Il y a plusieurs petits plaisirs dans la vie qui font que nous nous sentons bien. Peut importe. Se lever le matin dans le calme, la cause n'étant que le soleil qui passe entre les volets, ou même le petit cuicui des oiseaux. Une journée qui se passe bien, des moments sympathiques, sans prise de tête, voir de la famille... Tout ceci fait que notre vie est belle, même si nous avons tendance à croire que non.
Mais la plus belle des preuves d'amour du Seigneur est la vie. Bon, de mon point de vue, je sais que je ne rends pas la vie facile à certaine personne. Déjà à mes employés, qui vont surement pour la plupart finir leur vie alors que je serais encore derrière leur dos. Ne vous méprenez pas, j'adore travailler avec eux, mais il faut toujours crier, c'est lassant.

D'ailleurs, aujourd'hui j'avais une envie d'aller voir un ami, un ami spécial pour moi. Jae Jin. Une personne forte et malgré son âge, adorable. Celui-ci à une jambe paralysée, la gauche plus précisément. Même si j'ai appris la raison, il reste pour moi quelqu'un de fort, qui ne se laisse pas entraîner par les évènements. Je l'aime beaucoup, il m'est très important. Même si notre rencontre a été plutôt bizarre, sur le coup.

Bon, il n'est pas au courant que je vais venir l'ennuyer un petit moment. Oh non, j'ai envie de passer du temps-là-bas, en plus je suis sûr que ça lui fera plaisir. Ma présence fait toujours plaisir à n'importe qui. Modeste ? Mais non voyons. Je sors mon téléphone et lui envoie un sms, non sans avoir un petit sourire sur les lèvres.

1 NOUVEAU MESSAGE

Bonjour jeune homme ! Peu m'importe si tu es levé ou pas, j'arrive dans moins d'une demi-heure. Et si tu as encore tes fesses dans ton lit, je viendrais te réveiller !

Hop, envoyer. Bon, c'est pas tout, mais je devrais peut-être commencer à me dépêcher, une demi-heure est si vite passer ! Bon, pas le temps de traîner, je m'habille avec un costume noir, mais pas de chemise blanche ou autre, un simple t-shirt fera l'affaire. (Prend l'avatar pour exemple, nah.) Une pomme avalée et un brossage de dent plus tard, j'étais en route pour chez lui.

A peine la voiture garée dans sa cour, je la verouillée et entre dans son loft. Il y a longtemps, il m'avait donné une clef, car ayant des soucis de jambe, je le lui avait limite ordonner, comme ça, j'entrais sans avoir a le déranger. J'essayais de prendre soin de lui et d'être présent, car être paralysé, ce n'est pas simple du tout.

Bon, je pose mes clefs et tout le reste sur la table basse et laisse mes chaussures dans l'entrer. Aucun signe de l'homme qui vit ici. Il est pourtant 09:00 du matin... Espèce de feignant. Sans faire de bruit, je monte les escaliers et me dirige vers sa chambre. Quel plaisir de le voir dormir aussi confortablement. Je n'ai que des souvenirs récents, où il n'arrivait pas à fermer l’œil, tant la douleur était atroce.

Toujours sans bruit, je m'assieds et m'allonge tranquillement. Oui je prends mes aises, mais il a l'habitude et j'ai envie de dire ; C'est comme ça qu'on m'aime. Imaginez un Tae Moo qui ne ronchonne jamais... Vous arriveriez à vivre sans ça ?
Je plisse les yeux et viens déposer un long baiser sur ses lèvres, les yeux fermés.

« C'est l'heure, Jae Jin... »

L'heure de te lever, bien évidemment. Parce que là, la belle au bois dormant, elle fait pâle figure si tu veux mon avis.

Je contemple le fond miroitant de mon verre. Des lueurs d'ocre et d'or barbotent à la surface. Ces éclats dégagent une senteur bien particulière. Celle de l'alcool. Oui, la liqueur des pécheurs et de la luxure. Ce fond de whisky m'obsède quelques secondes. J'y noie mon ennui et ma solitude. Autour de moi, du chahut et des rires. C'est comme on dit, le verre après une journée de travail. Je ne veux pas froisser mes collègues, alors je suis là, avec eux. Enfin, façon de parler. Délaissant mon verre, j'évite soigneusement les regards aguicheurs d'une collègue. Elle est gentille et charmante, là n'est pas le problème. Seulement, je ne joue pas dans la même équipe. Et quand bien même, je suis tellement à l'ouest pour nouer une relation romantique digne de ce nom. Bien sûr, j'ai quelques désirs à assouvir. Mais pas ici, pas à cette heure là. Plus tard, dans un lieu sombre et feutré. Où des murmures remplacent ces rires. Quand il n'y a pas d'enjeu, ou de case retour. Seulement des regards silencieux, quelques mains baladeuses. Ce soir, je ne sais pas... Je n'ai pas vraiment la tête à ça. La seule personne dont j'aurais envie, c'est Tae Moo. Je l'ai toujours désiré, faut dire. Ce type est affolant. Pis je ne peux pas résister à son genre. Homme d'affaire, dirigeant... Les mecs à costumes quoi. J'en raffole, comme je les fuis. Mais lui, c'est différent. Je ne m'en suis jamais lassé. Même à ce jour, je me souviens précieusement de notre rencontre. Je n'oublierai jamais son regard noir et provocant. Notre première fois, aussi. Je crevais de désir. Pis il ne m'a pas déçu le bougre. A ce jour, il compte beaucoup pour moi. Pas seulement pour nos parties de jambes en l'air, mais pour sa présence. Il a toujours été là. Même dans les pires moments, où j'aurais préféré qu'il aille se perdre en enfer. Il n'a pas fléchi. Tae Moo est un sacré ami. Alors oui, je pense à cet homme. Seul avec ce bout de whisky, son sourire, ses manières, me reviennent à l'esprit. Je l'ai même aimé. Sans m'en rendre compte, je tombai sous son charme. Quand il est parti, j'ai senti ce vide détestable en moi. Je le voyais partout dans mon loft. J'ai mis du temps à m'en remettre. Ce n'est pas tous les jours que je tombe en amour. Même, je préfère limiter ce genre d'écarts. A la longue, c'est fatiguant et inutile. Il suffit de voir où j'en suis à présent. Je joue les bons copains avec lui, tout en ayant eu des sentiments ambigus. Même, je suis possessif. Je peux pas supporter qu'un autre mec lui tape la discute. C'est plus fort quoi moi. C'est vrai, je le considère comme mien. Assurément à tord.  

Maintenant j'ai envie de partir d'ici. Je voudrais revenir à Paris, au mois d'août. Sur les airs de Tiersen, j'aimerais parcourir ces ruelles étroites et sinueuses. Et me perdre à Montmartre. C'est un tout autre monde, quasi enchanteur. Les façades sont dorées, et illustres. Mais je ne peux pas. J'ai le gris de Ulsan qui me colle à la peau. Et j'aime trop Séoul pour m'échapper tout à fait. Au final, j'ai une affection toute particulière pour ces hauts immeubles, et ces lueurs de nuit. Je suis enchaîné à cette vie. Ce n'est pas si terrible, après tout. Je commence même à apprécier mon boulot. Au départ, les recherches étaient que peu redondantes. Là je fais ce qui me chante.
Je reste jusqu'à tard en compagnie de mes collègues. La majorité sont des journalistes, et les autres sont éditeurs. Ils ne tiennent vraiment pas l'alcool, à quelques exception près. Moi j'suis un baroudeur à ce niveau, le whisky ne fait que titiller mon palais. Pris d'un excès de bonté, je raccompagne même la demoiselle éprise. Heureusement qu'elle n'habite pas très loin, j'aurais regretté ma générosité. Il n'est pas encore tard ; trois heures du matin. Pis demain c'est jour de congé. Je dépose ma collègue au pas de sa porte, délivré de son poids. Enfin je rebrousse chemin, contemplant les étoiles. Arrivé chez moi, je me vautre sur le lit et je ferme les yeux.

Quel est ce songe délicieux ? La douceur de ses lèvres. Tae Moo... Je frémis à son passage. Mes yeux papillonnent un instant. Enfin je me redresse. Mh. Ce n'était pas pas un rêve, donc. Je tourne les yeux vers le nouveau venu, mon esprit toujours embrumé. « L'heure ? ». Je lève vers lui un regard interrogateur. Quoi, je n'ai rien de prévu aujourd'hui. Et je ne suis pas du genre à zapper un rendez-vous. Je m'allonge, ne quittant pas des yeux Tae Moo. D'une voix basse, je demande. « Qu'est-ce que tu veux, Tae ? Tu as perdu tes larbins et tu viens me malmener ? ». Je fais référence à ses employés, ses méthodes de travail me sont assez familières. Soudain, un sourire carnassier se dessine sur mes lèvres. J'attire Tae Moo sur les draps, et je me retrouve au dessus de lui. « Ou... tu viens pour autre chose ? ». Mes doigts caressent distraitement son torse, tandis que ce réveil me semble de plus en plus agréable.

C'est qu'il est mignon quand il commence à se réveiller. Les réveils comme ça, il n'y à rien de mieux. Quoi de mieux que de commencer la journée avec des bisous, et une personne qu'on apprécie ? Rien, il n'y à rien de mieux, vraiment.

« L'heure ? »

Eh bien ça semble pourtant évident. Mais tu ne sembles pas avoir compris,. Tu es peut-être un tantinet fainéant... Non ? Je me met à sourire, alors que tu commence à bouger doucement. Tu dois être étonné tout de même, qu'a peine levé, tu trouve un squatteur de lit. Pauvre Jae Jin, je ne suis vraiment pas un cadeau.

« Qu'est-ce que tu veux, Tae ? Tu as perdu tes larbins et tu viens me malmener ? »

Oh, tout de suite. Et allongé comme ça, plus la voix basse à laquelle il viens de me murmurer ça, il le fait exprès surement, ou il est encore la tête bloquée dans le coaltar. Ce qui, de toute manière reste du pareil au même des deux côtés, il prend un petit air absolument irrésistible.

Maintenant qu'il m'y fait penser, je me demande ce que les autres vont faire sans moi, a l'agence. Déjà ma secrétaire, je ne la prend que parce que ça arrange un ami - et moi aussi - puisque c'est sa nièce, mais c'est toujours "Tae Moo, viens s'il te plait" c'est bon, je veux bien être gentil, mais quelques fois il ne faut pas m’appeler trop souvent, ça me gonfle rapidement.

Je n'ai même pas le temps de prendre ma propre défense qu'il m'entraîne sous les draps, se glissant au dessus de moi. Endormi, mais vif, très vif. Je plisse doucement des yeux, souriant, venant lentement caresser sa joue du revers de ma main.

« Oh, pour qui me prend-tu... Je suis débordant d'amour pour mes employés, ma méthode est juste un peu... Rude..? »

Je baisse le ton à la fin de ma phrase, faisant bien sûr comprendre que je n'étais en rien du tout accablé de ma méthode. Elle marchait, et c'était ça le principal. Même si je gueulais H24 jusqu'à ne plus avoir de corde vo... Bon, si c'est pour me dire que je n'en ai jamais eu, c'est bon ! La pratique aide, c'est normal !

« Ou... tu viens pour autre chose ? »

Je fais mine de réfléchir, levant les yeux en haut, et glisse lentement mes doigts entre les mèches de tes cheveux noirs. Doux, très doux même.

« Ça dépend de ce que tu appelle "autre chose." »

Comme si je ne le savais pas. Je connais Jae Jin, je le connais même très bien. Et un homme reste un homme. Je viens doucement glisser mes lèvres contre les siennes, ne cherchant pour le moment qu'une fine caresse. J'ai toujours était plutôt tactile avec toi, et ce n'est pas prêt de changer. Je m'en réjouie.

Débordant d'amour pour ses employés ? Cela me fait doucement rire. Tae Moo est le pire patron que je connaisse en matière de communication et de relationnel avec ses subordonnés. Non pas qu'il soit mauvais dans son travail, bien au contraire, mais il lui arrive de... hausser la voix. Et ce n'est pas peu dire. Disons qu'il a le sang chaud et qu'il le vit bien. Par contre, je ne suis pas sûr que ses collègues soient aussi à l'aise. Moi si j'avais un patron comme lui, je crois que je perdrais la tête. De un, parce que Tae Moo me mènerait la vie dure. Alors forcément, une certaine rancœur naîtrait à son égard. De deux, et je radote certainement, parce qu'il est superbe. Il dégage ce foutu charme entraînant. Du coup, je serais pris entre mon mépris et mon envie de lui. Une situation des plus contradictoires et frustrantes. Aussi, je suis content d'être « seulement » son « ami ». Et puis même, j'aime les hommes rudes. Avec eux, on ne s'ennuie jamais. Notre relation me satisfait au plus haut point. Enfin, bien sûr, j'aurais aimé que ça aille plus loin mais... c'est du passé maintenant. Je peux donc me trouver au dessus de lui sans vraiment broncher. Bien sûr, mon corps est parcouru de quelques frissons. Mais cela est dû à l'excitation sexuelle, et non pas à des palpitements cardiaques. Je le dévisage un bref instant. Sa peau tannée, ses beaux yeux cruels, ses lèvres tentatrices. Un sacré spécimen que voilà. Faut dire, sa présence me stupéfait à chaque fois. Ma main dérive vers son cou, puis ses cheveux. Si soyeux. Un petit rire fait vibrer mon torse découvert. Tout contre son oreille, je rétorque. « Allons, ne fais pas ton ingénu... ». Je lui souris d'un air charmeur. Tae Moo prend mes lèvres et je succombe à son contact. C'est délicieux et doux. Ma langue taquine doucement la sienne, tandis que j'affermis mon emprise sur son corps. Je descends vers le creux de son cou, et mes baisers laissent un léger sillon derrière eux. Doucement je relève le bas de son t-shirt, et ma langue parcourt les lignes parfaites de son abdomen. Enfin je pose les yeux sur son visage. D'une voix rauque, j'ajoute. « Tu m'as manqué, Tae Moo. Et pas seulement ton corps ». Je reste quelques secondes à l'observer, avant de capturer sa bouche. Avec lui, les échanges charnels ont toujours été à couper le souffle. Même, souvent je me retrouvais sans la moindre énergie après nos ébats. Il est le seul à me prendre. D'ordinaire, je préfère être le « seme », le dominateur. Mais avec lui, je me suis fait persuader. C'est qu'il a de bons arguments. « Et puis, tu sais que je suis tout à toi ». Je hausse un sourcil, un brin provocateur. Au final, je me félicite de n'avoir rien dit à Tae Moo à propos de mes sentiments passés. Cela aurait pu nuire à notre complicité. Et je me contente largement de celle-ci. Avant, j'étais déboussolé, et hagard. Je me suis donc quelque peu fourvoyé en le désirant comme mon compagnon. Car lui et moi savons bien que cela ne pourrait fonctionner. On avait posé les règles dès le départ. Il s'agit d'une relation aux intérêts communs sans prise de tête. On donne du plaisir en tant voulu. On se satisfait de la compagnie de l'autre. Voilà ce qu'il en est. Je pense même que si nous étions en couple, on se ferait du mal. Nous avons besoin de cette distance, de ce détachement. Sinon les émotions prendraient le dessus. Et ce n'est jamais bon.
J'approfondis mon baiser, mon corps épousant parfaitement le sien.

« Allons, ne fais pas ton ingénu... »

Comment ça ? Est-ce-qu'il avait eu écho de mes méthodes de travail à couper le souffle ? Bon, j'avoue qu'à ce niveau là, je n'étais pas le plus doux... Je suis même surement le pire des patrons. Je gueule tout le temps, je râle, je pète des crises. On dirait un monstre, sans mentir. Même mes employés n'osent pas la ramener quand je ne suis pas présent à l'agence. Ils  doivent croire que j'ai mis des micros ou autre... Aha, ça me fait rire.

Mais au lit, je pense qu'on peux dire que j'étais un tout autre homme. Du moins je pense, et on ne m'a jamais dis le contraire non plus. J'ai deux personnalités j'ai l'impression. Ouais, j'deviens cinglé.

Là, je suis plutôt en train de devenir fou, doucement. Les sillons de ses baisers précédemment déposés sur la peau de mon cou, puis de mes abdos semble la brûler. Il y a toujours eu cet échange entre Jae Jin et moi, un échange passionnés. Nous étions deux amants, nous n'étions pas amoureux, mais nous nous comportions comme deux être en manquent l'uns de l'autre. J'étais en manque de lui, sa personne m'avait manquée, énormément.

« Tu m'as manqué, Tae Moo. Et pas seulement ton corps. »

Je glisse lentement ma main dans ses cheveux, souriant doucement, un air tendre.

« Toi aussi Jae Jin, tu m'as manqué. »

J'ai même le droit à un autre baiser, plus langoureux. Diable, il ne change pas. Combien de fois vas-il continuer de me rendre dingue à ce point ? Je glisse mes bras autour de sa nuque pour lui répondre, les yeux fermés, alors que ma langue se fraye un chemin entre ses lèvres pour venir danser avec sa jumelle. Mais il coupe le baiser, ce qui me fait légèrement ronchonner.

« Et puis, tu sais que je suis tout à toi. »

Oh, merveilleux...  Il viens à nouveau prendre ma bouche pour un nouvel échange, auxquels nos corps participent, puisqu'ils viennent se coller entre eux, semblant savoir ce qu'il va se passer dans les minutes à suivre. Je viens échangés nos positions. Pauvre lit, il va bientôt être dénudé de tout draps, couette et je ne sais quoi d'autre.

« Tu n'adhère pas à ma méthode de travaille, Jae Jin ? »

Lentement, je glisse mon visage dans son cou, venant le malmener de morsures, coups de langues et petits suçons ainsi que de petits baisers enflammés. Je descend lentement, et viens faire rouler ma langue autour de l'un de tes bouton de chair, les yeux fermés.

« Être dur, ça paie toujours... »

Je glisse encore doucement, toujours plus bas. Il est hors de question que ma tête arrive entre ses cuisses, loin de là, je n'aime pas ça. Je préfère recevoir ce genre de chose. Mais je viens doucement embrasser la peau de ton bas-ventre, refaisant comme à ton cou, je la mord, je la léchait par petit coup.

« Je vais te montrer, je suis sûr que tu vas adorer. »

Alors, oui, c'est inhabituel. Même la première fois, ça m'a fait bizarre. Car je mène la danse, souvent. J'orchestre les baisers, les caresses, les coups de rein. Tout ; la cadence, la langueur, la dureté. Je contrôle les sensations ; je les donne, un peu et puis j'atténue. Je recommence, jusqu'au paroxysme du plaisir. Parfois, je ne fais rien de tout ça. Ce n'est plus là un mécanisme, mais seulement l'instinct. Il te prend, il te consume. Tu ne penses pas à la vitesse, ni aux positions. Seulement au corps offert, à la passion donnée. Cela arrive. Avec un jeune bassiste, portant du noir, mauvaise dégaine et regard provocateur. Dans une ruelle, alors que la bruine humidifie nos cous dénudés. Quand il fait sombre, et chaud ; quand l'excitation est trop forte et l'interdit, délicieux. Et puis, il y a Tae Moo. C'est lui qui détient les commandes. Qui possède mon corps, qui le malmène à sa convenance jusqu'au soupir dernier. Je peux baisser ma garde, et le laisser faire. Je succombe aux sensations procurées, c'est délirant. Moi, ex escort boy, et lui, dirigeant d'entreprise. On forme un couple plutôt détonnant. Je me souviens de nos escapades aux love hôtels. La tension, alors que nous prenions l’ascenseur. Le désir accentué par la promiscuité de la cage. Et quand nous marchions nos mains se frôlant, dans le couloir sombre ; aux lumières pourpres, criardes, sexuelles. Ce plaisir inattendu fait que je ne peux me passer de lui.

Parfois je pense au futur. A nos vies respectives ; et si nous rencontrions quelqu'un ? Je sais que Tae Moo éprouve des sentiments pour un autre homme. Mais si un jour il se met en couple. Et moi-même, car malgré tout je n'exclue pas cette possibilité, si je tombe sous le charme d'une personne. Si je décide de partager mon quotidien avec elle. Que nous arrivera-t-il, à moi et Tae Moo ? Pourrons-nous effacer notre sulfureux passé ? Nos désirs inassouvis ? Je reste perplexe. Mais au fond de moi, je sais que nous trouverions quelque chose. Un compromis. Notre affection prendra le dessus. Je pense que je préfère taire ma passion pour conserver notre amitié. On se connaît depuis un petit moment maintenant. Et puis nous sommes assez matures pour gérer ce genre de situations potentielles. On est bien allés au delà de nos préjugés, par exemple, à notre rencontre.

Je souris quand il me dit que je lui ai manqué. On est un peu dépendant l'un de l'autre. Si il doit sortir quelque part, il me demande. Si je vais faire les boutiques, je l'invite à m'accompagner. Le duo inséparable, en quelque sorte. On s'amuse des mêmes choses ; on est sur la même longueur d'ondes. Alors ça me fait toujours plaisir, quand il me répond ça. Je ris légèrement à sa deuxième réplique. « Ta méthode de travail ? Si on peut appeler ça une méthode... ». Je lui lance un regard taquin ; c'est si bon de reprendre nos petits jeux. Quand il vient tout près de moi, je frisonne. Sa peau est si chaude, si tendre. Je succombe à ses baisers, à ses morsures... à tout ce qu'il me fait. Je laisse échapper un gémissement rauque. « Tae Moo ». Un sourire naît sur mes lèvres. « Oui, la sévérité a ses bons côtés... ». Enfin je me perds totalement quand il descend. J'arrive à articuler. « Oui, montre moi ». J'ouvre les yeux pour le regarder. La flamme du désir danse au fond de mes prunelles. Je suis à sa merci. Et ce lâcher prise me plaît tellement. « J'aime tellement quand tu fais ça ». Je passe mes bras autour de son cou, et je colle mon bassin au sien, ondulant légèrement. Je répète, d'un ton lascif. « Tae Moo... ». Viens, prends-moi. Je veux sentir tes lèvres, sur les miennes, sur mon cou et ailleurs. Je veux te sentir, toi. Sentir un peu plus ta chaleur, et ta douceur. Que mes mains agrippent tes bras tendus sous l'effort. Que nos souffles intrépides se mêlent.

Alors lentement, je glisse vers son bas ventre. Je prends sa virilité, et je lui donne du plaisir. Je sais qu'il aime ça, et moi-même ça m'excite. L'avoir ainsi, au bord des lèvres. J'aime quand son corps tout entier se contracte au passage langoureux et régulier de ma langue. Quand il soupire, je m'embrase.