Stephany & Hyun Ae

Le mois de décembre commençait aujourd’hui. Pour moi, cela signifiait que Noël approchait à grands pas. J’étais d’excellente humeur et mes collègues savaient à quel point l’hiver et le temps des Fêtes me rendait heureuse. Au départ, j’avais commencé à penser au fait que ça allait être mon premier Noël sans ma mère et ça m’avait rendu triste, mais il était hors de question que je recommence à être déprimée. Alors j’avais appelé Stephany! Ma dongsaeng était toujours de bonne humeur, on s’amusait bien ensemble et ça faisait un moment que je n’avais pas passé de temps avec elle. De plus, j’avais une excellente idée sur ce que nous pouvions faire ensemble aujourd’hui. Nous étions en décembre ce qui signifiait que c’était le moment de décorer le Chokollis pour les Fêtes!!

J’avais fait l’achat de plein de décorations de Noël en plus d’avoir une boîte remplie de déco que nous avions utilisées dans les années précédentes. Lumières, guirlandes, bas de Noël, centres de table, tout y était. Il avait fallu que Kyung Ae me ramène sur le droit chemin parce que j’étais sur le bord d’acheter un sapin, mais il n’y avait pas assez de place pour ça dans le Café. Je mis donc un terme à ma folie d’achats de Noël. Folie était le bon terme parce que je devenais complètement folle quand c’était les temps des Fêtes.

J’allais toujours travailler en autobus ou à pied, mais cette fois, j’avais trop de trucs à emmener pour prendre le bus. Je dus emprunter la voiture de mon père pour me rendre au Chokollis pour y rejoindre mon amie. J’avais deux boîtes pleines de décorations. Évidemment, je n’allais pas réussir à tout mettre parce que le but n’était pas de faire ressembler le Chokollis à un magasin de décorations de Noël. J’avais quand même du goût!

En entrant dans le Café, je vis que mon amie était déjà arrivée. Je passai à côté d’elle avec ma grosse boîte et me dirigeai vers le comptoir où je m’adressai à la caissière qui travaillait aujourd’hui.

- Tout ce qu’elle veut, dis-je en désignant Stephany d’un coup de tête, est gratuit aujourd’hui. Elle vient m’aider à installer les décorations de Noël donc tout ce qu’elle prendra est offert par la proprio!

Je souris à mon amie qui m’avait entendue parler avant de déposer ma première boîte. Je me retournai ensuite vers Stephany.

- J’ai une deuxième boîte à aller chercher, commande tout ce que tu veux en attendant!

Je sortis du Café pour aller chercher la seconde boîte de décorations dans la voiture. Ce ne fut pas bien long avant que je sois de retour et que je dépose la boîte que j’avais dans les mains à côté de celle que j’avais emmenée quelques secondes auparavant. J’allai ensuite rejoindre mon amie. Lorsque nous étions une à côté de l’autre, personne ne nous aurait cru si on lui avait dit que Stephany était plus jeune que moi. Elle était plus grande que moi et elle avait des courbes, ce que je n’avais pas. Mais pour moi, elle était tout de même une adorable petite sœur.

- Comment tu vas?

J’adressai à mon amie un sourire radieux. J’étais vraiment contente qu’elle vienne m’aider au Café aujourd’hui!

J’avais hâte que le Chokollis soit décoré et qu’une douce ambiance de Noël y règne. J’en avais franchement besoin. Mes deux caisses de décorations déposées près du comptoir témoignaient de ma motivation à mettre un peu de joie dans cet endroit qui m’était cher. Rien ne me rendait plus heureuse que l’ambiance des fêtes, l’odeur du café et la neige qui tombait doucement sur Ulsan. Je me sentais sereine et je ne voulais pas me laisser envahir par une seule once de tristesse. Le temps des Fêtes avait toujours été synonyme de bonheur pour moi et je ne voulais pas que quelque chose vienne gâcher cette période de l’année que je chérissais depuis que j’étais enfant. Ma mère n’allait pas être parmi nous cette année, mais elle n’aurait pas voulu que cela vienne bousiller mon état d’esprit. Deuxième chose, je passais toujours Noël avec NichKhun et ce dernier ne voulait plus me parler. L’année dernière, c’était lui qui m’avait aidé à décorer le Chokollis. Qu’à cela ne tienne, j’allais décorer le Café avec ma dongsaeng cette année et j’allais m’amuser autant, sinon plus, que si j’avais été avec Nich! Il était bien la dernière personne que j’avais envie de laisser gâcher mon bonheur.

Après avoir déposé les caisses, je me tournai vers mon amie qui avait déjà commandé ce qu’elle voulait. Je lui adressai un grand sourire et lui demandai comment elle allait.

- Je vais très bien, merci, et toi ma belle ? J'ai juste un peu mal aux bras à cause de ces deux caisses. J'aurais dû demander à ma mère de me conduire mais tu me connais, je suis une vraie tête de mule ! Je t’ai apportée des roses de Noël…je ne sais pas ce que tu en penses. Moi j’adore ces fleurs. Je me suis dit qu’on pouvait décorer un peu les pots avec des paillettes ou des guirlandes et les mettre au centre de tes tables. Je pense que j’ai à peu près le compte juste. Après, si cela ne te dit rien, tu me le dis hein ?

J’avais tellement été absorbée par mes pensées et par mes propres décorations que je n’avais même pas vu que mon amie avait elle aussi une caisse remplie de fleurs. Je n’avais jamais été une fine observatrice! J’adorais l’idée de mon amie et j’étais touchée qu’elle aille jusqu’à acheter des fleurs pour m’aider à décorer le Café.

- Wow, merci Stephy! C’est une super idée!! J’ai sans doute de quoi décorer les pots. Il faudra fouiller dans mes boîtes. Ce sera très beau au centre des tables!

Mon enthousiasme était apparent et j’avais en tête tout plein d’idées pour ce que nous pouvions faire. J’aurais voulu a commande de Stephany était prête. J’invitai donc mon amie à aller s’asseoir à une table. Elle n’allait quand même pas manger debout! Pour ma part, pendant que mon amie se choisissait une place où s’asseoir, j’allai derrière le comptoir et me fit un café. Je sélectionnai ensuite un muffin, celui qui avait le plus de pépites de chocolat, et allai rejoindre Steph à sa table. Je m’installai en face d’elle. Je n’étais pas pressée du tout de commencer la décoration, nous avions encore toute la journée devant nous. Elle pouvait donc prendre le temps de déguster sa tarte et je pouvais faire de même avec mon muffin.

- Je pensais installer des guirlandes et des lumières au-dessus des fenêtres et de la porte. Je voulais aussi peindre quelque chose de joyeux dans les fenêtres. J’ai de la peinture faite pour ça et un spray de peinture de fausse neige.

Depuis plusieurs années, ma mère me laissait peindre dans les vitres et je prenais un plaisir fou à tous les ans à faire un dessin différent. Je n’avais pas encore décidé précisément ce que je voulais faire. La plupart du temps, je laissais l’imagination du moment m’envahir et j’improvisais.

- Il y a quelque chose que tu veux faire en premier?

Je me réservais les dessins dans les fenêtres. La peinture, c’était mon domaine! Je laissais le champ libre à Stephany pour ce qu’elle voulait faire. Je lui faisais confiance, je savais qu’elle avait du goût.

Stephany et moi venions à peine d’arriver au Café. Tout était à faire et j’avais la tête pleine d’idées et d’images de ce que pourrait devenir le Chokollis après notre passage. Nous allions être une tornade de joie de Noël dans l’endroit qui allait rapidement crouler sous nos décorations. D’aussi loin qu’il m’était possible de me rappeler, j’avais toujours participé à la décoration du Café. Parfois, quand mon père pouvait se libérer de son emploi, il venait nous aider. Kyung Ae aussi avait déjà participé. Pour moi, il y avait une espèce de joie, de festivité, autour de la décoration du Chokollis qui me faisait penser à ma famille. Je n’étais pas mélancolique, au contraire. J’espérais transmettre cette joie, non seulement à mon amie qui était avec moi aujourd’hui, mais aussi à tout ceux qui croisaient mon chemin durant la période des Fêtes. Je n’aimais pas quand les gens que j’aimais étaient tristes. Encore moins quand ils étaient tristes à Noël.

- On pourrait commencer par la peinture, non ?

Mon imagination se mit en marche dès qu’elle prononça le mot «peinture». Des images de ce que je pouvais faire m’emplissaient la tête. Des bonhommes de neige, des pingouins, des sapins, des cadeaux, de jolis flocons… Les idées ne manquaient pas.

- Oui bonne idée! Personne ne m’aide jamais d’habitude parce que je suis la seule qui sait dessiner dans ma famille. Tu veux bien m’aider?

Je ne savais pas d’où me venait mes talents artistiques. Ma mère, malgré toute sa bonne volonté, savait dessiner des trucs simples, mais dès qu’elle avait découvert que je savais dessiner, elle m’avait mise en charge de cette partie de la décoration du Chokollis.

- Et toi sinon ? Quoi de neuf ?

Je bus une gorgée de mon délicieux café en réfléchissant à ce que je pouvais bien lui dire. Ma vie était tranquille et routinière. Elle l’avait toujours été. Avant, j’avais un meilleur ami qui se faisait une joie de détruire cette routine, mais il avait perdu cette habitude depuis trois mois. Trois mois durant lesquels un certain JaeKhun avait pris une grande place dans ma routine. Juste le fait de penser à lui me fit sourire et je baissai les yeux vers ma tasse pour cacher mon regard d’adolescente amoureuse.

- Je suis en couple depuis trois mois maintenant! Je vis en colocation avec une amie depuis un mois. À part ça, tu le sais puisque tu viens souvent ici, je suis toujours au Chokollis.

Ma vie était plutôt conventionnelle si on pensait seulement au fait que je travaillais depuis toujours au Café et que j’y passais presque toutes mes journées. Seulement, j’avais fait des progrès dans mon cheminement vers la vie d’adulte depuis quelques mois. J’avais enfin quitté l’appartement familial pour mon propre chez-moi avec Hye Mi et je m’investissais dans un couple encore tout récent, mais qui me comblait de bonheur.

Je n’eus pas le temps de retourner la question à mon ami que le livreur habituel qui apportait les commandes entra dans le Café. En me voyant assise à une table avec Stephany, il vint tout de suite vers mon amie et moi pour me saluer. Il était bien gentil, quoi que pas un modèle de beauté, et il draguait tout ce qui bougeait. Il avait tenté moi aussi de me draguer la première fois qu’il m’avait vue, jusqu’à ce qu’il apprenne que j’étais la fille de la propriétaire et donc, que j’étais sa patronne et que je pouvais décider de passer mes commandes à une autre compagnie s'il était trop lourd. Il se montrait civilisé depuis. Je devais quand même lui rappeler de ne pas draguer les clientes quand il passait au Café. C’est pourquoi, quand je le vis tourner la tête vers ma dongsaeng et se mettre à sourire, je l’arrêtai alors qu’il allait ouvrir la bouche.

- Tu sais où déposer les boîtes, Si Hyun.

Il tourna la tête vers moi et sa moue déçue me fit rire. C’était un livreur efficace qui ne faisait jamais d’erreur dans les commandes et je l’appréciais, mais je prenais un malin plaisir à détruire tous ses plans drague. De plus, Stephany méritait quelqu’un de mieux. Je la voyais plutôt avec un mec grand, musclé, drôle, mais poli. Quelqu’un qui allait la respecter. Pas comme Si Hyun qui tentait le coup avec toutes les filles qu’il voyait.

- Quoi de neuf pour toi? Il se passe quoi côté cœur?

Comme toutes les filles amoureuses de cette terre, quand j’étais heureuse en couple, j’avais envie que tous ceux qui m’entouraient soient eux aussi heureux en amour. Stephany méritait d’être aimée et d’être heureuse comme je l’étais…

Tout en finissant mon café, je pris des nouvelles de mon amie. Les occasions de se parler de nos vies respectives étaient rares et je voulais savoir ce qui se passait dans sa vie. Puisque j’avais vu le livreur du Café qui avait eu l’air intéressé par Stephany, je commençai par demander à mon amie la première chose qui me passa par la tête : ce qu’il se passait pour elle côté cœur.

- Il n’y a rien de nouveau pour moi depuis que mon ex est reparti voyager sans me donner de nouvelles alors que nous étions encore ensemble. Mis à part quelques mecs lourds, il n’y a rien d’intéressant à raconter. Sauf...

Elle prit une pause et but une gorgée de thé. Sauf quoi? J’étais une personne curieuse et on ne pouvait pas commencer et une phrase et le finir là. Heureusement, mon amie poursuivit avant que j’aie eu le temps de l’obliger à le faire.

- Tu connais l’Aphrodisiac Bar ?

Je hochai la tête en fronçant les sourcils. Je connaissais, mais ce n’était pas du tout mon genre d’endroit. J’aurais été assez surprise que ce soit celui de Stephany d’ailleurs…

- Je te promets que je n’y ai jamais mis les pieds. Mais j’ai rencontré le patron du lieu complètement par hasard, Sagazaki Mikio. Je lui ai tapé dans l’œil. Je me suis méfiée bien sûr. Un homme de vingt-neuf ans qui vient draguer une étudiante de dix ans sa cadette, c’est suspect. D’ailleurs, c’est un vrai coureur de jupons. Il m’avait promis qu’il avait changé dans le but de me plaire, que j’étais la femme de sa vie. Bien sûr, je ne l’ai pas cru. Et au plus il devenait insistant, au plus j’avais la ferme intention de le rejeter pour de bon. Il venait me chercher à l’école, il a eu mon numéro grâce à une relation,… ! C’était louche. Mais tu me connais, j’ai toujours tendance à me dire que je ne peux juger une tierce personne…et au moment où j’allais lui céder, où je me suis rendue compte qu’il commençait à me plaire, il s’est mis en couple avec une belle trentenaire qui est bien plus sexy que moi. Même si finalement, tant mieux que je ne sois pas sortie avec lui, ça m’a mise un peu en colère…

Je fis une petite moue attristée par l’histoire de mon amie. Je comprenais totalement sa réaction et c’était normal qu’elle soit fâchée. Je connaissais un peu Mikio, mais pas plus que ça. Il m’avait sorti d’une mauvaise situation une fois et je lui en étais reconnaissante. Depuis, il gardait toujours un œil sur moi. Rien de plus. Mais c’est vrai que c’était étrange qu’il ait eu l’œil sur mon amie qui avait 10 ans de moins que lui, aussi belle soit-elle.

Stephany ne me laissa pas le temps de répondre quoi que ce soit qu’elle posa ses deux mains sur la table et se leva.

- Bon, et si nous nous y mettions ?

J’acquiesçai de la tête. Il était temps de si mettre si on voulait en venir à bout d’ici la fin de la journée! Je commençai par prendre nos assiettes et nos tasses et je les rapportai derrière le comptoir. J’aurais pu les laver aussi, mais j’avais trop hâte de décorer et je repoussai la tâche de laver la vaisselle à plus tard.

- On commence par le dessin dans la vitre?

Je sortis tout ce qu’il fallait pour le faire. La peinture en spray de toutes les couleurs, mais aussi de petits pots de peinture avec des pinceaux. J’étais équipée pour la peinture de la vitrine! C’était mon activité préférée de l’année! Et puis, en tant qu’artiste, je me faisais un devoir de toujours tout posséder ce qui pouvait me permettre de dessiner ou de peindre sur tout ce que je voulais dès qu’il m’en prenait l’envie. J’avais toujours des crayons sur moi en cas de besoin.

- Tu avais une idée en particulier? Il faut de la neige, ça c’est sûr…

À force de discussion, Stephy et moi se sommes mises d’accord pour un truc simple, mais mignon : de la neige, un bonhomme de neige et un sapin de Noël. Il faut dire que, puisque la vitrine n’était pas très grande, l’espace que nous avions était réduit et on ne pouvait pas faire tout ce que nous voulions. Peindre ensemble ne nous empêchait pas de parler en même temps. De toute façon, nous étions des femmes et ça nous permettait de faire plusieurs choses en même temps.

- Tu sais, Steph, je connais Mikio et même si je l’aime bien, je ne crois pas que ce soit la personne qu’il te faut. Tu es encore jeune, contrairement à moi qui commence à se faire vieille, ai-je rigolé, tu as encore du temps devant toi…

Quant à moi, la peur de finir vieille fille avait commencé à me tirailler, mais j’étais sauvée de ce terrible destin maintenant, et j’avais le plus parfait des amoureux. Je souhaitais la même chose à mon amie.

- Tu es beaucoup trop extraordinaire pour finir toute seule avec 32 chats.

J’étais très sincère et ces mots étaient sortis tout naturellement pendant que j’étais toujours en train de peindre un joyeux bonhomme de neige. Passer du temps avec elle ne faisait que me confirmer à toutes les fois à quel point cette fille était géniale.

Tout en commençant notre œuvre sur la vitrine du Café, je fis part à mon amie de mon opinion sur Mikio. Je ne les avais jamais vus ensemble, mais je les avais vus séparément et je les voyais pas former un couple. Je dis à mon dongsaeng que je pensais sincèrement qu’il lui fallait quelqu’un de mieux. Ce n’était que mon humble avis, elle pouvait bien en faire ce qu’elle en voulait.

- Oui…moi non plus, je ne sais pas pourquoi je voulais sortir avec lui au bout d’un certain temps. Peut-être parce que Mike m’a abandonnée. Alors je voulais un homme qui soit capable de s’accrocher à moi, même si je lui disais « non ». Quelque part, ça prouvait que j’étais la seule, l’unique dans son cœur, et ça avait fini par me toucher. Mais j’ai été naïve de le croire, c’était simplement sa manière à lui de m’attirer dans son lit. Heureusement qu’il n’a jamais su que sa technique était sur le point de fonctionner : j’aurais couché avec un sale type et ça, je ne me le serai jamais pardonné.

Je pouvais comprendre ce qu’elle ressentais, mais ce n’était pas elle qu’il fallait blâmer. Selon moi, ce n’était pas une question de naïveté puisqu’il est important de faire confiance à la personne à qui on voudrait donner son cœur. Pour moi, la confiance avait toujours été la base d’un couple. Une relation ne peut exister sans confiance. Si la personne à qui l’on fait confiance décide de nous faire de la peine ou de nous trahir, c’est elle qu’il faut blâmer. Bien sûr, j’avais regretté moi aussi d’avoir donné mon cœur et d’avoir été blessée, mais je n’avais rien à me reprocher : j’avais toujours été fidèle et digne de confiance. J’étais certaine que c’était le cas de Stephany aussi.

- J’ai peur de ça tu sais. Les années passent vite. J’ai beau n’avoir que dix-neuf ans…

Tout en continuant de peindre, je fis une moue un peu triste lorsque j’entendis Stephany prononcer ces mots. Mes 19 ans à moi semblaient bien loin. À son âge, j’étais en couple avec un garçon adorable, mais qui, finalement, n’était pas l’homme de ma vie. J’avais u des périodes de célibat ensuite et j’avais eu la même peur que mon amie. La perspective de l’avenir de célibataire faisait sans doute peur à une grande majorité de filles sur la planète.

- Mais non, tu n’es pas vieille unnie ! Et j’aimerais voir une photo de ton petit ami ! Je suis sûre qu’il doit être craquant.

J’échappai un petit rire quand mon amie me dit que je n’étais pas vieille. C’était tout à fait relatif.

- À mon âge, ma mère était enceinte de mon frère et déjà mariée à mon père. Je suis loin d’avoir un bébé, je n’ai même pas terminé mes études! Le mariage n’est pas envisagé non plus, pour le moment.

Dans mon adolescence, je ne m’imaginais pas à 23 ans, sans diplôme, être à la tête du Café de ma mère. Dans mon imagination de jeune fille, je m’étais imaginée à 23 ans, mariée et en couple depuis un bon moment, à la tête de ma propre galerie d’art et vivre de mes œuvres. Disons que c’était bien loin de ma réalité, mais je ne m’en plaignais pas. Je ne vivais pas de mon art, mais ma vie avait déjà été pire qu’elle ne l’était aujourd’hui. Je prenais du mieux et JaeKhun en était en grande partie responsable. J’arrêtai un moment de peindre et sortit mon téléphone de ma poche de pantalon. Je cherchai parmi les photos une de mon petit ami. Je sélectionnai celle que nous avions prise tous les deux le soir où nous étions allés au parc d’attraction. Côte à côte, nous étions tout sourire et nous fixions l’objectif. C’était une belle photo qui me rappelait une très belle soirée en sa compagnie. Je tournai mon téléphone vers Steph pour qu’elle puisse le voir.

- Il est beau, non? me suis-je vantée. Sérieusement, il est… parfait. C’est le seul mot qui me vient à l’esprit.

Je ne voulais pas trop m’étendre sur le sujet. Je ne savais pas trop comment Steph vivait son histoire avec Mikio, émotionnellement. Si elle était vraiment peinée, je ne voulais pas m’étendre sur mon histoire d’amour parfaite avec le frère de mon meilleur ami. La dernière chose que je voulais, c’était de rendre mon amie triste. C’est pourquoi je changeai de sujet.

- Ça avance, ton dessin?

Je me reculai un peu et observai notre œuvre qui commençait à prendre forme. Nous avions encore beaucoup à faire dans le Café!