Cette journée allait être un enfer. C’est pourquoi, quand mon réveille-matin se mit à sonner, je l’éteignis et me retournai paresseusement dans mon lit. Je ramenai ma couverture par-dessus ma tête. Je n’avais pas envie de me lever. Je n’avais pas assez dormi. La veille, j’avais pris des heures à m’endormir parce que je pensais à cette journée que je ne voulais pas vivre. Je n’avais pas envie d’aller à ce foutu mariage. Je ne voulais pas voir l’homme que j’aimais se marier à une autre. J’aurais pu ne pas y aller, mais comme l’autre c’était ma cousine, ma famille ne m’avait pas trop laissé le choix. De plus, Nich était mon meilleur ami au départ et ç’aurait été plutôt mal vu que je ne sois pas présente au mariage de mon meilleur ami et de ma cousine.

Et voilà, je n’avais pas réussi à m’en empêcher et je pleurais. Je me roulai en boule dans mon lit. Je ne voulais pas y aller. Je ne pouvais pas y aller, c’était insupportable comme situation. Au moment où je croyais que j’allais bien et que j’avais passé au travers, j’avais revu NichKhun et toute ma résistance s’était écroulée.

Au bout d’un moment à pleurer doucement dans mon lit, je replongeai dans le sommeil. Je me réveillai quand mon frère prononça mon nom et me secouait légèrement. Je me retournai vers lui et je le vis me sourire. J’aurais voulu lui rendre son sourire, mais je n’y arrivais pas.

- Je me lève, ai-je dit faiblement.

Voyant que j’étais réveillée, il est sorti de ma chambre. Je me levai péniblement, quittant la chaleur réconfortante de mon lit, le seul qui voulait bien de moi et qui prenait soin de moi quand j’en avais besoin. Je croisai mon propre regard dans le miroir en me levant et je détournai vite la tête. J’étais visiblement fatiguée et j’avais les cheveux en bataille. Bref, j’étais loin d’être sous mon meilleur jour. Je grimaçai et décidai d’attendre avant de quitter le confort de mon pyjama et de le garder encore un peu, le temps d’aller manger mon petit-déjeuner. Pendant que je me préparais une assiette, mon frère me demanda si j’allais bien. Il avait dû voir que je n’étais pas un modèle de joie de vivre ce matin, contrairement à mon habitude. J’hochai distraitement la tête en signe de réponse à sa question. En le voyant de bonne humeur, je me sentis affreusement coupable et égoïste d’être aussi malheureuse en cette journée qui se voulait la plus belle pour mon meilleur ami. Au lieu de me forcer à sourire, je me suis mise à me maudire intérieurement et à m’insulter ce qui eut pour effet de me renfrogner encore plus. Je me suis assise à table avec mon frère dans le silence le plus complet. Je ne voulais pas gâcher son bonheur avec ma mauvaise humeur et j’en conclu qu’il valait mieux que je me taise parce que rien de ce qui me traversait l’esprit n’était joyeux. Kyung se leva ensuite pour ramasser la vaisselle sale et vint se rasseoir à côté de moi.

- Hyun Ae… Tu es sur que ça va ? J’ai l’impression que ça ne va pas fort ce matin…

Il prit ma main et je hochai la tête sans rien dire. Je n’avais pas l’habitude de cacher des trucs à mon frère, mais ça je ne pouvais pas lui dire. Surtout pas aujourd’hui. Le moment était mal choisi pour lui dire que j’avais des sentiments pour son meilleur ami et que nous avions couché ensemble plusieurs fois depuis ses fiançailles avec Myung hee. Non, vraiment, ce n’était pas le bon moment.

- Tu sais quoi… je vais me préparer, toi aussi et on parlera dans la voiture chérie.

Je le regardai s’éloigner, me laissant seule dans la cuisine. Je baissai la tête vers mon bol, remuant ce qu’il me restait à l’intérieur. Je n’avais pas faim et j’avais surtout envie de m’étouffer avec ma nourriture. Ça me donnerait une raison de ne pas assister à ce mariage. Je soupirai en me disant que même si j’essayais vraiment fort, je n’allais pas réussir à m’auto-étouffer avec ma nourriture et qu’il fallait mieux abandonner maintenant. Je jetai le reste du contenu de mon assiette et je retournai m’enfermer dans ma chambre. Je tentai de me mettre de la musique, mais les chansons joyeuses m’énervaient par leur positivisme et les chansons tristes parlaient d’amour et me donnaient envie de pleurer. J’éteignis donc bien vite la musique et m’habillai dans le silence. J’avais pris ma douche en pleine nuit pour me calmer et tenter de m’endormir, je n’avais donc pas besoin de la prendre aujourd’hui ce qui me sauva du temps puisque je m’étais levée plus tard que prévu. J’enfilai ma robe et je me suis assise devant ma coiffeuse. Je soupirai une nouvelle fois en me regardant dans le miroir. J’étais moche, cernée, j’avais des petits yeux, mes cheveux étaient ternes, j’avais le nez trop long, les sourcils trop droits, les cils pas assez longs… J’allumai mon fer à friser et étalai mes produits de beauté, déjà découragée par tout ce que j’avais à faire pour me rendre présentable. Jusqu’à ce que je me rappelle que personne n’allait me regarder de toute façon et que j’allais être invisible pour la journée. Les regards allaient tous être tournés vers Myung hee et c’était normal puisque c’était sa journée, mais ça allait me reléguer au rang de la cousine célibataire invisible. J’entendais déjà nos oncles et tantes me demander quand est-ce que j’allais me marier. Est-ce que c’était acceptable comme réponse : «je ne vais jamais me marier parce que personne ne veut d’une grosse nulle moche comme moi?» … J’allais devoir penser à quelque chose à leur dire que ça.

Je me maquillai légèrement, juste assez pour camoufler mes cernes et mis du mascara waterproof. Prévoyante et sensible comme j’étais, je savais, hors de toute doute, que j’allais pleurer. Je devais donc réduire les ravages et éviter le maquillage qui coule qui allait me rendre encore plus laide que je l’étais déjà. Je remontai ensuite mes cheveux parce que je trouvais que quand ils étaient détachés j’avais l’air d’avoir un long visage... mais je constatai que maintenant j’avais l’air d’avoir un long cou. Tant pis, je n’avais pas le temps de me recoiffer. J’entendis Kyung m’appeler. Je glissai mes pieds dans mes escarpins et attrapai mon sac à main qui contenait des chaussures de rechange puis je rejoignis mon frère dans le salon.

- On peut y aller ?

J’attrapai mon manteau puisque la température encore hivernale en ce deux mars ne me permettait pas de me promener en robe à l’extérieur et j’ai rejoins Kyung Ae dans la voiture. Mes parents étaient déjà à l’église puisqu’ils avaient insisté pour aider les parents de Myung hee avec les préparatifs malgré la santé fragile de ma mère.

Je ne disais toujours rien à mon frère et, une fois dans la voiture, je refermai la porte et me tournai vers la fenêtre sans parler. C’était loin d’être mon caractère habituel et Kyung Ae se posait visiblement des questions sur mon comportement.

- Hyun Ae, j’ai l’impression que tu me caches quelque chose et que tu ne vas pas bien… j’ai raison ?

C’était assez évident, en effet, que je n’allais pas bien. Il aurait fallu être aveugle pour ne pas le voir. Toutefois, j’avais de bonnes raisons de le cacher à Kyung Ae et j’avais bien réussi à le faire durant les derniers mois, mais aujourd’hui j’en étais incapable. Je m’obstinai toutefois à ne pas lui en parler tout de suite.

- C’est pas le bon moment pour en parler.

Je meublai le silence en allumant la radio. La première chanson que j’entendis fut I Love You, I Love You de Miryo avec Sunny de SNSD. Génial, ai-je pensé, une chanson qui parle d’amour et d’un mec qui part, mais dont la fille est amoureuse et qu’elle ne croit pas pouvoir vivre sans lui. Je changeai de poste, espérant trouver quelque chose d’autre, mais Here Without You de 3 Doors Down résonna dans la voiture. «I'm here without you baby, but you're still on my lonely mind. I think about you baby and I dream about you all the time.» Je ne pouvais pas plus penser à NichKhun. Je changeai encore de chanson, prétextant que ce n’était pas approprié par une journée de mariage. Ce devait être l’heure rétro sur le bord que je syntonisai puisqu’une vieille chanson de 1997, Turn Back Time de Aqua se mit à jouer. Je soupirai en changeant de poste encore une fois, mais c’était toujours une chanson sur le même thème, Time Machine des SNSD, qui jouait sur une autre poste. C’était une blague ou quoi? Est-ce que tous les postes de radio s’étaient ralliés pour contribuer à gâcher ma vie!? Contrariée, je me laissai une dernière chance et changeai de poste encore une fois. Rumour Has It de Adele n’allait certainement pas me remonter le moral. Après avoir entendu le premier couplet «She, she ain't real. She ain't gonna be able to love you like I will. She is a stranger. You and I have history or don't you remember?», je poussai rageusement le bouton pour éteindre la radio. Je vis bien que Kyung Ae avait tourné la tête vers moi et qu’il devait se demander ce que j’avais pour être aussi agressive envers la radio de la voiture. Je tournai la tête vers lui un moment avant de soupirer bruyamment et de croiser mes bras sur ma poitrine.

- Je suis amoureuse d’un mec en couple et on se voit parfois dans le dos de sa copine. Ça me rend malheureuse et j’ai pas envie d’aller à un mariage. L’amour c’est n’importe quoi. Qu’il y ait une cérémonie consacrée à ça, c’est ridicule et j’ai pas envie d’y assister quand ma vie amoureuse est un échec sur toute la ligne.

C’était sorti. Un peu n’importe comment, mais c’était dit. J’évitai toutefois de mentionner NichKhun et Myung hee. Certains détails n’étaient pas bons à dire à un grand frère surtout quand celui-ci pouvait se montrer très protecteur envers sa petite sœur. De plus, j’évitais, en règle générale, de lui parler de ma vie sexuelle. Je ne voulais pas entendre parler de la sienne et j’imaginais que c’était la même chose de son côté.

- Je suis désolée, je veux pas gâcher ta bonne humeur avec mes problèmes. Fais comme si j’avais rien dit et on en reparlera plus tard, d’accord?

Je tournai une nouvelle fois la tête vers la fenêtre. Plus nous nous éloignions de chez nous, plus j’avais envie d’ouvrir la porte et de me jeter en bas de la voiture. Je n’avais vraiment pas envie d’aller voir NichKhun se marier.

- Tu sais, si cet homme est déjà avec quelqu'un tu devrais essayer de l'oublier... sinon, oui, on en parlera plus tard.

Y avait-il une meilleure façon d’oublier l’homme que j’aimais qu’en allant assister à son mariage avec une autre? Habituellement, mon frère me donnait de bon conseil, mais celui-là, c’était le pire d’entre tous. Avait-il déjà essayé d’arrêter d’aimer quelqu’un? J’essayais depuis des mois déjà sans y arriver. Je ne pouvais pas oublier NichKhun.

- Tu gâche rien de ma bonne humeur, au contraire, je préfère quand tu me dis tout de ta vie, comme ça, je sais que je peux être la pour toi.

Non, il ne voulait pas tout savoir. J’allais probablement finir par lui dire, puisque je ne cachais rien à mon grand frère, mais j’étais plutôt persuadée qu’il ne voulait pas savoir que j’avais couché avec son meilleur ami. Je ne répondis rien et sortit plutôt quelques messages textes avec Joo Hee jusqu’à ce que nous arrivions à l’église. Mon amie allait y être et elle était au courant de ce qui se passait entre Nich et moi. J’aimais énormément mon frère, mais il ne m’était pas d’un grand réconfort aujourd’hui. Je ne pouvais pas lui en vouloir, ce n’était pas de sa faute s’il n’était pas au courant de la situation. Ni NichKhun, ni moi ne l’avions mis au courant de notre liaison.

Une fois garé, Kyung Ae vint m’ouvrir la porte et me tendit la main pour m’aider à sortir de la voiture. Je le remerciai. Avec ma robe et mes escarpins, sortir d’une voiture n’était pas une tâche facile. Plus j’approchais de l’église, plus je sentais mon cœur se serrer dans ma poitrine. J’aurais dû refuser et ne pas venir. Je n’avais pas envie d’être ici. Kyung se retourna vers moi et me sourit en tirant sur mes joues.

- Souris un peu, pour moi…

Je n’avais absolument pas envie de sourire. J’aperçus NichKhun du coin de l’œil et j’eus plutôt envie d’éclater en sanglot. Je me forçai toutefois à esquisser un semblant de sourire en coin pour lui faire plaisir, mais il ne le vit même pas puisqu’il me serra dans ses bras.

- On se retrouve après ! Courage, tu verras, sa passera vite.

Je regardai Kyung Ae s’éloigner et aller rejoindre l’homme que j’aimais. Je restai à l’extérieur un moment, n’ayant aucune envie de me mêler à la foule puis quand la majorité des invités furent arrivés, je me frayai une place jusqu’au banc que mes parents avaient choisi pour nous. Je gardai toutefois la tête baissée. Je me trouvais à quelques mètres seulement de NichKhun et je n’avais aucune envie de croiser son regard. Je posai les yeux vers mes mains et remarquai que j’avais oublié de refaire mon vernis. J’avais encore mon vernis moche que j’avais mis la semaine dernière. Je m’attardai donc à le gratter jusqu’à ce qu’il n’en reste plus. J’avais presque finit quand la musique retentit et que tout le monde se leva. Les regards étaient tous tournés vers l’entrée de l’église, mais je ne quittais pas NichKhun des yeux. Je sus tout de suite quand Myung hee fit son apparition. Le regard de mon ami s’illumina et moi, évidemment, je me suis mise à pleurer en silence. Il était fou amoureux d’elle et moi, j’étais seulement l’idiote qui n’arrivait pas à l’oublier. Je baissai les yeux au bout d’un moment, ne supportant plus de le regarder être heureux alors que j’avais le cœur en miettes. C’était de la torture d’assister à ça, mais c’était probablement la façon la plus radicale pour l’oublier. Je me tenais devant la preuve évidente qu’il ne m’aimait pas.

La cérémonie sembla durer des heures. Au moment de l’échange des vœux, mes larmes passèrent inaperçu, heureusement. Autour, les parents de Myung et ma mère entre autres pleuraient devant ce beau moment.

- Véritable amour… La seule et l’unique… Je te promets de t’aimer et de te chérir tous les jours… La femme de ma vie…

Rien ne me faisait plus mal que de savoir que ces paroles ne m’étaient pas destinées. Depuis le début de la cérémonie, je gardais la tête baissée. Je ne voulais pas voir ce qu’il se passait. Tout entendre était déjà assez douloureux. Heureusement, cette torture eut une fin. Après les «Oui, je le veux» et le baiser qui clôtura la célébration religieuse du mariage, je pus enfin m’échapper.

Tous les invités se levèrent pour aller féliciter l’heureux couple, mais je préférais m’éclipser plutôt que d’aller les voir. Je n’avais rien à leur dire, surtout pas des félicitations et jouer l’hypocrite n’était pas dans mes cordes. Une fois que j’eus posé le pied à l’extérieur, j’éclatai en sanglot. Personne n’était là pour me voir pleurer toutes les larmes de mon corps. J’allai attendre Kyung Ae à la voiture, mais n’ayant pas les clés sur moi, je ne pouvais pas m’y réfugier. D’ici, j’eus une vue superbe sur la sortie des nouveaux mariés de l’église et sur la pluie de pétales de rose à laquelle ils eurent droit. Je les vis ensuite prendre place dans la limousine et s’éloigner vers l’hôtel où avait lieu la réception.

Quand Kyung Ae vint me rejoindre quelques minutes plus tard, j’étais toujours en larmes. J’allai rapidement me blottir contre lui.

- S’il te plaît, Kyung Ae, ramène-moi à la maison.

Mon grand frère allait sûrement être contre l’idée. Mes parents aussi d’ailleurs. Ainsi que toute ma famille. J’avais l’air de quoi si je manquais la réception du mariage de mon meilleur ami et de ma cousine? Je n’avais pas d’autre choix que de lui dire la vérité pour qu’il comprenne pourquoi je pleurais comme une madeleine et pourquoi je refusais de poursuivre la soirée avec eux. Je fis un pas vers l’arrière et levai les yeux vers mon frère.

- C’est Nich…

Je devais donner plus de détails que ça si je voulais qu’il comprenne, mais c’était déjà un bon début. Je cherchai mes mots quelques secondes avant de continuer, évitant toutefois de lui parler de ma vie sexuelle.

- Je fréquente Nich depuis quelques mois dans le dos de Myung hee.

Kyung Ae me garda contre lui, mais je l’ai sentis se crisper. Il ne répondit rien et son absence de réaction ne m’aida pas à arrêter de pleurer. Je m’en étais voulu de lui avoir cacher aussi longtemps, mais quand je l’avais dit à Joo Hee, elle s’était montré beaucoup plus réconfortante. Ce n’était pas le moment de dire à mon frère que je n’aimais pas sa réaction, puisque c’était de ma faute. Quand il se recula et qu’il me dit froidement de monter dans la voiture, je vis qu’il était en colère. Je ne savais pas contre qui il était en colère et ça me rajouta un poids sur les épaules que je croyais avoir enlever quand je lui avais avoué pour NichKhun et moi. Il démarra sans rien dire et je pris place docilement du côté passager. Je tentai de déchiffrer son regard, mais il gardait les yeux sur la route.

- Comment… tu as pu me le cacher Hyun Ae...

Il m’en voulait. Évidemment qu’il m’en voulait! Je n’avais pas l’habitude de lui cacher quoi que ce soit, surtout pas quelque chose d’aussi important.

- Kyung, je ne voulais pas te le cacher. J’ai pas fait ça intentionnellement.

Je n’arrivais pas à me justifier. Il n’y avait rien à dire. Je n’avais jamais trouvé le bon moment ni le bon endroit pour le lui dire. Mais il n’y avait pas de bon endroit et de bon moment pour avouer ce genre de chose à son frère. Fréquenter son meilleur ami fiancé n’était pas quelque chose de facile à avouer, mais il aurait fallu que je le fasse. Tout d’abord parce que ça m’aurait évité de le faire aujourd’hui et ensuite parce que c’était mon grand frère à qui je ne cachais rien. J’eus soudainement peur d’avoir rompu le fort lien de confiance qu’il y avait entre nous en oubliant de lui mentionner cette relation durant plusieurs mois. D’un autre côté, NichKhun ne lui avait pas dit non plus. Je ne savais pas trop à qui revenait la tâche de le dire à Kyung Ae, mais nous étions probablement tous les deux en tort.

- Aujourd'hui… je ne gâcherai pas la journée de Nich mais je te préviens, il va falloir que toi, lui et moi on parle. Je n'accepte pas qu'il te fasse ça !

Il en voulait à NichKhun aussi, c’était rassurant. Je me sentais un peu moins coupable et je retrouvais mon grand frère protecteur. Toutefois, je ne voyais pas de quoi il voulait qu’on parle. Je n’avais pas à justifier mes sentiments et mes actions.

- Myung Hee est au courant...?

Je me mordillai la lèvre inférieure et croisai mes bras sur ma poitrine. Je n’aimais pas cette question, mais Kyung Ae attendait une réponse. Je tapai du pied nerveusement.

- Nich et moi on avait mis fin à notre liaison à Noël et il a mis Myung hee au courant puisqu’on avait décidé de tout arrêter… Mais on s’est revu il y a deux semaines et je ne crois pas qu’il lui ai dit…

Il aurait été idiot de lui dire deux semaines avant leur mariage… Quoi que si elle lui avait pardonné une fois, elle l’aurait peut-être pardonné encore. Bref, je ne savais pas si elle était au courant où non, je préférais donc dire que non pour éviter qu’elle l’apprenne par quelqu’un d’autre que NichKhun. Kyung Ae n’allait sûrement pas faire exprès de la mettre au courant! Je détestais peut-être Myung hee, mais NichKhun était heureux, je l’avais bien vu aujourd’hui. Je n’avais pas le droit de gâcher son bonheur.

Je regardai autour et remarquai que mon grand frère ne me ramenait pas à la maison comme je lui avais demandé. Je me laissai retomber au fond de mon siège, contrariée. Pourquoi il m’obligeait à supporter cette torture?! Il ne voyait pas à quel point ça me rendait malheureuse? Je me remis à pleurer en silence.

- Je ne te l’ai pas dit pour NichKhun et moi parce que je ne voulais pas que tu voies à quel point ta sœur est pathétique. Je ne voulais pas que tu saches que j’étais amoureuse au point de me laisser manipuler et de devenir une idiote qui croit naïvement que le mec qu’elle aime va laisser la fille avec qui il est fiancé. J’avais l’impression que j’étais moins conne toute seule dans mon coin si personne n’était au courant. Je t’en parle et je me sens tellement stupide…

Je portai ma main à ma bouche pour étouffer un sanglot et je me retournai sur mon banc pour faire dos à Kyung Ae. Je me sentais comme la pire des connes. Je l’avais cru, dans ma candeur et ma bonté d’âme. Je l’avais cru quand il me disait qu’il m’aimait...

- Il n’y aura pas de discussion entre NichKhun, toi et moi. Il n’y a rien à dire… Je n’ai rien à lui dire.

Je n’avais pas envie de le voir non plus, mais apparemment mon grand frère ne me laissait pas le choix.

- Oppa, pourquoi tu m’obliges à y aller?

Je l’implorai du regard, mes joues encore mouillées de larmes. Tout ce que je voulais, c’était retourner me coucher et que cette journée finisse le plus vite possible.

- Parce que c’est le mariage de ta cousine… et tu aurais regretté un jour de ne pas être venu ce soir, j’en suis sur.
- Probablement, ai-je répondu pour lui donner raison.

Kyung Ae se gara et je tournai la tête vers le bâtiment dans lequel avait lieu la réception. Il avait probablement raison, mais pour le moment je n’avais pas du tout envie d’être là. En fait, le mariage de ma cousine, je n’en avais rien à faire. Même avant toute cette histoire, Myung hee et moi ne nous étions jamais bien entendues. Bien sûr, ça n’avait rien arrangé à notre relation, mais que ce soit le mariage de ma cousine ce n’était pas un bon argument. C’était surtout le mariage de mon meilleur ami. J’imagine que ma présence allait faire plaisir à NichKhun… Je ne voyais pas ce que cette soirée pouvait m’apporter de bon. Et puis, ses paroles résonnaient toujours dans ma tête. «Laisse leur mariage tranquille… » Comme si c’était moi la fauteuse de trouble dans cette histoire. Ce n’était pas tout à fait la vérité. Je croyais surtout que la meilleure façon de laisser leur mariage tranquille, c’était de ne pas assister à cette soirée.

Je sortis docilement de la voiture. Ce n’est pas comme si j’avais le choix. J’allais à cette fête ou je rentrais à pied. Je pouvais aussi passer la soirée dans la voiture, c’était dans ma liste de choix mais Kyung allait sûrement m’y sortir de force. Mon côté mature et raisonné me disait que je devais assister à cette réception, mais mon cœur ne voulait pas. Puisque je n’arrivais pas à décider toute seule lequel je devais écouter, je choisis d’écouter mon grand frère. Ce dernier fit le tour de la voiture et me prit dans ses bras. Je passai mes bras autour de lui et le serrai contre moi.

- Je commence à comprendre ta situation chérie, mais, s’il te plait reste quelques temps. Je te ramènerais plus tard. Montre juste à notre famille que tu es la…

Je hochai la tête, mais je ne répondis rien. J’avais de la chance de l’avoir comme grand frère et je me rendis compte que j’aurais dû lui en parler bien avant aujourd’hui. Lui avoir dit ne changeait rien à la situation, j’étais toujours une conne qui assistait au mariage de ma cousine et du mec dont j’étais amoureuse, mais je sentais que j’avais un poids en moins sur les épaules et que je pouvais compter sur lui.

Kyung Ae se recula et me sourit, mais je n’avais pas encore envie de sourire. Je ne pleurais plus et je me sentais moins sur le bord de faire une crise de larmes que tout à l’heure, néanmoins le sourire n’était pas au rendez-vous. Il m’embrassa sur le front.

- Sale môme. Jamais, moi, ton frère, te trouverais-je pathétique... jamais, tu entends ?

Il était gentil, mais ça ne changeait rien à ce que je pensais de moi-même. Il se tourna ensuite vers la porte de la salle, déjà bondée. Je serrai sa main dans la mienne. Je ne me sentais pas prête à affronter ça.

- Tu ne me laisseras pas toute seule, tu le promets?

Je m’arrêtai ensuite et lui fit face. Je passai mes mains sous mes yeux pour effacer toute trace de maquillage qui aurait pu couler. Je me forçai pour afficher un léger sourire, mais s’il était tout sauf sincère.

- Ça va, on dirait pas trop que j’ai pleuré?

J’avais sûrement les yeux rouges et plus beaucoup de maquillage, mais je ne pouvais pas faire mieux. Je me retournai vers la porte. Plus vite on y allait, plus vite on en finissait, non? J’entrai dans la salle de réception avec mon frère et je vis tout de suite NichKhun qui se tenait au milieu de la pièce. Lui et Myung hee avait l’air bien occupés à parler avec tous les invités. Je restai figée un instant à les regarder, mais remis un sourire sur mes lèvres et bifurquai pour ne pas aller près d’eux et trouver notre table. À ma grande joie, j’étais placée de dos à la table principale où les nouveaux mariés allaient être assis. Je n’allais pas les avoir devant moi pendant tout le repas, c’était parfait. En chemin vers la table, j’avais aperçu Joo Hee et Dae Mi et j’en fus ravie. Je ne voulais pas accaparer Kyung Ae toute la soirée. Je commençai d’ailleurs tout de suite en annonçant que j’allais me remaquiller un peu.

En chemin, je cherchai surtout une façon de m’occuper tout en évitant NichKhun et Myung hee. Je trouvai cette solution près de la cuisine. J’entendis un employé annoncé au chef qu’une autre employée allait être en retard. Je demandai innocemment si je pouvais aider. Ils semblèrent un peu déconcertés au départ, mais quand j’expliquai que je travaillais dans un café, que je cuisinais souvent, que c’était le mariage de mon meilleur ami et de ma cousine et que je voulais aider pour que tout se passe bien, ils me laissèrent couper des légumes. Occupation parfaite pour passer le temps. De plus, cuisiner m’avait toujours détendu. Toutefois, quand le père de NichKhun entra dans la cuisine, je me maudis d’avoir voulu aider. Il me repéra tout de suite avec ma robe rose parmi les employés. Il venait s’assurer que tout allait bien en cuisine, mais se dirigea plutôt vers moi et me dis froidement qu’il ne me payait pas pour que j’aide à préparer le repas. Il m’avait toujours détestée en profitait de l’absence de son fils qui me défendait habituellement pour s’attaquer à moi. Je tentai de lui expliquer que je ne voulais qu’aider parce qu’une employée était absente et que je n’avais pas demandé à être payée. Il me répondit que je n’avais rien à faire là et c’est à ce moment que ladite employée en retard arriva en s’excusant. Je montrais toujours du respect au père de NichKhun, mais cette fois je me retournai et parti sans rien dire. J’avais juste envie de l’envoyer promener. Aurait-il préféré arriver en cuisine et voir qu’il y avait du retard parce qu’il manquait quelqu’un? J’étais en colère maintenant.

La première personne que je vis quand je suis revenue dans la salle, c’était mon frère qui fonçait vers moi. J’étais partie plus de temps qu’il en fallait pour se maquiller et il avait dû me chercher. D'ailleurs, je n'étais toujours pas maquillée. Avant même qu’il ait eu le temps de dire quoi que ce soit, je lui souris comme si rien ne s’était passé.

- Je retourne m’asseoir à table.

Sans attendre qu’il me réponde, je m’y dirigeai et il me suivit. D’après ce que j’avais vu en cuisine, l’entrée n’allait pas tarder à être servie. J’avais un peu de temps pour converser avec mon frère.

- Sun Ae n’est pas venue au mariage?

Je n’avais pas vraiment eu le temps de parler avec ma meilleure amie dernièrement. J’avais travaillé tout le temps pour éviter de sombrer dans la tristesse avant le mariage de NichKhun et Myung hee. Je savais bien que Sun Ae ne s’entendait ni avec l’un ni avec l’autre, mais j’étais certaine que NichKhun n’aurait pas dit non si Kyung Ae avait voulu qu’elle vienne.

- Non, elle était trop occupée, elle n’a pas pu m’accompagner.

Je hochai la tête. Ça n’avait pas été une excuse suffisante pour que moi je n’aille pas au mariage. J’étais supposée travailler les vendredis et ma mère avait elle-même changé l’horaire pour que je ne travaille pas et que quelqu’un me remplace. Mais bon, je savais que manquer le mariage de mon « meilleur ami » parce que je travaillais n’était pas une bonne excuse. Il m’aurait encore reproché de faire passer mon travail avant lui, même lors du jour le plus important de sa vie. Je baissai la tête en me disant que j’aurais aimé que ma meilleure amie soit là. Elle était à peine plus au courant de toute l’histoire que Kyung. J’avais abordé le sujet à son anniversaire, elle savait que j’étais amoureuse de lui, mais sans plus. Kyung Ae mit sa main sous mon menton et releva ma tête vers lui. Il s’approcha de moi et m’embrassa sur le front. Ça me fit chaud au cœur et je le remerciais d’être aussi gentil. J’avais le meilleur frère du monde. Je lui souris parce que c’était tout ce que je pouvais faire pour le remercier d’être là pour moi aujourd’hui. J’en avais bien besoin et il était tout simplement parfait.

Si nous n’avions pas été en public et qu’on ne nous avait pas servi les entrées, je serais allée me blottir contre lui. Ça faisait du bien de recevoir de l’affection. J’avais l’impression que ça faisait des mois que je n’avais pas reçu d’amour.

- Sinon, tout se passe bien au café... pas trop de travail ?
- Ça va, ai-je simplement répondu.

J’avais beaucoup de travail, mais c’était moi-même qui s’imposais une charge de travail aussi élevée. Ça m’allait. J’aimais travailler au Café et ce n’était pas une torture d’y travailler. Alors j’y travaillais. C’était d’ailleurs tout ce que je faisais dernièrement. Je savais à quel point le Chokollis était important pour ma mère. Elle en était la propriétaire après tout et maintenant c’était moi qui étais en charge de sa propriété. Évidemment, je voulais la rendre fière et que son entreprise soit toujours aussi rentable que quand c’est elle qui était à la tête.

Puisque nous étions assis avec nos parents et d’autres membres de la famille, la conversation fut meublée assez facilement et je me forçais pour ne pas avoir l’air d’être trop déprimée. Je ne pouvais pas faire semblant de respirer la joie de vivre, mais j’affichais un semblant de sourire et parlait un peu avec tout le monde. J’appréciai beaucoup le fait que Kyung Ae évitait soigneusement le sujet de l’amour. Finalement, nous ne parlions que de famille et de travail et c’étaient des sujets qui me convenaient. À toutes les fois que je tournais la tête et que j’apercevais NichKhun, assis à sa table avec sa femme, je perdais mon sourire. Je m’empressais de reporter mon attention sur ma famille et surtout sur mon frère qui faisait tout pour que je sois heureuse.

Après le repas, ce fut l’heure de la première danse. Je ne regardais pas NichKhun et Myung hee danser. Je préférais de loin jouer un peu avec la nourriture dans mon assiette et en prendre quelques bouchées une fois de temps en temps et faire croire que j’allais la terminer alors que je n’avais vraiment pas faim. Kyung dut voir que je m’ennuyais et que j’avais surtout hâte de partir puisqu’il m’invita à danser. En fait, ce n’était pas vraiment une invitation puisqu’il m’entraîna sur la piste de danse sans me demander mon avis. Il m’attira contre lui et posa ma tête sur son épaule. Je passai par moi-même mes bras autour de son cou et je le laissai guider nos pas au rythme de la musique.

- On reste encore un peu, mais je ne te laisse pas, promis.
- Merci…

Je ne savais pas quoi lui dire d’autre pour le remercier de sa présence. J’avais toujours su que j’avais un frère exceptionnel, mais j’avais sous-estimé sa capacité à me remonter le moral dans une situation comme celle que je vivais présentement. Je m’étais renfermée sur moi-même en me disant que j’allais m’en sortir toute seule comme une grande, mais en fait, c’était en parlant avec ceux que j’aimais et en sentant qu’ils étaient là pour moi que je me sentais mieux.

Je dansai encore un moment avec mon frère. En tournant sur nous-mêmes, j’aperçus Dae Mi et Joo Hee. J’avais dit à cette dernière par message texte, pendant la journée, que j’allais venir la voir dès que je le pouvais, mais je ne l’avais pas encore fait. Quand elle tourna la tête et qu’elle me vit, je lui souris. Elle avait l’air aussi inquiète pour moi que mon frère. Je commençais à comprendre que peut-être que mes amis ne s’occupaient pas de moi parce qu’ils avaient pitié, mais parce qu’ils m’aimaient. Merci à mon grand frère qui m’avait ouvert les yeux aujourd’hui. Je quittai la piste de danse quelques instants plus tard car c’était l’heure du gâteau. Kyung Ae m’emmena une assiette et la déposa devant moi.

- Tu trouveras mieux que Nich… je te le promets.

Je déposai ma fourchette sur le bord de mon assiette que je n’avais même pas touchée. Je n’avais pas vraiment faim. Je tournai la tête vers Nich. Notre ami avait le sourire aux lèvres et je pouvais dire facilement qu’il était heureux. Tout le monde était heureux, et avec raison! C’était une soirée heureuse. J’aurais dû être heureuse pour mon meilleur ami et pour ma cousine, mais j’étais la personne la plus déprimée de la pièce.

- T’as sûrement raison.

J’avais vu assez de film dans la vie pour voir que j’agissais comme une de ses idiotes qui sont déprimées pendant des semaines après le départ de l’amour de leur vie. NichKhun ne pouvait pas être l’amour de ma vie. Dans les films, l’amour de leur vie ne se mariait pas à une autre. En tout cas, personnellement, je n’avais jamais vu ça. Si ça arrivait, c’était parce que ce n’était pas l’amour de leur vie. Ce qui arrivait par contre, c’est que les filles dans les films trouvaient l’amour de leur vie dans les mariages des autres. Je jetai un rapide coup d’œil aux alentours. Mon frère était hors-concours. J’aimais bien Hoon Jun, mais sans plus. Dae Mi était sexy, mais il se passait sans aucun doute quelque chose entre Joo Hee et lui et je ne touchais pas aux mecs de mes amies. Jae Khun était là et je voulais aller le voir. Il me manquait, mais dès que je le voyais c’était parce qu’il était avec son frère. Hors, je ne voulais pas voir son frère.

Je repris ma fourchette et pris une première bouchée de mon gâteau.

- Mais apparemment j’en demande trop quand je dis vouloir un couple comme celui de nos parents… Ou comme Sun Ae et toi. Il n’y a pas de belle histoire d’amour qui finit bien dans ma vie à moi.

À ce moment, mon père ramenait justement ma mère à la table et me proposa d’aller danser avec lui. Je ne pouvais pas lui refuser ça. J’aimais beaucoup mon papa et je ne passais pas souvent du temps avec lui. Après quelques danses en sa compagnie, je retournai m’asseoir à table. Mon frère y revint presqu’aussitôt.

- Ça va Kyung Ae, lui ai-je dis en lui souriant légèrement. Tu as le droit d’aller profiter de ta soirée, toi aussi. Je vais bien…

Il n’avait pas l’air très convaincu par mon demi-sourire. Je n’en étais pas encore au stade de sauter de joie, mais je n’allais pas fondre en larmes.

- Je vais aller voir Joo Hee et Dae Mi, et je viendrai te voir s’il y a quoi que ce soit, d’accord?

Je me levai pour l’embrasser rapidement sur la joue.

- Je t’aime, Kyung. Tu le sais, n’est-ce pas? Ne t’inquiète pas pour moi.

Je ne voulais pas qu’il gâche sa soirée à s’occuper. C’était mignon qu’il s’en fasse à mon sujet, ça me touchait beaucoup, mais je ne voulais pas l’accaparer. Grâce à lui, j’étais déjà moins déprimée qu’au début de la journée. Disons que j’avais moins envie de me jeter sous un bus.

Heureusement que je l’avais comme frère. Je ne savais pas ce que j’aurais fait sans lui.