Impossible de trouver le sommeil cette nuit. Elle allait revenir, dans quelques heures, à peine. Bientôt nous serions réunies. Une boule grandissait dans mon ventre. Mon corps vivait une véritable guerre, toutes les émotions s'entrechoquèrent. Bonheur, inquiétude, curiosité, impatience et même de la colère. Oui, après tout, elle m'avait abandonné et j'avais eu beaucoup de mal à surmonter son absence. Chae SoHee, tu étais enfin de retour.

Mon père m'avait proposé d'aller la chercher à l'aéroport. Il n'avait pas vraiment le temps à ça et considéré que c'était mon devoir en tant que soeur. Quelque peu rancunière de l'attitude de ma soeur, j'avais prétexté que je m'étais déjà engagée auprès d'une oeuvre de charité tenue par une de mes amies. Excuse de dernière minute que j'avais réussie à bidouiller. Mon père marmonna et termina par succomber. SoHee allait être récupéré en taxi ou quelque chose comme ça. Derrière les marmonnements de mon père contrarié ou plutôt ennuyé, il me balança un truc du genre « Appeler [...] la conduire. » Moi et mon père. On était pas prêt à gagner une compétition père/fille parce que niveau compréhension il était Mars et j'étais Pluton.

Alors comme une idiote, j'attendais que le temps passe. Il était même affreusement long et moi j'étais stupidement assise sur mon lit, fixant dans le vide. Un peu près avant que son avion atterrisse, je devais quitter la maison pour rejoindre une jeune femme que je connaissais... pas vraiment,  qui tenait son association en soutien aux enfants malades. D'entrée, je n'avais pas vraiment envie d'y aller. Ca m'ennuyait encore plus que d'attendre comme une cruche dans ma chambre. Mais bon, c'était le prix à payer pour avoir menti à mon père.

L'heure du dîner était déjà passé lorsque je rentrais à la maison. Dans l'entrée, il y avait les valises de ma soeur. Elles avaient le pouvoir de transformer un superbe hall d'entrée rococo en un terrain hostile. J'avais envie de donner quelques coups de pied dans ses affaires. Pourquoi ? Je n'en savais rien. La gamine qui était en moi était d'humeur boudeuse et je voulais clairement lui faire comprendre que je lui en voulait avant de lui sauter dans les bras. Heureusement pour elle, je venais de m'acheter une superbe paire de chaussures que je ne voulais pour rien au monde abîmer. Alors, ce fut sans plus attendre que je ravalais mes envies de gamine capricieuse et entra dans le salon.

SoHee se tenait là, belle et même encore plus belle que lorsqu'elle était partie. J'avais quelque peu la sensation que je me donnais du mal pour rien à me battre contre elle pour devenir meilleure qu'elle. Aussi bien physiquement, que socialement ou mentalement.