« Nonnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnn!!!!!! »

Un cri de désespoir se fit entendre en provenance de ma chambre. Avec ma peluche en main et la boîte de mouchoirs à côté, je pleurais toutes les larmes de mon corps quand mes parents entrèrent dans la pièce. Étant hypnotisée par l’écran de mon téléviseur, je crois que je ne remarquai même pas leur présence jusqu’à ce qu’ils me demandent affolés ce que j’avais. Je ne tournai même pas la tête vers eux, car j’étais beaucoup trop sous le choc pour faire quoi que ce soit autre que de pleurer.

« Comment a t-elle pu faire ça…..encore!!!??? »

Je continuais de crier en pleurant ne pouvant pas retenir mes sanglots. Sakura avait sauté dans le vide après que Shaolan lui ait avoué ses sentiments. C’était tellement horrible comme fin et j’en vins à détester les créateurs de ce film de Sakura chasseuse de cartes. Je crois que j’avais visionné ce film des centaines de fois avec l’espoir qu’un jour peut-être la fin soit différente. Depuis toujours, ces deux personnages avaient été pour moi mes modèles du parfait amour romantique et tout mignon. Si certains avait grandit en regardant dragon ball ou Pokémon, moi c’était auprès de la petite brunette que j’avais passé mon enfance. Shaolan était aussi devenu le profil type du gars de mes rêves automatiquement. Un peu brun ténébreux qui débarque au Japon sans qu’on puisse trop en savoir sur lui, car il ne parle pas beaucoup. Il s’inquiétait pour l’héroïne sans pour autant y dire qu’il l’aimait.

«Ahhh »

Dans un soupir de bonheur. Je voulais ce Shaolan moi aussi dans ma vie. Je voulais quelqu’un qui veillerait sur moi sans pour autant être collant. Les silencieux m’attiraient vas savoir pourquoi. Je trouvais que ça leur donnait du charme. Voyant que je ne pleurais pu et que mes larmes étaient causées par un manga, mes parents repartirent de ma chambre en me demandant quand j’allais vieillir. Ma réponse avait été simple. J’avais tiré la langue pour leur faire part de ma colère inégalée. Ils étaient sensés me supporter dans cette dure épreuve pour que je passe à travers. Sakura ne serait jamais avec Shaolan. Je devais me faire à cette idée, mais cela était inconcevable. C’était comme admettre que l’amour n’existe pas. Pendant que je rembobinais la cassette de ce film que j’avais à maintes reprises, j’entendais mes parents dans la cuisine en train de se parler. Ils se plaignaient que leur grande fille de 22 ans ne soit pas encore amoureuse de autre chose que d’un dessin animé. Pfff depuis la petite école, je m’époumonais à leur dire que j’allais trouver l’amour à mes 25 ans. Ça n’arriverait pas avant. C’était mon destin. Née un 25 décembre, j’avais déterminé ce nombre comme mon chiffre chanceux. En rêve, mon prince charmant m’avait même rendu visite pour me dire qu’on se retrouverait à mes 25 ans.

Assise en tailleur sur mon lit, les bras croisés sous ma poitrine et les joues gonflées pour démontrer ma colère, j’écoutais toujours mes parents dans l’autre pièce se chicaner à mon sujet. Ils ne pouvaient rien comprendre à ma situation. Précipitamment, je me relevai de mon lit pour ouvrir la porte et leur crier ma haine que j’avais envers eux avant de refermer violemment la porte que je pris le temps de verrouillée. Enragée d’être jugée continuellement par mes parents qui étaient sensés m’aimer et m’appuyer dans mes décisions de vie, je restai debout au beau milieu de ma grande chambre à fixer le vide. Cela ne fut qu’une question de secondes avant que j’éclate en sanglot et que je m’abaisse en boule sur le sol de la pièce. Je pris une oreiller pour étouffer le bruit de mes complaintes puisque je ne voulais vraiment pas que mes parents rentrent ici. Je ne voulais plus leur parler. J’avais beau avoir un très joli appartement, une famille aimante qui me donne pratiquement tout et une chambre énorme, j’étais contente de rien. Je restais toujours chez mes parents et j’avais 22 ans. Des fois, comme en ce moment, je me disais que j’aurais mieux fait d’emménager ailleurs au lieu de profiter du confort du foyer familial. Pourtant, j’étais prête à parier que plusieurs personnes auraient voulu être à ma place. Toutefois, on veut toujours ce qu’on n’a pas. Je voulais être indépendante, même si le prix à payer était de vivre dans un minuscule appartement et avoir des murs en carton. Je ne voulais plus qu’on me considère comme une gamine de 5 ans. J’avoue que des fois, je ne faisais rien pour me donner l’apparence d’une fille mature, mais c’est ce qui faisait mon charme par vrai? Je crois que je voulais la vie de mon amie Hyun Ae. Elle travaillait en faisant ses propres horaires et elle avait une passion. J’ignorais si elle devait mettre au courant son père chaque fois qu’elle sortait, mais j’étais certaine qu’elle était plus libre que moi. Par contre, je n’étais pas sans savoir que son grand frère ne la ménageait pas. Avoir eu un ainé autant protecteur, je me serais sentie étouffée parfois. Kyung Ae était mieux dans le rôle de mon meilleur ami.

J’ouvris les yeux alors que mes larmes avaient cessés de couler. Après avoir tant débattu dans ma tête à savoir quel genre de vie je voudrais avoir, un nom m’apparu en tête. Je ne voulais pas la vie que Cho Hyun Ae menait. Elle avait beaucoup trop de responsabilités et de compte à rendre selon-moi. En plus côté cœur, ce n’était pas trop ça. Non en fait, je me rappelai de ma soirée passée il y a de cela à peine deux semaines. Je rêvais d’avoir la vie que Son Shin Il menait. Un sourire apparu sur mes lèvres pendant que je hochais la tête de haut en bas. Ohh oui lui il était classe. En plus il avait un coloc apparemment. J’avais toujours trouvé cela classe avoir des colocs. Dites ce que vous voulez, mais il n’y a rien de comparable à une relation entre colocs. C’est comme une relation magique. Rien ne peut égaler cette chimie entre deux personnes. C’est trop la classe d’avoir un coloc. C’était le symbole par excellence de l’indépendance. Moi aussi je voulais un Pikachu. Dans mon cas, ça serait un Kero, mais c’était tout comme. Un ours ou une souris jaune, quelle est la différence?

Tandis que mes parents semblaient enfin avoir fini de se crier après alors qu’ils étaient d’accord sur le même point; leur fille n’allait jamais grandir, je constatai que j’avais cessé de pleurer. Et mieux que cela encore, le visage et le simple fait d’avoir pensé à Shin Il m’avait ramené un sourire sur mon visage. Je jetai un regard à mon cadran pour y voir l’heure. Kyang Min devait encore être à la job, mais c’était parfait ainsi. À peine 10 minutes plus tard, j’étais dehors dans les rues après être partie en coup de vent de l’appartement de mes parents sans leur dire où j’allais. Je me sentais rebelle et je jubilais déjà en les imaginant découvrir que j’avais disparue. 10 minutes avaient été le temps que ça m’avait pris afin de revêtir une robe de couleur vive. J’aimais le orange!

Arrivée devant la porte du domicile de Kyang Min, je sortis ma clef que je gardais précieusement sur moi pour me permettre de rentrer ici en tout temps. Je fis une petite visite surprise au chat de mon ex. En fait, mon intrusion n’avait que pour but de me procurer quelques renseignements qui me faisaient défauts. En fouillant un tout petit peu, je trouvai ce que je cherchais dans l’ancien téléphone de Kyang Min. Je dû me retenir pour ne pas rire diaboliquement. J’avais l’impression d’être comme James Bond et qu’on m’avait confié une mission très importante. Toutefois, à voir les yeux du chat de mon ex, je fus porté à me demander si j’étais bien la gentille dans l’histoire. Est-ce que rentrer par infraction chez Kyang Min pour obtenir des renseignements sur un autre garçon comme son lieu de travail et son adresse civile était le rôle du méchant dans l’histoire? Mais non voyons, j’étais remplie de bonnes intentions. Je pris donc mon cellulaire pour y rentrer les informations que je venais de trouver et je repartis ni vu ni connu de son appartement.

Maintenant c’était direction la petite cafétéria de l’hôpital. D’ailleurs je m’en voulais énormément ou plutôt j’étais fâchée contre ma mémoire qui avait oublié une telle révélation que Shin Il avait bien voulu me dire. Je me trouvais stupide d’avoir oublié le fait qu’il m’avait dit qu’il bossait à cette cafet dans l’hôpital. Je m’en voulais, car ce n’était pas mon genre d’oublier des choses qu’on me disait. Je m’en voulais aussi puisque ce n’était pourtant pas difficile à se rappeler. Il n’y avait qu’un hôpital dans toute la ville.

Sur place, je constatai avec déception qu’il n’y était pas. Je haussai les épaules en me disant que je n’étais pas venue ici pour rien. Je pris donc un cabaret et je me pris un repas avant de continuer ma mission périlleuse qui était de retrouvé Shin Il dans cette ville. J’avais besoin de revivre les sensations que j’avais éprouvées lorsque j’avais quitté le restaurant de sushi sans payer avec lui. J’avais aussi envie de me rappeler ce que ça faisait de se sentir en sécurité et ce même si je traine dans un quartier peu fréquentable le soir. J’avais aussi ce besoin de me perdre dans son regard et me rappeler à quel point je n’arrivais pas à deviner ses pensés. Cependant, pour l’instant, j’avais besoin de manger. Je séparai d’un mouvement vif mes deux baguettes pour ensuite les plonger dans mon bol de riz. La petite Hye Mi délinquante allait passer après mon estomac. Je ne fus pas en mesure de tout manger et à mon grand malheur on m’avait appris à ne jamais gaspiller de la nourriture. Je regardai mon croissant frais ainsi que mes quelques morceaux de fromage avec un sourire diabolique. Shin Il devait bien avoir faim lui aussi et ce peu importe où il se trouve. J’étais maintenant obligée d’aller jusqu’au bout de ma mission.

Suivant l’adresse que j’avais trouvée dans le téléphone de Kyang Min, j’arrivai dans un quartier où je n’avais jamais mis les pieds. Plus les chiffres des immeubles se rapprochaient de ceux que j’avais et plus les battements de mon cœur s’accéléraient. Je ne savais pas pourquoi je réagissais ainsi puisque je n’étais même pas certaine qu’il y soit. Peut-être était-il avec une fille après tout. Enfin, à presque 1h de marche de chez-moi, je tombai devant le bloc à appartement qui se devait être celui de Shin Il. S’il avait déménagé au cours des derniers mois, je n’en étais pas au courant. J’hésitais grandement à rentrer. Je regardai tout autour de moi en posant presque un jugement sur le quartier. Ce n’était pas laid, mais ce n’était pas comparable au mien. Je commençais peu à peu à douter. Ce n’était pas une bonne idée finalement d’être venue ici. Et s’il ne voulait pas me revoir. J’avais sûrement été rien de plus pour lui qu’une nuit sans lendemain. Néanmoins, avant cette dernière soirée que nous avions passé ensemble et durant laquelle j’avais appris à mieux le connaître, je dois dire que je pouvais me venter d’être l’une de ses connaissances. Donc si j’allais le voir aujourd’hui, il pourrait considérer ma visite comme un geste amical. Bien décidée, je fonçai pour pénétrer dans le bâtiment. Je cherchai ensuite le numéro d’appartement de mon bel Américain avant de lever le poing afin de cogner sur la porte et annoncer ma présence. Toutefois, à la dernière seconde, je ramenai ma main contre mon corps. Je fixais la porte en doutant à nouveau. Pourquoi Shin Il voudrait me revoir? Des filles, il devait en avoir plein dans sa vie. Il devait simplement avoir eu pitié de moi le premier soir. Signe du destin ou non, je fus forcée d’agir et de prendre une décision. Du coin de l’œil, je vis un autre locataire de l’endroit qui sortait tout juste de son appartement et qui me fixait d’un drôle d’air. Je devais avoir l’air d’une folle qui a oublié comment se servir d’une sonnette. Pour ne pas éveiller son jugement, je m’empressai de frapper rapidement contre la porte de l’appartement de Shin Il. Heureusement pour moi, mon mal aise ne dura pas trop longtemps. On vînt à ouvrir la porte et je découvris avec bonheur que je ne m’étais pas trompée d’endroit quand je vis le visage de Shin Il. Je ne pu retenir mon sourire qui se devait de dissimuler ma timidité. Il semblait être sans mot, tout comme moi. Je lui montrai donc la petite boîte en plastique transparent qui contenait les restes de mon repas, soit un croissant ainsi que du fromage.

« Tu…tu as faim? » dis-je sans expliquer vraiment la raison de ma venue

Je lui donnai et j’enchaînai en disant que c’était mal vu en Corée de refuser un cadeau. Je crois qu’il avait reconnu rapidement la nourriture qui provenait de son lieu de travail ce qui me força à agir avant qu’il ne pose trop de question. Sans baisser la tête pour continuer de maintenir son regard je vins à lui avouer que j’avais eu envie de le voir aujourd’hui, mais qu’il ne devait pas me demander pourquoi car…

« Je n’aurais pas de réponses à te donner. Je ne le sais pas moi-même! »

Ayant l’avantage d’être plus petite que lui, je me permis de rentrer dans l’appartement en passant sous son bras qui était allongé afin de retenir la porte. Je m’invitai donc chez lui et rapidement je me tournai pour ne pas lui faire dos. J’affichais mon plus beau sourire avant de lui demander si je le dérangeais.

« Tu ne m’en veux pas trop hein? C’est Kyang Min qui m’a demandé de venir te voir pour s’assurer que tu allais bien »

Pourquoi je venais de dire ça. C’était le plus gros mensonge de tous les temps et le pire c’est que je me trouvais à être la pire menteuse au monde. Je dû donc me rattraper rapidement étant contrainte à dire la vérité.

« Non j’avoue m’être introduit chez Kyang Min pour trouver ton adresse et savoir où tu travailles parce que j’avais besoin de te voir avant de virer folle dans mon univers parfait »

J’avais cependant aligné chacun de mes mots à la vitesse de la lumière ce qui me laissa croire que Shin Il avait pas tout compris ce que je venais de dire. Le pauvre, il devait penser que j’avais consommée de la drogue. Eh non j’étais ainsi naturellement. Il ne fallait même pas m’imaginer sous les effets du speed. Je crois que je serais capable de briller dans le noir. Je m’excusai d’avoir parlé si rapidement et de ne pas être capable justement de me taire. J’enchainais chaque phrase l’une après l’autre en faisant une remarque sur la chaleur et que je prendrais bien un verre d’eau, ce qui aurait peut-être le don de me calmer, car je semblais être une junkie en manque. Je bougeai ensuite rapidement les mains devant moi comme en signe de négation pour le rassurer concernant ma possible consommation de drogue.

« Non non je suis clean. Tu imagines si je consommais! Je serais vraiment pu vivable et je parlerais tout le temps. Un peu comme en ce moment d’ailleurs… »

Je serrai les lèvres en retrouvant mes skills en aegyo. Je me permis un temps de 2 à 3 secondes pour réaliser que je n’avais pas laissé vraiment la chance à Shin Il de parler depuis qu’il m’avait ouvert la porte. Je constatai aussi pendant ce petit laps de temps que j’avais probablement prononcé au de-là de 1 000 mots déjà. Il était donc temps de me taire. Je relevai la tête pour y voir Shin Il qui était toujours près de la porte avec un air confus comme jamais. On fit ensuite durer cet instant de silence durant lequel on se regardait droit dans les yeux. Dans ses pensées j’étais convaincu qu’il se demandait quel serait le meilleur moment pour appeler les flics et moi je ne me répétais qu’une seule chose : son regard posé sur moi m’avait manqué. Sans lui donner le temps de réagir, je passai mes bras autour de son cou tout en me mettant sur la pointe des pieds pour venir capturer ses lèvres. J’aurais pu approfondir le baiser, mais ce fut très rapide. Après ça, je jouai la carte de la pauvre fille innocente. Comme si je n’avais rien commis, je demandai à Shin Il, en pointant du doigt une direction, si c’était par là la cuisine, car je tuerais pour un verre d’eau. Sans attendre de réponse, je marchai dans cette direction pour ainsi éviter à entendre le jugement de Shin Il. J’avais en effet peur de connaître ses pensées pour une fois. Si la nuit dernière j’avais cherché à tout savoir de lui, aujourd’hui je n’étais pas prête à accepter l’évidence que j’étais sûrement la seule à apprécier la présence de l’autre. J’étais trop de mauvaise humeur pour accepter la réalité que Shin Il en avait probablement rien à faire de cette fille qui s’immisce un peu trop dans sa vie et encore, il devait déjà penser à aller jeter au poubelle la nourriture que je lui avais rapportée.

J’arrivai dans la cuisine comme je l’espérais et je commençai à fouiller dans les armoires à la recherche d’un verre. L’hôte de la place arriva toutefois avant que j’aie le temps de trouver et il me rappela son côté galant quand il me fit signe de reculer pour qu’il puisse lui même me donner ce verre que je cherchais tant. Il le posa sur le comptoir pour me laisser le soin de le remplir moi-même. Je m’approchai du robinet alors que lui restait là accoté contre le mur à m’observer, me donnant l’impression d’être un extraterrestre sous observation. Je tentai par tous les moyens d’éviter son regard pendant que je plaçai mon verre sous le filet d’eau qui coulait. À peine rempli, je le posai sur le comptoir sans en prendre une gorgée d’abord. Je me tournai subitement vers Shin Il avec un air un peu plus sérieux.

« Je fugue. Tu veux bien me garder ici le temps que je me fatigue de fuguer et que je me rappelle que je ne suis pas faite pour vivre loin de chez mes parents? »

Je n’allais pas me faire des histoires. Je savais que je ne pouvais pas encore vivre sans eux. Je les aimais énormément et j’étais seulement jalouse de la liberté que pouvait avoir Shin Il. Tout ce que je demandais c’était de voir un peu à quoi ressemblait sa vie le temps de quelques heures, d’une journée ou même un peu plus qui sait.

Le regard que Shin Il me réserva quand j’eus fini de parler me laissa croire que ce n’était pas une si bonne idée finalement que de venir jusqu’ici aujourd’hui. Et puis cette histoire de fugue était ridicule. Son silence me donnait même l’impression qu’il doutait à savoir qui je suis. Je tentai de ne pas laisser paraître ma honte du moment. Comment j’avais bien pu penser que cela serait raisonnable de prétendre être en pleine fuite de chez mes parents. Ils devaient même être très inquiets à l’heure qu’il est. Juste l’idée de savoir que je leur causais du souci me rappela que je me trouvais actuellement dans une cuisine qui n’était pas la mienne. Je n’étais pas ce genre de fille qui disparaît du jour au lendemain. Dans le passé ma plus longue fugue avait duré 5 minutes et en fait, je m’étais cachée dans le garde-manger de la cuisine de mes parents. C’était un fait, je n’aimais pas que les gens s’inquiète inutilement à cause de moi. Cependant, j’aimais avoir de l’attention ce qui me poussait souvent à leur rappeler que j’existe. Je crois que c’était un peu pour ça que je me tenais face à Shin Il aujourd’hui. La soirée que nous avions passée ensemble avait été merveilleuse. Telle Cendrillon je m’étais sentie, le temps d’une nuit, comme quelqu’un d’autre que je n’étais pas. En fait, j’étais plus devenue une Mulan qu’une Cendrillon. Je ne m’étais pas transformée en princesse en partageant un repas au McDo avec Shin Il. J’avais plutôt laissé paraître un plus fort caractère. Ce n’était pas dans mes habitudes d’embrasser impulsivement un gars ou même de le ramener chez-moi. Avec Kyang Min, j’étais plus dans la catégorie "parle je t’écoute" et "demande j’exécuterai". La fille bien élevée et polie quoi. Je crois que la seule chose qui ne changeait pas quand j’étais avec Shin Il c’était le fait que je suis celle qui entretient la discussion. En même temps, il me laissait amplement la chance de le faire. Toutefois, là je devais admettre qu’il me laissait trop de temps à la réflexion. Ça faisait quoi, déjà trois bonnes secondes de silence depuis que j’avais enfin fermé ma bouche? C’était trop. Je me faisais des scénarios dans lesquels Shin Il trouvait le moyen habillement de me mettre dehors de chez-lui. L’air qu’il prit ensuite ne me plut pas tellement. Il allait appeler la police pour m’obliger à retourner chez moi? Il se redressa et soupira avant d’enfin ouvrir la bouche pour parler.

« Hum, je ne suis pas sur de te suivre là... tu veux... enfin tu ne veux pas t'assoir deux minutes? »

M’asseoir? Mais pourquoi? Pour mieux me ligoter à cette chaise ensuite? Ne pouvant plus bouger ça allait être plus facile pour lui ensuite de me renvoyer d’où je venais. Et s’il avait l’intention de profiter de la situation pour me prendre en otage et demander une raison à mes parents? Un peu apeurée par mes pensées, je me laissai prendre par la main pendant que Shin Il me tira hors de la cuisine. Peut-être qu’il voulait m’entraîner dans une pièce insonorisée et ainsi mieux me tuer. Et non, au lieu de trouver une salle de torture, je trouvai son salon et son lit pas fait. Il releva rapidement les draps avant de me faire signe que je pouvais m’y asseoir.

« J'ai que ça à te proposer... hum, ce n'est pas.... enfin... euh, bref. »

Je le regardai un instant, confuse, avant de m’exécuter. Je pris place sur l’extrémité du matelas en gardant le dos bien droit et en collant mes cuisses ensemble. Les mains sur le rebord du lit je donnais l’impression de ne pas être à l’aise. Pourquoi il ne voulait pas que je reste debout. Maintenant un peu plus calme, je pu enfin observer le lieu dans lequel je me trouvais. Les joues légèrement gonflées d’air pour me donner l’air d’une gamine jeune et innocente, je tournai progressivement la tête de gauche à droite en observant chacun des petits détails de cette pièce. C’était son salon et sa chambre en même temps? Enfin, il y avait une commode avec un tiroir mal fermé qui permettait d’entrevoir des vêtements. C’était donc bien là qu’il rangeait sa garde-robe. Je ne portai toutefois aucun jugement sur son environnement. Après tout, même si c’était petit, c’était déjà plus que le néant que je possédais. Je n’avais pas d’appartement à moi toute seule. Shin Il possédait donc un très grand appartement si je le comparais avec celui que je ne possédais pas. Je me mis ensuite à sautiller un peu sur le matelas en souriant. J’aimais être ici et j’appréciais encore plus le fait que Shin Il ne m’avait toujours pas mis dehors. J’attendis qu’il parle en premier ayant compris que j’étais mieux de me taire un peu pour ne pas l’effrayer. Passible, je le regardai faire quand il me tourna le dos vers sa commode. Il me refit face et alors qu’il m’annonçait qu’il allait seulement deux minutes dans la salle de bain, je penchai la tête sur le côté en le fixant avec mes gros yeux globuleux. Je le regardai de haut en bas en réalisant qu’il ne portait pas des vêtements de jour. Est-ce que ma présence ici l’avait réveillé? Il était malade peut-être? Ça expliquerait le fait qu’il n’était pas à la job aujourd’hui. Je le suivi des yeux jusqu’à ce que la porte de la salle de bain m’en empêche. Je gardai la tête tournée vers l’arrière, mais je la remmenai devant quand je perçu le bruit de l’eau qui coulait dans une douche. Je soupirai sans raison en souriant ça aussi pour aucune raison.

Ne restant pas plus longtemps en place, je me levai et je fis le tour de la petite pièce. Je regardai d’abord par la fenêtre pour y voir le genre de vue qu’on pouvait avoir d’ici. Ouias, c’est sûr que ça ne battait pas mon 23e étage chez mes parents, mais c’était pas mal non plus. Je hochai les épaules puis je tournai les talons pour regarder encore cette pièce dans son ensemble. Il n’y avait aucun concept de décoration et aucun cadre avec des photos. Je fis la moue en me disant que même son appartement n’aimait pas parler beaucoup de lui-même. Si Shin Il refusait de me dire qui il était et quel genre de vie il menait, j’avais espéré en savoir un peu plus grâce à son appart, mais j’en fus déçue. Je ne pouvais même pas déterminer s’il avait une couleur préférée. Avait-il des amis et de la famille? Comme tout être normal, je serais portée à dire oui, mais je ne voyais là aucune trace de son passé. Ça ne ressemblait pas à un endroit qui avait appartenu à la même personne depuis des années. Il n’y avait là aucune information qui m’aiderait à mieux cerner le ténébreux Shin Il. En même temps, je n’avais fait que regarder en surface et je n’osais pas ouvrir ses tiroirs, puisque je n’étais pas une petite fouine à ce point, en tout cas pas toute suite…

Je tournai la tête vers la porte de la salle de bain pour percevoir encore l’eau qui tombait dans la douche. Je portai ensuite mes yeux sur la commode en me disant qu’il ne le saurait jamais si je fouillais un tout petit peu dans ses t-shirt pour connaître au moins ses goûts vestimentaires. Je m’approchai donc du meuble et alors que j’allais ouvrir le tiroir qu’il avait ouvert avant d’aller dans la douche, j’entendis celle-ci s’éteindre. Prise de panique, en réalisant que je pouvais me faire prendre la main dans le sac, je me précipitai sur le bout du lit, là où je me tenais plus tôt en faisait mine de rien. À peine deux minutes après, Shin Il refit surface dans le salon chambre, que je surnommais déjà affectueusement chalon, en enfilant son chandail. J’affichai un sourire innocent quand il passa près de moi. Mon attention se porta ensuite sur le collier qu’il remit autour de son cou. Je n’étais pas folle, il portait ce même collier lors de la dernière soirée que je l’avais vu. Pourquoi portait-il ça.?Avait-il une signification quelconque pour lui? Je fus tellement absorbée dans mes pensées que ne pu écouter ce qu’il venait de me dire. Je me secouai légèrement la tête en clignant des yeux et sortir de ma bulle. Shin Il souriait à la suite de sa phrase. Mais qu’est-ce qu’il venait de dire. Merde panique cérébrale. Est-ce qu’il m’avait posé une question? Je devais faire quoi? À voir son visage, il ne semblait pas attendre une réponse de ma part, ce qui me calma un instant. Cet instant dura jusqu’à ce que je fois Shin Il s’avancer vers moi avec son petit sourire. Et là une nouvelle sorte d’alarme résonna dans ma tête. C’était l’alerte au sourire irrésistiblement sexy qui ne pouvait provenir que d’un homme lui aussi irrésistiblement sexy et charmeur. Je ne résistais pas à ça. Je pouvais déjà prévoir ce qui allait se passer durant les 3 prochaines minutes. Sous l’effet de ce genre de sourire, mon spécimen de fille complètement gaga allait fondre et se laisser manipuler par le spécimen charmeur. Comme ça, je semblais décrire une réaction chimique en chaine dans un labo, mais c’était encore plus simple que cela. C’était la réaction exagérée et naïve d’une fille en manque d’affection. Le joli spécimen mâle continua son rituel de séduction sans que je puisse faire quoi que ce soit. J’étais totalement sous son emprise. Je n’eus pas le temps de comprendre ce qu’il venait de faire, mais tout ce que je sais, c’est que je me retrouvai allongée sur le dos avec le corps de Shin Il tout près du mien. Sa main dans mon cou, je n’attendais qu’une seule chose et c’était qu’il m’embrasse.

« Alors... combien de fois t'as pensé à moi depuis la dernière fois? »

Je n’aimais pas son petit air espiègle à cet instant. Ce petit air qui disait clairement «je sais que tu as pensé à moi nuit et jour» J’aurais aimé dégager ce genre de confiance moi aussi, mais je devais l’admettre, j’avais pensé beaucoup trop souvent à lui me faisant perdre mon statue de fille rationnelle. Bientôt, mes pensées obscènes et non catholiques me crièrent de l’embrasser, mais d’autre part, j’aimais le contact de son nez qui frôlait le mien. Je ne pu cacher mon sourire jusqu’à ce qu’il prenne possession de mes lèvres. Et encore là, j’avoue que mon sourire s’obstinais à vouloir rester. Il mit fin au baiser et se redressa assez pour me regarder de haut sans pour autant que je ne puisse plus sentir la chaleur de son corps près du mien. Je le laissai caresser mon visage en me disant que j’avais bien fait de venir le voir finalement. Si je croyais qu’il allait profiter davantage de ma totale soumission, je fus surprise de le voir se relever subitement. Je fis de même en prenant appuie sur mes coudes en me demandant ce qu’il faisait maintenant. Il se réfugia dans sa cuisine et je restai là à faire la moue. Je croyais que les hommes étaient plus soumis que ça à leur pulsion. Pourquoi Shin Il me donnait plutôt l’impression que c’était moi la fille perverse et aguicheuse?

Quand je le vis revenir avec la nourriture de la cafet et une pinte de lait, je me rassurai en me disant que je lui avais peut-être donné faim. C’était une belle façon de me réconforter de n’avoir pas été capable de le garder près de moi plus longtemps. Il posa ses nouvelles trouvailles sur la table basse et au lieu de s’asseoir à côté de moi, il garda ses distances. Avec la table entre nous, je restai immobile à le regarder se servir. Plus le temps passait et plus je me disais que je venais de le réveiller. En récapitulant, je me rendais compte qu’il avait pris sa douche, il s’était changé, il avait fait son lit devant moi et il s’apprêtait à manger. Je me fis aussitôt plus petite et je me sentis coupable.

« C'est quoi ton plan? Tu leur as laissé un petit mot en disant que tu partais, ou tu comptes attendre qu'il lance une alerte enlèvement? »

Je relevai subitement les yeux vers lui en ne voyant pas toute suite de quoi il parlait, mais je compris qu’il faisait référence à ma fuite. Je restai silencieuse avec la bouche à peine ouverte pendant qu’il remplissait les deux verres de lait. Shin Il semblait trouver la situation très drôle et ne me prenait pas du tout au sérieux. Je ne pouvais pas être contrariée par sa réaction puisque moi-même je n’arrivais pas à me prendre au sérieux. Je ne survivrais pas 24h seule dans la rue. Je gardai ma bouche close en réfléchissant à la réponse que j’allais lui donner. Je le regardai prendre une gorgée de lait ce qui me soutira un petit sourire taquin en coin. À pareille heure, je l’aurais plutôt imaginé avec une bouteille de bière à la main. Au moins, là sans le savoir Shin Il venait me donnait de nouveaux indices sur sa personne et venait du même coup confirmer mon hypothèse qu’il était différent comparativement aux autres gars de son genre.

Je répétai certains de ces mots en rajoutant une pincée d’interrogation dans ma voix. Tout en réfléchissant à ma réponse, je levai les yeux vers le plafond et ainsi peut-être trouver plus facilement les mots. N’ayant toujours pas daigné m’exprimer clairement, je m’étirai le bras pour atteindre le verre de lait qui m’était réservé sur la table basse. Je pris une toute petite gorgée et je le déposai ensuite sur mes cuisses en l’entourant de mes deux mains. D’un air sage et adorable je parvins enfin à lui dire ce qui serait mon plan.

«Je n’ai pas de plan. J’ai agis impulsivement pour la première fois de ma vie je pense. Je n’ai pas pensé aux conséquences, mais maintenant que je le fais, je réalise que je vais sûrement t’attirer des ennuis. Mes parents sont du genre à appeler la police et vouloir te laisser mourir dans le fond d’une cellule. Et malheureusement, tu ne m’as pas encore donné de raison valable jusqu’à maintenant pour que je prenne ta défense devant eux. »

J’avais terminé ma phrase en lui tirant la langue pour le narguer un peu. Il savait que je n’étais pas sérieuse. Il ne finirait pas ses jours dans une prison parce qu’il a bien accepté de me garder un peu chez lui. Je m’excusai néanmoins auprès de lui pour les problèmes futurs que ma présence ici allait lui apporter. Je faisais durer la mauvaise blague, mais je ne pouvais m’en empêcher. C’était ma façon à moi de changer de sujet. Je ne voulais pas lui dire la vérité. Je ne voulais pas qu’il sache que ma fugue avait été provoquée par une dispute ridicule entre mes géniteurs et moi. Il n’avait pas besoin que j’avais fondue en larme devant un manga et il avait encore moins besoin de savoir que c’était à lui que j’avais pensé quand j’avais cherché une personne qui serait capable de me faire oublier ma mauvaise journée. De toute façon, il devait bien s’en douter que si j’étais ici, actuellement assise sur son lit, c’était intentionnel. Personne ne m’avait poussé à venir ici. J’avais même fait plusieurs démarches pour trouver l’adresse. Il était donc évident que j’avais cherché à le revoir, car j’avais eut besoin de revoir son visage.

Je regardai ensuite à nouveau autour de moi à la recherche de quelque chose à faire pour trouver un planning de la journée. Je n’étais pas venue ici pour que lui me divertisse et je ne voulais pas être un boulet qui gâchait toute sa journée. Cependant je ne vis là rien qui aurait pu nous tenir occupés. L’appartement de Shin Il était assez simple. C’est donc avec un air confus que je lui demandai ce qu’il faisait dans ces temps libres. Je rajoutai un commentaire qui laissait croire qu’il devait bien s’ennuyer à toujours être ici à boire du lait, mais je me rendis compte seulement après que je venais peut-être de le brusquer. Je ne voulais pas porter un jugement sur le genre de vie qu’il menait, mais à voir cette pièce, je me disais bien qu’il ne devait pas y passer tout son temps. Il devait être porté à sortir régulièrement. Il ne devait pas non plus être apte à accueillir beaucoup d’amis ici. Avait-il plusieurs amis? Je n’avais pas fait gaffe sur Facebook. De toute façon, j’avais plus de 600 amis sur Facebook et pourtant je me retrouvais souvent seule chez moi donc ça ne voulait rien dire. Je repris à nouveau la parole, mais cette fois ce fut pour lui demander ce qu’il avait fait hier. Ben oui, c’était une question simple qui pouvait bien lancer une conversation, mais Shin Il se contenta de mordre dans le pain plutôt que de me répondre toute suite en gardant ses yeux rivés sur moi. Je sentis que c’était sa façon à lui de me faire comprendre que je me remettais encore à trop parler. Je fis une mine désolée avant de redessiner un sourire sur mon visage. Je tapai avec mes mains sur mes cuisses avant d’ouvrir la bouche.

«Ça te dit de jouer à jeu? Celui du silence. Le premier à parler à le droit à une tape sur la tête! »

Il se devait d’aimer mon jeu. Je crois que c’était le petit détail de mon caractère qu’il aimait le moins lorsque je me mettais à parler sans arrêt. Il prit une seconde bouchée du pain et je ne su pas trop s’il acceptait de jouer. Je déterminai toutefois qu’il jouerait. Il était obligé! Décidée à le faire parler, je me levai subitement du lit et je me dirigeai vers sa commode. La tête tournée vers lui pour entrevoir sa réaction, je posai mes mains sur les poignées des tiroirs. Ceux du haut étaient généralement réservés aux sous-vêtements non? La langue à peine sortie, je le narguai avant d’ouvrir complètement l’un de ses tiroirs et d’y mettre mon nez. Une onomatopée de sa part et c’était trop tard. Je me fis une joie de lui donner une légère tape sur le front en souriant. Il me retenait par le bras et m’incita à revenir sur le lit. Je fronçai les sourcils et je fis la moue. J’avais l’impression d’être une enfant qu’on avait mis dans un coin parce qu’elle avait fait une bêtise. Relèguée à ce matelas, je ne semblais pas avoir le droit d’aller ailleurs. Peut-être que ça l’ennuyait que je sois dans sa bulle. Après tout il n’attendait pas ma visite. Comme tout le monde il avait le droit à son petit jardin secret. Si j’avais su l’autre soir que Shin Il allait mettre les pieds dans ma chambre, j’aurais probablement pris le temps de cacher mes ridicules peluches. Shin Il devait vivre le même genre de situation étrange en ce moment. Pourtant, je ne le sentais pas trop tendu. Il ne me donnait pas non plus le sentiment que je le dérangeais et que je n’étais pas la bienvenue ici. Il paraissait relativement de bonne humeur, même si aux premiers abords il donnait l’image du gars le plus fatigué au monde. Je m’efforçai donc pour ne pas être déplaisante. J’abandonnai mon idée de fouiller chez lui.

La tête baissée et les yeux rivés sur son plancher je décidé de répondre à l’une de ses questions que j’avais jusqu’à présent évitée. Toujours en évitant de croiser son regard, je lui avouai que j’avais pensé quelques fois à lui depuis la dernière fois qu’on s’était vus. Je ne lui révélai pas que j’avais eu le sentiment parfois de sentir sa main frôler mon visage durant mon sommeil et que je m’étais réveillée en sursaut à toutes les fois en découvrant que j’étais bien seule dans mon grand lit. Je ne lui appris pas non plus que les fois d’avant, il ne m’était jamais arrivé de repenser à son nom ou à son sourire. Ça aurait été stupide de ma part de lui dire de telles choses que je n’arrivais pas moi-même à expliquer pourquoi. Vivement, je relevai la tête pour lui réserver mon plus beau sourire hypocrite et forcé de l’univers.

«Je comprends que tu n’aies pas cherché à reprendre contact avec moi. Tu dois avoir une vie folle et un tas d’amis à voir avant tout. D’ailleurs j’espère que je ne te dérange pas trop dans ton quotidien là. Tu ne travaillais pas ce soir hein? »

Il était trop tôt pour monsieur pour que je lui annonce que je m’invitais à dormir chez lui? Au vu du regard qu’il me réservait, je conclu que oui. J’allais lui garder la surprise encore. Il était hors de question que je rentre chez mes parents ce soir. Ça leur ferait trop plaisir. Je devais leur prouver que je pouvais tenir 24h au moins loin de la maison. Un silence s’installa entre nous pendant que je cherchais quoi lui dire. Je cachai mon mal aise en prenant mon verre de lait que je calai. Pourquoi la discussion ne pouvait pas être fluide entre nous? Pourquoi ne voulait-il rien me révéler sur lui? Y avait-il quelque chose que je ne devais pas apprendre? Qui sait peut-être qu’il était un jeune homme engagé par mes parents pour me surveiller et qu’il n’avait aucune compassion pour moi. Réalisant que mes idées étaient toujours autant stupides les unes que les autres, je me levai rapidement du lit pour briser le silence et me donner le courage de m’imposer.

«Tu veux aller à quelque part? On pourrait se faire un petit karaoké. Je veux voir si tu te débrouille en chant »

Je le pointai du doigt et d’un ton autoritaire, je lui ordonnai de terminer vite de manger et qu’après nous partirons. Depuis mon arrivée je m’étais montrée douce et polie ce qui faisait un gros contraste soudainement. Bon j’avoue que j’avais été taquine un peu et énervée, mais j’avais plus démontré un caractère de soumise que de petit boss. Je me remis donc à sourire puisque c’était une des seules choses que je faisais bien dans la vie et je me dirigeai sans gêne vers la salle de bain. Sans refermer la porte, je me regardai dans le miroir pour voir de quoi j’avais l’air. J’avais effectivement l’air d’une fille qui avait pleuré plus tôt durant la soirée. J’avais l’impression que mon visage était gonflé et je ne m’étais pas maquillée avant de fuguer. J’étais moche. C’était peut-être pour ça que Shin Il me résistait si facilement. Je soupirai en me disant que j’allais faire confiance à mon charme naturel. Et puis, je n’étais pas vraiment là pour draguer Shin Il, mais bien pour apprendre à le connaître davantage.

Quand je revins dans le salon, mon hôte terminait justement son verre de lait. Je fus surprise de voir à quel point il pouvait boire de litre de lait et je laissai bien paraître ma stupéfaction sur mon visage. Alors qu’il se levait ayant apparemment accepté son destin d’homme qui se devait de m’accompagner au karaoké, je ne pu retenir ces quelques mots qui me vinrent à l’esprit.

«Shin Il…tu ne cessera jamais de m’étonner » dis-je ahurie

Il me prit par le bras pour me mener vers l’extérieur de son appartement, mais je ne regardai aucunement devant moi. Je m’amusais à jouer le rôle de la fille trop obnubilée par mon accompagnateur. C’est seulement dehors qu’il se fatigua sans doute que je le fixe de la sorte et j’eus le droit à son attention. Toujours en train de le regarder dans les yeux, je continuai de me moquer un peu de lui.

« Et d’ailleurs c’est quoi ton nom de famille. Je ne sais même pas. Me l’avais-tu dis? Je ne crois pas hein!? Attends laisse-moi deviner…c’est Bae et tu es mon frère jumeau »

Oui je partais sur une bulle de délire, mais c’était toujours ainsi quand j’étais de bonne humeur. Je venais à trop parler et à perdre mon sérieux. On se mit à marcher vers le centre-ville, là où le karaoké le plus proche se trouverait. Toutefois, quand la circulation dans les rues commença à se faire plus abondante, je me mis à agir étrangement en me cachant derrière Shin Il et en cachant mon visage contre son épaule. Voyant que je faisais presque peur à Shin Il, je lui expliquai que c’était pour son bien.

« Mes parents doivent déjà avoir envoyé un avis de recherche et une récompense de plusieurs milliards de won à celui ou celle qui me retrouverait. Je ne voudrais pas que tu risques ta vie pour moi! »

J’avais toujours mon sourire radieux qui donnait aucune crédibilité à mon dernier aveux. Cependant cette idiotie que je venais d’inventer me fit penser à autre chose. Alors que je m’étais remise à marcher normalement aux côtés de Shin Il, je repris mon air un peu plus sérieuse. J’avais gardé son bras gauche en otage, l’entourant de mes bras car c’était ainsi que je me sentais le mieux quand j’étais près de lui. Je relevai la tête vers lui, puisque j’étais nettement plus petite et je ne cessai pas de parler.

«Dis, tu as peur de quoi dans la vie? »

Je gardai mes gros yeux bien ronds posés sur lui en attendant sa réponse. Avec le peu qui m’était donné de voir, Shin Il n’avait jamais semblé avoir peur de quoi que ce soit. En fait, au début je croyais qu’il avait peur de l’avion, mais après réflexion, j’étais venue à me dire qu’il devait avoir crains autre chose que l’avion. Il devait redouter plutôt son arrivée en terre coréenne. En fait je ne savais trop rien, puisque je n’étais pas dans sa tête. Je ne savais même pas s’il avait une famille ici. Je ne crois pas que j’exagérais si je disais que Shin Il était synonyme de mystère dans le dictionnaire. Mes réflexions inutiles s’arrêtèrent là quand Shin Il s’arrêta net de marcher devant un petit commerce. C’était là le karaoké? Apparemment oui, puisqu’il y ouvrit la porte et je le suivi sans hésitation à l’intérieur. Même s’il fallait prendre l’ascenseur pour descendre sous terre et accéder à la réception du karaoké, ce dernier ce révéla très accueillant comme endroit. Je m’en mordu d’ailleurs les doigts de ne pas avoir connu ça avant. Je jetai un regard enjoué à mon ami avant de m’avancer vers le comptoir pour réserver une salle durant 1h. Si nous souhaitions continuer à chanter, nous n’avions qu’à reprendre une heure supplémentaire ensuite. La réceptionniste déposa deux micros sur le comptoir alors que Shin Il arrivait à ma hauteur. J’étais beaucoup trop heureuse pour la situation et l’air naturellement décontracté et cool du bel américain jurait avec mon comportement. Est-ce que ça lui arrivait parfois d’être surexcité comme je pouvais l’être?

Une fois payé, on réquisitionna notre salle et telle une vraie femme, je me jetai sur l’objet de la convoitise et du contrôle absolu; la télécommande! Je m’allongeai de tout mon long sur la banquette du fond prenant une pose de mannequin pour bikini sur la plage tout en prenant connaissance de cette manette. J’annonçai qu’il serait le premier à chanter seul, car je prenais mes airs sur cette banquette et que je voulais choisir sa chanson pour lui. Je me redressai et je me suis assise plus convenablement quand je réalisai que les boutons de la télécommande ne fonctionnaient pas. Je me suis mise à faire comme toutes les filles le font quand il y a quelque chose qui ne marche pas, soit d’appuyer sur tous les boutons jusqu’à ce que quelque chose fonctionne. Contrariée je me suis mise à faire des bruits pour exprimer ma déception ce qui attira l’attention de mon preux chevalier qui accouru à mon secours. Il tendit la main pour que je lui donne la manette et qu’il puisse voir s’il pouvait faire quelque chose. Je lui donnai en relevant le bras vers lui sans abandonner ma moue. Et bien sûr, il ne fallu pas plus que cinq seconde pour que Shin Il résolve le problème quel qu’il soit. Il affichait ce sourire victorieux et moi ma face de colère. Ce n’était pas juste et je prétextai que c’était juste parce qu’il avait des doigts magiques. Je tendis ensuite les bras vers Shin Il pour qu’il me redonne la manette, mais il me tourna le dos et alla s’asseoir avec un peu plus loin sur la banquette.

Alors que Shin Il parcourait la liste de chansons à la recherche de celle qui me ridiculiserait bien une bonne fois pour toute, je le regardai fixement quelques secondes avant de lui demander une question sortie de nulle part.

« Oppa! Je suis curieuse, mais ça tu le sais déjà.Il dévia ses yeux de l’écran pour les poser sur moi, me faisant penser qu’il m’écouterait. C’est quoi les trois choses que tu souhaiterais le plus à cet instant même? »

Je ramenai mes jambes sur la banquette pour m’asseoir en tailleur avant de continuer à parler avec de l’enthousiasme dans la voix. Je lui demandai d’imaginer que j’étais un génie d’une lampe et je reformulai à nouveau ma question.

« Quels seraient tes trois vœux que tu voudrais que je réalise »

C’était une question sans but précis autre que d’apprendre à le cerner un peu mieux. Je n’avais pas de super pouvoir magique et je ne pourrais probablement réaliser aucun de ses souhaits. Voyant qu’il était réticent à me donner une réponse, je cherchai un moyen de le faire parler. Le karaoké allait bien pouvoir m’aider. Je lui appris que j’étais prête à tout faire pour connaître ses réponses et donc de même parier. Si j’obtenais plus de 90% à la chanson qu’il me choisirait, il serait obligé de me dire un premier vœu. Je trouvais que c’était une bonne entente. Je posai un pied au sol pour m’aider à me glisser jusqu’à lui en gardant mon autre jambe sur la banquette. Une fois près de lui, je lui présentai ma main pour qu’il la prenne et ainsi sceller le pacte.

« I’m yours, Tu te souviens? Et je peux rajouter à cela It’s gonna staying between you euh non us. C’est us que je voulais dire! »

Rajoutant un clin d’œil à la suite de mes paroles je souhaitais de tout cœur qu’il ne se mette pas à rire de mon horrible accent ou de ma mauvais structure de phrase. J'y pouvais rien si j'étais mauvaise en anglais!

Spoiler:

Shin Il et moi étions incompatibles. Ça où bien nous étions différents des gens normaux. Je préférais me plaire en choisissant la deuxième option. J’avais vu à la tv que le monde qui souhaitait apprendre à se connaître avait l’habitude de passer une soirée ensemble autour d’un verre pour en apprendre plus sur l’autre. Après cette soirée, les deux personnes devenaient souvent les meilleurs amis du monde ou dans le cas totalement inverse étaient les pires ennemis. Shin Il ça faisait plus que 10 heures que je pouvais le côtoyer et pourtant je venais tout juste d’apprendre son nom de famille. Les choses que je savais à son sujet pouvaient se compter sur mes doigts. C’était peu dire. C’est pourquoi j’avais décidé de lui lancer ce petit défi de chant. Si j’avais 90% à la prochaine chanson, il allait devoir me révéler une de ses envies du moment. Cette idée venait confirmer mon hypothèse. Je ne faisais pas partie de la catégorie des gens normaux. Je devais jouer au chat et à la souris avec lui si je voulais espérer peut-être apprendre la raison de sa venue en Corée. Tout le monde avait des objectifs de vie, eh bien moi c’était de déchiffrer un peu ce Son Shin Il.

Avec mon joli minois adorable comme tout, je le fixais jusqu’à ce qu’il se décide enfin à relever la tête. À voir son expression sur son visage quand il me vit, je crois que je lui avais fait peur ce qui me fit un peu rire, mais je m’efforçai pour garder mon air de supplication. Il ne pouvait rien me refuser avec les yeux que je lui faisais. Ma proposition de pacte du silence l’intéressa et le fit même sourire. Il acceptait? Sa main maintenant dans la mienne, je pu me réjouir à l’idée que j’allais bientôt en savoir un peu plus sur lui. Je jubilais? Peut-être. Toutefois, Shin Il fit le vide dans ma tête quand il me tira vers lui grâce à nos mains l’une dans l’autre. Je me retrouvai tout près de son visage, enfin plus près que tout à l’heure comme si cela était vraiment possible…


« Est-ce que j'ai le droit de mentir? »

Je fis une moue pour exprimer ma déception et crier à l’injustice. Déceler le vrai du faux dans les paroles de Shin Il relevait d’un tout autre niveau que je n’avais bien sûr par encore atteins. Il trichait et je n’avais aucune solution pour savoir s’il me dirait la vérité. Je ne pouvais quand même pas le brancher sur un détecteur de mensonges! Je crois qu’il ne me restait qu’à lui faire confiance et espérer qu’il ne se moquerait pas de moi en disant des bêtises. J’étais assez naïve pour me convaincre qu’il serait sincère et ce malgré ce sourire narquois qu’il affichait à cet instant. Je continuais de le fixer pendant qu’il s’éloigna de moi pour consulter la liste des chansons disponibles. Cela ne fut pas très long avant que je puisse apprendre quelle chanson que j’allais devoir chanter. Sans surprise, Shin Il avait posé son choix sur une chanson américaine. Je roulai les yeux quand il m’apprit le titre : Russian Roulette de Rihanna. Bien sûr, je connaissais cette mélodie, mais au point de dire que je maîtrisais les paroles? Eh bien je chantais ce que je semblais entendre comme mot. La signification des paroles? Aucune idée. Je n’avais jamais vu les paroles écrites. Ça allait être l’occasion pour moi d’améliorer mon anglais. Déterminée, je me levai de la banquette en saisissant un des deux micros au centre de la table. Je fis signe à Shin Il de partir la chanson quand je fus prête. Les deux mains sur le micro ramené devant moi, je tentais de calmer mon cœur qui devenait dans ma poitrine alors que les premières notes se firent entendre. Je me retournai rapidement vers mon ami avec un sourire pour essayer de retrouver ma confiance que je venais de laisser derrière moi. J’allais chanter en anglais devant un gars qui devait mieux connaître cette langue que le coréen. C’était bon pour me faire une crise de panique. Il allait rire de mon accent c’était certain. Une chance que j’avais plusieurs heures d’expérience en karaoké sinon j’aurais probablement fondue en larme dans un coin de la pièce. Au final, Russian Roulette s’avéra plus facile que je ne le pensais. Les paroles étaient lentes et Rihanna ne s’était pas permis des envolées vocales à ne plus finir. Le 90% fut donc très facile à aller chercher. En voyant mon résultat, je sautai sur place en pointant l’écran pour que Shin Il voit un peu mon talent. Il ne semblait même pas surpris, ce qui calma un peu ma joie. Je me retournai pour bouder le temps d’une millième de seconde en me disant que j’étais fière de moi et que c’était tout ce qui compte.

« Je voudrais boire du coca! »

Il aurait pu me complimenter sur mes talents de chanteuse amatrice, mais non il voulait du cola! Ça me prit un certain temps avant de comprendre qu’il s’agissait là en fait que de l’un de ses souhaits. Ma bonne humeur revînt instantanément en réalisant qu’il acceptait de jouer à mon petit jeu. Tellement heureuse, je me serais même proposée pour aller lui chercher sa boisson gazeuse, mais il me devança. Si je comprenais bien, j’allais devoir continuer à chanter pour connaître son deuxième souhait? C’est ce qu’il semblait me dire. J’aurais été une folle de refuser. Après tout j’adorais tenir un micro. Je le laissai assouvir sa soif tout en me trouvant une seconde chanson. Je me balançai d’avant arrière sur mes talons en attendant avec les mains dans le dos telle une gamine impatiente. Finalement le titre tomba et j’allais interpréter du Chris Brown, Don’t judge me. Je connaissais Chris Brown, mais pas cette chanson. Je le connaissais pour les conneries qu’il avait fait sur Rihanna, mais l’heure n’était pas aux potins. Je pointai l’écran pour donner le coup d’envoie et que Shin Il comprenne d’appuyer sur Play. J’étais une warrior et j’étais certaine que j’allais dominer les paroles. Quand elle débuta, je fus un peu moins sûre de moi soudainement. Le rythme était lent et je ne comprenais pas la signification. Tout ce que je pouvais dire c’est que le gars ne voulait pas que la fille le juge. C’était une histoire d’amour difficile? C’était triste ou romantique? Je n’en savais trop rien. Alors que ma bouche butait sur un mot, je réalisai comme si un éclair venait de me frapper. Je fus déconcentrée et perdu plusieurs mots de la chanson pendant que ma tête pensait à autre chose. Est-ce que Shin Il n’était pas allé totalement au hasard avec ses choix? Oui c’était clair maintenant. Russian Roulette c’était pour me dire que j’étais aussi attirante que la belle chanteuse. Et puis le Chris Brown c’était peut-être parce qu’il ne voulait pas que je juge son appartement. Ça ne pouvait être que ça. Je souriais fièrement alors que je terminais la deuxième épreuve. J’étais une brute, rien ne pouvait m’échapper.

Telle une montagne russe, mon humeur chuta à nouveau quand je vis mon deuxième résultat. Je fronçai les sourcils en longeant les bras de chaque côté de mon corps pour bouder. Je me retournai vers Shin Il avec mes yeux mignons avec l’espoir qu’il me fasse part quand même de son second souhait. Je le méritais! J’avais accepté de chanter une chanson très difficile dont je ne connaissais pas la moitié des mots.

« Tu m'avais dis pour la première chanson, si tu faisais quatre vingt dix, pour la deuxième, il me semble pas que tu l'ais mentionné... »

Un long et magnifique sourire apparu sur mon visage. Il allait donc me faire une confession hein? Alors que je m’attendais à ce qu’il m’apprenne qu’il était millionnaire et qu’il voulait partager sa fortune avec moi, il énonça plutôt un truc qui me désarma. Son second souhait était que je chante une chanson du sexy et ô combien séduisant Taeyang, I need a girl. Si j’avais été méchante, j’aurais pu contester, mais je n’étais pas le genre de fille qui disait non. On disait de moi que j’étais enthousiaste je crois. Mais ce que je ne disais pas à Shin Il, c’est que cette chanson était l’une de mes préférés qui se retrouvaient sur mon ipod. Après tout, Taeyang était mon idéal masculin. Romantique et bad boy. J’en bavais partout.

Je vins toutefois à douter de la signification de ce choix. Si Rihanna voulait dire que j’étais sexy, que Chris Brown c’était que je ne devais pas juger son appartement, alors celle de Taeyang devait dire quoi? Confuse, je fronçai les sourcils pour juger Shin Il. Pensait-il que j’aimais les filles?! Si c’était ça, j’étais offusquée de savoir quel genre d’image je laissais paraître.

Oui, la roulette russe, était la façon dont il voyait sa vie parfois, du jour au lendemain tout pouvait s'écrouler. Don't Judge me, il espérait qu'un jour plus personne ne le jugerait. Quand à la dernière... et bien il souhaitait trouver une fille avec qui il pourrait partager sa vie. Je restai un instant à fixer Shin Il pour essayer de lire dans ses yeux. Pourquoi I need a girl? Ne trouvant pas de raison, je me retournai vivement vers l’écran en tournant sur mes talons et je partis la chanson. Je me permis quelques petits moves à la Taeyang étant plus en confiance en mes moyens, mais je figeai quand je m’aperçu de la présence de Shin Il tout juste derrière moi. Je ne l’avais même pas entendu m’approcher. Et pourtant, il avait bel et bien ses bras autour de ma taille. Je dois dire que si durant le premier instant j’avais été offusquée, ça n’avait pas perduré plus longtemps. Je m’étais rapidement laissée fondre dans ses bras alors qu’il se chargea du rap qu’il me murmura à l’oreille.

« ...Saramdeul apeseon jijo itge nora Nae apeseon a-ing nan molla Achime nal ggae-uneun moksori Morning kiss Harureul shijakhago shipeo (I want it all)... »

Je devais avouer que c’était très hot comme moment. Ce ne fut que lorsque Shin Il chanta avec moi le dernier refrain que je compris que je m’étais peut-être trompée sur la signification de ces trois choix de chanson. Est-ce qu’il venait de me dire qu’il avait besoin d’une fille. Et puis, est-ce que cette fille c’était moi? J’aurais aimé le croire, mais je l’imaginais mal m’avouer un tel truc en pleine session de karaoké.

« Je voudrais que tu m'embrasses... »

Et paf je venais de mourir d’une crise cardiaque. Bien sûr j’exagérais, mais les battements accélérés de mon cœur étaient bien réels. C’était juste trop parfait comme moment du genre que je mériterais qu’on fasse un film sur ma vie après ça. Je ne voulais pas qu’il voit à quel point il arrivait à me faire de l’effet à cet instant, mais je ne voulais certainement pas lui refuser ce souhait. Ces mains descendirent jusqu’à mes hanches pendant que peu à peu je venais à croiser son regard alors qu’il m’incitait à lui faire face. Il avait ce don pour m’hypnotiser et que je ne puisse voir plus que lui dans la pièce. Je devenais une poupée de chiffon tellement facilement quand j’étais dans ses bras. C’en était presque anormal comme effet. Ses lèvres s’approchèrent jusqu’à ce qu’elles viennent se sceller aux miennes pour un tendre et passionné baiser. Il fut le cruel qui y mit fin, me laissant sur ma fin. J’ignorais si c’était l’effet du moment, mais j’eus l’impression que ce baiser était différent des autres. En fait, pour moi il avait été différent. Il n’y avait qu’à se fier au teint rosé de mon visage pour le deviner. Ce n’avait pas juste été un délicieux court moment.


« A ton tour, dis-moi ce que tu souhaites... »

Cette phrase eu le don de me sortir de mes pensées subitement. Je relevai les yeux vers lui l’air confuse. Je ne m’attendais pas à ça. Je croyais que tout ce qu’on devait savoir à mon sujet avait été dit. J’habite chez mes parents, j’ai des peluches dans ma chambre et je rêve de vivre le grand amour un jour. Qu’est-ce qu’il y avait à savoir de plus. Je n’arrivais pas des Etats-Unis et je n’avais pas plein d’anecdotes de soirées à compter. Les seules choses qui pouvaient être bonnes à dire à mon sujet devaient être les traits de ma personnalité. À part cela, j’étais comme les filles de mon âge. Naïve, la tête remplie de rêves et avec pour conviction que les gens sont bons.

Je ne refuserais pas son offre toutefois, mais il allait devoir subir le même châtiment que moi s’il voulait des réponses. Avoir 90% et plus comme résultat au karaoké. Avec un sourire pour exprimer ma satisfaction, je lui donnai mon micro en le collant sur son torse vivement. Je relevai la tête vers lui en le mettant sur ses gardes. Il avait devoir me donner tout un show s’il espérait que je lui dise le fond de mes pensées. Retrouvant ma banquette, je restai près de Shin Il néanmoins. Mettant mes pieds sur la table, je pris l’énorme télécommande pour parcourir la liste des chansons et trouver LA chanson idéale. En même temps, je me disais que je pouvais bien lui trouver quelque chose de difficile en anglais, puisqu’il allait quand même tout réussir. Il devait être une brute dans cette langue et je voulais en avoir un aperçu. Je fis défiler les noms jusqu’à ce que je réalise que je ne prenais pas conscience de ce que mes yeux lisaient. Mes pensées étaient ailleurs. J’étais à la recherche en fait d’un premier souhait. C’était peut-être cliché de dire ça, mais quand je relevais les yeux, et que je voyais Shin Il qui attendait patiemment devant moi à ce que je me décide et que je regardais autour de moi, je me disais que je voulais rien de plus en ce moment. Jusqu’à présent je passais un agréable moment et je ne crois pas qu’il y avait une façon d’égayer le tout. Ahh oui il y avait bien une façon.

Je refis défiler les chansons sous mes yeux jusqu’à ce que j’en trouve une de circonstance. Je commençais avec une facile et je voulais que Shin Il me charme. Ça serait donc Secret de One Republic. Je connaissais bien ses paroles tout simplement car j’avais eu l’occasion de les lire sur internet. Je trouvais que ça collait très bien à Shin Il. Et puis je lui envoyais du même coup un message très clair : je voulais tout savoir de lui. C’était par curiosité, mais aussi parce que je m’intéressais à sa vie. Qu’est-ce qui avait bien pu le mener jusqu’ici? Quand mon ami fut prêt, je lançai le premier défi en criant un GO! Très énergique. Sans surprise, Shin Il n’avait pas le même horrible accent que moi. Mon sourire avait fait place à mon expression de jalousie. Il allait devoir m’apprendre à parler comme lui, ou plutôt chanter comme lui. Même si certaines notes étaient hautes, il s’en tira à merveille et après trois minutes, on constata son score qui était plus qu’excellent. Je le félicitai sans pour autant cacher ma moue motivée par ma jalousie. Quand est-ce que je lui trouverais un défaut! Ça commençait à bien faire là! N’étant pas une mauvaise perdante, j’acceptai donc de lui révéler mon premier souhait d’une série de trois.

«Si je te dis que mon souhait est en fait un souhait qui s’est réalisé quand j’ai mis les pieds chez toi aujourd’hui, ça compte? J’avais envie de te revoir depuis plusieurs jours déjà, mais tu as déjà exaucé mon souhait avant même que je le formule! Tu es doué! »

Je baissai la tête nerveusement avant de chercher quelque chose à prendre pour occuper mes mains et faire style que je ne suis pas gênée. Mon réflexe fut donc de reprendre la télécommande pour chercher un deuxième morceau, car oui, il allait encore chanter pour moi. Sa première prestation m’avait presque émue. J’en voulais plus et puis on était ici pour ça; chanter. Un très long sourire se dessina sur mes lèvres quand je vis le nom de l’artiste, c’était un homme et donc Shin Il ne serait pas fâché car je ne lui ferait pas chanter un truc chanter originalement par une femme. Et puis je me félicitais d’avoir encore pensé à un truc américain soit Jay Sean Down. Il avait quelques passages dans la chanson qui me faisaient sourire et j’avais bien hâte d’entendre Shin Il me les chanter. C’était ma façon de lui rappeler notre petit pacte. Durant que la musique jouait, je m’amusai à bouger les lèvres pour chanter silencieusement pendant que Shin Il encore une fois torchait à tout. Il n’était pas croyable. Avait-il l’habitude de venir faire du karaoké? Et là comme si une chanson lui avait suffit pour prendre de l’expérience, le score de sa deuxième fut meilleur que mon record à vie au karaoké. Je restai raide avec la bouche entrouverte en voyant le 98%. Je tapai ensuite violemment des pieds sur la table en criant à l’injustice. Moi qui me croyait bonne à ce jeu. On venait de me battre à mon propre jeu. J’en étais dégouté. Je lâchai finalement un « félicitation » à peine perceptible avant de lui avouer quel serait mon deuxième souhait.

«J’ai envie de boire »

Je le fixai longuement dans les yeux alors qu’aucun de nous ne bougeait. J’étais moi-même surprise par ma requête. À quand remontait la dernière fois que j’avais bu. Ça devait être en compagnie de Hyun Ae ou de So Hee lors d’une de nos soirées bien relaxes. Rien de bien sauvage. Et là, pouf sorti de nul part, je voulais boire en compagnie d’un gars. Bon ce n’était pas n’importe quel gars, ça j’en étais bien consciente, et c’était d’ailleurs pour cette raison je crois que mon subconscient faisait des siennes. Pourquoi j’avais cette envie? Peu importe, je me levai pour aller voir ce qu’il y aurait dans le petit frigo et je trouvai une bouteille de vin blanc. J’avais toujours mieux toléré le vin rouge, mais tant pis. Je tentai de l’ouvrir, mais je me fis bien trop mal et mes mains devinrent rouges. Je fis un bruit semblable à un sanglot en me mordant la lèvre inférieure. Puis, en faisant de tous petits pas vers Shin Il, je lui tendis la bouteille en lui promettant de partager s’il acceptait de me l’ouvrir. Oui j’étais bien généreuse. Je ne savais pas s’il aimait le vin, mais c’est ce que j’allais découvrir. Il sembla réticent pour une raison que j’ignore et je ne pu m’empêcher de lui passer un commentaire.

« Aller c’est ça ou rien. Il n’y a pas de lait ici oublie ça! »

Je voulais le narguer un peu. Je ne posais pas un jugement loin de là puisque moi-même j’étais une fan du lait. Je devais même avouer que de voir Shin Il en boire lui donnait un air plus... plus euhhh mignon. Ça venait défaire son image de bad boy et j’avais l’impression de pouvoir accéder à l’autre côté de cette énorme façade qui se dressait entre lui et les gens. Et oui, tout ça parce que je le voyais boire du lait. J’eus finalement ma bouteille ouverte grâce aux supers bras de Shin Il. Je sautai presque sur place lorsqu’il me la tendit et je ne tardai pas pour prendre une bonne gorgée. Bonne? Enfin non pas tellement, car je me rappelai rapidement que je détestais le vin et encore plus le blanc. Pourquoi j’avais voulu de ça déjà? Avec une face de dégoût, j’avalai le vin, puis je déposai la bouteille sur la table. En secouant la tête je continuais de faire la grimace. C’était pas bon. Je retournai vers le frigo où je me pris une bouteille d’eau. Je la débouchai cette fois toute seule comme si je boudais. Pourquoi je ne pouvais pas aimer l’alcool. En plus, j’allais devoir payer ce blanc maintenant qu’il était ouvert. Quel gâchis. J’allais devoir trouver une solution pour me remonter le moral. Un simple coup d’œil vers Shin Il et je savais ce que je voulais.

« Je veux que tu chantes une troisième chanson! »

J’avais le sens de la justice; si j’avais eu à chanter trois chansons, il allait devoir faire pareil. C’était ainsi et il ne pouvait pas s’en sauver. Je me mis donc à chercher minutieusement quel titre serait parfait. Je ne devais pas gaspiller cette dernière chanson. Il fallait que je trouve LA bonne. Alors que je me disais que je ne trouverais rien, je relevai les yeux pour voir que Shin Il attendait patiemment de voir mon choix. Intimidée, je sautai sur lui en posant une main sur ses yeux. Je ne voulais pas qu’il voie toute suite mon choix. Ça allait être une surprise! Il essaya bien sûr de se défaire, mais je résistai en riant. On se débattait dans la pièce et on se retrouva bien vite adossés au mur. J’acceptai finalement de retirer ma main de ses yeux, mais mon sourire espiègle resta obstinément. Puis toujours en riant, je lui demandai piteusement de ne pas regarder toute suite et que j’avais enfin réussi à trouver une titre. Restait plus qu’à voir s’il l’avait dans leur répertoire. Finalement, je laissai échapper un petit bruit pour exprimer ma joie quand je vis le titre que je cherchais. Je la sélectionnai tout en me tournant vers Shin Il pour lui dire qu’il pouvait regarder maintenant. J’avais été quand même très gentille, je ne lui avais fait chanter qu’en anglais et les deux chansons du début avaient été interprétées originalement par des hommes. J’aurais pu voir jusqu’où peut aller sa fierté en choisissant du Justin Bieber, mais mon cœur pencha plutôt vers du Cascada. Un style de musique plus électro, mais je savais bien que Shin Il ne pourrait pas refuser de me faire plaisir. Enfin je l’espérais.

Les premières paroles s’affichèrent sur l’écran et Shin Il reprit son micro pour interpréter cette dernière chanson à laquelle j’avais le droit. J’avais beau être mauvaise en anglais, je comprenais très bien les paroles, puisqu’elle s’était avérée être l’une de mes chansons préférée à mon jeu de dance dance sur les consoles de jeux vidéo. J’avais fini par comprendre le sens telle une warrior. Ça représentait exactement mes pensées. La nuit suivante notre petite soirée, j’avais passé mon temps à me tourner dans mon lit et en espérant voir Shin Il à côté de moi. J’avais eu l’impression de ressentir son souffle dans mon cou et ses mains se poser sur mon corps. Le pire dans tout ça c’est que je n’étais pas saoule. Les autres nuits sans lui avaient été moins longues comparativement à la première, mais c’était pour la simple et bonne raison que j’avais ramené mon ourson en peluche pour combler le vide de mon grand lit double. J’avais quand même ressenti l’envie qu’on me regarde m’endormir. Ça pouvait sembler idiot et bizarre pour certains de savoir que quelqu’un vous fixe alors que vous dormez, mais moi ça me sécurise. En fait, je crois que ça aurait pu être la présence de n’importe quel gars, et j’aurais mieux dormis. Cependant, c’était à Shin Il que j’avais pensé en premier. Ce n’était bien sûr, pas de l’amour comme dans la chanson de Cascada. Pour ma part, c’était peut-être juste un vide à combler. Un besoin d’affection aussi. Retomber amoureuse ne me disait rien de bon. Je préférais ne pas me faire d’illusions avec Shin Il. De toute façon, aucun de nous n’était ici aujourd’hui, au karaoké, pour faire de l’autre son petit ami ou sa petite amie. Donc c’était parfait ainsi. Nos intentions étaient les même. J’avais le droit d’en profiter?

La chanson n’était pas encore terminée, que je posai ma main sur le micro de Shin Il, qui était porté à sa bouche, pour le baisser et ainsi le faire comprendre qu’il pouvait cesser de chanter. Mes yeux étaient rivés sur ses lèvres que je vins à embrasser assez impulsivement sans vraiment prévenir. J’approfondis le baiser sans perdre une seconde en passant mes bras autour de son cou et en me mettant sur la pointe des pieds étant un peu trop petite pour lui. Nos langues se firent une danse endiablée jusqu’à ce que la chanson se finisse finalement. Le score s’afficha et je ne pu résister à l’envie de regarder ce que ça donnait. Gardant mes bras autour de son cou, je ne fis que tourner la tête en direction de la tv pour y voir le misérable 37%. J’étais en grande partie la responsable de cette note, et même si c’était misérable, je devais dire que j’en étais très fière. Avec un sourire malicieux, je vins à retourner la tête, mais vers Shin Il cette fois pour y croiser son regard. Amusée, je lui annonçai qu’il n’avait pas le droit de connaître mon troisième souhait avec une piètre performance comme celle-ci. Et puis, mon troisième souhait ne se disait pas à vive voix. Ça aurait pu mal passer.

Me sentant de plus en plus wild que d’habitude, mais aussi parce que je ne réalisais pas ce que je faisais encore, j’allai ensuite récupérer la bouteille de vin pour en prendre une gorgée. Instantanément, ma face de dégoût revînt. Je posai mes yeux sur l’étiquette du blanc pour réaliser une fois de plus que je n’aimais pas le vin. Je remis l’alcool à sa place tout en s’assoyant à côté de celle-ci sur la table. Je vins à croiser les jambes et regarder Shin Il avec mon sourire taquin.

« Alors dis-moi tout! »

Et parce que j’étais la fille la plus vague au monde en prononçant cette phrase, je poursuivis en faisant référence aux trois choix musicaux de Shin Il auparavant. Je lui fis part que j’avais bien remarqué qu’il n’avait pas juste laissé parler le hasard ou bien ses coups de cœur.

« Il y avait bien un message derrière celles de Rihanna, Chris Brown et Taeyang non? » dis-je fièrement.

Il devait s’en être rendu compte que j’avais deviné son petit jeu, puisque j’avais fait pareil ensuite en lui faisant chanter des chansons remplies de sous-entendus. Cascada exprimait très bien mon feeling que j’avais quand j’étais avec lui et elle m’enlevait même les mots de la bouche. Jay Sean était juste une allusion à notre pacte de silence que j’étais sienne et lui qui se devait être mien. J’aimais notre petit jeu et je n’étais pas prête à l’abandonner même si Shin Il avait prétexté qu’on y avait mit fin lorsque je l’avais invité à rentrer chez moi. Sincèrement, le jeu avait repris aussitôt qu’il avait posé le pied dehors. La question de qui allait faire les premiers pas pour revoir l’autre; eh oui j’étais la perdante. Finalement secret de One Republic même si je ne comprenais pas encore la moitié des paroles, j’avais cherché à faire comprendre à Shin Il avec cette chanson, que j’étais fatiguée de parler à un mur. Je voulais qu’il soit sincère avec moi. Je respectais le fait qu’il garde une certaine vie privée, mais pas au point qu’il évite délibérément mes questions en faisant le muet ou l’énigmatique. Il n’était pas idiot et j’avais espoir qu’il comprenne à son tour que je n’avais pas choisie mes chansons grâce au hasard.

Tout en tendant la bouteille de vin à mon ami pour qu’il y goûte, je lui demandai pourquoi il ne travaillait pas aujourd’hui. Il aurait eut le temps de me répondre si ce n’est le fait que j’avais profité du fait qu’il avait la bouteille de vin portée à sa bouche. Je repris la parole avant qu’il n’ait pu dire quoi que ce soit. Et la tête baissée vers mes pieds je parvins à dire mon troisième souhait :

«Je peux dormir chez toi ce soir? Je relevai ensuite rapidement les yeux pour croiser les siens. Avec toi je veux dire… »

Je devais avoir perdu mon beau teint pâle au profit de celui du homard. Je posai le revers de ma main sur l’une de mes joues en prétextant que l’alcool me faisait rougir. Ce n’était pas un mensonge. L’alcool me faisait vraiment rougir, mais ce n’était pas deux malheureuses gorgées qui pouvaient y parvenir. Je le regardais avec espoir qu’il ne me réponde pas négativement. Si c’était le cas, je me sentirais probablement comme la pire conne de tout l’univers et un pot, non trois pots de crèmes glacées seraient nécessaires pour me faire oublier ma honte. Je ne cherchais pas à l’envahir ou même l’étouffer, seulement je n’y pouvais rien. Quand je le regardais, ma bouche se mettait aussitôt à dire des choses absurdes. Ma tête me répétait de lui sauter dessus et de profiter de sa chaleur. Mon cœur lui par contre ne s’emballait pas comme il pouvait le faire quand j’étais aux côtés de Kyang Min. Et pourtant, c’était avec Shin Il que j’avais envie d’être en ce moment et non pas mon ex. Je voulais que le temps d’une journée du moins, il puisse me protéger contre mes vils parents. Je voulais peut-être aussi trouver le moyen de retomber amoureuse grâce à Son Shin Il. Qui sait!? C’est bien connu, une fille c’est compliquée et je ne faisais pas exception à la règle.

Spoiler:

Après ma dernière requête, je sentis un lourd silence s’installer entre nous. Shin Il me regardait comme pour se convaincre que ce que je venais de dire était peut-être une moquerie. Mais à l’intérieur de lui, il savait très bien que je ne blaguais pas. C’est pourquoi il s’agissait d’un lourd silence. Avoir une machine à remonter dans le temps j’aurais probablement effacé mes dernières paroles. Je les aurais simplement remplacées par une requête du genre que je voulais une peluche. Oui j’aurais sans doute eut moins honte. Le suspense fut encore plus grand quand Shin Il retrouva son sourire et qu’il s’approcha de moi jusqu’à mon oreille.

« Est-ce que je dois y voir là une proposition indécente Bae Hye Mi »

Aussitôt gênée, je me reculai pour me coller entièrement le dos contre la banquette sur laquelle j’étais assise. Je le regardai droit dans les yeux sans savoir quoi lui répondre. Tout ce que je trouvai à faire fut de me défendre en bougeant les mains rapidement de tous les côtés en guise de négation. Il se méprenait et je n’avais pas d’arrières pensées. Enfin peut-être que la Hye Mi dans 10h en aurait, mais celle actuelle ne pensait qu’à faire un joli somme chez Shin Il. Cependant, malgré mes tentatives de défendre mes vraies intentions, Shin Il brisa toute ma confiance grâce à son sourire qui me narguait. Je le détestais quand il s’arrangeait pour avoir raison. Et puis d’abord, pourquoi les hommes pensaient toujours à ça en premier?! En tout cas, ma demande sembla bien le faire rire ce qui m’humilia de nouveau. Je baissai quelque peu la tête par honte et en souhaitant soudainement être ailleurs ou dans la peau de quelqu’un d’autre.

« Je ne suis pas sur que ça soit une bonne idée... »

Je relevai les yeux vers lui, mais il regardait ailleurs. Il n’avait même pas le courage de me rejeter en me regardant? Pfff. Je déviai la tête visiblement offusquée et je serrai les points comme pour m’aider à contrôler mes émotions qui commençaient à envahir tout mon être. J’avais envie de crier, de me cacher dans un coin sombre, de pleurer, de rougir de honte, de m’effacer complètement de la planète terre et à souhaiter ne jamais être venue m’imposer chez lui aujourd’hui. Cela m’aurait évité cette humiliation. Je tentai néanmoins de ne pas trop laisser paraître ma déception en hochant de façon saccadé de la tête. Ainsi il croirait peut-être, et ce seulement s’il était un imbécile, que j’étais d’accord avec ce qu’il me disait. Ce fut lorsqu’il osa enfin me regarder que mon attention fut à nouveau posée sur lui. Je ne pu cependant encore une fois, rien lire dans son visage. Comme toujours, il n’exprimait aucune émotion. Cela lui faisait ni chaud ni froid de me dire non ainsi?

« Je risquerais de m'habituer à ta présence! »

Et voilà l’excuse type du gars qui essaie de rejeter la faute sur la fille. Il voulait se blanchir de tous remords. Et puis ça ne marchait pas. Je le savais puisque jamais personne n’était encore arrivé à s’habituer à ma présence. Même mes parents avaient besoin de passer moins de 4h par jour en ma compagnie s’ils ne voulaient pas virer fous. J’étais une fille qui parlait sans cesse, qui volait un peu la vedette et qui était toujours sur un High comme si je prenais du speed. Je n’étais pas du genre à être calme et donc j’avais de la difficulté à concevoir qu’un jour quelqu’un soit habitué à ma présence ou qu’il l’exige. Je n’étais pas essentielle et je fatiguais mon entourage. Voilà ce que je pensais de ma propre personne. Je vins alors à réaliser que c’était effectivement de ma faute s’il m’imposait un refus. J’étais énervante. Il avait juste réussi à trouver une façon polie de m’envoyer balader. Je pouvais déjà essayer de penser ce que j’allais dire à mes parents pour qu’ils me pardonnent d’être partie sans dire un mot. Je prévoyais aussi vivre dans ma chambre pour une durée indéterminée et dans le noir. C’est tout ce que je méritais. J’avais trop honte.

« On va faire un jeu, si tu es la dernière à finir la bouteille, alors tu dors chez moi. »

Je tournai la tête dans sa direction pour y voir la bouteille de vin qu’il tendait vers moi. Je restai confuse un instant avant de réaliser ce qu’il venait de dire. Son Shin Il aimait bien jouer dans la vie. Il aimait prendre des risques. Ben oui, il venait de risquer sa soirée. S’il n’avait pas parlé, il aurait été libéré de ma présence. Pourquoi faisait-il ça. Était-il convaincu à cent pourcent qu’il allait gagner contre moi? Essayait-il de me faire boire alors? Non je ne l’imaginais pas comme ça. De tout façon, il savait qu’avec moi il aurait pratiquement tout ce qu’il voulait, car j’étais trop faible pour résister à son charme. J’aimais jouer avec lui et c’est pourquoi quand il proposa de finir la bouteille pour sceller le sort de cette soirée, un énorme sourire remplaça mon expression de confusion. Comprenant sûrement que j’acceptais de jouer à son petit jeu, il porta la bouteille jusqu’à ses lèvres pour y prendre une généreuse gorgée. Je sentis ma gorge se nouer et les battements de mon cœur s’accélérer alors que je le regardais faire. Jamais je ne serais capable d’en boire autant d’un seul coup. Ma défaite était inévitable. Je ne pouvais que faire confiance au hasard. Finalement, il cessa de boire pour reprendre son souffle. Étrangement, j’étais contente parce que cela signifiait que c’était à mon tour, mais en même temps, j’anticipais très mal les prochaines secondes. Je ne voulais pas avoir à goûter encore une fois au vin. J’étais déjà dégoûtée et je n’avais même pas la bouteille entre mes mains. Décidée à gagner contre Shin Il et lui prouver que même si une fille possède des peluches, elle est capable de boire. Dans mon cas c’était totalement faux. Je ne savais pas boire point final. Je fis une hypocrite de moi en prenant d’un air décidé la bouteille. À l’intérieur de moi j’étais presque terrorisée et je souhaitais de tout mon cœur que la bouteille se vide d’elle-même; paf comme par magie.

Je portai enfin la bouteille à ma bouche, mais je relevai les yeux vers Shin Il comme pour trouver le courage de boire. Je sentais déjà l’odeur du vin ce qui me dégouta. Pourquoi encore j’avais accepté de faire un truc aussi stupide? Je relevai la bouteille pour faire verser le liquide jusqu’au bouchon me sentant enfin prête à essayer. Je pu en boire une assez grande quantité avant de m’étouffer toute seule avec le vin telle une pauvre conne. Je posai ma main sur ma bouche en fermant les yeux afin d’éviter de mourir dans d’atroces souffrances tout en éloignant la bouteille de moi. Shin Il en profita pour la récupérer de mes mains et finir le travail. Quand j’ouvris les yeux presque en larmes à cause de ma stupidité et mon incompétence à ne pas être apte à boire correctement, je vis Shin Il qui me désignait clairement ma défaite. Le reste du vin s’était envolé en même temps que ma fierté. Je fis un regard noir à mon ami avant de me tourner vers le téléviseur en prenant la télécommande dans mes deux mains. Tout en boudant, je parcouru la liste des chansons pour éviter son regard ou de devoir affronter son sourire narquois. J’avais toujours détesté perdre et cette fois ne faisait pas exception à la règle. J’avais envie de pleurer en prenant une grosse peluche entre mes bras. J’avais raté une occasion de peut-être impressionner Shin Il. J’étais nulle, j’étais mauvaise, je ne méritais pas de vivre.

Pendant que je broyais du noir et que je mettais en place un plan efficace pour ne pas échouer aussi ma tentative de suicide, je sentis mon cellulaire qui vibrait dans les poches de mon petit manteau. Je le regardai en soupirant. Je n’avais pas de vie, donc cela devait forcément être mes parents qui voulaient savoir où j’étais. Au final, ma fugue n’aura durée que deux heures. Bien sûr, j’avais l’option de ne pas leur répondre, mais si je faisais ça, j’allais me résoudre à dormir sur un banc de parc ce soir au froid. Shin Il ne voulant pas me voir, je n’avais pas vraiment d’autres places où loger. La plupart de mes amis vivaient dans le même bloc d’appartements que moi ce qui rendait la fugue un peu moins crédible si je dormais à moins de 10 mètres de mon propre lit. J’aurais aussi pu demander à Kyang Min de m’héberger, mais je n’avais pas tout particulièrement envie de l’entendre dans sa chambre avec une autre fille. Ben oui, il n’allait quand même pas se priver parce que j’occupe son canapé dans son salon. Bref, je n’avais nul part où aller. Lasse, je me levai d’où j’étais assise pour aller récupérer mon cellulaire et je répondu après seulement trois coups. Tel que prévu, c’était ma mère affolée qui m’appelait. Elle fut rassurée d’entendre ma voix et avoua avoir même versé des larmes. Je roulai les yeux en guise de jugement. Je ne pouvais pas mettre le pied à l’extérieur de chez-moi plus de deux heures avant que mes parents n’appellent la police? Je me tournai vers Shin Il pendant que je faisais semblant d’écouter le sermon de ma mère au téléphone. Je voulais avoir sa vie. Je voulais être indépendante. Mais non j’étais encore la petite fille à sa maman. En essayant de limiter les dégâts, je vins à couper la parole de ma mère pour lui dire que je serais rentrée pour le dîner et que j’étais seulement avec une amie. Je venais de mentir et de raccrocher au nez de ma mère. J’étais à la fois agacée, mais aussi énervée par la situation. Si je résumais le tout, j’avais perdu à un jeu d’alcool en m’étouffant toute seule et maintenant Shin Il assistait à une crise de ma mère. Il n’y avait rien là de très valorisant pour mon image. J’avais quelques bonnes raisons pour vouloir me mettre un sac sur la tête et ne plus ressortir de chez-moi. J’étais humiliée et tout ce que je voulais c’était les bras de mes amies So Hee et Hyun Ae pour pleurer ma triste et misérable vie.

« Je vais…euh je vais pas t’énerver plus longtemps et accaparer ton précieux temps »

Je vis que de toute façon, notre heure de karaoké allait se terminer sous peu. Il ne serait pas possible de faire une chanson de plus. Pour le féliciter de sa victoire contre moi, je fis taper mes mains l’une dans l’autre quelque coup en montrant un sourire hypocrite. Je n’étais pas réellement contente de sa victoire, mais en même temps je n’allais pas l’obliger à faire ce qu’il n’avait pas envie. J’allais lui permettre d’aller se reposer. Avant de sortir toutefois, je vins à sa hauteur et je relevai la tête pour le regarder droit dans les yeux. J’essayai de ne démontrai aucune émotion et lentement, je fis apparaître un faible sourire. Puis je lui demandai s’il pouvait prendre en note mon numéro de portable.

« Ainsi tu n’auras qu’à me faire signe si un jour tu as envie de me revoir. Je ne voudrais pas que tu t’habitues à ma présence… »

Je lui tirai la langue. C’était ma façon à moi de le narguer. C’était ainsi que j’espérais lui faire comprendre que j’avais mal pris ce qu’il m’avait dit plus tôt. Je ne me considérais pas comme une fille de mauvaise compagnie. Je prenais donc mal le fait qu’il ne souhaite pas me revoir. Je considérais plus cela comme une vulgaire excuse qui dissimulait la véritable. Était-il un ermite au point de refuser d’inviter du monde chez lui? Sans attendre une réponse de sa part, je pris un crayon qui perdait son temps seul sur la table de la pièce. Ensuite, je revins face à Shin Il pour lui prendre la main. À l’intérieur de celle-ci j’y inscrivis ces quelques chiffres qui formaient mon numéro de portable. Je ne marquai pas mon nom en dessous, car il devait bien savoir que c’était moi. Je relâchai sa main en souriant une dernière fois avant de me tourner vers la porte. Maintenant, c’était libre à lui; il pouvait faire en sorte de garder mon numéro ou d’aller tout simplement se laver les mains avant de l’avoir retranscrit à quelque part. Il avait le choix de m’oublier ou de cultiver le minuscule espoir que j’avais encore en lui…et moi. Je le sentis me suivre jusqu’à l’extérieur du karaoké et je me retournai vivement quand on arriva dans la rue. Les mains liées dans le bas de mon dos, je cachai ma déception derrière un large sourire.

« Alors c’est ici que nos chemins se séparent. Moi je vais de ce côté et ton appartement est de l’autre côté. Je ne vais pas t’ennuyer plus longtemps. Je vais aller retrouver ma vie parfaite, avec mes parents protecteurs et mes peluches pendant que toi tu retournes chez toi à faire je ne sais pas quoi parce que tu es trop borné pour me dire quoi que ce soit et t’ouvrir à moi »

Plus les mots sortaient de ma bouche et de plus en plus mon ton de voix montait jusqu’à ce que j’éclate en sanglot sous l’effet de la rage. Des passants s’étaient bien sûr retournés vers nous et Shin Il paraissait confus. En essuyant rapidement le bord de mes yeux, je ne perdu pas pour autant ma colère avant de lui dire de ne pas faire comme s’il ne comprenait pas. Il ne me disait rien et c’est ce qui m’énervait. Il ne me faisait pas confiance peut-être. Que pouvait être la raison de son mutisme? Il essaya bien sûr de me calmer, car je me donnais vraiment en spectacle au beau milieu de la rue. Mais je fis un pas vers l’arrière pour qu’il ne puisse pas me toucher. Tout en hochant la tête, je cru bon lui avouer qu’il avait raison.

« Oui tu as raison, ce n’est pas une bonne idée que je passe trop de temps avec toi. Regarde j’ai l’air d’une folle et ce juste après une nuit, que dis-je, juste après une demie nuit passée avec toi »

J’aurais pu essayer d’arrêter de pleurer, mais je n’en avais pas envie. Si je ne le faisais pas maintenant, j’allais le faire plus tard. Je repris la parole sans prendre le temps de me calmer et je lui fis part de ma façon de penser.

« Tu m’embrasse et la seconde d’après tu me repousse. Comment tu veux que je réagisse moi? Je ne comprends plus rien »

Je baissai la tête pour me cacher le visage et reprendre mon souffle. Je passai à nouveau le revers de ma main sur mon visage pour y essuyer les larmes. Je pris une grande respiration pour me donner le courage de lui faire face une dernière fois. Cependant quand je relevai la tête et que je vis son regard, mon cœur se serra. Je n’étais pas capable de lui dire ce que j’aurais dû. La meilleure chose à faire pour le peu de fierté qu’il me restait aurait été de lui dire d’effacer mon numéro et que je n’avais plus envie de le voir. Mais parce que j’étais une idiote qui laisse parler ses émotions plutôt que sa rationalité, mes dernières paroles ne furent pas pour le repousser.

« J’ai été stupide de m’intéresser à toi? J’ai été idiote de venir te voir aujourd’hui? Je n’aurais pas dit? C’est ça? Dis le et je te promets que je vais partir. Tu ne me reverras. Je veux juste comprendre…je pris une pause pour ne pas me remettre à pleurer sentent les larmes monter. Je veux juste t’entendre le dire. Dire que j’ai été folle d’avoir des attentes. Dis-le! »

Je restai un instant face à lui en ignorant totalement les passants qui me dévisageaient probablement. Je ne regardais que Shin Il droit dans les yeux. S’il ne me répondait pas il ne me restait plus qu’une chose à faire et c’était d’appeler Hyun Ae pour lui dire de préparer une comédie romantique, deux couvertures et un pot de glace. J’allais en avoir de besoin. J’étais effectivement une conne et naïve. Je n’aurais pas dû m’attacher à Shin Il. Je n’aurais pas dû écouter mes parents cette journée-là quand ils m’ont conseiller de sortir un peu et que j’ai ensuite contacté Shin Il. J’aurais au moins pas perdu ma fierté.

« Tout ce que tu voulais c’était coucher avec moi alors? »

Je levai mes yeux piteux vers lui en attendant des réponses pendant que j’essayais de me convaincre que c’était une belle journée et que je ne méritais pas de mourir.