Dix-sept heures trois minutes. Ma journée était enfin terminée. Je travaillais depuis 8 heures le matin même et j'avais à peine pris une pause sur l'heure du midi pour me nourrir. Je crevais présentement de faim, mais je n'avais pas envie de me payer quelque chose à manger au café. Ce que j'avais envie pour le moment, c'était d'aller voir Nichkhun qui finissait de travailler à 18h. Je ne l'avais pas revu depuis qu'il m'avait embrassé au café. Ce n'était pas la raison qui expliquait qu'on ne se soit pas vus. On ne s'évitait pas du tout, mais on n'avait simplement pas eu le temps de se revoir. Je travaillais à tous les jours et lui aussi en théorie. Le temps que je ramasse mes affaires, fasse payer deux autres clients et lave quelques tables, il était 17h30. Après avoir vérifié que la serveuse de soir allait bien s'en sortir toute seule, je suis partie. J'ai pris la route qui menait au supermarché. Je ne savais même pas si Nichkhun était libre. Je ne savais même pas si Nichkhun était allé travailler ce matin. Dans les deux cas, s'ils n'était pas disponible ou présent, je n'aurais qu'à retourner chez moi et passer ma soirée seule à regarder des vieux épisodes de Pokémon. Je m'en fichais bien, j'avais l'habitude. Je prenais quand même une chance en allant voir mon ami et j'espérais qu'il soit libre après sa journée de travail pour passer du temps avec moi. J'ai marché tranquillement jusqu'au supermarché, sachant que j'allais devoir attendre qu'il finisse de travailler. Je suis tout de même arrivée à 17h45 et c'était plutôt calme. Il n'y avait pas beaucoup de client, même que Nichkhun ne faisait présentement rien. Je m'approchai discrètement de lui en tentant de me cacher du mieux possible pour qu’il ne me voie pas arriver. Quand j’étais à une certaine distance de mon ami derrière, je m’élançais rapidement pour éviter qu’il se retourne. Je mis mes mains sur ses yeux. «Devine qui c’est !» ai-je dit joyeusement. Puisqu’il était plus fort que moi, je n’ai pas pu l’empêcher de se retourner vers moi. Je lui ai alors fait mon plus grand sourire. «Oppa !» dis-je d’une voix trop mignonne. «Qu’est-ce tu fais en finissant de travailler ?» Je n'avais pas cesser de sourire, espérant que mon mignon visage et ma joie de vivre lui donne envie de passer du temps avec moi.

« Ce soir, je suis déjà pris » Évidemment qu’il était déjà pris. À quoi est-ce que j’avais pu penser ? Il avait déjà des plans avec une fille avec des seins énormes ou bien il sortait avec des amis et il allait au bar se trouver une belle blonde qui lui ferait passer une nuit de débauche. Je baissai la tête, un peu déçue, mais je me résolus bien vite à passer la soirée devant la télé. Avant que je puisse répondre à Nichkhun, il ajouta : « En fait, j’avais prévu de passer la soirée avec petit poussin » Je levai la tête vers lui et lui tirait la langue en me rendant compte qu’il se moquait de moi. Je fronçais les sourcils et fis un air mécontent, mais je n’avais jamais été très crédible pour faire semblant croire aux gens que je suis fâchée. De toute façon, j’aimais trop le fait qu’il m’appelle poussin pour lui en vouloir. J’étais aussi beaucoup trop contente de passer la soirée avec lui. « Par contre, je meurs de faim, alors je t’en supplie, partons toute suite, sinon je risque de faire un meurtre » En réponse à cette affirmation de mon ami, mon ventre se mit à gargouiller. J’avais très faim lui aussi, je comprenais les sentiments de Nichkhun. Par contre, je n’étais pas d’accord pour qu’il parte tout de suite. Son patron étant le père de mon ancienne amie Min-hee, je savais qui il était et je n’avais pas envie qu’il me déteste. Juste le fait que je sois entrain de déranger un employé sur son lieu de travail pouvait jouer contre moi. Je regardai Nichkhun et tentai de le convaincre. «Si tu continues de manquer du travail, tu vas finir par te faire renvoyer. » Je lui fis des yeux doux. «S’il te plaît, il te reste seulement 15 minutes» ai-je dit avant de lui adresser mon regard le plus mignon. En essayant de le convaincre, je repensais à ma cousine qui m’avait accusé de toujours lui dire quoi faire. Est-ce que j’agissais trop comme une maman avec Nichkhun ? Est-ce que je devrais le laisser faire, partir plus tôt et s’arranger avec ses problèmes ? … Je ne savais plus ce que c’était d’être une bonne amie, je crois. D’un autre côté, s’il se fait renvoyer, il viendra se plaindre et je n’aurai rien d’autre à lui dire que « je te l’avais bien dit ! » Quoique je n’aimais pas particulièrement qu’on me dise ce genre de chose donc je préférais éviter de le faire avec mes amis. «En tout cas, fais ce que tu veux, mais moi je t’attends dehors !» Je lui tirai la langue encore une fois puis je me retournai et sorti du supermarché en gambadant. Nichkhun, quant à lui, n’avait qu’à prendre ses propres décisions et venir me rejoindre quand bon lui semblait. Que ce soit maintenant ou dans quinze minutes, il faisait bien ce qu’il voulait et je n’avais rien à dire sur la façon dont il menait sa vie.

Après avoir gambadé jusqu’à l’extérieur, j’attendais patiemment que Nichkhun vienne me rejoindre. J’avais pris place sur un banc devant le supermarché et je regardais les passants. Il n’y avait pas vraiment autre chose à faire à cette heure. Je sortis mon lecteur mp3 de ma poche, je ne savais pas s’il avait décidé de venir me rejoindre tout de suite, sinon j’allais avoir le temps d’écouter un peu de musique. La première chanson qui se mit à jouer fut A-Yo de SHINee qui me redonnait le sourire en toute occasion. Je n’avais pas particulièrement besoin de me faire remonter le moral aujourd’hui. Je n’avais pas croisé ma cousine ce matin avant d’aller travailler aucun client avait été désagréable avec moi pendant la journée. De plus, j’allais passer la soirée avec Nichkhun. Bref, c’était tout simplement une belle journée et j’avais envie de sourire. Inévitablement, les paroles firent redoubler l’intensité de mon sourire. A-yo, when it’s tough. Doong tah dak, lean on the rhythm, oh. With our song for you. J’eus tout juste le temps de finir d’écouter What Is Right de Big Bang quand Nichkhun vint me rejoindre. Il mit ses mains sur mes yeux comme j’avais fait juste avant. « Devine qui a décidé de te payer une pizza? Par contre, en échange, ne me parle plus jamais de cette épicerie, sinon je crains pour ta vie. » Je ne savais pas ce que j’avais fait pour mériter qu’on me paye de la pizza, mais j’en étais bien heureuse. Quant à lui sa journée n’avait pas dû être agréable puisqu’il me demanda qu’on ne parle pas du supermarché ce soir. «Promis. Je n’en dirai pas un mot» lui ai-je assuré avant de ranger mon mp3 dans ma poche. «Alors ? Où est-ce que tu m’amènes ?» ai-je demandé. Je savais qu’il y avait une pizzeria pas trop loin, mais peut-être que mon ami avait un endroit où il préférait aller. Je me suis levée et ai attendu qu’il me réponde. Je me demandais surtout pourquoi Nich avait décidé de me payer de la pizza. Je ne lui posai pas la question parce que je ne voulais pas avoir l’air prétentieuse en demandant si j’étais si merveilleuse que ça pour qui m’offre un repas. Je supposais qu’il avait de l’argent à dépenser et que je me trouvais sur son chemin et lui offrait une opportunité de gaspiller ses économies. Je ne savais même pas s’il avait des économies… En tout cas, j’espérais qu’il ne pensait pas que j’étais pauvre et qu’il devait payer pour moi, parce que j’avais assez d’argent pour me payer une pizza. Peu importait, il me payer une pizza et je n'allais certainement pas m'en plaindre. Mon ventre gargouilla très fort et il l'entendit. C'était bel et bien l'heure pour nous d'aller nous nourrir.

La réponse que me donna Nichkhun me rendit légèrement confuse. Je ne me rappelais pas que la pizzeria était en réparation. Pourtant, j'étais passée devant pas plus tard qu'hier et c'était encore ouvert. J'avais donc deux possibilités : le croire et penser qu'elle était en réparation depuis aujourd'hui ou bien le traiter de menteur et lui en vouloir de me mentir. Puisque je n'avais pas particulièrement envie de le détester aujourd'hui, je m'en tins à la première idée et j'acceptai de prendre le bus avec lui pour aller en ville. Je ne savais pas pourquoi il me mentait, mais il devait avoir une bonne raison... En tout cas, il était mieux d'en avoir une puisque je crevais de faim et que je voulais de la pizza. Je haussai tout de même les épaules. «Comme tu veux.» Je n'étais pas du genre à imposer mes décisions et comme nous avions sensiblement les mêmes goûts, je le laissais toujours choisir puisque ses décisions me plaisaient tout le temps. Nous nous sommes dirigés vers l'arrêt de bus et avons attendu qu'il arrive, ce qui ne fut pas très long. Une fois assis à l'intérieur, je n'arrivais pas à trouver un sujet de conversation convenable. Nichkhun n’avait pas l’air de vouloir aborder plusieurs sujets aujourd’hui et je n’avais pas envie de m’attirer ses foudres en abordant un sujet qu’il ne fallait pas. Un silence s’installa entre nous et me rendit incroyablement mal à l’aise. Pour moi, le seul moyen de briser ce malaise fut de sortir mon mp3 et de glisser un de mes écouteurs dans son oreille. Un peu de Big Bang ne ferait pas de tort dans la situation présente et je savais qu’il aimait ça, tout comme moi. Ça avait d’ailleurs été un de nos premiers points communs. J’étais très jeune quand je l’ai rencontré et il était tout d’abord ami avec mon frère. Au départ, je ne lui parlais pas vraiment, ce n’était qu’au début de mon adolescence que nous avions commencé à être ami. Depuis, je lui partageais régulièrement mes découvertes musicales et il faisait de même avec moi. Quand ce fut Let Me Ear Your Voice de Big Bang qui se mit à jouer, lui et moi sommes devenus fous. Nous avions toujours adoré cette chanson et je n’ai pas pu m’empêcher de chanter. Les gens autour de nous se sont mis à nous regarder comme si nous étions deux débiles mentaux. Je dois dire qu’ils avaient un peu raison. Je me suis tout de même mise à raper en même temps que G-Dragon. Même si j’ai habituellement une assez jolie voix, je ne rap pas très bien et les autres passagers de l’autobus ne devaient pas apprécier le spectacle. Je m’en fichais bien et c’est pourquoi j’adorais Nich. Je n’étais plus timide quand j’étais avec lui. Je pouvais chanter à pleine voix avec lui dans un autobus bondé sans avoir honte. Après une heure à chanter et à rire au fond de l’autobus, nous sommes finalement arrivés au centre-ville. Je ne fus pas mécontente qu’il choisisse un restaurant. Bon, ce n’était pas la pizza à laquelle je m’attendais, mais le Tentō-chū me plaisait quand même bien. J’y entrai en premier et, suivant mon instinct, choisi une table près d’une fenêtre. Nichkhun fit son imbécile encore une fois en me tirant ma chaise pour que je m’y asseye et je levai les yeux au ciel en m’exécutant. J’étais très bien capable de m’asseoir toute seule, mais je ne fis pas de commentaire. Une fois assis, Nichkhun reparti la conversation en me demandant comment avait été ma journée. «Normale.» ai-je commencé par répondre. «Il n’y a rien eu de désagréable. J’ai travaillé de 8h à 17h et rien d’extraordinaire ne s’est passé… Oh ! Il y a eu le client qui a brisé une assiette, mais je ne peux pas lui en vouloir : il l’a échappé. Ça arrive à tout le monde. Enfin… Ça arrive surtout à moi, mais bon.» Je venais à peine de finir ma phrase qu’un serveur est venu nous donner le menu et nous demander ce que nous voulions boire. «Un verre d’eau, s’il vous plait» et Nichkhun commanda la même chose que moi. J’étais assez étonnée qu’il ne demande pas d’alcool, mais je me dis qu’il n’avait peut-être pas envie de boire ce soir… Mais habituellement, il ne manquait pas une occasion pour boire et un simple soir de semaine était pour lui une occasion de boire du vin. Peu importe… Mon attention se dirigea tout de suite vers le menu. J’avais faim depuis plus d’une heure et j’en avais assez d’attendre. Le Chickendon attira subitement mon attention et je décidai de le commander. Lorsque je levai la tête et que je regardai mon ami, il avait l’air vraiment troublé. Je fronçai les sourcils. «Ça va ?» ai-je demandé. Je savais qu’il ne voulait pas parler de son travail, mais il avait trop l’air piteux pour que j’évite la question. « Ahh! Oui oui, je viens juste de me rappeler que j’ai oublié que je voulais un chaudron, j’avais vraiment besoin d’aller m’acheter un nouveau chaudron, je suis bête » Je lui jetai un regard suspicieux. Il ne pouvait pas avoir cette expression à cause d’un chaudron. Je n’avais pas envie de l’accuser de me mentir et je changeai donc de sujet. «Tu veux du saké ?» L’alcool efface tous les problèmes, c’est bien connu. «Je le paye !» ai-je même ajouté. Il me payait le repas, je lui payais l’alcool. C’était un bon deal, non ? Il me nourrissait et je le faisais boire. J’adorais la nourriture, il adorait l’alcool. On s’offrait réciproquement quelque chose qu’on aimait. Ça c’est l’amitié. Le serveur revint avec nos verres d’eau et nous avons commandé ce que nous voulions manger. Bien vite, il revint avec le saké. J’hésitai avant d’en prendre. J’aimais bien l’alcool moi aussi, mais il faisait effet beaucoup trop vite sur mon faible corps. Je n’avais pas envie de perdre le contrôle ce soir et je n’avais rien de spécial à fêter. Je pris tout de même une gorgée, je n’allais pas laisser Nichkhun boire tout le saké tout seul. Je ne voulais pas me retrouver avec un Nichkhun saoul, mais me saouler moi n’allait pas m’avantager dans cette situation.

Nichkhun ne me répondit rien. Peut-être avait-il compris que l’alcool le rendait imbécile et qu’il préférait se taire. Quoi qu’il en soit, il ne s’excusa pas non plus. Levant les yeux au ciel, je me suis dirigée vers la sortie. Une fois dans la rue, j’ai pris une grande respiration pour éviter de me mettre à pleurer. Je détestais la façon dont il me faisait passer par une panoplie d’émotions en un si court lapse de temps. Je n’avais pas envie de rentrer tout de suite. J’avais envie de passer la soirée avec mon ami Nichkhun. Au lieu de ça, je me retrouvais en plein milieu de la rue, avec une humeur de tigresse enragée et je ne savais plus quoi faire. Je jetai un regard derrière moi pour me rendre compte qu’il ne me suivait pas. C’était parfait. J’avais du temps pour être seule et pour penser. Je pouvais en profiter pour me remettre les idées en place avant de rentrer chez moi et de retrouver ma famille. Je pris un chemin qui ne menait absolument pas chez moi et entrepris de marcher vers n’importe où. Je vagabondai dans les rues d’Ulsan pendant une trentaine de minutes avant de retrouver le sourire. J’avais décidé d’écouter de la musique et le simple fait d’écouter A-Yo de SHINee m’avait remis le sourire aux lèvres. C’était le soir et le soleil se couchait, englobant la ville d’une douce lumière rosée. Des enfants mains dans la main avec leurs parents, des couples amoureux et des bandes d’amis se promenaient dans les rues. Voir des gens heureux m’avaient rendu le sourire et j’étais à nouveau sereine. J’arrivai devant chez moi et montait jusqu’à l’appartement familial. Quand je tournai le coin du corridor, j’aperçus Nichkhun par terre à côté de la porte. Je m’arrêtai quelques instants, me demandant si je devais prendre la fuite et l’éviter. Il m’avait déjà vu et c’était trop tard. Je n’étais pas trouillard au point de me sauver, mais je n’allais pas lui adresser la parole en premier. Les effets de l’alcool s’était dissipé avec l’air frais. Ils avaient disparu en même temps que le soleil. Ou peut-être pas tant que ça si je me faisais des métaphores de ce genre dans ma tête et que ça me donnait envie de rire. Bon, je devais me mettre dans l’émotion. J’étais fâchée contre Nichkhun, voilà ! Je changeai d’expression faciale pour quelque chose de neutre et décidai de l’ignorer. Je me dirigeai vers la porte tout en sortant mon porte-clé de la poche de ma veste. J’enfonçai la clé dans la serrure sans même accorder un regard à mon ami. Soudain, je sentis qu’il s’était emparé de mon poignet, m’empêchant d’entrer. Je soupirai en attendant qu’il dise quelque chose. Mon regard se posa sur lui, mais il n’avait pas levé la tête vers moi. « Je vais faire court pour éviter de dire encore plus de bêtises…Désolé. » Il avait murmuré le dernier mot de façon à ce que je l’entende à peine. Je frottai mes yeux avec mes doigts comme si ça allait m’aider à me remettre les idées en place. «Arrête.» ai-je seulement murmuré à mon tour. Je levai la tête au plafond. C’était une manie ridicule que j’ai toujours eue lorsque je cherche mes mots. La réponse n’était pas inscrite au plafond et je dus me résigner à le regarder… Je me laissai tomber à côté de lui et m’adossai contre le mur à mon tour. Je baissai la tête. Mes cheveux couvraient mon visage. Ainsi, il ne pouvait pas voir mes émotions. Je détestais qu’il me voit pleurer. Je détestais être faible au point de le laisser voir que ses paroles m’atteignaient. «Arrête de t’excuser…» je tentais de formuler mes paroles de façon sensée. «Tu n’aurais pas besoin de t’excuser si tu ne sortais pas toute ta colère sur moi.» Je passai une main dans mon visage pour à la fois essuyer mes larmes et me laisser le temps de réfléchir. «Tu sais… Si tu passes une mauvaise journée, tu peux m’en parler. Tu as le droit. Je suis là pour ça et je serais ravie de t’écouter si tu as des problèmes… Ne refoule pas tes émotions pour ensuite les ressortir et les rediriger vers moi. Ça ne t’apporte rien de faire ça…» Je le regardai pour voir son visage et tenter d’y lire quoi que ce soit. «Ça me blesse» ai-je finalement ajouté. J’avais tout dit…

« Pleurer dans tes bras chaque jour, pour te faire comprendre à quel point mon patron est un tyran, que mon père est un salaud et que je suis sans moyen ne m’intéresse pas. » J’hochai la tête lentement. C’était très bien alors, si c’était ce qu’il voulait… Sauf que ça ne m’intéressait pas de continuer à pleurer par sa faute parce qu’il décidait d’être en colère et de se venger sur moi. Je n’étais pas la cause de ses malheurs et je ne méritais pas de me faire traiter comme si c’était le cas. Je continuai à hocher la tête sans vraiment réfléchir à ce que je faisais. Je ne savais pas quoi lui dire et je ne savais même pas quoi penser. C’était complètement ridicule qu’il s’entête. Il pouvait être tellement borné quand il s’y mettait. Il se leva, mais je ne le regardais toujours pas. « J’en connais un qui sera content. » Je regardai Nichkhun un instant. Avant de baisser la tête encore une fois. J’étais bouche bée. Parlait-il vraiment de Hyun Ki ? C’était absurde. Hyun Ki ne pouvait pas être content que je perde un ami. Au moins lui, il me laissait me confier à lui. J’étais en train de perdre quelqu’un qui me tenait beaucoup trop à cœur. Hyun Ki n’allait certainement pas s’en réjouir. Contrairement à l’imbécile de Nichkhun qui se trouvait devant moi, Hyun Ki avait un cœur et ne serait pas heureux de me voir avoir de la peine. Une larme coula sur ma joue pendant que je levai la tête pour fixer Nichkhun. Ce dernier évitait mon regard et fixait le mur devant nous. Je ne pus retenir un sanglot. Je couvris ma bouche de ma main pour éviter de pleurnicher encore plus. Je le laissais m’atteindre beaucoup trop facilement. J’étais faible face à lui et au lieu de me ficher de ce qu’il disait, je laissais ses mots me faire mal. Je n’avais toujours rien dit. J’étais sans mot face à la situation. «Nous devrions peut-être plus rester amis. Tout ce que je fais c’est te faire pleurer. » Je serrai les dents pour éviter d’éclater en larmes. La dernière chose que je voulais, c’était de pleurer comme une madeleine. Je me relevai lentement et je lui fis dos, me plaçant face à la porte de l’appartement familial. «Parfait» ai-je réussi à articuler. J’avais parlé d’une voix aiguë. Il allait inévitablement se rendre compte que j’étais à deux doigts de fondre en larmes. «J’en ai plus que marre de te servir de punching bag pour sortir tes émotions de toute façon.» C’était tout à fait vrai, mais ce que je ne disais pas, c’était que je ne pouvais pas non plus vivre sans lui. Je tentai quand même de me convaincre du contraire en me répétant mentalement qu’il n’était qu’un con et qu’il ne m’apportait rien de bon. «Je n’ai pas besoin de ça» ai-je ajouté. Ça, c’était aussi vrai. Qui a besoin de se faire engueuler pour rien dans la vie ? Personne ! Surtout pas moi. Je vivais assez de misère dans ma vie quotidienne avec ma mère malade, l’abandon de mes études, le travail au café et avec ma cousine diabolique. Je n’avais pas besoin d’endurer la colère que Nichkhun gardait en dedans et qu’il redirigeait vers moi. Je regrettais amèrement d’être aller le voir au supermarché et me jurai de ne plus jamais recommencer. Je pris une grande inspiration, calmant à la fois mes larmes et ma tristesse, transformant le tout en colère. Je fermai les yeux et dirigeai toute ma colère vers lui. Il le faisait bien avec moi et maintenant, c’était à mon tour de lui faire. Je pensai à Myung hee que je détestais plus que tout, à mes journées épuisantes au Café et à ma vie merdique en général. Je regrettais déjà les paroles que j’allais prononcer, mais il le méritait tellement que je ne pus pas les retenir : «Je n’ai pas besoin de toi.» Je n’osais pas me retourner et le regarder, je ne voulais pas voir sa réaction. Je me contentai de laisser les larmes rouler sur mes joues en silence. Je fixai la porte et attendis qu’il dise quelque chose ou qu’il s’en aille. Mon coeur criait «C'est faux! Reste avec moi, je ne peux pas vivre sans toi!» mais je n'avais pas envie qu'il le sache. Il ne méritait pas d'avoir une place dans mon coeur.