C’était inconcevable. Comment deux professionnelles des gâteaux pouvaient avoir raté leur pâtisserie? Assise sur le carrelage de ma cuisine avec un air sur le visage comparable à une femme qui apprend avoir perdu son mari à la guerre, je frappais le sol avec mes points fermés. Après une brève crise d’hystérie, je relevai la tête vers Hyun Ae lui demandant ce qui était arrivé. Je chignais en me traitant d’incapable et que si j’étais incapable de faire un bon gâteau, je ne serais jamais capable de rien faire dans la vie. Je pouvais mettre fin à mes jours toute suite.

La journée avait commencée d’une meilleure façon. Quel bonheur de pouvoir se prélasser au lit un vendredi matin. Le vol sur lequel je devais être avait été annulé la veille et donc cela me faisait une petite journée de congé gratuite. La bonne nouvelle se prenait encore mieux quand on prenait en compte que l’avion aurait dû se rendre en Australie. Je détestais ce genre de long vol, car ça m’obligeait à passer ma nuit du vendredi et samedi à l’hôtel sur le continent de l’Océanie. Pour certain, cela pourrait être une vie de rêve, mais quand tu l’as fait déjà des dizaines de fois, alors là les kangourous tu ne veux plus les voir nul part. Je préférais largement avoir mon samedi et dimanche de congé comme tout le monde. Ça me permettait de voir mes amis et de sortir de la routine de job un peu. Et puis franchement, quand tu n’as pas besoin de rentrer travailler le lundi et le mardi, mais que ton entourage oui, ça fait des journées assez longues toute seule dans un appart.

Bref, j’allais pouvoir faire la fête, j’avais 72h juste à moi et pour bien commencer tout ça, je décrétai que je ne sortais pas du lit avant midi. Je m’étais donc mise à confortablement dans mes draps en y installant mon ordinateur portable sur mes jambes. Je m’amusais à prendre des nouvelles de mes amis en leur laissant des messages par-ci par-là à certain pour leur dire que je m’ennuyais d’eux. Je n’oubliai cependant pas de prendre mes propres e-mails et d’y répondre. Parmi ceux-ci, je portai une attention toute particulière à celui de mes parents. Ils voulaient m’avertir que le week-end prochain, ils montaient à Seoul pour y réunir la famille Bae. Alors que mes yeux n’avaient pas terminé de lire le message, je vins à me questionner pourquoi ils s’y rendaient. C’est seulement quelques mots avant qu’ils ne l’expliquent que je devinai la raison. Mon cœur frappa un coup dans ma poitrine avant que je m’oblige à prendre une grande respiration et me calmer. La famille se réunissait pour le 1 an du décès de mon cousin de 25 ans. Baissant la tête, je cachai mon visage avec ma longue chevelure désordonnée du matin. Je fermai les yeux et pris une grande respiration afin d’oublier la boule que j’avais dans la gorge. Je fermis alors l’écran de mon ordinateur en ne prenant même pas le temps de confirmer ou non ma présence. Je lui en voulais d’être mort.

Passant devant ma glace, un large sourire apparu. Je passai du revers une main sur mon visage pour y effacer les traces de fatigue et je m’habillai avant d’aller retrouver ma coloc. J’avais de la chance! Ayant appris de dernière minute que j’avais congé aujourd’hui, Hyun Ae avait décidé de se faire remplacer au café pour passer la journée avec moi. Bon, elle n’avait pas annulé sa sortie avec son copain le soir, mais je ne pouvais pas lui en vouloir d’être amoureuse. En sortant de ma chambre, je ne perçu aucun son dans l’appartement. Je pensai d’abord que Hyun Ae était encore endormie, mais en poussant sa porte entrebâillée, je me rendue compte qu’elle n’était plus dans son lit. Mes pas se firent donc moins discrets à cet instant et plus expéditifs. Où était-elle? Heureusement, nous n’avions pas un très grand appartement. Si elle n’était ni dans sa chambre, ni dans la mienne ou le salon, alors il ne restait que deux pièces. Je l’avais retrouvée complètement dans sa bulle avec les coudes sur la table de la cuisine. Elle regardait un grand livre avec une bonne humeur qui se lisait sur son visage. Je m’approchai d’elle, curieuse, pour y découvrir un recueil de recettes. Sans même s’adresser une seule parole, Hyun Ae, ébahie, me pointa une image d’un gâteau. Ma bouche s’était alors ouverte et je fis oui de la tête. Nous nous étions mises à la tâche en préparant les ingrédients. La discussion avait commencée alors que je m’étais questionnée à propos du nombre de mois que ça faisait au couple Jae Ae. Nous avions continué de parler de gars durant toute la préparation…et même durant la cuisson.

30 minutes plus tard, j’étais assise à terre dans la cuisine en gémissant. Nous nous étions tellement emportée dans notre discussion de vie amoureuse que nous en avions oublié le gâteau au four. Seule l’épaisse fumée noire nous l’avait rappelé. Hyun Ae proposa de le jeter puisque je semblais bouleversée à la vue de notre échec, mais je me relevai vivement en protestant. Je lui arrachai des mains avant de le déposer sur la table. D’une fourchette, j’allai jouer dans la pâte carbonisée sans quitter le gâteau des yeux.

« ce gâteau est vraiment moche. Il s’est bien moqué de nous. Il nous fait croire qu’il doit aller 20 à 25 minutes au four alors qu’en réalité il n’est pas capable d’attendre 5 minutes de plus et dire aurevoir à ceux qu’il aime. Il est un traitre, comme…ma gorge se serra, comme Shin Illlllll »

Je posai le front sur la table et je fis tout pour ne pas pleurer. Malgré tout, j’avais été une warrior. Voilà déjà plusieurs mois qu’il s’était volatilisé et je n’avais pas encore versé de larmes. Bien sûr, ma coloc savait que Son Shin Il était un sujet à proscrire en ma compagnie, mais jamais que je m’étais plains. Je crois que si je ne le faisais qu’aujourd’hui, c’était simplement parce que j’étais à fleur de peau avec cette nouvelle de mes parents. Et puis mine de rien, j’étais déçue de ne pas pouvoir avoir ce sourire sur les lèvres quand je parle d’un homme comme pouvait l’avoir Hyun Ae quand elle parlait de son copain. Si 2012 s’était mal terminée, 2013 n’avait pas mieux débuté. Ayant compris ma crise, Hyun Ae me recommanda d’en profiter pour aller voir ma famille ce soir. Elle me proposait même de passer venir me chercher demain avec son copain pour qu’on aille faire quelque chose tous les trois. J’avais alors relevé la tête par excitation. Oh oui, j’avais vraiment envie de revoir JaeKhun le fou des études. Avec ses examens, c’était rendu impossible de le voir. Je hochai donc de la tête pour accepter l’offre généreuse de mon amie.

C’est donc dans le but de me changer les idées que j’avais pris le chemin de l’arrêt de bus afin de me rendre chez mes parents qui habitait assez loin de mon nouvel appartement. J’avais décidé de partir quelques heures avant l’heure du repas et de ne pas arriver de dernière minute. Hyun Ae m’accompagnait et allait faire une partie du trajet avec moi puisqu’elle devait se rendre dans le quartier où résidait son copain qui était assez proche de l’appartement de mes géniteurs. Si ma journée avait assez mal commencée, je dois dire que je fus plus chanceuse par après. Tandis que nous marchions tranquillement et qu’il nous restait à peine 10 mètres avant d’aller faire la ligne derrière les gens à l’arrêt, l’autobus arriva à notre hauteur. C’était une joie de voir que je n’aurais pas à attendre par un froid pareil! Nous sommes rentrées les dernières et malheureusement il ne semblait rester de la place que vers l’arrière du transport. Je haussai les épaules en me disant qu’une place était une place. Et puis, j’évitais ces sièges seulement le soir à cause de ma peur d’être violée constamment. Non mais franchement, j’étais attirante non?!

Hyun Ae s’est finalement assise sur un banc de l’avant dernière rangée et je pris la place à côté. Je regardai brièvement les gens qui étaient autour et aucun ne semblait être de méchants violeurs. J’étais en sécurité. J’ai alors sorti mon Ipod et je donnai l’écouteur de droite à ma coloc. Glissant le gauche dans mon oreille j’appuyai sur aléatoire pour que l’appareil choisisse une chanson. Le hasard voulu que ça tombe sur le dernier hit du groupe super senior. Aussitôt, je me permis un cri aigu digne d’une vraie fan en me tournant vers Hyun Ae.

« Tu les as vu dans le mv! Won Si est tout simplement un DI-EU! »

Hyun Ae commenta sur son bias tandis que j’approuvais en rajoutant à cela tous les potins que j’avais entendus dernièrement concernant ce groupe de musique. Je lui décrivis à quel point c’était orgasmique comme chanson et à quel point j’allais absolument monter à Seoul pour les voir en spectacle. Au moment où j’allais décrire à Hyun Ae mon rêve que j’avais fait la dernière fois et qui incluait mon bias, je fus surprise de recevoir un truc derrière la tête. Instinctivement je me retournai pour y voir un voyou. Avec son jean troué et son sourire digne du plus narcissique des hommes, je ne pouvais que le percevoir comme un voyou. Alors c’était ça sa façon de draguer une fille; lancer un objet derrière ma tête? Et bien non…

« Tu me casses les oreilles, j'aimerais bien pouvoir écouter ma musique tranquille. »

Je fronçai les sourcils avant de me retourner vivement vers l’avant et l’ignorer. Mais quel insolent! J’en étais bouche bée. À ce que je sache, j’avais le droit d’avoir une discussion avec mon amie. Hyun Ae me conseilla de ne pas y porter trop d’attention, mais ce fut plus fort que moi. Je me retournai pour croiser son regard à la seconde qu’il le dévia de la fenêtre. Je n’avais pas l’air de la fille la plus adorable au monde. J’avais des couteaux dans les yeux. Non mais franchement pour qui il se prenait d’agresser la gente féminine ainsi.

« Quoi? Je t'ai demandé de te taire, alors arrête de me regarder avec ton air de merlan frit. »

Accompagné de son sourire, je ne fus qu’encore plus contrariée. Je n’avais pas l’habitude de me laisser insulter de la sorte. L’époque du High school m’avait forgé un sale caractère de petite bitch. J’avais l’intention de répliquer quand Hyun Ae me mit la main sur l’épaule pour m’indiquer qu’elle devait passer car son arrêt approchait. Je retrouvai dès lors mon joli petit minois pour lui faire un câlin rapide avant de me lever et la laisser sortir. Je la regardai sortir de l’autobus avec déception. Je n’avais pas envie de la voir partir. C’est seulement lorsque le véhicule se remit en marche que je me rappelai ce que je faisais juste avant que Hyun Ae disparaisse. D’un air mesquin, je me levai lentement avant de me prendre possession de l’une des places de la banquette arrière de l’autobus. Cette place tout juste à côté de mon adorable passager qui lance des boulettes. Bien sûr, il aurait été aveugle de ne pas me voir arriver, mais il devait forcément se demander qu’est-ce que je faisais.

Me tournant vers lui, j’attendis qu’il croise mon regard pour sortir le temps d’une seconde le bout de ma langue me donnant l’aspect d’une gamine. Sans plus attendre, je lui enlevai un des écouteurs que je me mis dans l’oreille.

« Alors est-ce que cette musique valait vraiment la peine d’être entendue? »

Après 10 secondes d’écoute, je laissai tomber l’écouteur de mon oreille, puis je secouai la tête en me calant bien confortablement dans le banc. Je le narguai en lui disant que ce n’était pas bon et que franchement il aurait mieux fait de m’écouter parler. Non mais franchement, sa chanson semblait sortir tout droit d’un ghetto dans le genre du Bronx. Je lui demandai s’il n’avait rien de meilleur, mais sa réponse fut toute sauf courtoise. Je n’abandonnai pas pour autant et je soulignai toutefois que niveau dentition, il n’avait rien à se reprocher. Il avait vraiment de belles dents blanches. Je lui demandai même les références de son dentiste. À quoi je jouais là? Humm je ne sais trop rien. J’avais de la colère à passer sur quelqu’un. Ce n’était pas mon genre habituellement d’agir ainsi, mais les évènements passés de ma journée me donnaient envie de m’amuser avec un punching bag. Et puis cet inconnu était le cobaye parfait, puisque j’étais convaincue qu’il méritait mes moqueries. Pour une raison qui m’échappe, mon subconscient me disait de le détester.

Il me fit part très clairement de sa mauvaise humeur et je compris qu’il était peut-être mieux pour ma survie de garder mes distances. Mine de rien, il ne ressemblait pas à une gamine de 11 ans lui. Je ne ferais pas le poids, mais je me disais que ce n’était pas interdit de parler au téléphone. Je m’éloignai quelque peu de mon méchant bonhomme pour prendre le banc sur la même hauteur, mais près de la fenêtre. 1 mètre à peine nous séparait néanmoins. Je sortis mon téléphone et je composai le numéro de ma meilleure amie. À ma plus grande joie, elle répondu et je pu lui faire la conversation. Je ne me gênai pas cependant pour élever d’un cran le volume de ma voix naturellement mélodieuse. Comme si cela était encore possible, je vis à cet instant l’étranger augmenter le volume de son mp3. Je penchai la tête sur le côté en le regardant. Je ne me rendais pas encore compte, mais je l’observais et l’analysais. L’expression sur son visage et cet air d’avoir l’impression d’être au dessus de tout. En 23 ans d’existence, j’avoue en avoir croisé très peu des gens dans son genre. Je n’avais pas une maîtrise en psychologie humaine, mais ceux que j’avais côtoyés et qui avait ce regard froid et mystérieux n’étaient jamais très compatissant avec les gens autour. Ils étaient souvent très indépendant et inconfortable dans les lieux publics. Ce gars-là me rappelait…

Mon analyse s’arrêta là quand je compris enfin que ça faisait plusieurs secondes que je dévisageais l’homme. Il s’en était bien sûr rendu compte et n’appréciait pas tellement. Je retournai d’un coup ma tête vers la fenêtre opposée en faisant la moue. Je n’aimais pas me faire prendre en train d’observer les gens. J’en étais souvent très gênée. Maintenant, qu’il m’avait vu, je n’avais plus envie de le déranger. Ce n’était décidément pas mon genre d’être une petite garce et j’en vins à souhaiter que mon arrêt approche. Je tentai de voir dehors en essuyant la buée de la fenêtre avec mon bras, mais je remarquai avec horreur qu’on avait à peine dépassé l’arrêt où Hyun Ae était descendue. Quoi le trafic était si pire que cela? Je soupirai en réalisant que j’allais en avoir pour un long moment avant d’arriver. Je fis une dernière tentative en tournant timidement la tête vers ma gauche pour voir si l’inconnu voulait me tuer. Il regardait droit devant lui, mais il semblait autant désespéré que moi de constater qu’on n’avançait pas. Je vins à me demander où il pouvait aller. Confuse, je ne compris pas pourquoi je venais de me poser une telle question. Qu’est-ce que ça pouvait bien me faire qu’il aille se louer un film ou bien qu’il aille conquérir le monde?

Enfin, puisque j’avais un peu de chance dans la vie, l’autobus se remit à rouler après avoir ramassé des personnes. Le sourire revînt mes lèvres et je me surpris même à chantonner de joie. D’abord mélodieux, ma petite chanson se transforma soudainement pour manifester mon mécontentement. Je cessai de faire des sons en regardant d’un mauvais œil la personne qui venait de prendre pas un, mais les deux sièges entre mon harceleur et moi. Je n’avais rien contre les personnes en surplus de poids. Non le problème était qu’elle sentait le sac de hockey. Ses cheveux plats et gras sur sa tête ne semblaient pas avoir été lavés depuis une éternité et ses vêtements me faisaient croire qu’elle vivait dans la rue. Je me tournai rapidement vers la fenêtre pour cacher mon expression de dégoût. Je tirai la langue avant de la rentrer en voyant que mon visage reflétait dans la fenêtre et que l’inconnu me regardait. Quoi ça le faisait rire que je sois dégoutée? Et lui?...ça ne lui faisait rien cette odeur. Après cinq minutes je n’en pouvais plus!

Brusquement je me levai en gémissant pour aller m’asseoir ailleurs et le plus loin possible était le mieux. Le seul problème c’est qu’ainsi j’allais faire dos à mon harceleur. On ne devait jamais faire dos à un fou. J’avais donc opté pour un banc qui faisait face vers l’arrière. Ainsi je gardais un œil sur lui. J’espérais seulement que ça soit la dernière fois que j’aie à me déplacer dans ce bus.

Spoiler:

Difficile de se concentrer sur autre chose quand mon regard se pose automatiquement vers l’arrière de l’autobus. Je ne pouvais pas regarder autre chose que cet imbécile qui n’aimait pas le son de ma voix. J’essayais du mieux de me changer les idées en tournant la tête du bord de la fenêtre, mais jamais que mes yeux restaient tranquilles plus de 10 secondes. Toujours portée à regarder vers le fond de l’autobus, je guettais le moment où ce pas de classe allait faire un mauvais coup. Qui sait peut-être qu’après la boule de papier derrière la tête, il allait opter pour me lancer la grosse personne dans la face. Je sais qu’il en était capable! Le sourire qu’il avait à cet instant me donnait des frissons. Il devait se demander comment il allait me tuer à la sortie du bus. Pensant que j’étais mieux d’arrêter de le surveiller et de le fixer comme il le faisait, je baissai la tête en jouant avec mes ongles. Comme ils étaient divertissants soudainement! Je pensai à toutes les couleurs et dessins que je pourrais faire dessus en revenant chez moi. C’était fantastique. Pourquoi pas y dessiner des licornes et des fleurs, au moins ça serait moins effrayant que l’ambiance de l’autobus. J’avais drôlement hâte d’arriver! Malheureusement, l’arrêt ne fut pas le mien, mais celui de l’homme qui était assis sur le banc à côté de moi. Je le regardai partir en me disant que j’espérais de tout cœur qu’un autre passager dans le genre de celui qui puait en arrière ne viendrait pas me faire honneur de sa présence. Il faudrait vraiment que je sois maudit pour que la prochaine personne à prendre ce siège soit déplaisante. Ça n’existait pas des jolis garçons de bonne famille qui prennent l’autobus? Je soupirai et me calmai. Ma pression devait être revenue à la normale, mais ça ne dura pas très longtemps. Je crois même que mon visage vînt à avoir une belle teinte rosée quand je vis l’inconnu prendre place à côté de moi. Il allait me tuer avec un de ses nombreux couteaux qu’il cachait sur lui. C’est sûr.

« On supporte pas les odeurs princesse? »

Offusquée, je tournai vivement la tête du côté opposé dans l’espoir de l’ignorer et qu’il me laisse tranquille. Je détestais son sourire narquois qui exprimait bien sa mauvaise éducation. Comme il était hautain! Je le détestais. Il croyait que tout lui était permis juste parce qu’il a une troisième jambe? Si c’était vraiment ça, alors il se rapprochait bien plus du primate que de l’homme. Pour rajouter à tout cela, il me prouva une fois de plus ses mauvaises manières en mâchant généreusement son chewing-gum gum. J’oubliais l’idée de soupirer. Il aurait été bien trop heureux de savoir qu’il m’importunait.

« Tu fais quoi dehors toute seule? Tes parents t'ont autorisés à sortir pour le week-end c'est ça? »

Sans que je m’en rende compte, j’avais déjà tourné la tête en sa direction lui réservant un regard noir. Je m’étais finalement permise de rouler les yeux avant de continuer de l’ignorer. Pas question de répondre à ses provocations. Comme j’aurais souhaité à cet instant avoir un petit copain pour qu’il règle les comptes de cet idiot qui m’harcelait. Ce dernier continua de me faire la conversation en me demandant si je devais rentrer avant la tombée de la nuit. Il se proposa même pour me raccompagner. Ohh comme il était galant. Je le détestais. Il était pourtant si silencieux et tranquille il y a de cela quelques minutes. Il ne pouvait pas se taire au lieu de gaspiller sa salive en parlant comme un gamin de 5 ans qui ne sait pas comment insulter les gens. Non mais sérieusement c’était déjà une journée de merde. Qu’est-ce que j’avais fait pour mériter ça? Il n’y avait que des personnes irrespectueuses comme lui qui pourrait vouloir s’en prendre délibérément à moi qui suis adorable. Quel sans cœur! Ce fut plus fort que moi cette fois, je pris une grande respiration et je démontrai bien que j’étais agacée. Qui sait, peut-être qu’un autre passager aurait pris ma défense. Mais non, la réalité voulu que mon superbe compagnon de voyage reprenne de plus bel son monologue. Il s’étonna de voir que je ne parlais plus. Il fit un commentaire comme quoi que tout à l’heure j’étais très bavarde et que maintenant qu’il participait à la discussion je semblais avoir perdu la langue. Très bien s’il voulait réellement jouer à ce jeu, alors moi aussi je pouvais me montrer hypocrite!

Tandis que je me préparais à lui répondre, je fus bouche bée de voir mon ipod dans ses mains. Il se demanda quel genre de musique que je pouvais bien écouter quant à moi. Quoi non mais quand est-ce qu’il…Voilà, je bouillonnais déjà de l’intérieur. Il n’avait pas le droit de me prendre mes affaires ainsi sans la permission. De quelle planète venait-il? Toutefois ce n’était même pas la peine d’essayer qu’il me le redonne. J’allais sûrement en être incapable. Il se mit dès lors à parcourir les titres de mes chansons avant de finalement lâcher que j’écoutais de la musique de merde. Il se permit aussi de poser un jugement sur ma personne à la suite de cela en pariant que j’avais plein de poster de mes boysband préféré sur les murs de ma chambre. Fronçant les sourcils, je me sentis bien plus blessée par cette dernière insulte que par toutes celles d’avant. Il n’avait pas le droit d’insulter ma musique. Tout sauf ça! Il avait cet air arrogant que je détestais. S’il croyait m’être supérieur juste parce qu’il avait réussi à subtiliser mon ipod, alors il se trompait. Il devait bien vivre dans un appartement miteux et devait probablement compter ses cennes pour se payer sa dose de drogues. Ça c’était pathétique. Je pensais sérieusement à descendre au prochain arrêt d’autobus, peu importe où c’était dans la ville, quand mon sympathique meilleur ami de transport en commun se penchant vers moi pour dire d’une voix plus basse :

« Est-ce que toi aussi tu fais partie de ces filles qui s'imaginent vivre une relation avec l'une de leur idole? En même temps à part dans ton imagination je ne vois personne qui pourrait vouloir de toi »

C’était la goutte qui fit déborder le vase. Cet homme n’a franchement aucune qualité. Mis à part son air de vilain garçon, je ne décelais en lui rien d’intéressant. Il se faisait un plaisir gratuit de m’insulter et de me rabaisser pour se remonter lui dans son ego surdimensionné. Je n’allais pas rendre sa journée plus heureuse en lui faisant le plaisir de sortir au prochain arrêt.

« Ah peut-être un sourd! »

Ce commentaire allait bien lui à lui qu’à moi. Dès qu’il ouvrait la bouche il devenait impertinent et grossier. J’étais même prête à mettre ma main au feu qu’il n’avait jamais eu de petite amie ou de fréquentations. Qui voudrait de lui après tout. Pas moi en tout cas! Étant un peu hors de moi même, je lui repris mon ipod des mains brusquement, puis je le rangeai dans ma poche opposée à lui. Pas question qu’il me le vole à nouveau et qu’il le vende afin de se faire de l’argent et se payer une bonne fumette. Voulant attirer son attention, je claquai des doigts à quelques centimètres de son visage avant de pointer une place vide plus loin. Je lui demandai s’il voyait bien jusque là avant de lui proposer de retourner d’où il venait. Je lui rappelai par le fait même qu’il n’était pas sourd alors qu’il allait sans doute vouloir être le plus loin possible donc je lui offris aussi la possibilité de sortir de l’autobus dès maintenant et que tout le monde allait être heureux. Je lui fis un sourire d’ange pour reprendre la seconde d’après mon air bête. Si ce qu’il avait énuméré était là l’image qu’il avait de moi, alors il pouvait très bien passer son chemin. Ces derniers mois, j’avais appris à ne pas juger une personne car on pourrait se méprendre très rapidement. Pour lui ce n’était pas pareil. Je me permettais de le juger, car il ne faisait rien pour ressembler à un charmant petit camarade d’autobus. Je vins même à me demander comment il avait fait pour obtenir les droits de se promener dans des lieux publics. Des personnes avec un tel caractère étaient mieux de rester dans leur maison et importuner les murs de leur domicile plutôt que les gens autour.

Bien décidée à essayer de l’énerver le plus possible, je sortis de mon sac à main ma collation qui était une barre tendre. Elle était au chocolat et j’espérais du plus profond de moi-même qu’il soit allergique au cacao. Ça aurait fait mon bonheur. Mais dans le pire des cas, il allait adorer le chocolat et être jaloux de ma délicieuse barre tendre. C’est en prenant ma deuxième bouchée que je me rendis compte qu’il en était complètement indifférent. C’était plutôt l’enfant en face de nous avec sa maman que je rendais jaloux. Je fis un petit son pour démontrer mon mécontentement en remettant le reste de ma collation dans mon sac à main.

«Ça doit être la journée des permissions spéciales. Mes parents me laissent me promener toute seule et toi tu es sortit de ta ruelle. C’est fantastique! On pourrait partir découvrir le monde ensemble un peu comme le ferait Dora l’exploratrice et son petit singe. Bien entendu toi tu serais le singe »

Je riais faussement en essayant d’avoir l’air enjouée. Eh oui, mon joyeux petit singe je le voyais bien passer ses journées dans des ruelles pour la simple et bonne raison qu’il me rappelait Shin Il. J’allais peut-être découvrir qu’ils sont frères après tout. La seule chose qui différenciait des deux était le comportement de mon voleur de ipod. Il n’avait vraiment aucun respect pour les femmes. Difficile d’approche, peut-être qu’il dressait cette façade afin qu’on ne puisse pas voir qu’au fond il possède plein de défauts. Les petits chiens étaient souvent ceux qui aboyaient le plus fort…

« alors toi aussi tu parles anglais? Oui je dis ça parce que tu écoutes de la musique d’américains. On pourrait donc se mettre à parler contre les gens autour de nous et je suis pas mal certaine que personne ne nous comprendra. Surtout pas moi, car j’ai un très mauvais accent et que je ne serai pas de parler de façon fluide! Mais essayes, je crois que je pourrais te comprendre »

Pourquoi essayer de lui faire la conversation? Pour sauver ma peau bien sûr! Si je restais en mauvais terme avec lui en sortant du bus, j’allais me faire assassiner à coups de haches, de tronçonneuse, de bazooka et on allait lâcher les chiens sur moi. Tout ça en même temps! Alors je tentais l’approche de déverser sa rage sur les autres plutôt que moi. Si je l’amenais à être irrespectueux et à m’oublier alors je pourrais peut-être espérer arriver chez mes parents ce soir.

« By the way, tu avais remarqué que cette fausse blonde te dévisage depuis plus de 20 minutes, je crois qu’elle voudrait bien que tu ailles la draguer elle aussi, car oui on ne se fera pas de cachette je sais que tu es complètement tombé amoureux de ma grâce naturelle, mais cette fille semble mieux foutue que moi malgré sa couleur de cheveux douteuse et sa grosse repousse. Mais peut-être qu’elle voudra bien faire des trip de drogues avec toi, parce que moi sincèrement ça ne m’intéresse pas. Je préfère décorer ma chambre de poster de chanteurs nazes. Bref tu vas la voir? Elle a des couteaux dans les yeux. Elle est très jalouse. Oui je peux comprendre, je suis quand même attirante, elle doit avoir peur que tu partes avec moi. Allez vas-y! » Terminai-je comme si je parlais à un petit chien obéissant.

Je repris ensuite mon air de fille indifférente en tournant la tête vers la fenêtre pour regarder dehors. Heureusement, l’autobus avait réussi à avancer de plusieurs kilomètres. Mon cauchemar allait peut-être tirer à sa fin finalement. Quelques secondes après, je reposai mon attention sur le banc à côté de moi qui n’était pas vide comme je me le serais attendu. Surprise je lui demandai ce qu’il faisait encore là. Je me résignai déjà la seconde d’après en me callant dans mon banc.

« Arf c’est toujours mieux que l’autre derrière. Au moins toi tu ne sens pas mauvais »

Voyant que j’allais décidemment arriver en retard, et de mauvaise humeur, je sortis mon cellulaire pour envoyer un sms à ma mère et lui avertir que j’étais toujours vivante, mais que j’étais bloquée dans l’autobus. Puis instantanément…

« Tu vends de la drogue? »

Je le regardai avec des grands yeux en restant figée jusqu’à ce qu’il daigne me répondre. Ça pouvait paraître très étrange comme question et il pourrait me mentir, je serais assez naïve pour le croire, seulement j’avais besoin de savoir. Je voulais savoir si je pouvais me fier à ma première impression que j’avais eu de lui.

C’était drôle de voir ce que le destin pouvait nous réserver parfois. Appelez ça comme vous voulez, le hasard ou le destin, mais peu importe ça revenait au même. Mon existence avait décidé que j’allais prendre l’autobus pour rendre une visite inattendue à mes parents. Normalement, j’aurais dû être au travail. Qui sait, si j’étais en train de me coltiner cette erreur humaine à côté de moi, c’était sûrement parce que j’avais de bons parents qui m’avaient appris à marcher correctement quand j’étais un petit bambin. Admettons qu’à l’âge d’un an j’avais fait une mauvaise chute et des séquelles seraient restées toute ma vie. J’aurais ainsi marché moins vite à cause de ces séquelles et j’aurais raté cet autobus. J’aurais pris le prochain, mais au moins lui n’aurait pas été là. Ce qui m’arrivait aujourd’hui était donc constitué d’une série d’évènements tout au long de mon parcours de vie. Je vins à souhaiter avoir une jambe brisée étant enfant. Je fermai les yeux et quand je les ouvris, je vis toujours cet inconnu irrespectueux. Mais quelle galère!

Après tout ce n’était peut-être pas moi le problème. Ça pouvait venir de lui aussi. Il avait sûrement changé quelque chose dans sa routine qui avait fait qu’il se trouvait à côté de moi aujourd’hui. Et pourquoi pas demain? Pourquoi je devais croiser sa route aujourd’hui? J’allais devoir penser à me faire une petite séance horoscope plus tard.

Alors que je pensais que tous les astres étaient placés de sorte à ce que cette rencontre se fasse entre lui et moi, je posai une question toute bête afin de voir si j’avais croisé l’inconnu pour une raison bien précise.

« Tu vends de la drogue? »

À voir les yeux qu’il me fit la seconde d’après, j’eus un doute. Faisait-il partie de la police? Bon ça y est! J’allais finir en prison. Mais quelle journée de merde! Sa réponse eu le don de me prendre au dépourvue.

« Je t'intéresse? »

Je me redressai vivement en ouvrant la bouche pour pousser un son d’étonnement. Il pensait vraiment que si je lui demandais pour de la drogue c’est parce que j’étais intéressée à lui. Franchement! Je ne voyais pas le rapport. Comme il était odieux et hautain. Il pensait vraiment qu’il avait toutes les filles à ses pieds? Il n’avait rien d’attirant. J’étais outrée par sa réponse. Lui, ça le faisait bien rire apparemment. Puis en pointant mon cellulaire, il me conseilla de dire à ma mère de prévoir une assiette de plus sur la table. Il en profita pour critiquer le Kimchi et exiger plutôt de la pizza. Ma parole! Il venait définitivement d’une autre planète; celle qui est peuplée par des êtres à la tête beaucoup trop enflée. Je vins même à penser qu’il devait être la personne la plus effrontée qu’il m’ait été donné de rencontrer, et je connaissais le meilleur ami de Hyun Ae!

« Tu veux pas me présenter à tes parents? Je suis certain qu'ils seraient ravis de voir que tu t'intéresses à un vrai garçon»

Je fis non de la tête tandis qu’il prétextait encore que je m’intéressais à lui. Il était têtu ou quoi? Jamais je n’aurais un faible pour une personne dans son genre. Je méritais franchement bien mieux que ça. Je me forçai pour ignorer son fou rire, mais lorsqu’il approcha son visage du mien, je perdis mon calme et mon air de la fille indifférente. Il était un peu trop dans ma bulle. Je voulu me reculer, mais j’étais déjà collée sur la fenêtre du côté opposé de l’idiot. Après un trop long moment de silence durant lequel il me regarda dans les yeux, il me demanda mon nom. J’eus un rire de stupéfaction. Alors en plus il avait le culot de prétendre ne pas être intéressé, mais il voulait connaître mon nom? Il était illogique. J’étais en train de me préparer une phrase pour le rembarrer, mais tout s’effaça dans mon esprit quand il se redressa et qu’il prit une bouchée de ma barre chocolatée. Mais quand est-ce qu’il…?

Je me suis mise à fouiller dans mon sac à main à la recherche de ma barre tendre que je ne trouvai pas naturellement puisque c’était lui qui l’avait bel et bien dans la bouche. Il ne savait pas qu’il ne fallait jamais m’enlever du chocolat? Je pouvais devenir dangereuse comme Hulk. Toutefois, je ne voulais pas lui donner satisfaction d’avoir réussi son coup. C’est pourquoi je me concentrai sur ma respiration afin de me calmer. Puis, il me tendit le reste en prétextant que je lui faisais pitié et que je pouvais en avoir finalement. Je n’eus même pas le temps de lever la main pour la prendre, qu’il l’éloigna pour prendre la dernière bouchée. Je me mordis le coin de la lèvre inférieur pour étouffer mon grognement. Plus jamais je n’allais voyager seule en transport en commun, ça c’était certain. Décidée à vouloir descendre au prochain arrêt d’autobus, j’entrepris toute suite à rattacher mon manteau que j’avais ouvert sachant que je serais longtemps dans l’autobus. C’est lorsque j’étais en train de replacer correctement mon foulard que j’entendis mon merveilleux partenaire de transport en commun, bailler bruyamment. Son bras passa devant mon visage, mais je ne perdis pas une seconde avant de le rabaisser en le poussant dans sa direction. Il y avait des limites à tout. Il était déjà assez dans ma bulle, si en plus de cela il se permettait de prendre de l’espace pour deux, alors sa tête allait finir empaillée en haut de mon foyer comme un trophée de chasse.

« Bon et sinon, à part écouter de la musique naze, et être chiante. Miss pimbêche, t'as quoi à proposer? Rends-toi intéressante, parce que pour l'instant je me fais chier! »

J’avais de la difficulté à le tolérer à peine 1h, alors j’imagine bien que de vivre dans sa peau devait être chiant. Lui il devait se supporter depuis toujours! Cependant, j’étais pas mal certaine qu’il s’amusait grâce à moi. En résumé, il avait cessé d’écouter sa musique nulle, il s’était débarrassé d’un gros qui sent mauvais, je lui permettais d’avoir une discussion et je le nourrissait. Il menait la grande vie avec moi. J’étais en quelque sorte son ange gardien. J’avais de la difficulté à imaginer sa vie sans moi. À cette pensée, je ricanais entre mes lèvres ce qui fit sûrement croire à Chipeur que je riais de son dernier commentaire.

En guise de réponse à sa provocation, je me contentai de sortir mon ipod pour y mettre cette fameuse musique de naze. Je ne me gênai pas pour me défoncer mes tympans puisque c’était pour une bonne cause. J’espérais déranger mon renard futé avec ces sons qu’il détestait tant. Cependant, j’aurais dû prévoir qu’il n’allait pas se laisser faire. J’eus presque un soupir de découragement en le voyant m’imiter en prenant son lecteur mp3. Bien sûr, lui c’était plus fort que moi. Avec nous deux, j’étais persuadée que le chauffeur nous entendait très bien. Il aurait même pu deviner les titres et les chanteurs; et pourquoi pas chanter avec nous?! Tiens c’était une bonne idée. Pour l’énerver un peu plus, je me suis alors mise à chanter les paroles de la chanson qui jouait. Le seul problème était que je ne chantais pas toujours sur la note et je me mélangeais dans les paroles à cause du fond sonore de l’autre chanson. De plus, on commença même à déranger les autres passagers présents dans l’autobus. J’étais d’accord pour énerver Chipeur, mais il n’était pas question de rendre le quotidien des gens innocents un vrai enfer. Je dû donc abdiquer contre mon nouvel meilleur ami.

Tout ce que je trouvai à faire, une fois ma musique arrêtée, fut d’enlever un écouteur de l’oreille à Chipeur d’un geste vif. Je restai là en souriant avant d’essayer à nouveau une approche pour lui enlever le second. Mais puisqu’il était visiblement futé et rapide, il n’eut aucun problème à m’agripper le poignet avant que je puisse le faire. Il n’était pas marrant.

«Parce que moi je te fais chier? C’est drôle j’ai l’impression que je te divertie plutôt bien. Allez dis-moi qu’aurais-tu fait durant tout ce long trajet sans moi. Tu te serais endormi voilà ce que tu aurais fait! Non tu as beau dire, tu as beau faire je sais que tu jubile en ce moment. La preuve, tu aurais pris un autre banc si tu l’avais voulu. Alors dis-moi c’est quoi qui te plait le plus? Mes cheveux? Mes barres tendres? Ou peut-être que c’est mon petit côté d’ange? Ben oui, tout le monde le sait, les gars comme toi aime les filles comme moi »

Il avait fini par me relâcher le poignet ce qui me rassura. Il n’allait pas me frapper à la suite de mon discours. De toute façon, pourquoi il l’aurait fait? La seconde qui suivie, je m’emparai de mon cellulaire en faisant le code pour le déverrouiller et je composai un numéro. Ça ne sonna que deux coups avant qu’une voix bien familière décroche.

«Allô maman! Je t’appelle pour te dire que tu vas devoir mettre une autre chaise à la table. J’ai un invité surprise. Il vient de tomber fou amoureux je crois. Il semble être sous mon charme en tout ca. Tu peux le croire, on se partage déjà notre nourriture! Aller je raccroche j’ai pu beaucoup de batterie »

Je raccrochai puis je tournai la tête vers mon invité surprise pour lui annoncer la bonne nouvelle qu’il allait pouvoir manger ce soir! Je lui appris même que nous allions descendre au prochain arrêt.

«Tu ne m’as pas répondu quand je t’ai demandé si tu vendais des produits illicites. Je vais prendre ça pour un non alors tu es admissible chez mes parents parce que tsé des filles dans mon genre ça parle juste à des princes charmants. Les méchants garçons ce n’est pas touche. Tu veux voir mon château!? »

J’étais fatiguée de son sarcasme alors j’avais décidé de jouer au même jeu que lui. Je savais très bien quel genre d’image qu’il s’était fait de moi. J’étais bien habituée de me faire juger et j’aimais ça. Cela me permettait de les surprendre et de leur montrer qu’ils avaient tord. J’avais bel et bien quelques caractéristiques propres à une petite fille sage et j’avais aussi le physique, mais généralement au point de vue de la personnalité, je pouvais en surprendre plus d’un. Je pouvais être très indépendante, fonceuse et forte. Le seul élément qui jouait contre moi était mon petit 1m65. Mais généralement le destin faisait que je me mettais toujours dans des situations chiantes. Aujourd’hui en était la preuve. Même si je ne le souhaitais pas de tout mon cœur et que j’aurais préféré effacer l’Américain de mes pensées, j’avais le pressentiment que j’allais me foutre dans ses pattes une nouvelle fois. J’allais néanmoins tout faire pour éviter de reprendre cet autobus quitte à me rallonger et faire des transfère.

Mon arrêt arriva plus vite que je le pensais et je me levai sans plus attendre pour me poster devant la porte arrière de l’autobus. Avant que le véhicule s’arrête, je me retournai vers mon emmerdeur professionnel dans l’espoir d’avoir le dernier mot.

« À la prochaine Chipeur! Ne t’ennuie pas trop! »

Je lui fis un baiser de la main tout en lui faisant un clin d’œil, puis je pu descendre de l’autobus quand les deux portes s’ouvrirent la seconde d’après. J’étais arrivée dans le quartier où l’appartement de mes parents se trouvait. À peine deux minutes de marche et j’y serais. J’avais hâte d’y être. J’allais bien sûr jouer la carte de l’innocence devant mes parents, mais demain j’allais devoir tout raconter à Hyun Ae. J’avais trouvé Chipeur emmerdant et je devais justement me vider le cœur si je ne voulais pas me mettre sur les antidépresseurs. Ses paroles avaient été gratuites et blessantes, mais pour une raison qui m’échappe, je sortis de l’autobus avec le sourire.