Ma meilleure amie avait l’air aussi rayonnante de joie que moi! La personnalité enjouée de Stephany avait déteint sur moi dans les dernières années. J’avais toujours eu une personnalité plus effacée, mais la joie de vivre de mon amie m’avait emmenée à m’extérioriser avec le temps. C’était une très bonne chose qu’elle soit entrée dans ma vie et je ne regrettais pas une seule seconde de l’avoir rencontrée.

Elle m’aida à porter mon sac jusqu’à la cuisine où je déposai tout ce que j’avais apporté sur le comptoir. Steph commenta que mes cupcakes sentaient bon et je souris de toutes mes dents quand elle continua en disant qu’ils avaient l’air réussi.

- Ils sont réussis! Tu ne trouves pas qu’ils sont beaux? Je suis certaine qu’ils sont bons aussi. Je suis super fière de moi!

Je fis comme chez moi et ne demandai pas la permission à mon amie pour sortir deux grandes assiettes d’une armoire afin d’y disposer les jolis petits cupcakes blancs et bruns qui, en effet, avaient l’air réussi et délicieux!

- On va faire des cupackes multicolores comme pour un afternoon tea ! Tu voudrais un peu de thé déjà maintenant ? Ou autre chose ?

L’enthousiasme de ma meilleure amie était partagé à 100% et j’étais contente qu’elle prenne autant de plaisir à mon activité que moi.

- Oh oui du thé! J’en prendrais bien un au citron, s’il te plait, si tu en as.

Stephy noua son tablier et me demanda si elle mettait de la musique. J’approuvai son idée et la laissai mettre la musique pendant que je prenais des bols dans une armoire pour y séparer le glaçage. Pour ma part, je voulais commencer par un cupcake au chocolat avec un joli glaçage rose dragée. Un seule goutte de colorant rose dans un crémage blanc lui donnai une jolie teinte de rose doux et je trouvais que cela s’agençait très bien avec un petit gâteau au chocolat. Je pris un couteau et un cupcake. J’étais prête à m’être le glaçage, mais c’était la première fois que je faisais ça et je devais tout d’abord analyser la situation. Je ne savais pas trop comment procéder. Je décidai donc de consulter mon amie.

- T’as une technique de glaçage, toi? Je n’ai aucune idée de comment m’y prendre, ai-je avoué.

Je me décidai toutefois à y aller comme je le sentais, en suivant mon instinct très peu développé au niveau de la cuisine. Je pris du glaçage sur mon couteau et tentai tant bien que mal de glacer mon cupcake. Je fis tourner le petit gâteau entre mes doigts pour essayer d’étendre du mieux que je pouvais le glaçage. Sincèrement, le résultat n’était pas fameux. Je le déposai sur la table et le regardai d’un air suspicieux.

- Ouais ben je suis vraiment pas douée! Ai-je déclaré en riant.

Peut-être qu’il manquait de décoration? Je saisis une boîte de petites étoiles multicolores décoratives et en saupoudrai un peu sur mon cupcake.

- C’est mieux comme ça, non?! Et puis tant pis, il va être bon quand même!

Je ne perdis pas le sourire pour autant. C’était le premier petit gâteau que je décorais dans ma vie! Je me laissais une chance d’apprendre et de m’améliorer. Ça m’aurait étonné aussi que je sois super habile pour décorer des cupcakes. Je déposai mon couteau et poussai un bol de glaçage blanc vers mon amie.

- Allez, c’est ton tour!

Quand j’étais avec Stephany, je ne pouvais qu’être heureuse. Cet après-midi en compagnie de ma meilleure amie me confirmait encore une fois que sa présence dans ma vie m’était indispensable. Je n’avais pas eu une enfance et une adolescence des plus joyeuses. En fait, Steph en savait tous les détails et c’était loin d’être rose. Pourtant, j’avais réussi à me refaire une vie, ici à Ulsan, et c’était en grande partie grâce à elle que je me sentais aussi heureuse. Malgré notre différence d’âge, ma pétillante dongsaeng était devenue une amie proche en qui j’avais pleinement confiance. Son sourire et sa présence étaient devenus essentiels à ma vie. Je la regardai verser mon thé au citron en me demandant comment aurait été ma vie à Ulsan si je ne l’avais pas rencontrée. Je passerais mes journées chez moi probablement, à ruminer sur mon passé. Avec elle, il n’était pas question de se plaindre. Nous parlions souvent de nos vies respectives, elle de son frère, moi du mien et de mes parents, mais nous étions présente pour supporter l’autre et lui remonter le moral, principalement en lui changeant les idées. Je n’aimais pas la voir triste et je ne voulais pas qu’elle se laisse abattre par les tristes événements de sa vie.

- Tiens, goûte pour voir s'il n'est pas trop chaud.

Je la remerciai pour le thé et prit la coupelle entre mes mains. Juste au toucher, je savais que ça allait être trop chaud. Je redéposai la tasse sur le comptoir pour la reprendre plus tard. J’avais envie d’avoir des sensations dans les papilles gustatives. Je ne voulais pas gâcher le goût de mes cupcakes en me brûlant la langue!

D’ailleurs, ses cupcakes, je devais les glacer. Ma première tentative ne fut pas fameuse. J’étais loin d’être une artiste dans le domaine. Steph m’avait complimenté sur mes magnifiques cupcakes et j’étais heureuse qu’elle les trouve aussi réussis que moi, mais la cuisine était un domaine dans lequel j’étais plutôt douée. C’était dû aux nombreuses années où j’avais vécu seule avec mon père et que j’avais été obligée de cuisiner pour lui, soirs et matins. J’avais développé des compétences en cuisine, malgré mon faible intérêt pour la chose. J’en étais toutefois reconnaissante maintenant que je devais me nourrir car j’habitais toute seule. Je pouvais me cuisiner des trucs vraiment délicieux! Côté présentation des aliments par contre, j’avais des lacunes. Le tout se voyait facilement sur le petit gâteau que je venais de glacer. Ce n’était pas très beau. Délicieux, sans doute! Mais pas joli à regarder. Ma meilleure éclata de rire, ce qui me confirma que j’avais raté mon glaçage, chose que je savais déjà. De toute façon, je n’avais pas l’intention de faire une galerie d’art avec mes cupcakes et de les exposer. L’important pour moi, c’était qu’ils soient bons dans ma bouche.

Je regardai mon amie se déplacer et prendre une douille dans une armoire. Je n’avais pas pensé à ça. Ce devait, en effet, être plus efficace qu’un couteau. Stephany goûta ensuite au crémage et j’attendis sa réaction.

- Mmmmmh ! Tu l'as super bien réussi ! Un délice ! Je suis jalouse.

Je ne faisais pas souvent de pâtisseries, mais mon amie adorait le sucre et devrait être connaisseuse en la matière. Si elle disait que c’était un délice, ce devait être vrai. De ce côté, je m’en remettais à son jugement et je la remerciai pour le compliment. Mon amie mit du glaçage dans la douille et la pressa délicatement pour qu’il en sorte au bout. Je m’accoudai sur le comptoir pour la regarder faire attentivement.

- L'important avec la douille, c'est de pouvoir doser.

J’observais ces mouvements et, en effet, elle arrivait à mettre exactement la bonne quantité de glaçage. Ses mouvements étaient doux et le glaçage se déposait en un joli motif sur le dessus du gâteau. Je voulais être aussi douée! Quand elle finit, j’admirai son œuvre avec une moue un peu jalouse et à la fois fascinée par le talent de mon amie.

- Définitivement, c’est toi l’artiste entre nous deux!

J’aurais pu prendre la douille et tenter à mon tour de faire comme elle venait de me montrer, mais je n’étais pas certaine d’avoir bien assimiler la technique. Je pris donc un deuxième cupcake et le posai devant elle avant de lui demande de le refaire encore. J’étais persuadée d’être nulle et je devais revoir encore comment elle faisait pour imiter sa technique. Lorsque son gâteau fut glacé lui aussi, je rassemblai mon courage pour en faire de même… Comme si ça prenait une tonne de courage pour glacer un gâteau! J’avais quand même un petit côté perfectionniste et quand je savais que j’avais quelque chose à améliorer, j’essayais de le faire. Glacer un gâteau n’était clairement pas essentiel à ma vie, mais j’avais l’occasion de me pratique et d’apprendre.

Je pris la douille dans une main et le cupcake dans l’autre. Tout en pesant doucement sur la douille, je fis tourner le gâteau pour former une jolie spirale de glaçage. Mes mouvements n’étaient pas aussi délicats que ceux de mon amie, mais je n’étais pas un cas perdu. Au final, mon petit gâteau avait des parties de glaçage plus épaisses que d’autres. Le tout était assez inégal, mais pour une première fois, je jugeais que je ne m’en sortais pas trop mal! Je plaçai ce gâteau dans mon assiette réservée à mes cupcakes prêts à être mangés au côté de celui au glaçage moche fait au couteau. J’allais sûrement oublier qu’ils étaient moches quand ç’allait être l’heure de la dégustation. En attendant, je rendis la douille à Stephany.

- Tu peux en faire un autre pendant que je prépare une autre couleur de glaçage.

Cette fois, j’avais envie de violet. Je mélangeai le glaçage, une goutte de bleu et une goute de rouge. Quand j’eus fini de préparer ma couleur Stephany avait presque terminé de glacer son gâteau. Je l’observai encore une fois. Elle était concentrée sur ce qu’elle faisait. Je pris une gorgée de thé qui était à la parfaite température. Quand mon amie termina son cupcake, je regardai les miens pour les comparer.

- Quand est-ce que tu as appris à faire ça?

J’étais curieuse. Je me demandais si c’était un talent naturel chez ma meilleure amie. Ce n’était pas inné chez moi, en tout cas. Si, un jour, j’arrivais à bien glacer un gâteau, j’allais pouvoir dire que c’était elle qui m’avait appris!