Aujourd’hui était un grand jour. C’était un grand jour parce que la veille j’avais pris une résolution. Depuis que j’habitais en appartement, ma vie avait quelque peu changée. Auparavant dans l’appart familial, ma mère m’incitait à faire des corvées quand elle me voyait devant la tv ou avec mon ordi depuis de trop longues heures. J’allais régulièrement faire les courses et acheter de la nourriture que je ramenais à bout de bras jusqu’à chez-moi. Aussi, chaque samedi matin, c’était le jogging matinal avec mon papa. MAIS, depuis que je n’avais plus de surveillance parentale, je devais être devenue la pire des grosses larves. Mon derrière devait s’être imprimée dans le sofa du salon et je ne comptais même pu le nombre de paquet de chips qui gisaient sur le plancher autour de moi. Sans dire que j’étais devenue aussi grosse que Myung Hee, je n’étais plus très en forme. C’est pourquoi, aujourd’hui était un grand jour. En fait, aujourd’hui était un grand jour à cause de hier qui était une journée moyenne, mais qui faisait qu’aujourd’hui était important! En d’autres mots, hier j’avais pris l’initiative que demain serait un grand jour. Est-ce que vous avez compris que c’était un grand jour, ou je dois le répéter?

Bref, hier je m’étais rendue au centre ville, plus précisément dans le quartier des magasins afin de me procurer une paire de patins à glace. Est-ce que j’en avais déjà fait dans ma vie? Non, et c’est pourquoi aujourd’hui serait un grand jour! J’allais patiner pour la première fois! En réalité, je me rappelais bien que mes parents m’avaient amenée une fois à la patinoire au coin de la rue, mais il m’avait suffit de 2 minutes pour m’ouvrir le genou sur la glace à l’âge de 4 ans. Nous n’avions donc jamais retenté l’expérience. L’idée d’en refaire me faisait un peu peur, mais j’allais surmonter cette crainte. C’était une autre raison pour laquelle, c’était une grande journée aujourd’hui! Non mais sérieusement, demain serait moche.

Pour l’occasion, Hyun Ae devait me rejoindre à la patinoire après son chiffre au Chokollis pour m’aider à surmonter cette peur. Une fois bien habillée avec ma tuque fétiche à gros ponpon et mes mitaines avec une face de chat dessus, je sortis dehors avec mes patins à la main en direction de la patinoire. Arrivée sur place, je m’installai sur le bord pour mettre mes patins en souriant. J’étais heureuse de voir qu’il n’y avait personne de présente. Je n’allais pas avoir l’air d’une grosse otarie amputée qui tente de tenir sur des patins. Une fois prête, je me levai fièrement en regardant autour de moi. Puis, je posai mes yeux sur l’écran de mon cellulaire. Hyun Ae était en retard. Je l’appelai donc au Chokollis pour savoir ce qui en était et au bout de plusieurs coups, une voix bien familière me répondit. C’était JaeKhun, le copain de Hyun Ae. Un long sourire mesquin et taquin se dessina alors sur mon visage.

« Hihi allô OppA! Dis-moi, Hyun Ae est bien avec toi hein? »

Il m’informa que oui, et qu’elle était désolée de ne pas avoir eut le temps de m’avertir qu’elle avait dû prendre le chiffre d’une employée qui ne s’était finalement jamais présentée au café. JaeKhun avait même dû venir lui prêter main forte avec tous les clients qui envahissaient le café qui devait être bondé à cause du défilé du père noël qui avait lieu justement dans cette rue. Je raccrochai la ligne en remerciant Jae et en lui disant que je comprenais très bien. En glissant mon portable dans ma poche, je ne pu m’empêcher d’étouffer mon rire diabolique. JaeKhun était un sacré bon menteur. Il avait bien les gênes des Kim qui coulaient dans son sang. Un peu plus et je croyais cette excuse bidon. Non en fait, j’avais des images de lui et ma coloc bien occupés à faire autre chose sur le comptoir du café.

« Trop occupée pour m’appeler hein…Ahhh la ptite taquine! »

Je dû donc me faire à l’idée que j’avais deux choix. Soit de retourner bredouille à l’appart et de gâcher cette grande journée, ou bien d’affronter ma peur toute seule. Je me retournai vers la patinoire, prête à y poser ma lame, mais je m’arrêter au dernier instant. Il y avait maintenant des couples qui y patinaient main dans la main. Je poussai un gémissement! Pourquoi je ne pouvais pas être seule!?

En ayant le goût de m’ouvrir les veines, je me décidai enfin à y aller. Après 5 à 10 minutes, j’avais réussi à être en mesure d’avancer d’un mètre sans tomber sur mon derrière. J’étais fière de cet exploit. Au bout d’une heure, je me sentais même assez aventurière pour essayer de patiner à reculons. Ceci fut la pire erreur de ma grande journée. Je tentai de le faire, mais mes lames revenaient toujours vers le milieu et je passais proche de tomber à toutes les fois. Voyant que ce n’était pas l’idée du siècle, j’essayai de me retourner dans le bon sens, mais je le fis si brusquement que je ne pu prévoir qu’un couple arrivaient dangereusement à ma hauteur. C’était un impact assuré, mais grâce à une feinte extraordinaire de ma part, soit de me lancer à terre sur tout mon long vers le côté, j’ai alors réussis à sauver la vie de ces deux âmes innocentes. Deux vies de sauver certes, mais en plongeant de la sorte, je mis en danger ma vie et celle du pauvre garçon qui patinait nonchalamment dans cette direction. Je venais de plonger dans ces patins. Il tomba à terre et je me relevai rapidement avec mon air timide. Je me sentais vraiment mal. Je voulu alors aller dans sa direction afin de l’aider à se relever, mais il le fit seul avant que j’arrive à sa hauteur. Comble de malheur, le bout de mon patin se pris dans une fissure de la glace et j’étais repartie à nouveau pour plonger vers l’avant. Heureusement cette fois, l’homme que je venais de percuter, trouva le moyen de m’éviter une mauvaise chute en m’attrapant au dernier moment. Il m’aida à rester sur mes deux patins et je relevai la tête une fois remise de mon choc. Je fis alors face d’un peu trop près à mon héro. Je dois dire qu’il était assez mignon. Tout comme moi, ses joues avaient une jolie teinte de rouge à cause du froid et son sourire eut l’effet de me rassurer d’un coup.

Un peu maladroitement, je me séparai de lui pour me trouver à une distance acceptable de lui. Puis gênée, je baissai la tête avant de le remercier d’avoir sauver ma dentition en me rattrapant. Je relevai finalement la tête pour voir si je l’ennuyais. Non il ne semblait pas être fâché d’être tombé sur une incapable en patinage comme moi.

« C’est que c’est la première fois que j’essaie de patiner et je ne suis pas douée comme vous pouvez le constater »

Je crois que cela l’amusa et c’est en voyant qu’il n’était pas froid ou repoussant que je me risquai à faire ce que je n’avais pas l’habitude de faire : je le draguai en lui demandant s’il voulait bien me montrer un peu comment m’y prendre sur mes patins. J’espérais de tout cœur qu’il accepte. Je voulais qu’il fasse d’aujourd’hui, un grand jour.

« Au fait, moi c’est Hye Mi! » dis-je avec mon sourire angélique

Spoiler:

Fixant nonchalamment le tableau blanchi par la craie, j’écoute ce que le prof a d’intéressant à nous apprendre sur l’Histoire de notre pays ou plus généralement de l’Asie entière. Je ne dis pas que ses cours ne sont nuls, mais de toute façon les cours ne m’ont jamais intéressé. Enfin non c’est faux … Disons que ça ne m’intéresse plus. Je ne suis plus comme avant, j’ai trouvé autre chose à faire de mes journées que rester assis sagement à écouter un cours. J’ai aussi trouvé quelque chose de mieux à faire de ma vie que poursuivre des études longues et ne quitter les bancs de l’école qu’à trente ans. Oui, bon ok j’exagère, mais on s’en fiche de toute manière … Alors quand la sonnerie marquant la fin des cours retenti dans le couloir, je fais partie des élèves qui rangent rapidement leur affaire et qui se dirigent d’un pas pressé vers la sortie. Trois heures d’Histoire à la suite c’est long, je suis content d’en avoir finis. C’est la matière qui m’a toujours le plus intéressé, mais ce n’est pas pour autant que je mets tout en œuvre pour réussir. Il y a un moment que j’ai cessé de jouer les intellectuels et que j’ai abandonné le travail soigneux et sérieux que je fournissais en cours. Je travaille un minimum pour avoir des note correctes et que mes professeurs soient satisfaits de mes soit-disant effort. Pour mes parents aussi, même si je ne suis plus le même qu’avant je ne veux pas qu’ils soient déçu. Bien qu’ils l’ont sûrement été, quand après que abandonné l’idée de réussir à l’école. Alors je dois travailler un minimum, même si je me contente souvent du strict minimum et parfois de rien du tout. Si mes rêves de devenir célèbre dans le domaine du patinage artistique échouaient, il me faut quelque chose auquel me raccrocher. J’ai mes études d’histoire, mais aussi le dessin. Cependant je serais prêt à beaucoup de chose pour concrétiser mes espoirs et essayer de vivre de ma passion.

À peine sorti du lycée, je ne fais aucun détour et je rentre directement chez moi. L‘appartement est vide, personne n’a encore répondu à ma demande de colocation. Au moins je peux profiter de cette solitude quand j’en ai besoin sans personne pour me casser les pieds et aussi personne n’est pas pour râler que c’est le bazar à certains endroits. Il est 13h et mon ventre me fait comprendre qu’il serait tant que je mange. Je me prépare de quoi grignoter tout en réfléchissant à ce que je vais faire cette après-midi. Mes devoirs pour commencer, même si je sais qu’ils seront plus bâclés que réellement travaillés. Puis j’ai mon cours de dessin à 15h et après j’irai sûrement faire un tour à la patinoire. Ma seconde maison comme j’aime l’appeler. Mon cours de patinage est en soirée, j’aurais largement le temps de venir me reposer au chaud à la maison après le dessin, mais comme toujours je préfère aller à la patinoire. Même si je sais pertinemment que je serais en avance à mon cours, qui n’a lieu qu’une fois que le bâtiment est fermé au public. J’aime passer tout mon temps à squatter la patinoire. Quelques minutes plus tard je me tiens prêts pour mon cours de dessin, mais dans le fond je n’ai qu’une hâte c’est d’enfin pouvoir me rendre à la patinoire. Si je pouvais passer ma vie là-bas, je crois bien que je le ferais. Même s’il fait froid, ça ne me dérange pas je préfère l’hiver, que l’été et le froid plutôt que le chaud. Les heures passent plutôt rapidement, ce qui m’arrange évidement. De toute façon quand on est occupé, le temps passe toujours plus vite. Non ? Comme le cours captive toute mon attention et que je suis concentré sur ma feuille comme si c’était l’objet le plus important de mon existence. Le cours prend fin avant que je n’ai pu remarquer que les minutes s’écoulaient.

J’aurais voulu me rendre directement à la patinoire, mais je suis obligé de faire un saut chez moi. Je ne vais pas trimballer ce sac à dos pleins de matériel à dessin, d’une et de deux mes patins sont restés à la maison. Comme un coup de vent je déboule dans l’appartement je pose négligemment mon sac contre le mur, je prends mes patins que je fourre dans un autre sac et me voilà parti. J’ai quelques minutes de transport en commun avant d’arriver. J’en profite pour pianoter sur mon portable et squatter twitter pendant quelques minutes. Comme beaucoup de jeunes je suis souvent sur les réseaux sociaux. Enfin surtout twitter en fait … Je descends du bus tout content d’être arrivé, pire qu’un gosse qui va faire la chose la plus merveilleuse de sa vie. Je suis toujours comme ça quand je vais patiner de toute façon. Pourtant je vais très souvent à la patinoire, même en dehors de mes cours, mais je ne m’en lasse jamais. Comme si je pouvais en avoir marre alors que c’est ce que j’aime le plus faire. Je rentre dans le bâtiment et comme je n’ai pas besoin d’emprunter de patin puisque j’ai les miens, je suis bien vite sur la glace. Il n’y a pas tellement de monde. Tant mieux, je n’aime pas quand on est entassé les uns sur les autres. Je commence à patiner en rond comme tout le monde le fait. Je croise une petite fille de cinq ou six ans, un peu maladroite sur des patins qui tient fermement la main de sa maman. Je souris, ça me rappelle moi et Na Eun quand j’étais petit et qu’elle m’apprenait comment tenir sur des patins. Une personne me rentre dedans et ce petit incident coupe court à mes pensées. C’est une jeune fille qui vient de me percuter et nous voilà tous les deux au sol. Je me relève rapidement et je voulais l’aider, mais elle se relève avant que je puisse lui tendre la main. Cependant elle tombe une seconde fois et j’ai le réflexe de la rattraper juste avant qu’elle ne rencontre de nouveau le sol. Elle n’a pas l’air très à l’aise sur des patins … Cela me fait gentiment sourire, je ne me moque pas, la première fois que j’ai eu des patins aux pieds –même si j’étais tout petit- je n’en menais pas large non plus. Je la lâche quand je suis sûr qu’elle tient sur ses deux patins et elle se recule un peu. Je souris, car je n’ai aucune raison de me montrer désagréable avec cette jeune fille. Je pensais qu’elle allait s’excuser de m’avoir percuté et que nous allions partir chacun de notre côté, mais ce n’est pas le cas. Elle m’avoue qu’elle patine pour la première fois et qu’elle n’est pas douée pour ça. Elle me vouvoie aussi, je n’aime pas ça, j’ai l’impression d’être vieux … Je suis quand même un peu amusé et un petit sourire moqueur prend place sur mon visage, ce n’est pas méchamment que je réagis ainsi. Juste qu’elle me fait rire, c’est tout. Puis elle me demande si je peux lui apprendre à patiner.


- Oui bien sûr ! Je fais du patin à glace depuis que j’ai environ 6 ans, alors je suis assez à l’aise sur la glace à force de prendre des cours, avouais-je le plus naturellement possible.

J’ai accepté sa proposition, car ça m’amuse d’apprendre aux autres à patiner. Parfois ma prof’ de patin me demande de l’aider quand il y a des genres de cours d’initiation pour les tous petits et qu’à elle seule elle galère un peu avec tous ces marmots. Donc qu’elle me propose de l’aider, me fait plaisir et j’accepte.


- Enchanté Hye Mi, moi c’est Sung Gyu, répondis-je.

Je le fixe pendant quelques secondes puis je continue.


- Si tu as peur de refaire ami-ami avec le sol tu peux te tenir à mon bras, pour rester sur debout.

Je lui tends ma main, si elle préfère se débrouiller toute seule c’est comme elle veut, mais bon elle m’a demandé de l’aider. Finalement je prends sa main et je l’entraine doucement à ma suite. J’espère que le fait que je l’attrape par la main aussi familièrement ne la gênera pas … Personnellement il n’y a aucune arrière pensé vis-à-vis de ce geste. Aussi jolie soit Hye Mi elle ne m’intéresse pas. Les filles en général ne m’intéresse pas … Alors …



Spoiler:

C’était pour ce genre de raisons que Hyun Ae était la meilleure fille au monde. Inconsciemment, elle me laissait en bonne compagnie. C’est pour cela que mes parents étaient les meilleurs parents au monde. En ne m’apprenant pas à patiner, je me retrouvais ici aujourd’hui. Et parce que je n’étais pas à laisse sur mes patins, je m’étais aussi retrouvée à tomber sur ce charmant jeune homme. Il était carrément beau et il ne semblait même pas de mauvaise humeur à cause du petit accident que j’avais provoqué. Il était un ange tombé du ciel. Voilà, aujourd’hui était vraiment une grande journée! En temps normal, je crois que j’aurais été trop gênée pour lui demander de m’aider avec les patins, mais étrangement pour une raison qui m’échappe, j’étais instantanément à l’aise avec lui. Il ne pouvait pas être méchant. Et puis, n’allant plus à l’école et n’étant pas une fan des clubs, je devais bien trouver une autre solution pour me faire de nouveaux amis. Ça allait donc être la patinoire à partir de maintenant. Qui sait peut-être qu’après ses conseils, c’est moi qui allais aider un maladroit qui en est à sa première expérience sur la glace! Non…je me faisais des idées. Cela n’arriverait jamais. J’avais un talent naturel pour être exécrable en sport.

À mon plus grand bonheur, ma nouvelle rencontre accidentelle se présenta en m’apprenant son nom, Sung Gyu. Il avait accepté de m’aider et il souligna qu’il faisait du patin depuis l’âge de 6 ans. Wouuuahh ça faisait des années et des années d’expérience ça dis donc! Une chose était sûr, c’est que j’étais entre bonnes mains. Un large sourire un peu nias se dessina sur mon visage alors qu’on se fixait sans rien dire. Il était assez séduisant et poli. C’était un bon parti! J’aurais bien essayé de prendre une photo avec mon cellulaire que j’aurais ensuite envoyé à Hyun Ae pour lui demander ce qu’elle en pensait, mais je n’avais pas des skills de ninja pour prendre une photo de Sung Gyu sans qu’il ne le remarque. On devait rajouter à tout cela le facteur que j’étais sur de la glace. Je risquais de tomber à tout moment et puis de toute façon, Hyun Ae était occupée ailleurs. Le jeune homme me sortie de mes pensées quand il mit fin au silence.

« Si tu as peur de refaire ami-ami avec le sol tu peux te tenir à mon bras, pour rester sur debout »

Il était très persuasif ma parole! Je ne voulais pas en effet refaire ami-ami avec le sol alors d’un mouvement vif, je m’agrippai à son bras en l’entourant de mes deux bras. Je m’étais penchée vers lui suffisamment pour que je n’aie pas à bouger les pieds. Mes grosses mitaines rendaient toutefois l’opération un peu plus délicat, car j’avais de la difficulté à garder ma prise entre mes doigts. En d’autres mots, mes patins n’avaient pas du tout bougés et j’étais maintenant penchée vers Sung Gyu qui était quand même à presqu’un mètre plus loin que moi. Le spectacle le faisait rire je crois puisqu’il m’incita en me prenant une main pour que je m’approche. Sans que je n’aie à lever une seule lame, mes patins glissèrent vers lui. J’étais tout près de mon nouveau professeur à présent et je relevai la tête avec un air d’accomplissement. J’avais réussi à avancer d’au moins 30 cm! Mes yeux descendirent ensuite vers le bas pour voir mes deux pieds bien collés ensemble. Je n’avais pas d’équilibre ainsi et je priais le ciel pour que Sung Gyu ne me lâche pas. Puis soudainement je collai ma tête au torse de l’expert en patinage en gémissant.

« Je ne vais pas y arriver Oppa! »

Ben oui, il était déjà mon oppa. Et après? La vie est courte. Et ça y allait très bien. Je ne sais pas si je l’avais surpris en l’appelant ainsi, parce que j’avais les yeux fermés et j’étais toujours blottie contre lui. J’avais peur de retomber sur le derrière. Après cela, mes fesses allaient enflées et on me traitera de grosse dans la rue. C’était un cauchemar. Mais qu’est-ce qui m’avait pris aussi de venir patiner? Puis une vraie bipolaire, je lâchai la main de Sung Gyu en me redressant le dos bien droit. Je m’encourageai en me disant que je pouvais y arriver. Je glissai un patin devant l’autre puis un autre, puis boom! Avant que je n’ai le temps de comprendre ce qui était arrivé, je me retrouvais à nouveau à terre. J’avais mal au derrière et je chignai aussitôt. Je m’allongeai ensuite entièrement de sorte à être couchée sur le dos et je me plaignais de tout et de rien. Ce sport était ridiculement difficile. Mon preux chevalier arriva toute suite après et il ne semblait pas familier à mon comportement excessif. J’avais le don de toujours exagérer ce que je vivais. Je n’avais pas si mal. Il n’y avait pas de raison de s’allonger sur la glace comme je venais de le faire. Mon visage de petite fille mécontente était aussi de trop. Il devait penser qu’il était tombé sur une folle. Donc pour le rassurer et lui faire comprendre qu’il n’avait pas besoin d’appeler une ambulance, je lui fis une grimace amicale.

«Je hais le patin. Tu fais comment toi? Non non non je suis une ratée. Je ne vais jamais rien réussir dans la vieeeee »

Je me roulai ensuite sur le ventre en me collant le visage à la glace jusqu’à ce que je me rappelle que c’était très froid ce truc. Je me relevai donc subitement en m’essuyant la face avec mes mitaines. Puis je gonflai les joues pour démontrer mon mécontentement. Enfin, je pointai Sung Gyu du doigt d’un air méchant

« C’est à cause de toi que je suis tombée! Tu devais me rattraper! »

j’avais envie de le ruer de coups, mais bien sûr, à chaque coup de patin que je donnais, il reculait pour éviter mes petites attaques faibles. Au final, j’arrêtai de me plaindre quand je vis ce sourire sur le visage d’un mon professeur. Pourquoi il souriait? Il trouvait ça drôle? C’est seulement la seconde d’après que je compris. Inconsciemment, je venais d’avancer d’au moins 5 mètres en patinant et je n’étais pas tombée. Comment Sung Gyu avait réussi à me faire ça. Alors c’était aussi simple que cela? Je ne devais pas penser à ce que je faisais pour réussir à patiner?

« Attends et le truc que tu as fait là avec tes pieds…de patiner à reculons…je veux aussi! »

Je voulais avoir la classe comme lui. Après cela j’allais pouvoir impressionner Hyun Ae. Eh puis je savais que je n’allais jamais être capable de patiner à reculons avant plusieurs heures de pratique. Je devais me forcer pour cacher mon sourire machiavélique que j’avais à cette pensée. Sung Gyu venait de signer un pacte avec le diable. Il allait devoir TOUT m’apprendre! Il ne partirait pas avant cela.

Hye Mi me fait sourire. Bon d’accord ce n’est pas très sympathique de se moquer, mais ce n’est pas méchant. Elle me demande de l’aide et je ne refuse pas. Après tout, le patinage est ma plus grande passion, ce serait stupide de refuser mon aide à quelqu’un. Je conseille à Hye Mi de tenir mon bras si elle ne veut pas faire amie-amie avec la glace froide, une seconde fois. Conseil qu’elle s’empresse de suivre en s’agrippant fermement à mon bras. Cependant, ce n’est pas très judicieux de sa part de s’être autant penchée en avant sans bouger ses pieds. C’est l’une des meilleures façons pour perdre l’équilibre et tomber. Si elle fait un mauvais pas elle risque encore de se retrouver sur le sol. Mon sourire ne me quitte pas. Hye Mi n’est vraiment pas à l’aise sur ses patins et ça me fait gentiment sourire, encore une fois. J’espère qu’elle ne le prendra pas mal. Je prends une de ses mains pour l’attirer vers-moi. Ses patins glissent d’eux-mêmes sur la glace, sans qu’elle n’ait besoin de fournir le moindre effort. J’essaie quand même d’être prudent et de ne pas la brusquer. Vu son équilibre sur des patins, mieux vaut y aller doucement. La distance entre Hye Mi et moi, s’est considérablement réduite, si bien qu’elle se retrouve assez proche de moi, mais cette soudaine proximité ne me gêne pas le moins du monde et je continue de tenir sa main pour lui épargner une chute douloureuse. Croyez-moi, je m’y connais en chute, après environ treize ans de patinage artistique j’en ai pris des gamelles. Elle colle son visage contre mon torse en gémissant qu’elle n’y arrivera jamais. Ce contact physique ne me met pas mal à l’aise, ce n’est pas comme si je risquai d’avoir un comportement déplacé envers elle ou que j’allai essayer de la draguer, juste parce qu’elle a eu le malheur d’être très proche de moi. Pour la simple et bonne raison que j’aime les hommes … Alors Hye Mi n’a pas de souci à se faire. Je relève aussi qu’elle m’appelle oppa. Je fronce les sourcils. Je n’aime pas particulièrement que l’on m’attribue des surnoms, même si celui-ci est très commun et utilisé par presque toute les coréennes … En plus je ne suis pas habitué à être surnommé ainsi, je n’ai jamais eu aucune petite amie qui aurait pu avoir l’occasion de le faire, puisque mon premier amour a été un mec et que depuis je ne suis plus intéressé par les filles. Puis j’ai une grande-sœur, alors c’est surtout moi qui l’appelle noona. Cependant, je n’ai pas le temps de lui faire une quelconque remarque, Hye Mi lâche mon bras et commence à patiner seule. Je voudrai lui dire que ce n’est peut-être pas une bonne idée, mais elle s’étale de tout son long sur la glace froide, avant que je ne puisse prononcer le moindre mot. Je me précipite vers elle.


- Hye Mi ! Ça va ? Tu ferais mieux d’apprendre à tenir en équilibre sur tes patins avant de te lancer seule comme ça ! dis-je d’un ton légèrement agacé.

Dans le fond j’ai surtout eu peur qu’elle se blesse, même si le ton de ma voix ne le laisse pas forcément croire. Elle est inconsciente de partir à l’aventure ainsi alors qu’elle ne sait pas du tout patiner ! Je regarde Hye Mi comme si je venais de voir un extraterrestre. Elle s’allonge sur la glace en se plaignant de tout et rien, je ne comprends pas tout ce qu’elle dit d’ailleurs. Elle m’adresse une grimace, qui je pense est censée me laisser comprendre qu’elle va bien. Ok. Mais c’est quoi tout ce cinéma ? Elle est tombée. Et alors ? Elle se relève et elle recommence. Au pire Hye Mi tombera encore une fois, mais il n’y a qu’en s’entraînant qu’on n’y arrive. Pas en se comportant comme une gosse. Je ne dis rien, mais son comportement m’agace autant qu’il me fait rire. D’ailleurs un rire moqueur s’échappe de mes lèvres. Moqueur, mais en rien méchant. Une moquerie amicale.


- Tu hais le patin ? C’est la première fois, c’est normal que tu tombes ! Tu sais avant d’atteindre le niveau que j’ai actuellement, je m’en suis pris des gamelles et des pires, alors debout ! Tu comptes déjà abandonner ? C’est sûr que si tu laisses tomber si facilement, tu ne vas pas réussir à grand-chose dans la vie … dis-je pour la secouer un peu et qu’elle se relève rapidement.

Je ris de plus belle quand Hye Mi colle son visage sur la glace, avant d’avoir un mouvement de recul. Et ouais … La glace c’est froid. Je ne quitte pas la jeune fille des yeux, j’ai craint pendant quelques secondes qu’elle ne tombe, en se relevant si rapidement. Mais finalement non, Hye Mi tient sur ses deux patins. Il y a du progrès. Je relève les yeux vers elle, face à ses accusations.


- Ah ouais ? C’est de ma faute si tu ne sais pas tenir sur des patins peut-être ? Y’a pas marqué chevalier servant sur mon front, alors trouve quelqu’un d’autre pour te rattraper, si jamais tu tombes encore, dis-je amusé par la situation.

Hye Mi essaie de me frapper avec ses patins, je recule tranquillement pour éviter ses attaques, alors qu’elle avance toute seule sans s’en rendre compte.


- Yah ! Mais c’est que tu es violente, alors que j’ai accepté d’aider le cas désespéré que tu es …

Je rigole, hein ? Mais bon c’est vrai quoi. J’aurais pu lui dire de se dérouiller toute seule et de me fiche la paix, mais j’ai accepté de l’aider. Je m’arrête, en même temps que Hye Mi, surprit par cette soudaine trêve de sa part. Ce sourire qui a pris place sur mon visage, depuis qu’elle m’est tombée dessus tout à l’heure, ne me quitte pas. Au contraire, plus je passe du temps avec Hye Mi plus je ris. Elle me fait rire, à se comporter ainsi. Puis elle n’est pas si nulle, elle vient d’avancer de plusieurs mètres sans le remarquer.


- Euh … D’accord, mais chaque chose en son temps, tu viens à peine de réussir à patiner sans te casser la figure. Tu ne crois pas, que tu brûles un peu les étapes là ? Essaie de repatiner toute seule sans tomber et je verrais si tu mérites de m’avoir comme professeur.

Lui répondis-je d’un ton légèrement hautain en relevant le menton, mais c’est un comportement voulu. Je m’amuse beaucoup finalement avec Hye Mi, les rencontres les plus inattendues, sont parfois les meilleures faut croire. À la base, je voulais venir patiner tranquille avant mon cours, même si j’étais beaucoup trop en avance, et me voilà à rire avec une parfaite inconnue … Comme quoi, les choses ne se déroulent jamais de la façon dont on l’avait prévu …

La température était excellente et c’était une journée ensoleillée. Bref c’était la journée idéale pour menacer un inconnu à coups de patins. Mes petites menaces n’étaient pas très méchantes. Pour preuve, je semblais faire rire mon nouveau prof de patins. Il n’était pas convaincu que c’était de sa faute si j’étais exécrable sur la glace. Utilisant tout mon aegyo possible, j’avais alors gonflé mes joues en faisant un air contrarié pendant qu’il me répondait.

« Ah ouais ? C’est de ma faute si tu ne sais pas tenir sur des patins peut-être ? Y’a pas marqué chevalier servant sur mon front, alors trouve quelqu’un d’autre pour te rattraper, si jamais tu tombes encore »

Je me contentais de faire oui de la tête. Il se devait de me rattraper et si le fait qu’il n’était pas écrit chevalier sur son front était le seul problème, je pouvais très bien arranger ça toute suite! Il ne fallait pas me mettre au défi!

« Yah ! Mais c’est que tu es violent, alors que j’ai accepté d’aider le cas désespéré que tu es …»

Je savais bien sûr qu’il blaguait en me traitant de cas désespéré, mais ça me rendit de mauvaise humeur. Je voulais lui prouver qu’il avait tord! Et comme le hasard faisait bien les choses, je venais tout juste d’avancer de plusieurs mètres sans m’en rendre compte afin d’aller le frapper. Je lui avais donc faite une requête pour qu’il m’apprenne maintenant à faire comme lui. Je voulais être capable de patiner par en arrière.

« Euh … D’accord, mais chaque chose en son temps, tu viens à peine de réussir à patiner sans te casser la figure. Tu ne crois pas, que tu brûles un peu les étapes là ? Essaie de repatiner toute seule sans tomber et je verrais si tu mérites de m’avoir comme professeur »

Chaque chose en son temps? J’étais loin d’être une fille patiente. D’ailleurs je me demande encore ce que je faisais à travailler dans un aéroport. C’est tellement pénible l’attente. Pourquoi il ne voulait pas m’apprendre à patiner vers l’arrière? Ce n’est pas lui qui allait tomber et se faire mal si j’échouais. C’était moi. Un sourire niais sur mon visage se dessina alors que je me disais que c’était peut-être parce qu’il s’inquiétait pour moi. Je riais idiotement pendant que je réalisais ceci en le fixant. Il devait sérieusement se demander pourquoi je riais de la sorte. Je le méritais comme professeur puisqu’il était beau, gentil, adorable doué et charmant. Ça correspondait totalement à ma personnalité époustouflante. Est-ce que je me croyais? Oui un peu trop.

Déterminée à tester mon hypothèse je me suis donc mise à essayer de patiner vers l’arrière pour voir comment Sunggyu allait réagir. Il me laissa faire en me regardant. Je n’arrivais pas très bien à faire quoi que ce soit. Au lieu de reculer, je tournais plutôt en rond autour de moi-même. Je marchais bien plus que je glissais avec mes patins. Ce ne fut donc pas difficile d’arrêter. Je croisai ensuite les bras en chignant que ce qu’il faisait devait être réservé aux dieux. C’était physiquement impossible pour un être humain de patiner. Voilà la théorie finale de mon expérience. Mon hypothèse avait été contrecarrée puisque Sunggyu n’avait pas essayé de m’arrêter. D’un autre côté, je pouvais très bien le comprendre puisque je ne risquais pas de mourir. Si j’étais tombée, la seule chose que je risquais c’était un bleu sur le fessier. Je cédai finalement à l’idée que je devais suivre les conseils de mon nouveau prof, c’est-à-dire, commencer par l’essentiel, apprendre à patiner vers l’avant. En levant les bras comme pour lui dire de partir, je lui demandai de m’oublier et de patiner comme si je n’existais pas. Je voulais prendre exemple sur lui en l’observant. Tel un parfait petit esclave, il m’écouta et se mit à faire le tour de la patinoire. Je restai pour ma part bien au centre en tournant la tête pour le suivre des yeux. Il avait vraiment la classe et ça semblait si naturel pour lui. J’étais jalouse. Il en profita pour m’épater avec quelques petites techniques qu’il maitrisait ce qui me fâcha puisque je souhaitais de tout cœur l’imiter. Je lui tirai la langue quand il regarda dans ma direction, mais c’était un geste plus affectif que de haine.

La seconde d’après, ayant assez observé la technique de Sunggyu, je m’essayai en laissant glisser la première lame de mon pied droit. C’est à cet instant que je me demandai si je n’étais pas gauchère plutôt. Je ne me sentais pas du tout à l’aise. C’est en avançant ensuite le gauche que je compris que j’étais bel et bien droitière et que peut importe le pied, j’allais avoir envie de mourir tellement que je suis attardée mentale sur des patins. J’avais la crainte de retomber et c’est pourquoi après cette tentative, je décidai de rester où j’étais. J’allais abandonner tout espoir, mais une force inattendue me poussa dans le dos ce qui me força à bouger les jambes pour ne pas tomber face première sur la glace. Contre toute attente, je trouvai aisément l’équilibre et mes patins se placèrent parfaitement. Je venais de faire au moins une bonne longueur. Ébahie, je me retournai pour regarder derrière moi. C’était sans surprise Sunggyu qui était le responsable de mon exploit. Il m’avait poussé pour me forcer à ne plus rien penser et agir. La bouche grande ouverte, je lui démontrai bien ma joie d’avoir réussi. Je voulu retenter le tout pour aller le rejoindre. Je me concentrai pour ne penser à rien. Donc je me concentrais à être déconcentrée. Je fermai les yeux alors que je me permis une première avancée vers Sunggyu. C’est seulement lorsque je suis aboutie dans ses bras que je les ouvra pour constater mon progrès. Je me permis néanmoins de prendre appui sur lui pendant que je lui souriais comme pour le remercier de m’avoir aidé.

« Tu sais que ma coloc aurait perdu patience avant toi! Comment peux-tu croire encore en moi, moi qui suis un cas désespéré comme tu as dit! »

Je tirais la langue tout en replaçant mon foulard qui ne couvrait plus très bien mon cou. Je commençais à avoir un peu froid et je proposai donc d’aller s’asseoir sur les bandes de la patinoire questions de prendre une petite pause.

« Et j’ai même des barres tendres et de la soupe dans mon sac. Tu en veux? »

C’était un peu ma façon à moi de le remercier pour sa patience et sa gentillesse. Après tout, il n’était pas obligé de m’aider à ne pas me retrouver avec un plus gros derrière qu’il ne l’est déjà.

En venant à la patinoire tout à l’heure, je n’aurais jamais pensé tomber sur quelqu’un comme Hye Mi … Je ne dis pas ça méchamment, elle est plutôt rigolote comme fille et j’avoue que je rigole bien avec elle. Pour le moment elle me menace à coup de patin en répétant que c’est de ma faute si elle tombe, puisque je suis censé la rattraper et moi je lui ris au nez. Ce n’est pas méchant. Sa façon de se comporter m’amuser c’est tout. Une vraie petite fille capricieuse, je trouve ça drôle, elle n’est pas croyable. Je ne suis pas son chevalier servant et je ne me gêne pas pour le lui faire remarquer. Mademoiselle use des aegyos, mais ce n’est pas comme ça qu’elle me fera craquer … Au contraire. En tout cas Hye Mi à l’air bien décidé à me faire porter le chapeau, pour être aussi maladroite sur la glace. Qu’est-ce que j’y peux moi ? Pas grand-chose … Si elle y met suffisamment du sien elle pourra y arriver, mais elle n’a pas l’air du genre patiente. Il n’empêche, que sans s’en rendre compte elle vient d’avancer de plusieurs mètres, elle n’est pas si nulle que ça. Même si pour rire je dis que son cas est désespéré. Cessant subitement son attaque à coup de patin, elle veut maintenant que je lui apprenne à patiner en arrière. C’est un peu brûler les étapes, non ? Il vaudrait mieux qu’elle soit plus à l’aise que ça sur des patins, avant de se lancer dans le patinage à reculons … Enfin c’est mon avis et j’en fais part à Hye Mi, qui n’a pas l’air très d’accord avec moi. Puis un sourire se dessine sur son visage et pendant une fraction de seconde je me demande ce qu’elle a, à rire toute seule. Au final je n’y prête pas beaucoup d’attention, si elle trouve quelque chose drôle, tant mieux pour elle. Sans prendre en compte ce que je viens de dire, Hye Mi commence à patiner vers l’arrière. Je lève les yeux au ciel. Si je lui de ne pas brûler les étapes, c’est qu’il y a une raison, non ? Je la suis des yeux, sans essayer de l’empêcher de faire ce qu’elle veut. Mademoiselle veut faire la capricieuse, libre à elle. Qu’elle ne vienne pas pleurer si elle tombe, en disant que j’aurais dû la rattraper … Elle n’avait qu’à m’écouter. Je ris un peu face à sa façon de s’y prendre. Ce n’est pas vraiment ce que j’appelle patiner vers l’arrière, disons juste qu’elle marche à reculons. Je ne connais pas Hye Mi depuis longtemps, mais le peu de temps que j’ai passé en sa compagnie, je peux dire qu’elle est têtue, capricieuse, impatiente, mais attachante. Enfin, c’est la première impression que j’ai d’elle et qui n’est pas si mauvaise que ça en soi. Du moins je ne trouve pas.

Hye Mi me fait signe de m’en aller, je ris une dernière fois et je m’exécute. Elle n’est vraiment pas croyable. Il faudrait savoir. Est-ce qu’elle veut apprendre ou non ? Je patine d’abords tranquillement, comme le font la plus part des gens présents ici. Puis remarquant qu’elle m’observe, je décide de la narguer un peu avec quelque petites techniques. Je pense que ça contrariera la jeune fille, mais c’est mon but, j’ai envie de l’embêter un peu. Gentiment bien entendu. Elle me fait rire quand elle est contrariée. D’ailleurs je ne me trompe pas, aussitôt que nos regards se croisent elle me tire la langue. Je m’arrête quand je vois Hye Mi essayer de patiner seule, elle n’a pas l’air très à l’aise, mais je suis sûr qu’elle peut y arriver. Discrètement, en espérant que Hye Mi ne le remarque pas je patine jusqu’à me placer derrière elle. Pourquoi ? Vous allez bientôt le savoir … Je la pousse dans le dos pour la forcer à avancer, ce qui réussit et Hye Mi est partie pour faire une bonne longueur. Elle réfléchit trop quand elle essaie de patiner, ce n’est pas compliqué pourtant. Je réponds au grand sourire de ma nouvelle « élèves », qui a l’air ravie d’avoir réussi. Elle tente de faire demi-tour et de revenir vers moi, mais ce n’est pas encore trop ça. Elle pense trop, qu’elle se laisse juste aller et qu’elle ne se concentre pas trop sur les détails qui ne font que la déconcentrer. Cependant, elle y arrive et bien mieux que la première fois. Ça commence à rentrer il faut croire. Hye Mi finit sa longueur dans mes bras et s’agrippe à moi comme si elle allait de nouveau tomber. Pourtant elle a l’air de mieux tenir sur ses patins que tout à l’heure.


- Tu n’es pas un cas désespéré, la preuve, tu viens d’y arriver ! dis-je avant de lui faire un petit clin d’œil.

Hye Mi en a assez de patiner ou elle a tout simplement froid, elle me propose d’aller s’assoir sur un banc et de manger une collation, histoire de prendre une petite pause bien méritée.


- Avec plaisir, répondis-je simplement, allez viens !

Je la prends par la main, pour l’entrainer à ma suite et rejoindre le bord de la patinoire, afin de quitter la glace et être sur la terre ferme.

C’est fou comme ce n’est pas pratique de marcher sur le sol avec des patins aux pieds … Tout en titubant, nous arrivons enfin à s’assoir sur un banc libre. Hye Mi s’assoit juste à côté de moi et je prends la parole en premier.


- Après on y retourne ! Je t’assure que tu as fait quelques progrès, alors tu ne vas pas abandonner maintenant ?

En fait ce n’est pas vraiment une question … Je compte bien la trainer sur la glace avec tout à l’heure. Puis c’est elle qui voulait apprendre à patiner en arrière. Ce n’est pas en restant passive qu’elle va y arriver. Le tout c’est de recommencer encore et encore, même si c’est long. C’est bien l’une des premières choses que j’ai appris, après tant d’années de patinage et puis de toute façon cette règle n’est pas valable que pour ce sport.


- Alors qu’est-ce que tu penses du patinage après en avoir fait pour la première fois ? demandais-je pour combler un peu le silence, personnellement, la première fois que j’ai eu des patins aux pieds je me suis pris une telle gamelle sur la glace que je ne voulais plus y retourner, ma sœur a été obligé de m’y forcer. Mais je ne lui en veux pas, au contraire, c’est elle qui m’a permis de trouver cette passion.

Je ne sais pas pourquoi je raconte cette petite anecdote à Hye Mi. Je trouve ça amusant. C’est peut-être aussi pour lui montrer que même si c’est très maladroit au début on ne peut que s’améliorer avec un peu de volonté.

Sung Gyu était un garçon charmant et il devait bien m’avoir sauvé la vie plus d’une dizaine de fois aujourd’hui, mais c’était à mon tour d’être gentille et adorable. C’est pourquoi j’avais eu l’idée de lui proposer de se prendre un snack. De plus, pour être franche, mes chevilles commençaient à me bruler. Je ne devais pas avoir choisi les meilleurs patins qui se font sur le marché décidemment. Une pause était donc de rigueur. Heureusement pour moi, mon nouveau prof de patin improvisé accepta l’idée. Voyant qu’il me tendait la main, je la mis dans la sienne avant de donner un petit coup de patin pour m’élancer vers la bande de la patinoire. Avant de poser le pied hors de la glace, je n’oubliai pas de mettre mes protèges lames adéquatement, puis je me penchai pour ramasser mon sac à dos qui trainait à terre. À l’intérieur, il y avait le nécessaire de survie tel que des mouchoirs, une grande couverture, un appareil photo, mais surtout notre petit repas bien mérité!

Si je trouvais qu’il était difficile de se tenir bien droite avec des patins sur la glace, j’étais loin de me douter que c’était autant plus difficile une fois sur la terre ferme. Non mais sérieusement qui avait eut cette idée. Et pourquoi ne pas avoir fait deux lames, ça aurait été plus solide. Néanmoins, après avoir titubé jusqu’au banc non loin de là, je me laissai tomber dessus avant de me rappeler que j’avais mal au derrière. Je détestais la glace. Tandis que j’étais en train de me dire que j’allais avoir atrocement mal demain matin, Sung Gyu me sortit de mes pensées lorsqu’il prit la parole. Je me tournai alors vers lui pour l’écouter parler.

« Après on y retourne ! Je t’assure que tu as fait quelques progrès, alors tu ne vas pas abandonner maintenant ? »

« On on y retourne? » avais-je répondu en bégayant

Il voulait y retourner? Mais ça faisait déjà presqu’une heure qu’on y était. Il était fou. Il avait vraiment envie de remettre ça dans quelques minutes? Il était bien déterminé mon dieu. Dans ma tête, je me disais qu’il avait sans doute tord et que je n’aurais pas fait de progrès. Ce n’était pas naturel chez-moi le patin. C’était à mes yeux plus difficile que de devoir apprendre une chorégraphie de SHINee. Je le regardai avec un air piteux comme pour mieux le convaincre de changer d’avis. Je ne voulais pas avoir un derrière aussi large que la grande muraille que chine demain à mon réveil. Cependant, même avec mes yeux adorables, Sung Gyu ne succomba pas à mon charme et je le laissai indifférent. Mon aegyo ne fonctionnait même pas sur lui. C’était anormal! Ça fonctionnait sur tous les hommes!

« Alors qu’est-ce que tu penses du patinage après en avoir fait pour la première fois ? Personnellement, la première fois que j’ai eu des patins aux pieds je me suis pris une telle gamelle sur la glace que je ne voulais plus y retourner, ma sœur a été obligé de m’y forcer. Mais je ne lui en veux pas, au contraire, c’est elle qui m’a permis de trouver cette passion. »

Mettant l’index sur ma bouche en levant les yeux au ciel, je me suis mise à réfléchir à ma réponse. Est-ce que j’aimais le patin? Eh bien si je mettais de côté tout l’aspect douloureux et enrageant, je devais avouer que de sentir l’air s’engouffrer dans mes cheveux comme si j’étais une star et que d’être en compagnie de Sung Gyu était assez plaisant. J’adorais même. Il aurait juste fallu que j’aie un talent naturel et ça serait devenu un de mes passe-temps favoris.

Malgré tout, je devais avouer que la petite confession de Sung Gyu me rassurait. Il avait dû tomber plusieurs fois avant de savoir patiner aussi bien. Je tournai la tête pour fixer la patinoire en me demandant si je devais y retourner ou pas. Ne voulant pas prendre de décision toute suite, je bougeai soudainement pour récupérer mon sac et ouvrir la fermeture éclair. J’en sorti le sandwich coupé en deux avant d’en tendre une première moitié à mon nouvel ami. Je lui souris en lui donnant tout en lui demandant s’il voulait de l’eau. Oui oui j’étais très bien équipée. Je sortis par la suite un petit sac transparent qui contenait des légumes coupés. Quoi de mieux pour nous donner la force de continuer sa journée! Je croquai à pleines dents dans le cèleri en me disant que j’allais avoir de l’énergie pour faire des kilomètres et des kilomètres de patins après. Tout en faisant des petits bruits pour exprimer ma bonne humeur, je me tournai finalement vers Sung Gyu.

« Tu aimes les sandwich au moins? Je suis bête je ne te l’ai même pas demandé! »

Je lui montrai que j’avais des barres tendres et des petits gâteaux s’il préférait, mais il ne semblait pas être un difficile. Mangeait-il un peu de tout? Mine de rien, je ne voulais pas qu’il me trouve déplaisante. Est-ce que j’essayais de lui plaire? Inconsciemment oui, mais je refusais de me l’avouer. Peur de m’attacher inutilement à quelqu’un? Eh oui c’était bien ça. Mais rien ne m’empêchait de me faire des amis. À cette pensée j’eus un sourire ridicule. Pour Sung Gyu, je devais avoir l’air idiote de sourire sans raison et de battre ainsi des pieds sur le sol, mais depuis quand que je me préoccupais des la perception des autres?!

En terminant mon sandwich, je sortie de mon sac à dos la petite étui qui protégeait mon appareil photo. Ce dernier était assez modeste. Le genre qu’on achète dans n’importe quel magasin, mais il avait le mérite de faire de belles photos et de pouvoir se trainer dans n’importe quel show de mes idoles préférées sans risquer de pleurer sa perte. Je le montrai à mon professeur ebluet un clin d’œil.

« Ça te dit de devenir mon modèle? »

je tirai la langue et j’appuyai sur power. J’étirai le bras qui tenait l’appareil photo et je me collai sur Sung Gyu sans demander réellement son avis. Et clic, j’avais maintenant une adorable photo en mémoire. Comme d’habitude, j’avais usé de mon aegyo et j’étais assez fière du résultat. Le grand patineur était aussi très photogénique. En pointant la glace, je lui proposai d’y aller et que j’en prendrais quelques photos avant de venir le rejoindre. Après tout, c’était le premier jour que je patinais. Il fallait mémoriser ça à coups de clichés. De plus, c’était aussi le premier jour d’une longue amitié, du moins je l’espérais.

Hye Mi me propose une petite pause bien méritée. Ça nous fera du bien à tous les deux. Mais je suis bien décidé à la traîner avec moi pour y retourner ! Ça fait presque une heure que nous y sommes, et alors ? Je pourrais passer ma journée sur la glace, même si je finirai par m’épuiser, la patinoire c’est comme ma seconde maison. Passé tout mon temps libre à patiner, ça me plait. Parfois je reste après mon cours, pour pouvoir m’entrainer encore un peu, ma prof n’est pas vraiment pour, mais à chaque fois je lui jure que je ne resterai que quelques minutes de plus pour perfectionner une figure. Au final, une bonne heure plus tard après qu’elle ait finit tout ce qu’elle doit faire à la patinoire, j’y suis encore et elle est obligé de me déloger. En plus je peux venir quand je veux, j’ai les clés, héhé, c’est cool d’être le chouchou de la prof parfois … Enfin, les cours son individuels, voire en duo, donc je ne peux pas vraiment savoir, mais je sais qu’elle ne confie pas un accès libre à la patinoire à n’importe lequel de ses élèves. Mme. Shin me répète sans cesse que ce n’est pas en m’épuisant que j’y arriverai mieux. Sans doute, mais je suis perfectionniste et j’aime que les choses soient bien faites, enfin quand ça me plait surtout. Je sais que la perfection est impossible à atteindre, je l’ai compris il y a bien longtemps, pourtant c’est toujours après elle que je cours. Surtout en patin et en dessin, car j’ai aussi compris qu’avec beaucoup de travail, on peut donner l’illusion que tout est parfait. Tout ça pour dire que je serais bien resté un peu plus longtemps sur la glace, mais je suis Hye Mi quand même. Je lui tends la main, pour l’aider à rejoindre le bord sans encombre et qu’elle ne se retrouve pas encore par terre. Je ne sais pas combien de fois je l’ai empêché de tomber, mais bon … Je n’ai pas refusé de l’aider, alors je n’ai pas à me plaindre et je ne le ferai pas. Elle a l’air d’être une fille cool, je ne regrette pas d’avoir fait sa connaissance, peut-être que c’est le début d’une amitié, qui sait. De toute façon entre nous ça ne pourra pas aller plus lion. Ce n’est pas contre elle, je ne suis juste pas attiré par les filles. Elles me laissent toutes indifférent.

C’est franchement galère de marcher sur la terre ferme avec des patins aux pieds, mais nous arrivons près des bancs en un seul morceau et je prends place à côté de Hye Mi. C’est à ce moment que je lui fais part de mon envie de retourner patiner tout à l’heure. Prétextant qu’elle a fait des progrès et ce n’est pas un mensonge, je suis sûr qu’elle peut y arriver. Hye Mi n’a pas l’air emballée … Enfin c’est ce que me laisse croire le ton de sa voix et l’expression de son visage.


- Oui. Enfin si tu en as envie. Je pourrais passer ma vie ici, mais je comprendrai que tu n’aimes pas patiner et que tu préfères arrêter, dis-je avec un petit sourire.

Je ne veux pas la forcer non plus. C’est ma passion alors c’est normal que je sois si enthousiaste, mais ce n’est pas le cas de Hye Mi. C’est quoi cet air de chien battu qu’elle me fait là ? Si elle croit me faire changer d’avis. Oui, j’ai dit que je ne la forcerai pas, mais j’espère qu’elle acceptera de continuer de patiner avec moi. Je reste impassible face à son aegyo et j’ajoute dans un dernier espoir de la convaincre :


- Allez ! Ça va être drôle ! Je pensais que tu étais une fille plus déterminée.

Puis passant un peu du coq à l’âne, je lui demande si elle aime le patinage, tout évoquant une petite anecdote, le regard perdu dans le vide. Si Na Eun n’avait pas été là, le patinage serait pour moi une chose comme une autre, une activité banale, alors que maintenant c’est une partie de ma vie. Une énorme partie de ma vie … Elle hoche légèrement la tête et un grand sourire se dessine sur mes lèvres. Ça peut paraître stupide, mais j’adore quand quelqu’un me confie aimer le patinage. Je ne sais pas, je suis content, un peu fier aussi.

Hye Mi me tend un bout de sandwich et je réponds en acquiesçant d’un signe de tête, avant de glisser un « s’il te plait ». De l’eau ne serait pas de refus, j’ai la gorge toute sèche. Mon ventre cri un peu famine, heureusement que Hye Mi est là je n’ai absolument rien à manger dans mon sac, que j’ai laissé dans un casier dans le hall de la patinoire. J’aurai très bien pu m’acheter une collation, mais comme Hye Mi me l’a proposé, je n’ai pas refusé.


- Non, ne t’inquiètes pas, je ne suis pas difficile sur la nourriture.

Un vrai estomac sur patte ouais … Mais je m’assume et j’ai tendance à ne pas prendre un gramme, que ce soit en muscle ou en graisse, alors je me le permets … Je mange mon morceau de sandwich avec appétit. Et puis c’est gentil de sa part d’accepter de partager avec moi, je ne vais pas en plus faire le compliqué. J’aurais pu, mais je suis chiant qu’avec les personnes que je n’aime pas, Hye Mi n’en fait pas partie, je la connais peu, mais je l’apprécie déjà je crois. À je finis la dernière bouchée de ma collation, qu’elle sort un petit appareil photo. Je ne suis pas super fan des photos, mais parfois ça peut être amusant. En fait prendre et être pris en photo ne me dérange pas. Le fait de les garder empilé dans des dizaines d’albums comme ma mère le fait, un peu plus … Elle me dit toujours que je serai bien content d’avoir des souvenirs plus tard. Elle n’a sans doute pas tort, mais je ne sais pas … J’ai un peu de mal à garder des piles de photos qui prennent la poussière. Je laisse Hye Mi prendre une photo et j’offre mon plus beau sourire à l’objectif.


- Ok, allons-y ! Mais après tu me rejoins sur la glace ! Je te préviens tu ne vas pas t’en sortir comme ça, même si je dois te porter comme un sac à patate pour t’amener sur la glace, ok ?

Puis un petit rire s’échappe de mes lèvres. Je suis bien capable de le faire, mais ce serait plus un geste digne d’un grand frère qui embête sa petit sœur, tiens d’ailleurs, je ne sais
pas si Hye Mi est ma noona ou moi son oppa, mais ce n’est sans doute pas important.

- Tu verras avec moi comme professeur, tu deviendras une super patineuse, dis-je avec une petite moue.

Je passe un bras derrière ses épaules pour retourner près de la patinoire, mais je percute un peu tard que ce geste peut être mal perçue par Hye Mi, pour moi il n’y a aucune confusion, mais … Je retire alors mon bras, je ne voudrais pas que ça la gêne ou quoique ce soit.

J’étais contente d’avoir trouvé un gars qui allait pouvoir m’apprendre comment patiner. J’étais aussi heureuse d’avoir rencontré un homme qui acceptait de manger à peu près tout. Bon je ne lui avais proposé qu’un sandwich, mais quand même, c’était un sandwich fait par mes mains. Qu’est-ce qui lui disait que je ne l’avais pas empoisonné? Il était courageux, je devais bien l’admettre! Et la cerise sur le sundae c’était qu’il n’avait pas de bague au doigt. J’avais donc le droit de m’en approcher. Après tout je n’étais pas comme Yeon Hee qui prenait un malin plaisir à finir dans les lits des hommes mariés. Et puis après un bref coup d’œil je pouvais confirmer que Sung Gyu n’était pas une femme déguisée en homme. Tous mes critères étaient donc respectés.

Et puis j’allais pouvoir essayer, je dis bien essayer, de rendre Hyun Ae jalouse. Maintenant que j’avais une photo de lui j’allais pouvoir montrer comment j’avais passé ma journée et Hyun Ae n’allait pas avoir le choix d’être heureuse pour moi sinon j’allais être triste et m’enfermer dans ma chambre en pleurant et en regardant des manga sur mon ordinateur portable sur mes genoux dans mon lit avec un bol de popcorn et de crème glacée à portée de main pour grossir car de toute façon ma vie se résumerait à ça.

Mon complot d’une vie de merde aurait pu continuer longtemps si Sung Gyu ne m’avait pas sortie de mes pensées noires. Il me proposa de retourner sur la glace voyant que nous avions tous les deux terminé de manger. Tel que convenu, il acceptait d’aller sur la patinoire, mais je devais promettre de venir le rejoindre après avoir pris les photos que je voulais. Je lui fis mon air adorable pour le convaincre que j’allais être fidèle à ma parole et qu’il pouvait me faire confiance. J’étais un ange après tout! Il souligna néanmoins le fait qu’il serait capable d’aller me chercher et de m’y trainer telle une poche de patate sur son dos. J’eus un regard apeuré en me disant que j’étais mieux d’être sage. La dernière menace de Sung Gyu le fit rire et il rajouta :

« Tu verras avec moi comme professeur, tu deviendras une super patineuse »

Tandis qu’il passa son bras autour de ses épaules pour m’inciter à le suivre sur la patinoire, mes yeux se baladaient dans tous les sens. Je le regardai lui d’abord avant de fixer le reste de nourriture près de mon sac en faisant pratiquement un 180 degré avec ma tête vers l’arrière. Et si je mangeais au point qu’il ne pourrait plus me soulever? Je retournai vivement ma tête en direction de ma nouvelle connaissance pour essayer de juger à travers son manteau sa force musculaire. Humm un bon 100kg devrait être suffisant pour qu’il ne soit pas apte à me soulever et me porter sur son dos. Il enleva finalement son bras alors que nous étions tout près des bandes. Je le vis poser sa lame sur la glace et déjà la seconde d’après il était à des mètres et des mètres du bord. J’aurais voulu qu’il garde son bras autour de moi. C’était réchauffant.

Sans plus attendre, je sortis à nouveau mon appareil photo et je l’allumai pour m’amuser à prendre quelques photos. Je n’avais aucun talent dans le domaine. C’était bien amateur tout ça. Je n’y connaissais rien pour tout avouer, mais j’étais quand même en mesure de prendre quelqu’un en mouvement. Et comme si Sung Gyu l’avait deviné, il sembla ralentir sa vitesse alors qu’il s’amusait à faire le tour. Je pris plusieurs bons clichés avant de décider que ça manquait de Hye Mi sur tout ça. J’ouvris donc la porte qui donnait sur la glace et je patinai prudemment jusqu’au centre. Une fois rendue, je me suis étendue sur le sol pour mémoriser mon visage de folle en vue aérienne. Quand Sung Gyu passait derrière moi, j’essayais de le prendre avec ma grosse face dans le cadre. Je n’étais pas douée pour des selca! J’abandonnai donc l’idée et je dû me faire à mon triste sort : je devais me remettre au patin. Au moins, j’avais plusieurs bons souvenirs de ma première journée de patins et qui allaient finir directement sur mon mur de chambre à l’appartement.

Prenant mon courage à deux mains, je me suis mise sur mes patins et j’ai tenté d’aller retrouver Sung Gyu. Il n’avait pas à dire, il patinait bien plus vite que moi. Toutefois, je pouvais me vanter d’avoir fait d’énormes progrès comparativement à mon premier coup de patin il y a de cela 1heure. Et puis je devais tout ça à mon fabuleux professeur. J’arrivai même à prendre Sung Gyu par surprise. Arrivant derrière lui, il semblait avoir oublié mon existence. Je l’avais alors entouré la taille de mes deux bras avant de me laisser porter par son élan. Il n’avait pas pris de temps à s’arrêter complètement pour me regarder d’un mauvais œil. Quoi, je pouvais bien profiter du fait qu’il me tirait un peu avant d’essayer à nouveau? Je trouvai néanmoins une meilleure excuse.

« Je voulais voir si tu étais assez puissant des jambes pour patiner tout en me trainant » dis-je en ricanant adorablement.

Il ne l’entendait pas ainsi et je ne pu pas m’accrocher encore à sa taille. J’allais devoir patiner grâce à moi seule. Chose que je fis durant plusieurs mètres voir des kilomètres additionnés de longueur. Cependant, une fille ça avait ses limites. Mes chevilles n’en pouvaient plus. Ce n’était pas les meilleurs patins de la planète que j’avais et une douce impression me faisait croire que j’étais en train de m’arracher de la peau. Peu importe ça chauffait. Je m’étais arrêtée si soudainement de patiner que ça attira l’attention de Sung Gyu. Il devait penser que je m’étais fait très mal ou quelque chose, mais il n’en était rien. J’étais juste épuisée. Je n’avais pas l’habitude de faire du sport aussi longtemps! Bientôt, en voyant Sung Gyu devant moi, mon visage changea d’expression et idiotement, je me suis mise à sourire.

« FINI POUR AUJOURD’HUI! »

J’avais annoncé le tout en frappant un bon coup mes deux mains ensemble. Rien ne m’empêchait de revenir les autres jours, mais pour l’instant je pense que c’était inutile que je m’entête à continuer. Mes pieds étaient en compote. Je n’avais qu’à dire à Sung Gyu de revenir pour me motiver. J’étais convaincue qu’il voudrait bien répéter l’activité. Et puis lui il devait venir très souvent sur la glace d’Ulsan.

« Tu viens souvent? Parce que je crois que je ne pourrais jamais m’améliorer si tu n’es pas là. Tu habites proche d’ici? Je suis dans le quartier étudiant. Tu sais là où les appartements sont très petits mais ô combien accueillants! On pourrait recommencer tu crois? Tu travailles ou bien tu es encore aux études? Au fait je ne t’ai jamais demandé ton âge. Tu as souvent des temps libres? »

Tous plein de questions auxquelles Sung Gyu ne serait sûrement pas en mesure de répondre tellement que j’avais parlé rapidement. Avait-il seulement compris les mots que je venais de prononcer? Peu importe, après avoir parlé trop vite, je sortis mon cellulaire pour lui tendre sans ouvrir la bouche cette fois. Je crois que c’était évident que je voulais son numéro. Avais-je besoin de le dire clairement?

Spoiler:

Je ne peux pas nier avoir passé un bon moment en compagnie de Hye Mi. Ce n’était pas une rencontre attendu, mais je ne regrette pas. Au moins ça a fait passer le temps avant mon cours de patin et puis Hye Mi n’est pas désagréable. Nous faisons une pause bien méritée et j’accepte volontiers le sandwich qu’elle me tend. Ce n’est pas de refus au contraire, je ferais moi-même mieux d’arrêter de patiner jusqu’à mon cours sinon je vais être fatigué, mais c’est plus fort que moi. Je demande à Hye Mi que nous y retournions après notre petit casse-croute. Le silence s’installe un petit peu et c’est à ce moment que je demande à Hye Mi d’y retourner après. Elle veut prendre des photos, ok, mais après elle me rejoint ! Je la menace même de la mettre sur la glace en la porter comme un sac à patate, bien sûr c’est pour rire, mais j’en serais capable ! Elle n’a pas bien lourde, malgré les apparences j’ai un peu de force, après tout pour le patin je n’ai pas vraiment le choix. La plus part du temps je patine seul, mais pour certaine compétition c’est en duo et inévitablement il y a des portés. Alors, même si physiquement j’ai l’air tout frêle et maigre, il ne faut pas s’arrêter aux apparences. Bon après les patineuses son réputé pour être très légère, comme les danseuses et ce n’est pas un mensonge, mais elles n’ont pas la peau sur les os non plus. Je la rassure en ajoutant qu’avec moi comme professeur elle ne fera que des progrès. Je ne me vante pas, c’est une plaisanterie. Puis j’entraine Hye Mi sur la glace en plaçant un bras derrière ses épaules.

À peine ai-je posé un pied sur la glace, que je pars déjà faire le tour de la patinoire. J’aime tellement être sur la glace. C’est mon élément … J’essaie de ne pas aller trop vite, si Hye Mi veut prendre des photos, mais j’aime aller vite sur des patins, quand il y a du monde c’est galère, mais là, la patinoire commence à se vider. Je ralentis quand même un peu, pour laisser Hye Mi prendre autant de photos qu’elle voudra. J’observe Hye Mi qui avance prudemment sur la glace, ravie de voir qu’elle a tenu parole et qu’elle me rejoint. Eh la petite profiteuse, je ne l’avais pas vu venir en plus. Elle s’accroche à ma taille pour que je la traîne et qu’elle ne fasse pas l’effort de patiner d’elle-même. Je souris et je la pousse légèrement, pour que Hye Mi patine toute seule. Elle a fait des progrès, pourquoi elle n’en profite pas ? Elle s’arrête subitement et je me retourne. Sur le coup j’ai peur qu’elle se soit fait mal, alors je fais demi-tour et je patine jusqu’à être près de Hye Mi, qui se met à sourire. Je comprends alors qu’elle n’est pas du tout blessée. Si j’ai bien compris elle en a marre, bien. Arrêtons pour aujourd’hui, même si je recommencerai bientôt puisque j’ai un cours en fin de journée. Hye Mi commence à me harceler de questions, alors que je la suis pour que nous regagnions le bord de la patinoire. Je galère un peu a tout comprendre tellement elle parle vite, mais je vais tenter de lui répondre.


- Oui, je viens souvent. Je prends des cours quatre fois par semaine, mais quand je peux je viens presque tous les jours, la patinoire c’est ma deuxième maison. Avec plaisir ! On remet ça quand tu veux ! Et pour répondre à ta dernière question, je suis encore à l’étude, je n’ai pas envie de travailler pour le moment, je veux pouvoir me concentrer sur mes études et mes passions.

Je suis sûr que j’ai oublié certaines de ses questions, mais Hye Mi a parlé à un tel débit, que je n’ai pas tout bien compris. Tant pis. Ce serait avec plaisir que je reviendrai patiner avec elle, je me suis bien amusé en sa compagnie et si elle veut revenir c’est qu’elle a aimé, non ? Rien, que le fait de savoir qu’elle apprécie, même un tout petit peu, le patin à glace me fait plaisir. C’est pour cela que je ne lui dit pas non pour recommencer.

Nous échangeons nos numéros de téléphones, c’est plus pratique si on veut se contacter pour remettre cette après-midi patinage un autre jour. J’avais raison finalement, peut-être que cette rencontre à la patinoire créera une amitié en Hye Mi et moi. Je ne serais pas mécontent de la compter parmi mes amis, je la connais peu, mais je l’apprécie déjà. J’accompagne Hye Mi jusqu’au bord de la patinoire.


- Je te laisse ici, moi je dois rester, car j’ai un cours dans une heure et demie, j’aime bien venir à l’avance quand je peux, comme ça je patine plus longtemps.

C’est vrai que dès que je peux venir plus tôt, même si je dois patienter une heure ou deux l’heure de mon cours, je le fais parce que passer tout mon temps sur la glace ça me plait. J’adresse un dernier sourire à Hye Mi et je la laisse partir, avant de lancer un dernier « à bientôt ».


Fin ♥



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