunement envie de lui balancer accidentellement autre chose à la tête.

- Oh, enchanté Jae Won… Je suis Xin ~

S'ensuivit une poignée de main maladroite: les présentations n'avaient jamais vraiment été son fort, vraiment. Les présentations et les relations humaines en général, à bien y repenser. Il était rarement celui qui allait vers les autres en premier - sauf lorsqu'ill menaçait leur échapper des écrans géants dessus.

- Eh bien, je suis ici parce que… Les baleines sont mon animal favori.

Un rire idiot lui échappa et il crut bon de se rattraper auprès du dit Jaewon avant de passer pour un genre de fou complètement débile.

- Je rigole… Je m’ennuyais tout à l’heure, et je m’étais promis de venir ici un de ces jours, alors… Voilà, c’est aujourd’hui. Et, et vous ?

HRP:

À la question du jeune homme, Xin secoua la tête tout en souriant. Les gens qui s’intéressaient à d’où il pouvait bien provenir étaient assez rares, si bien qu’il en fut un peu surpris. Décidément, il avait de la chance d’être tombé sur ce Jae Won assez poli pour écouter autant qu’il était capable de parler. Le maïeuticien scruta un immense os de baleine, un peu captivé par la taille gigantesque de la chose, avant de finalement offrir une réponse à la question de sa nouvelle connaissance :

- Tu ne te trompes pas, je viens de Chine. J’étais à Ulsan il y a quelques années pour un stage et j’ai tellement aimé l’endroit qu’au final j’ai décidé de venir m’installer ici. ~

Oui, définitivement, Ulsan et lui, c’était une grande histoire d’amour. Il se rappelait très bien la première fois qu’il avait mis le pied dans la ville : il s’était senti horriblement dépaysé et avait grandement regretté d’avoir voulu se rendre ici. Néanmoins, après s’être perdu un nombre incalculable de fois, après s’être frappé à l’incompréhension des gens devant son accent étranger et ses lacunes au niveau vocabulaire, après s’être mis les pieds dans les plats lors de maintes occasions, il avait fini par s’acclimater à l’endroit et avait finalement réussi à apprécier les beautés d’Ulsan. Son départ l’avait complètement bouleversé : non seulement parce qu’il avait à laisser derrière lui une ville qui avait appris à aimer, mais également parce qu’il devait à dire « au revoir » à un tas de gens merveilleux. Après quelques mois, il avait cru que son retour dans son pays natal aurait été moins douloureux, mais la Corée du Sud lui manquait toujours, et c’était ainsi qu’après ses études, il avait pris la grande décision de retourner vers sa nation adoptive.

Perdu dans ses pensées, il remarqua à peine qu’ils avaient plutôt progressé le long des présentoirs remplis d’artéfacts assez divers. D’ailleurs, ce fut un peu la nouvelle question du jeune homme qui le ramena à la réalité.

- Oui, j’aime bien, c’est assez… Impressionnant, ces grandes créatures. C’est immense et si mystérieux… Toi, ça te plait ?

Bha oui, il n’allait quand même pas garder la question pour lui tout seul. Hochant la tête aux propos de l’autre, il enchaîna avec une autre question tandis que, mine de rien, le duo changeait d’étage, et donc de thématique :

- Et sinon, tu fais quoi dans la vie ? Tu travailles ?

Comme il adorait lui-même parler de son job, il se dit que ça devait en être de même pour son interlocuteur.

Xin hocha la tête, affirmatif aux propos du jeune homme. Impressionnant était le moins qu’il puisse dire, vraiment. Ces mastodontes marins étaient terriblement fascinants, tant par leur immensité que par leurs habitudes très particulières... Et par leurs chants, évidemment. C’était d’ailleurs ce que le chinois préférait chez l’animal, trouvant son cri presque déchirant. En effet, le chant des baleines avait à ses yeux – du moins, à ses oreilles – des allures de plainte quasi-désespérée, alors que, comme le musée le lui apprit, ils n’étaient que leur principal moyen de communication. Hum, étrange bête.

Il haussa les sourcils à la réponse de son interlocuteur : il ne s’attendait pas à une telle réponse, mais afficha tout de même un sourire. Le domaine de la musique était selon lui un très beau champ d’études. D’ailleurs, s’il avait lui-même possédé un quelconque talent musical, il s’y serait probablement lancé… Mais, la vie ne lui ayant octroyé aucun don de ce côté, il s’abstenait évidemment de se lancer vers des tentatives qui seraient, de toute façon, bien infructueuses. Et par infructueuses, c’était très sérieux. Il avait déjà essayé la guitare et le piano, sans succès. Sa voix n’était pas particulièrement belle, du moins, pas assez pour la faire chanter… Et il ne parlait pas de sa danse.

- Oh, c’est génial !

Il le pensait vraiment. Il ajouta donc, répondant ainsi à la question du jeune homme :

- Moi, je suis maïeuticien… Enfin, sage-femme, si tu préfères. Quoique sage-homme serait plus approprié.

Un léger rire lui échappa, bien qu’il craigne légèrement la réaction de Jaewon. En effet, certains trouvaient disons, assez spécial son choix de vocation… Et le jugeaient bien sûr sévèrement par la suite. Il espérait un peu qu’il n’était pas du genre à se faire une idée préfaite des gens.

Quoiqu’il en fut, les deux jeunes hommes poursuivirent la visite jusqu’à ce qu’ils aient fait le tour complet du musée, retournant ainsi à l’étage destiné aux enfants. L’amoureux des chats lança un coup d’œil aux jeux qui les entouraient et eut un sourire : il comptait bien s’amuser un peu avant de partir. Il entraîna donc l’étudiant vers un genre de quizz interactif, et s’y assit.

- Bon, Jae Won, on va voir lequel de nous deux a le plus appris sur les baleines. ~

Jae Won ne semblait pas avoir quelque problème qui soit avec sa profession, ce qui fit grand plaisir à Xin. Il avait vu bien des gens réagir un peu moins bien à l’annonce de son métier et, s’il ne pouvait pas vraiment blâmer leurs réserves face à ses occupations, il ne savait jamais trop comment se sortir des malaises qui suivaient généralement. D’ailleurs, si l’étudiant en musique ne l’avait pas bien pris, le chinois aurait été un peu désemparé, et se serait sans doute dépêché pour terminer la visite le plus rapidement possible et ainsi éviter d’avoir à passer trop de temps en sa compagnie. Heureusement, ce n’était pas le cas, et il pouvait encore discuter un peu avec lui avant que leurs chemins ne se séparent. Il ignorait s’il allait le revoir un jour, peut-être pas, mais bon, sa rencontre était tout de même plaisante. Et puis, s’il en venait à être célèbre, il pourrait dire à tous qu’ils avaient visité le musée de la baleine ensemble… Hm, il divaguait. Le jeune Yue ne ferait pas ça, bien sûr, il n’était pas du tout du genre à se vanter de quoi que ce soit, du moins, pas sérieusement.

- Non, ne t’inquiète pas… Je doute que j’aurais conservé mon poste bien longtemps si ç’avait été le cas !

Il sourit, amusé par la remarque du jeune homme. Il était vrai que, s’il avait eu le même talent avec les écrans qu’avec les femmes enceintes, sa carrière entière aurait été un véritable désastre. Bref, ils achevèrent la visite et le maïeuticien l’entraîna vers la salle pour enfants, parce qu’il aimait bien retomber en enfance de temps en temps et évidemment, par simple plaisir aussi. Son compagnon de musée le suivit et ils débutèrent le quizz, qui n’était pas des plus faciles, si bien que Xin aussi loupa quelques réponses. À la fin du jeu, Jae lui annonça son score, et il sourit :

- Même chose !

Il n’y aurait donc pas de gagnant à l’issue de ce ptit duel intellectuel… Bah, ce n’était pas grave du tout, c’était drôle à faire, et puis voilà. Se relevant du petit siège où il était assis, le chinois regarda celui qu’il avait rencontré, le sourire toujours aux lèvres :

- Bon, eh bien… Je crois qu’on se quitte ici ! Ce fut un plaisir de passer l’après-midi avec toi, Jae Won ~

Avec un léger rire, il ajouta :

- Encore désolé pour l’écran !