Une fois ma cavalière assise sur la table, je m’assieds aussi. Elle faisait un peu la moue et elle croisa les bras.

« Je ne suis pas contente », me dit-elle.

Ça je m’en doutais bien à la regarder. J’haussai les épaules. Je ne pouvais pas faire grand chose. Je n’étais pas magicien et je ne pouvais pas faire apparaître de tunnel ou de porte que je ferais ensuite disparaître une fois à l’intérieur. Elle gémit un peu de complainte et elle m’affirma qu’elle trouvait mon école non accueillante. Je souris. Je me passai la main dans les cheveux. Les fenêtres étaient toutes barrées au premier étage. Nous n’avions pas moyen de monter par le 2e étage…Je ne voyais vraiment pas comment on allait pouvoir entrer. Soon Mi me surpris en encore.

« Les gardiens pourraient nous laisser passer! »

Étrangement, je trouvais cette remarque plutôt faisable, mais ça demandait de la minutie. Non. Il était certain qu’ils nous verraient passer…Et on ne dupe pas des gars comme ça de la sorte. Je fis cette remarque à Soon Mi qui se mit à réfléchir, du moins je suppose, avec le doigt sur ses lèvres. Je trouvai cela cocasse, mais je n’eus le temps de pousser ma remarque plus loin qu’elle poursuivait.

« Je n’ai qu’à passer quand tu vas aller les divertir et détourner leur regards. Toi eh bien tu viendras me rejoindre quand tu auras trouvé comment…humm non non non, toi tu connais l’école! Je dévie l’attention des gardes de sécurité et tu viens m’ouvrir une porte après! »

Je doutai sincèrement de la fonctionnalité de la chose. Puis tout cela pouvait planter. Nous allions nous faire prendre et passer le reste de la nuit en prison…habiller ainsi. Humm. Non. Pas question! Soon Mi pouvait, par contre, se montrer très tenace. Elle se mit à grelotter. Il était vrai qu’il faisait froid par cette nuit sans étoiles, mais elle devait en mettre…peut-être pas non plus…Je réalisai que toutes les femmes en fait étaient frileuse et gelait à rien à l’extérieur ou près d’un ventilateur. Je laissai échappé un soupir et Soon Mi en rajouta. Elle savait se montrer convaincante. Surtout avec ses petits yeux d’anges.

« Je m’intéresse vraiment à ton monde. Je veux savoir où tu passes le plus clair de ton temps. STTTTTPPPPP!! »

Je me déchirai en deux mais finis tout de même par faire demi-tour sur moi-même. Je m’étirai un peu.

« Le poste de garde se trouve près de cette entrée là-bas. Ils devraient en être proche. »

Soon Mi n’en dit pas plus et sauta sur l’herbe pieds nus pour se mettre en marche. Je restai figé une seconde ou deux et je la suivis de loin, me cachant pour ne pas être vu. Ils sortirent rapidement de l’intérieur. Les deux? J’aurais cru que par professionnalisme, un seul serait sortit…l’autre aurait surveiller la scène…Soon Mi devait créer cet effet. Je n’entendis pas tout son petit jeu derrière mon petit bout de mur froid, mais je perçu quelques mots :

« …trébuchée…roche…rivière…mouillée et froid…téléphone…gentil…taxi…rentre chez moi. »

Ça me semblait fonctionnel, sauf la rivière. Elle improvisait littéralement et elle ne savait pas qu’il n’y avait vraiment rien de naturel dans les environs sauf le gazon et les arbres…Je me frappai donc le front, mais me ravisai car le grincement de la porte se fit entendre. Quoi? Ils y avaient quand même cru? Je souris face à la malice de mon amie. Elle avait donc cet effet sur tout le monde quand elle le voulait? Moi en tout cas, elle m’impressionnait et m’hypnotisait à sa guise. J’étais complètement béant d’elle, comme… comme…un chien ou un jouet. Littéralement. Je me trouvai pathétique, mais…c’était la meilleure image.

Je m’approchai donc prudemment de la porte. Elle n’était pas complètement fermée. BINGO! J’étais maintenant à l’intérieur de l’université en pleine nuit. Je n’aurais jamais pu croire à cela. Je me dirigeai donc vers le léger bruit que j’entendais. Je devais me trouver non loin de Soon Mi, sans quoi, on ne se retrouverait jamais. Il y avait une autre porte non loin du secrétariat et une fois à l’extérieur, il me serait facile de lui faire signe où aller pour que j’aille lui ouvrir une fenêtre dans une classe non loin de là. Je passai donc prudemment vers le secrétariat, rapidement, mais sans faire de bruit. Je me sentis réellement comme dans un jeu vidéo ou un de ces rêves étranges que l’on fait la nuit où on est espion ou ninja et qu’une mission non officielle se présente parce qu’on a été témoin d’un truc pas net. Bref. J’étais comme dans un film…le film de ma vie. Se serait le seul bout intéressant du film, mais c’était déjà ça.

Je m’arrêtai donc dans un couloir adjacent à celui qui passait devant le secrétariat. J’entendis les pas d’un garde partir d’où il venait. Leurs grosses bottes n’étaient vraiment pas pratiques. On les entendait à des mètres…Peu importe. J’en entendis encore. Bon. Il se passait quoi maintenant? Puis j’entendis des pas de courses. Pour avoir couru moi-même souvent pieds nus sur des surfaces comme le plancher de l’école, je savais que c’était elle qui arrivait. Je n’aurais donc pas à la faire entrer…elle était déjà à l’intérieur! Elle tourna devant moi et je la saisis de mon bras et la ramenai vers le mur. Elle s’arrêta et me sauta au cou. Je compris son enthousiasme et sa joie fut contagieuse car je me sentis aussitôt comme ça. Je me détendis aussi…la grosse partie sérieuse et pleine d’aventure était faite.

Heureuse et en reprenant encore un peu son souffle elle s’exclama en chuchotant de me montrer les locaux de radios. J’hochai la tête d’un coup sec et lui prit la main pour la guider dans ce lieu qu’elle ne connaissait pas. Je sortis de notre couloir et nous allâmes à l’autre bout de l’école. Je me plantai devant une porte.

« Voilà, c’est ici! »

Je poussai ensuite la porte. Elle s’ouvrit et à cet instant je réalisai qu’elle aurait bien pu être barrée et aucun local n’aurait été à notre portée. Là, par contre, les dieux étaient de notre côté rebelle et donc, nous étions dans la section des locaux de radio. Nous entrâmes dans une cabine et Soon Mi me demanda de lui montrer ce que je savais faire. Je me suis donc dis que j’allais lui montrer un des derniers enregistrements, mais comme j’allais pour ouvrir l’ordinateur, mais elle me retint par la manche de mon chandail. Je pivotai donc vers elle et la regardai, me demandant ce qu’elle voulait. Pour sa part, son regard était comme celui d’une lionne et ses yeux parcouraient mon visage, mon corps...ses yeux…me dévoraient. Elle donna donc un petit coup avec son pied et raffermit la porte du petit local. Je sentis la température grimper en moi. Tout mon corps bouillonnait, mais cette fois ce n’était pas parce qu’il faisait chaud ou que je rougissais. Elle me faisait cet effet et je compris qu’elle aussi ressentait cela quand elle entra en contact avec mes lèvres. Le baiser fut flamboyant. Magique. Long. Rassurant. Délicieux. Nous finîmes tout de même par nous arrêter question de reprendre notre souffle.

« Hummm J’adore la radio! Cette cabine est bien insonorisée? »

Je la pris par la taille et la rapprochai de moi en faisant un signe de tête affirmatif puis je reposai mes lèvres contre les siennes. Nous n’étions pas sage du tout, mais comme je le disais, cela serait le chapitre tournant de l’histoire de ma vie. Je ne dis pas que je deviendrai rebelle ou un Nichkhun à la deux, mais juste que je devrais me laisser aller davantage. Mes mains parcouraient sa chevelure. Notre baiser ne finissait plus. Ma tête se mit à penser. « Petit Hyun Ki. Que fais-tu? C’est la première fois que tu la vois véritablement. Ça ne fait même pas 12h encore que tu es en sa compagnie…Elle est bien jolie, mais pense-y. » et mon cœur de répondre : « Mais il lui parle depuis des mois déjà sur le net. La webcam…ça ne compte plus de nos jours? Puis il y a tellement de mal de déjà fait avec ces baisers…Tu oublies, cher cerveau, qu’il l’a vu aussi tantôt quand il s’est retourner trop vite par ta faute. »

Ça y est. La guerre était commencée entre ma tête et mon cœur. Quoi faire? Comment agir? Quoi dire? Ma tête et mon cœur se bombardaient l’un l’autre. La guerre était à son comble et tout mon être était perdu là-dedans. Le baiser finit par se terminer et mon corps se battait encore. Je plongeai mon regard dans celui de Soon Mi. Elle était si belle et pleine de désir, mais mes valeurs. En même temps, qui le saurait? En parlerait-elle à toutes ses connaissances? Je ne connaissais presque personne qu’elle devait connaître. GRRRRR. Je voulais m’arracher les cheveux et partir en courant, mais cela aurait été bizarre et je ne reverrais probablement jamais mon amie, en plus d’être, sûrement, interné pour folie grave.

Je baissai mes mains qui se promenaient auparavant dans sa chevelure et d’une main je pris une de ces mains. Son autre main se posa sur mon torse et elle se rapprocha. Alors qu’elle se rapprochait encore, elle bailla. Contagieux. Je baillai aussi.

Je souris tranquillement.

Voilà.

Mon cerveau avait gagné.

« Je te raccompagne? »

Elle fit signe que oui, n’ayant même pas l’air déçu de la tournure non attendue des événements.

Nous sortîmes donc des locaux et quittâmes l’école. Les gardiens nous regardèrent étrangement quand nous fûmes deux à passer par la porte, mais sans plus. Étant déjà à un moment de chez moi, nous allâmes directement chez elle. Nous marchions tranquillement. Je la tenais par les épaules et elle pouvait ainsi s’accoter contre moi alors que nous nous promenions sur les chaînes de trottoirs en direction de son logis. Une fois arrivé je lui promis de lui remettre sa robe bientôt et elle ajouta que nous n’avions pas le choix de nous revoir car elle gardait mes joggings –maintenant presque sec- en otage. Je souris et l’embrassai sur le front avant de la laisser pénétrer chez elle et moi, de tourner les talons vers mon chez-moi douillet où j’allais dormir dans une couverture qui portait l’odeur de Chang Soon Mi, belle et riche femme que j’avais apparemment conquis. Je souris à cette pensée. Cette nuit là fut une des plus agréables de ma vie.


- The End, for the moment -