25 décembre au matin. Je me suis levée d’excellente humeur. Noël me faisait toujours cet effet. La douce neige qui tombait sur la ville amplifia ma joie de vivre. Il n’y avait rien de mieux que de voir la neige virevolter en se réveillant le matin de Noël. Je m'étais réveillée tôt et puisque je ne dormais plus, je me suis levée au lieu de glander dans mon lit. J’ai mis une paire de jeans et un gros pull de laine rouge avec des motifs de rennes et de sapins. Chandail typique et idéal pour Noël! Avant de sortir de ma chambre, je posai les yeux sur mon téléphone. Je n’avais pas eu de nouvelles de NichKhun depuis un moment. Je ne savais pas s’il allait venir fêter Noël chez moi comme il en avait l‘habitude auparavant. Je ne lui en avais pas parlé cette année, j’avais juste assumé qu’il allait avoir d’autres plans. Je lui envoyai toutefois un message texte pour lui rappeler que j’existais. « Joyeux Noël ♥ » ai-je simplement écrit avant d’appuyer sur envoyer.

Je suis sortie de ma chambre et je me suis dirigée vers la cuisine. J’avais envie de préparer un petit déjeuner de Noël pour toute ma famille. Je me suis mise à la tâche en préparant des crêpes et j'ai mis la table en y disposant du chocolat, du sirop d’érable, de la crème fouettée et je coupai des tonnes de fruits pour accompagner le tout. Dès que je mis la machine à café en marche, mes parents entrèrent dans la pièce.

- Joyeux Noël!! me suis-je exclamée dans ma joie de vivre trop intense de la journée.

Lorsque le café fut prêt, je suis allée réveiller mon frère pour qu’il déjeune avec nous. Je ne voyais pas de meilleure façon pour commencer la journée que de manger en famille. De plus, c’est ce que nous faisions à tous les Noëls et cette année n’allait pas faire exception à la règle. En bonne petite sœur que j’étais, je l’ai réveillé en me jetant sur lui et en criant comme une cinglée.

- Oppaaaaaa c’est Noël !!

Il m’a tout d’abord repoussée, mais il a finit par se lever quand j’ai commencé à chanter Jingle Bells à tue-tête et en dansant à côté de son lit. Il savait très bien à quel point je pouvais me montrer persévérante le matin de Noël! La tradition voulait que, après avoir pris notre petit déjeuner, nous allions ouvrir les cadeaux. Je ne m’attendais jamais à recevoir de gros cadeaux coûteux de la part de ma famille et ça ne me dérangeait pas. J’aurais pu ne pas avoir de cadeaux du tout et j’aurais été aussi heureuse. Le simple fait d’être avec ma famille me suffisait. J’ai offert des billets pour un spectacle à mes parents. C’était un chanteur qu’ils adoraient et qu’ils n’avaient pas eu la chance d’aller voir lors de son dernier passage à Ulsan. Pour mon frère, c’était la même chose à toutes les années : on se donnait toujours des cartes-cadeaux pour qu’on puisse aller s’acheter nous-même ce que l’on voulait. J’étais en train de remercier mes parents de m’avoir offert la dernière saison d’une série que j’adorais, que quelqu’un cogna à la porte. Je me levai pour aller ouvrir.

Mon sourire et mes yeux brillants ont trahi la joie que j’ai éprouvée quand j’ai vu NichKhun se tenir devant moi, des cadeaux dans les mains. Je ne pouvais pas lui sauter dans les bras, mais j’ai sautillé sur place en lui souhaitant un joyeux Noël, mais de vive voix cette fois. Je le laissai entrer et je l’ai suivi jusqu’au salon où il a déposé ses cadeaux près du sapin que j’avais moi-même décoré, tout comme le reste de la maison. Je devenais complètement folle à Noël. J’avais aussi décoré le Café et tous les autres endroits où mes pieds pouvaient se poser. Je devenais une fée de la décoration de Noël dès que décembre pointait le bout de son nez.

Bref, NichKhun salua mes parents, donna une poignée de main à mon frère et se fut finalement mon tour. Je passai mes bras autour de sa taille et j’ai enfoui mon visage dans le creux de son cou en le serrant de toutes mes forces. Peut-être que mon sourire qui s’étirait d’une oreille à l’autre et mon super câlin n’avaient pas été assez clairs pour lui, mais j’étais franchement contente qu’il soit là. J’ai fini par le lâcher et il s’est installé à mes côtés sur le sofa. Je me suis empressée de lui servir un café et lorsque nous avons continué la distribution des cadeaux, je n’ai pas cessé de tourner la tête vers lui et de le regarder en souriant, trop contente qu’il se soit joint à nous. J’ai offert à ma mère un forfait détente au spa et à mon père une carte-cadeau dans une quincaillerie parce qu’il se plaignait souvent de ne pas avoir assez d’outils. Étant nulle dans le domaine, je préférais le laisser les acheter lui-même. Ensuite, nous avons continué à discuter dans le salon pendant un moment jusqu’à ce que mes parents décident qu’ils allaient ranger la cuisine. J’ai voulu aller les aider, mais ils ont refusé en prétextant que j’avais tout préparé. Par contre, mon frère n’échappa pas à la tâche et mon père lui ordonna d’essuyer la vaisselle. Je me retrouvai donc toute seule avec Nich dans le salon.

- Mes cadeaux pour toi sont dans ma chambre. Tu veux les ouvrir maintenant?

Sa réponse fut positive et il me suivit après avoir récupéré ce qu’il avait déposé sous le sapin. Ma propre chambre avait aussi son sapin. Il était plus petit, mais je tenais à en avoir un. Il y avait deux boîtes posées à côté, une grosse et une toute petite, et une enveloppe dans le sapin. Tout était pour NichKhun. Je pris la plus petite boîte en premier. C’était le plus petit cadeau et je lui ai tendu.

- C’est pas grand chose, mais je n’ai pas pu m’empêcher de l’acheter.

Je le regardai déchirer le papier vert plein de petits Pères Noël. À l’intérieur de la boîte se trouvait un étui à iPhone dont le dos était un débouche-bière. J’avais pensé à NichKhun tout de suite en le voyant.

Je pris ensuite la grosse boîte et la lui donnai. Celle-ci contenait une nouvelle machine à café de bonne qualité.

- La tienne était vieille et elle faisait du café dégoutant. Et puisque je ne suis pas toujours là pour te faire de bons cafés, j’ai pensé que tu en avais peut-être besoin.

Dernièrement, on se voyait souvent et je débarquais toujours chez lui avec du café que je lui avais moi-même préparé, mais je pensais au futur. S’il comptait se marier avec Myung hee, c’est qu’il comptait aussi emménager avec elle. Et je n’allais plus débarquer avec du café… Je n’en parlai pas à NichKhun, mais c’est ce qui m’avait passé par la tête en l’achetant.

- Finalement le dernier ben…

Je lui ai tendu l’enveloppe. C’était le plus gros cadeau des trois, même s’il était le plus petit de taille.

- On s’arrangera pour les détails, mais… Il s’était arrêté dans son mouvement pour m’écouter. Je me tais, ouvre-le.

À l’intérieur de l’enveloppe se trouvait une photo d’un chalet. Au dos, il y avait quelques écritures. Une adresse et une date. Devant son air un peu confus, j'ai donné mes explications.

- J’ai loué un chalet pour un week-end complet. Du vendredi au dimanche. J’ai déjà mes congés au Café et la réservation est faite, mais si la date ne fonctionne pas pour toi, on peut toujours la changer. Je ne crois pas que ça sera un problème. C’est au pied du Mont Gijisan. On peut y faire du ski ou aller patiner ou encore rester au chaud toute la journée. Tu devrais voir les photos de l’intérieur. Il y a un foyer, c’est super beau!

Je parlais parce que j’étais nerveuse et que j’espérais vraiment que ça lui fasse plaisir. J’ai fini par me taire en réalisant que je ne le laissais même pas réagir.

- Ça te plaît? ai-je demandé timidement.

Bien sûr, le 25 décembre n’allait pas faire exemption! Le seul cd de Noël que possédait Min Seul, et qui jouait à répétition depuis deux semaines, fut le responsable de mon réveil prématuré ce matin. La veille, j’avais passé le réveillon chez "ma belle famille" voulant éviter la mienne comme à mon habitude. Toutefois, Busan n’était pas la porte d’à côté, donc j’étais revenu drôlement tard à Ulsan. Pourtant, malgré mon manque de sommeil flagrant et ces mélodies de noël que je connaissais maintenant par cœur, je me levai du lit d’un seul coup avec une bonne humeur contagieuse.

J’allai directement dans la cuisine pour manger une bouchée et me préparer du café. Avec ma pomme, je parcourrai chaque pièce de l’appart à la recherche de Min Seul, mais je ne la trouvai nul part. La petite diablesse avait mit le cd de Noël et avait déserté l’appartement après?! MAIS J’AVAIS DE LA BONNE HUMEUR À PARTAGER! Je quittai la chambre de ma coloc pour retourner dans ma chambre en bougonnant, parce que je détestais me réveiller et être seul. Je pris alors mon cellulaire dans l’intention d’appeler Poussin et ainsi savoir si j’étais encore la bienvenue chez elle. Les autres années, je n’avais jamais appelé, il me suffisait d’apparaître et de m’imposer chez les Cho, mais cette année c’était un peu différent. Je me sentais plus autant la bienvenue. Toutefois, en déverrouillant mon téléphone, je vis que j’avais une alerte manquée et que c’était un sms de mon amie d’enfance :

« Joyeux Noël ♥ »

Mon geste fut juste de lancer mon cellulaire à quelque part dans ma chambre et de filer sous la douche. Après une très longue douche de dix minutes, de m’être habillé et snobé mon café qui ne serait probablement pas buvable, j’étais dans ma voiture avec mes cadeaux sur le siège passager. J’arrivai un peu trop rapidement chez Hyun Ae et c’est en arrêtant la voiture que je me rendis compte que j’avais omis de répondre à son message texte. Tant pis, elle aurait une surprise alors!

Arrivé devant la porte de son appartement je fis ce que tout être normal fait, soit de cogner à cette porte dans l’espoir très incertain de se faire ouvrir. Heureusement pour moi, c’est bien cela qui se produit quand je vis un joli petit poussin caché derrière son sourire radieux m’ouvrit. Hyun Ae se mit alors à sautiller sur place et je ne pus m’empêcher de rigoler de sa réaction. Je n’avais pas une longue barbe blanche et je ne ressemblais vraiment pas un père noël, mais au vu de sa joie, c’était tout comme. Après m’avoir à nouveau souhaité joyeux noël, elle me laissa rentrer et je la suivi jusqu’au salon où toute sa famille se trouvait déjà. Je déposai les cadeaux au pied du sapin avant de saluer les parents de Hyun Ae. Puis, je donnai une poignée de main à mon meilleur ami pour ensuite me retourner vers mon Poussin. Elle se blottie alors contre moi en me serrant de toute ses forces de petit poussin impuissant et je lui rendis bien son câlin. On n’a cependant pas fait trop durer cette étreinte, n’étant pas vraiment seuls. J’ai donc pris la place à côté d’elle sur le sofa.

Je n'interrompu pas plus longtemps l’échange de cadeaux qui reprit avec les présents des parents Cho. Je ne regardais pas vraiment les cadeaux passer de mains en mains. J’étais trop occupé à regarder mon amie. Si je pensais être le plus heureux en me réveillant, je me trompais. Hyun Ae était la plus souriante de la pièce et probablement de la ville. Quand les cadeaux furent distribués, on resta un moment dans le salon à discuter et j’en profitai pour prendre des nouvelles de mon meilleur ami, puisque je ne lui avais pas parlé de vive voix depuis longtemps. C’est lorsque les parents se levèrent en annonçant qu’ils allaient ranger la cuisine. Bien sûr, sans aucune surprise, Hyun Ae leur proposa leur aide, qui fut refusée prétextant qu’elle avait tout préparé. Le frère de Poussin ne fut pas aussi chanceux toutefois.

Je me tournai alors vers Hyun Ae qui s’empressa de me dire que mes cadeaux qu’elle avait pour moi se trouvaient dans sa chambre. Elle me questionna à savoir si je voulais les ouvrir maintenant. Je fis oui de la tête comme un petit gamin qui ne se pouvait plus d’attendre. Je pris deux cadeaux que j’avais apportés jusqu’ici et je la suivie dans sa chambre. Je découvris son petit sapin personnel de noël et je n’en fus encore une fois, aucunement surpris. Elle aimait beaucoup trop cette fête pour ne pas mettre noël partout où elle passe. Bref, Poussin voulu me tendit mon cadeau et je déposai les miens avant de démolir son bel emballage.

« C’est pas grand chose, mais je n’ai pas pu m’empêcher de l’acheter. »

Quand j’eus terminé de tuer tous les petits père noël qui se trouvaient sur le papier cadeau, j’y trouvai dans une boîte un étui pour mon IPhone. Hyun Ae me fit ensuite remarquer que le dos de l’étui était un débouche-bière. Un sourire amusé apparu sur mon visage. Cette fille me connaissait que trop bien. Maintenant j’allais pouvoir lancer mon téléphone vraiment partout sans le démolir. Et puis, j’avais toujours eu un faible pour les bières importées qui ne se débouchaient pas à la main. Je lui remerciai rapidement puisqu’elle me donna aussitôt un deuxième paquet. Je déballai cette fois plus rapidement, car j’avais toujours aimé les plus gros cadeaux. J’y trouvai une machine de café de meilleure qualité que la mienne.

« La tienne était vieille et elle faisait du café dégoutant. Et puisque je ne suis pas toujours là pour te faire de bons cafés, j’ai pensé que tu en avais peut-être besoin. »

Cette fille avait rien compris à ma stratégie. J’avais une mauvaise cafetière dans le but d’avoir une excuse de me rendre tous les jours au café Chokollis. Mais bon, j’allais faire autrement. Je prévoyais perdre mes facultés pour faire du café et tout oublier, ainsi Hyun Ae devra venir jusqu’à moi. Juste à y penser je me mis à rire diaboliquement intérieurement.

« Finalement le dernier ben… »

Hyun Ae me donna une enveloppe que je tournai de tous les côtés pour comprendre. Une enveloppe?

« On s’arrangera pour les détails, mais… »

Je relevai la tête vers Poussin et je me figeai pour l’écouter, mais elle ne termina pas sa phrase. Elle préféra dire qu’elle se taisait et que je pouvais l’ouvrir. Je m’exécutai et j’en sorti une photo d’un chalet. Je tournai encore une fois le présent de tous les bords avant de relever une seconde fois la tête vers Poussin. Il n’y avait pas un livre d’instructions?

« J’ai loué un chalet pour un week-end complet. »

HEIN?! C’est un énorme point d’interrogation qui s’afficha dans mon esprit. Un week-end, elle, moi, et un chalet? Était-elle consciente de ce qui l’attendait si elle m’amenait là-bas?

«... Du vendredi au dimanche. J’ai déjà mes congés au Café et la réservation est faite, mais si la date ne fonctionne pas pour toi, on peut toujours la changer. Je ne crois pas que ça sera un problème. C’est au pied du Mont Gijisan. On peut y faire du ski ou aller patiner ou encore rester au chaud toute la journée. Tu devrais voir les photos de l’intérieur. Il y a un foyer, c’est super beau! »

Oui elle était consciente. Elle savait qu’elle allait devoir me suivre sur les pentes et aller patiner. Un chalet pour moi était synonyme de sports d’hiver et il n’était pas question que je reste à l’intérieur du chalet au chaud quand il y avait tout ce territoire enneigé à conquérir!

« Ça te plaît? »

Je regardais la photographie quand elle me laissa finalement place à mon opinion. Je la regardai alors dans les yeux avec mon sourire le plus sincère. Je fis oui de la tête pour ensuite lui dire que oui j’adorais l’idée. Et puis, je ne croyais pas retourner au Mont Gijisan de si tôt surtout avec le film d’horreur que nous avions vécus en se perdant là-haut.

Pour mieux la remercier, je la pris dans mes bras un court moment. Quand je me séparai d’elle, nos visages passèrent très proches l’un de l’autre et il y eu comme une tension où j’hésitai à l’embrasser, mais je n’en fis pas. Je retrouvai mon sourire et changea complètement le sujet.

« Bon c’est à mon tour de te donner tes cadeaux! »

Je lui tendis un premier paquet particulièrement énorme. Elle le déposa au sol pour mieux l’ouvrir et elle y sortit un bon nombre de papier de soie. Il y avait au moins une centaine de feuilles d’emballage et tout au fond de la boîte, elle trouva un bout de papier avec une adresse dessus. Elle parue encore plus confuse que moi avec ma photo du chalet. Elle leva la tête vers moi et je lui montrai mes clefs d’auto.

« On va faire une balade en voiture? »

Je ne lui laissai pas vraiment le temps que je pris l’autre cadeau qui lui appartenait et je la saisie par le poignet pour l’attirer avec moi. Elle eut à peine le temps de mettre un manteau, ses souliers et de crier à ses parents qu’elle reviendrait un jour ou l’autre. Je lui ouvris la portière de l’auto avant d’aller me mettre au volant et de démarrer le moteur. Je conduisis alors que jusqu’à l’adresse indiquée tout en étant ensevelis des questions de Poussin que je me contentais de ne pas répondre.

Arrêtés devant un grand immeuble d’Ulsan, je demandai si l’adresse de ce bâtiment était la même sur son papier, sachant très bien toutefois que j’étais au bon endroit. Poussin me fit oui de la tête et je sortis aussitôt de la voiture. Elle me suivit et je l’entrainai jusqu’à l’ascenseur à l’intérieur. On monta un bon nombre d’étages jusqu’à ce que les deux portes s’ouvrent sur un loft très complètement désert. En fait presque vide…

Au centre de la pièce, une longue enveloppe était suspendue par une corde du haut du plafond. Je pointai l’enveloppe à Hyun Ae en lui annonça que son cadeau était là. Elle s’en approcha lentement et la pris dans ses mains pour ensuite l’ouvrir et en sortir plusieurs feuilles.

«Tu es maintenant une jeune et sexy universitaire inscrite en Arts. Voici ton horaire, ta liste de cours et de tes locaux. Je me suis chargé de remplir tous les formulaires, car je me doutais que tu refuserais…Mais le meilleur… »

Je m’approchai des portes qui donnaient sur une grande terrasse au 12e étage de l’immeuble. Hyun Ae vînt me retrouver et je la pris par les épaules pour la positionner et qu’elle voit ce que je voulais qu’elle voit.

« Et d’ici tu pourras surveiller mon appartement à tout moment. Tu pourrais mettre ton chevalet ici et peindre toute la journée. En fait, je m’étais dit que ta chambre ne pourrait pas être très inspirant et que tu allais avoir besoin d’espace quand tu voudras être seule pour faire ton artiste… »

Je l’amenai à l’intérieur et je lui dis qu’après ses études elle n’aura qu’à transformer ce lieu en salle d’exposition ou bien en salle de cours. Je lui tendis alors son dernier paquet que nous avions pris la peine d’apporter jusqu’ici. Elle le déballa et découvris tout un kit de peinture et l’essentiel pour rafraichir un peu son équipement.

« Je ne pouvais pas te laisser finir tes jours à travailler à ce café, même si le café que tu fais est grandiose. Ta place n’est pas derrière ce comptoir. J’y connais rien en l’art, mais du peu que tu m’as laissé voir, j’ai toujours été captivé durant de longues minutes sur ce que tu réalisais. Tu es douée Hyun Ae et tu mérites de développer ton talent. Laisse-moi juste t’offrir un peu d’aide pour y arriver. »

Je gardai le silence, mais Hyun Ae ne parlait pas. Est-ce que c’était parce qu’elle était en colère? Elle était bouche bée? Par nervosité je me remis donc à parler pour couvrir le silence.

« Et puis le loft est tout payé ainsi que ton BAC, alors tu n’auras rien de plus à débourser. Tu pourras continuer à travailler, tu as un horaire relativement léger. Désolé, mais je n’avais pas assez pour acheter une île déserte… »

Je me taie en baissant la tête pour enfin lui laisser la chance de placer un mot.

Spoiler:

Je regardai NichKhun avec appréhension en espérant que mon dernier cadeau lui plaise. Il releva les yeux vers moi et me sourit en hochant la tête. Il avait l’air d’apprécier et je lui souris en retard. J’avais réfléchi longtemps avant de lui offrir ce cadeau, qui allait en être un pour moi aussi à la fois. Je ne savais pas trop si c’était une bonne idée, mais puisqu’il semblait aimer, je devais avoir eu une bonne idée. Il me prit dans ses bras et je me détendis en lui rendant son étreinte. Le câlin dura quelques secondes et lorsqu’il se termina, nos visages se retrouvèrent très près l’un de l’autre et nous nous sommes regardés dans les yeux un moment. Alors que j’aurais aimé qu’il se penche pour m’embrasser, il s’éloigna et m’adresse un grand sourire alors que je venais de perdre le mien.

- Bon c’est à mon tour de te donner tes cadeaux!

Il me tendit un énorme paquet et je tentai de cacher mon expression contrariée. Je me trouvais ridicule, mais ça m’avait tout de même franchement irrité. Je déposai le cadeau par terre et je me penchai pour déchirer l’emballage. Je fronçai les sourcils en voyant la tonne de papier de soie qui remplissait la boîte. J’avais beau en enlever, il y en avait encore et il n’y avait toujours pas de cadeau. Tout en l’enlevant, j’avais toutefois le temps de réfléchir. Évidemment qu’il n’allait pas m’embrasser. Je ne savais pas trop pourquoi j’étais surprise. Il était fiancé après tout. Qu’est-ce qui m’avais pris aussi de l’inviter pour un week-end dans un chalet. C’est le genre de cadeau que l’on offre à son petit ami. Finalement j’arrêtai d’y penser puisque je trouvais enfin, au fin fond de la boîte, un bout de papier. Il y a avait un numéro et un mot. Je devinai que c’était une adresse, mais je levai quand même les yeux vers Nich avec un regard d’incompréhension. Il me montra ses clefs.

- On va faire une balade en voiture?

Ce n’était pas vraiment une question puisqu’il prit le deuxième cadeau et attrapa mon poignet avant de me tirer à travers l’appartement.

- Je reviens … un jour… j’imagine. Ai-je crié à mes parents qui ne semblèrent pas surpris que je me fasse kidnapper par Nich.

En chemin, je tentai de lui faire dire où il m’emmenait, mais il resta muet comme une carpe. Même mon aegyo ne vint pas à bout de son silence. Il voulait garder la surprise, j’imagine, mais ça m’énervait. Pas autant que le fait qu’il ne m’ait pas embrassé qui me trottait toujours dans la tête. J’ai croisé les bras sur ma poitrine en faisant la moue. S’il ne voulait pas me dire où on allait, il ne me restait plus qu’à attendre. Nous sommes arrivés devant un immeuble et Nich me demanda si c’était bien la même adresse que sur le papier. J’hochai la tête et je suivis Nich qui était sorti de la voiture. Nous sommes entrés dans l’immeuble et il s’est dirigé vers l’ascenceur. J’avais toujours les sourcils froncés. Je comprenais de moins en moins où il m’emmenait. Les portes se sont ouvertes sur un loft. Vide. Enfin presque. Il n’y avait qu’une enveloppe au milieu de la pièce, suspendue au plafond par un fil. Je tournai la tête vers Nich qui me pointa l’enveloppe en précisant que c’était mon cadeau. Est-ce que c’était normal que je ne comprenne rien? Parce que sincèrement, je nageais dans l’incompréhension.

Je m’avançai vers l’enveloppe et je la détachai de sa corde. J’en sortis plusieurs feuilles, mais je commençai par lire la première sur le dessus. «Madame, l’Université d’Ulsan a le plaisir de vous informer que votre admission dans le programme d’Arts a été retenue pour la session Hiver 2012…»

- Tu es maintenant une jeune et sexy universitaire inscrite en Arts. Voici ton horaire, ta liste de cours et de tes locaux. Je me suis chargé de remplir tous les formulaires, car je me doutais que tu refuserais…Mais le meilleur…

C’était trop d’information à la fois. Il m’avait inscrit à l’Université?! Et j’avais été acceptée?! Je le suivis lorsqu’il se dirigea vers la terrasse. Il me prit par les épaules et il me tourna pour que je vois quelque chose en particulier.

- Et d’ici tu pourras surveiller mon appartement à tout moment. Tu pourrais mettre ton chevalet ici et peindre toute la journée. En fait, je m’étais dit que ta chambre ne pourrait pas être très inspirant et que tu allais avoir besoin d’espace quand tu voudras être seule pour faire ton artiste…

Ok parce que ce loft aussi était pour moi!? Il avait payé pour tout ça? J’avais tellement de questions, mais j’étais trop bouche bée pour l’interrompre dans ses explications. Nous sommes retournés à l’intérieur pendant qu’il me disait que l’endroit pourrait devenir une salle d’exposition ou une salle de cours après mes études. Il me tendit le deuxième paquet. Je le déballai rapidement en me disant qu’il ne pouvait pas m’offrir quelque chose qui allait me surprendre encore plus qu’une admission à l’Université et un loft. Je déballai un kit de peinture et de nouveaux pinceaux.

- Je ne pouvais pas te laisser finir tes jours à travailler à ce café, même si le café que tu fais est grandiose. Ta place n’est pas derrière ce comptoir. J’y connais rien en l’art, mais du peu que tu m’as laissé voir, j’ai toujours été captivé durant de longues minutes sur ce que tu réalisais. Tu es douée Hyun Ae et tu mérites de développer ton talent. Laisse-moi juste t’offrir un peu d’aide pour y arriver.

J’étais touchée par son geste. Il ne m’offrait pas un peu d’aide, là. Il me donnait tout ce que je voulais. L’émotion me nouait la gorge et m’empêchait de dire quoi que ce soit. Les larmes n’allaient pas tarder à me monter aux yeux. NichKhun me regarda un moment sans rien dire, mais je n’étais pas capable de prononcer un seul mot. Je me contentais de le regarder, les sourcils légèrement froncés.

- Et puis le loft est tout payé ainsi que ton BAC, alors tu n’auras rien de plus à débourser. Tu pourras continuer à travailler, tu as un horaire relativement léger. Désolé, mais je n’avais pas assez pour acheter une île déserte…

Ce fut trop pour moi et les larmes me sont finalement montées aux yeux comme je l’avais prévu. Tout était payé. Tout ce dont je rêvais depuis plus d’un an m’étaient donnés comme cadeau de Noël par NichKhun.

- Nich… C’est… C’est trop. Ai-je dit en tentant de retenir mes larmes.

J’ai regardé autour de moi. Oui, j’avais confié à NichKhun que je voulais partir en appartement et reprendre mes études, mais je ne croyais pas que ça allait arriver de sitôt. C’était ce que je voulais de plus, mais pourquoi est-ce que je n’arrivais pas à être heureuse maintenant que je l’avais?

- C’est le plus beau cadeau qu’on m’ait jamais fait… Sincèrement, Nich, je n’aurais pas pu rêvé à quelque chose de mieux. Mais c’est pas à toi d’assumer toutes ces dépenses. Je ne mérite pas tout ça.

C’était ça la raison. Je me sentais coupable. Atrocement coupable. Je ne pouvais pas retourner aux études. Ni partir de chez moi. Dans ma tête, le faire équivalait à laisser tomber ma famille. Je ne pouvais pas leur faire ça. Même si j’avais du temps pour travailler au Café et que Nich avait dû penser à ça. J’avais l’impression que j’allais décevoir toute ma famille en les abandonnant. De plus, j’avais volé la bague de NichKhun. J’avais voulu détruire son couple et en retour, il me donnait tout ce que je voulais. La vie faisait exprès pour me faire avoir des remords. C’était probablement pour me punir d’avoir agi comme une enfant égoïste. Et je savais que je devais tout avouer à NichKhun… Mais pas maintenant. J’allais régler un dossier à la fois et pour le moment, le dossier c’était mon énorme cadeau de Noël.

Je le regardai un court instant en me mordant la lèvre. Je ne pouvais pas accepter. J’ai parcouru la pièce du regard avant de prendre l’enveloppe dans mes mains. Je me suis assise par terre et en ressortant la lettre d’acceptation, j’ai affiché un sourire pour la première fois depuis que j’étais entrée dans le loft. C’était irréel comme situation.

- Je peux pas croire que tu m’aies inscrite en Arts. Et que j’ai été acceptée.

J’avais été acceptée une fois alors je ne sais pas pourquoi j’aurais été refusée lors de ma deuxième inscription. Mais j’avais tout de même eu cette peur à chaque fois que j’avais pensé à me réinscrire. Je voulais retourner en Arts, mais je ne croyais pas ça possible d’y retourner aussi tôt. Pas en janvier… Pas tant que ma mère était encore en vie.

J’ai tapoté le plancher près de moi pour que Nich vienne s’asseoir.

- Un appartement et des études en Arts c’est mieux que tout ce que j’aurais pu imaginer, mais c’est pas un peu énorme comme cadeau de Noël pour ta meilleure amie, non? La peinture et le reste de l’équipement, je le garde, mais le reste…

Je tendis le bras vers lui pour prendre sa main et la serrer fort dans la mienne. Je plongeai mon regard dans le sien alors que mon visage avait pris un air désolé.

- Tu vas m’en vouloir, si je refuse?

Spoiler:

« Nich… C’est… C’est trop. »

Mon sourire tomba aussitôt quand je me rendis compte que Hyun Ae se battait contre ses larmes. Poussin se mit à tourner la tête de tous les côtés avant de reprendre la parole.

« C’est le plus beau cadeau qu’on m’ait jamais fait… Sincèrement, Nich, je n’aurais pas pu rêvé à quelque chose de mieux. Mais c’est pas à toi d’assumer toutes ces dépenses. Je ne mérite pas tout ça. »

« Mais alors pourquoi tu …? »

Je préférai ne pas finir ma phrase et lui faire remarquer qu’elle pleurait. Je restai silencieux et confus. Pourquoi réagissait-elle de la sorte? Je savais qu’elle allait avoir une forte réaction, mais je pensais plutôt qu’elle allait me gronder d’avoir dépensé cette somme. Ou bien parce que j’aurais décidé pour elle des trucs relativement importants sans son consentement. Mais non, au lieu de cela elle semblait presque honteuse.

Elle posa enfin son regard sur moi pour ensuite le poser sur cette enveloppe. Je la suivi des yeux jusqu’à ce qu’elle aille s’asseoir à terre. Là elle sortit quelques feuilles de l’Université et je vis finalement un sourire apparaître sur ses lèvres. Je fis quelque peu rassuré et je respirais déjà mieux à la vue de ce sourire.

« Je peux pas croire que tu m’aies inscrite en Arts. Et que j’ai été acceptée. »

Quoi? Elle voulait que je l’inscrive en sciences politiques peut-être? Je gardai encore le silence en la scrutant du regard attendant qu’elle m’adresse réellement la parole. Je ne voulais pas dire quelque chose de déplacée et je ne savais toujours pas ce qu’elle en pensait. C’est lorsqu’elle tapota de la main sur le plancher à côté d’elle que je compris que je pouvais m’approcher de Poussin sans qu’elle finisse par me tuer. Je m’approchai donc d’elle et j’hésitai avant de m’asseoir un moment. Je fini tout de même par m’abaisser à la hauteur de ses yeux et je l’écoutai à nouveau parler.

« Un appartement et des études en Arts c’est mieux que tout ce que j’aurais pu imaginer, mais c’est pas un peu énorme comme cadeau de Noël pour ta meilleure amie, non? La peinture et le reste de l’équipement, je le garde, mais le reste… »

Elle tendit alors le bras en ma direction pour me prendre la main et la serrer. Elle releva la tête vers moi et son sourire s’était effacé. Je fronçai les sourcils sachant très bien qu’elle n’allait pas m’annoncer une bonne nouvelle.

« Tu vas m’en vouloir, si je refuse? »

Je lâchai immédiatement sa main et la regardai durement. J’avais passé énormément de temps pour rendre ce cadeau possible et elle voulait le refuser. Pourquoi cela? Je lui laissai clairement paraître mon mécontentement et je me relevai du sol subitement en regardant dans le vide.

« Non, c’est bon, refuse. Je ne sais pas ce qu’il m’a prit de décider tout ça pour toi. J’aurais dû acheter une simple peluche à ma simple meilleure amie. »

Je tournai le dos à Hyun Ae avant de lui dire de se lever pour qu’on pate d’ici. Je sortis mes clefs de voiture et j’allai peser sur le bouton de l’ascenseur. Subitement, sans trop comprendre ce qu’il me prit, je me retournai vers cette Hyun Ae bouche bée par mon changement d’humeur.

« C’est quoi ton problème? Tu n’acceptes plus les attentions que je te fais? C’est pour mieux m’effacer de ta vie c’est ça? »

Je pris une légère pause, sans pour autant laisser le temps à Hyun Ae de parler.

« Et c’est quoi cette histoire de chalet au pied du mont alors? Corrige-moi si je me trompe, mais tu as bien des attentes pour ce week-end au chalet, n’est-ce pas? Seuls, loin de la civilisation, tu dois te douter de comment ça va se terminer? »

J’arrêtai de parler quand j’entendis le son que fit l’ascenseur en arrivant à l’étage. Je me tournai vers cet ascenseur et j’allai y mettre ma main sur l’une des portes pour les retenir tout en ordonnant à Hyun Ae de venir pour que j’aille la raccompagner chez elle. Poussin ne daigna pas bouger. Je m’impatientai et sous l’effet de la colère, je décidai de la laisser là et de descendre seul.

Bien sûr au RC, je me frappai la tête contre le mur de l’entrée, mais par orgueil je refusai catégoriquement de remonter en haut. Je pris donc l’initiative de m’asseoir à terre pour m’encourager à ne pas bouger d’ici. Pourtant à peine 1 minute après, j’étais de retour à l’étage du loft et Hyun Ae n’avait pas bougée de là où elle se tenait quand je l’avait abandonnée. Je soupirai avant de reprendre la parole voyant qu’elle restait muette.

« Je te dois des excuses, j’ai levé le ton de la voix et je n’aurais pas dû. Mais je comprends très mal ton refus. J’vais être sincère, j’ai peur de te perdre. J’ai peur qu’après mon mariage tu ne veuilles plus me revoir. Tu es bien la seule fille qui arrive à mettre tant de doutes dans mon esprit. Chaque fois que je me retrouve seul avec toi, je me demande quelle erreur je suis en train de commettre en restant aux côtés de Myung Hee. Tu me fais complètement perdre la raison et il ne se passe pas un soir où je me couche sans que j’aie une pensée pour toi. ..Je sais que la solution pour moi serait de ne plus te voir, mais je ne peux pas m’y résoudre. Par contre, tu as raison, je ne devrais pas te faire d’aussi gros cadeaux. Et…je ne devrais pas aller à ce chalet avec toi. »

Je posai enfin mes yeux sur mon amie d’enfance en prenant un ton de voix plus neutre et vide d'émotions pour lui dire de venir pour que j'aille la porter chez elle et que j'arrête ainsi de gâcher son noël.

NichKhun lâcha ma main. Je n’étais pas étonnée qu’il soit fâché. C’était normal après tout, je venais tout de même de refuser un cadeau énorme de sa part. Il devait y avoir passé beaucoup de temps il y avait aussi mis beaucoup d’argent. Il se releva et me regarde durement. Je m’attendais à cette réaction, mais je ne pouvais tout simplement pas accepter.

- Non, c’est bon, refuse. Je ne sais pas ce qu’il m’a prit de décider tout ça pour toi. J’aurais dû acheter une simple peluche à ma simple meilleure amie.

Je soupirai, mais ne répondit rien. Ça ne servait à rien que je me mette en colère et que je réplique. Il était déjà assez fâché, alors je préférais ne rien dire et attendre qu’il se calme. Toutefois, le ton de voix qu’il prit lorsqu’il me dit de me lever et qu’il m’annonça que l’on s’en allait me déconcerta. Je savais qu’il allait être fâché, mais je ne croyais pas qu’il allait être en colère à ce point.

- C’est quoi ton problème? Tu n’acceptes plus les attentions que je te fais? C’est pour mieux m’effacer de ta vie c’est ça?

Je voulais répliquer et lui dire que ça n’avait rien à voir, mais il ne me laissa pas le temps de lui répondre.

- Et c’est quoi cette histoire de chalet au pied du mont alors? Corrige-moi si je me trompe, mais tu as bien des attentes pour ce week-end au chalet, n’est-ce pas? Seuls, loin de la civilisation, tu dois te douter de comment ça va se terminer?

Il arrêta de parler quand le son de l’ascenseur qui était arrivé à l’étage se fit entendre. Il m’ordonna encore une fois de me lever parce qu’on partait, mais je ne le fis pas.

Les portes de l’ascenseur se refermèrent sur NichKhun et je restai là, sans bouger. J’étais étrangement calme. Trop même. Mais ce moment, je l’appréhendais depuis un bon moment déjà. Cette liaison ne pouvait pas durer et je savais très bien qu’elle allait se terminer un jour ou l’autre. Je n’étais même pas surprise, loin de là. Je soupirai avant de prendre ma tête entre mes mains et de fermer les yeux. Ou peut-être que je ne réagissais pas parce que mon cœur était brisé et que je n’arrivais plus à ressentir des émotions.

Les portes de l’ascenseur se rouvrirent et je tournai légèrement la tête pour voir que c’était NichKhun qui était revenu. Je restai toutefois muette, ne sachant pas trop par où commencer. Et puis, je ne savais pas trop s’il était remonté à l’étage pour me chercher parce qu’il était en colère ou pour me parler plus calmement. Le ton de sa voix quand il prit la parole me confirma que c’était la deuxième option.

- Je te dois des excuses, j’ai levé le ton de la voix et je n’aurais pas dû. Mais je comprends très mal ton refus. J’vais être sincère, j’ai peur de te perdre. J’ai peur qu’après mon mariage tu ne veuilles plus me revoir. Tu es bien la seule fille qui arrive à mettre tant de doutes dans mon esprit. Chaque fois que je me retrouve seul avec toi, je me demande quelle erreur je suis en train de commettre en restant aux côtés de Myung Hee. Tu me fais complètement perdre la raison et il ne se passe pas un soir où je me couche sans que j’aie une pensée pour toi. ..Je sais que la solution pour moi serait de ne plus te voir, mais je ne peux pas m’y résoudre. Par contre, tu as raison, je ne devrais pas te faire d’aussi gros cadeaux. Et…je ne devrais pas aller à ce chalet avec toi.

NichKhun continua en me disant qu’il allait me raccompagner chez moi et ainsi qu’il arrêterait de gâcher mon Noël. Que Noël soit gâché je m’en contrefichais. C’est pourquoi je restai assise et que je ne daignai pas me lever. Cette discussion nous l’aurions eu tôt ou tard alors aussi bien que ce soit maintenant.

- Je peux parler, s’il te plaît? J’en ai des trucs à dire moi aussi. Et on doit mettre tout ça au clair, toi et moi.

Je restai assise, mais je levai la tête vers NichKhun. Il n’y avait toujours aucune once d’agressivité ni dans mes paroles, ni dans mon expression faciale. Je n’étais pas fâchée. En fait, j’imagine que c’était difficile de dire ce que je ressentais puisque le ton de ma voix était plutôt neutre et que mon visage n’affichait tout simplement aucune expression.

- Tu as raison, j’avais des attentes pour le week-end au chalet. Et pas seulement pour le week-end. J’avais des attentes pour nous deux, mais comprends moi, ton comportement des dernières semaines ne me donne pas d’autre option. Tous les deux, on n’agit pas ensemble comme on agirait si on était seulement des amis. On agit comme un couple NichKhun, alors que tu es fiancé. Et que tu n’as pas l’intention de la laisser. Tu vas te marier et ça me brise le cœur.

J’aurais facilement pu éclater en sanglot à ce moment-là. Je sentais ma gorge se serrer et j’avais de la difficulté à parler. Je me suis alors levée, mais je n’osai pas trop m’approcher de NichKhun. J’allais affronter la situation comme une grande fille. Je n’allais pas me mettre à pleurer comme une imbécile. Je restai tout de même plantée là, au milieu de la pièce.

- Je vais toujours être ton amie. Même après ton mariage. Je vais seulement avoir besoin de temps pour accepter que Myung hee est celle que tu veux et que ce n’est pas moi. Mais je vais m’en sortir… J’imagine.

Je repris l’enveloppe que j’avais laissée sur le plancher et je fis les quelques pas qui me séparaient de mon ami d’enfance qui me fixait sans rien dire. Je lui tendis l’enveloppe.

- Reprends l’appartement. Je reprends le week-end au chalet. Si c’est ce que tu veux, à partir de maintenant toi et moi on est que des amis. On ne peut pas être plus que ça. Pas tant que tu as Myung hee dans ta vie. Alors mon amitié, c’est ce que je t’offre.

J’affichai un faible sourire. S’il y avait quelque chose que je ne voulais pas, c’était bien que NichKhun sorte de ma vie et même si je savais que je sacrifiais mon propre bonheur en lui offrant mon amitié, je lui rendais la tâche plus facile à lui qui n’avait plus à faire de choix entre moi et ma cousine. Je pris une grande respiration en plongeant ma main dans la poche de ma veste. Mes doigts rencontrèrent l’or froid de la bague de fiançailles que je lui avais dérobée. Je baissai la tête. C’était le moment ou jamais. Je ne me laissai même pas le temps d’y réfléchir. Je devais le faire et c’était tout.

- Je dois aussi être sincère avec toi. Tu mérites que je te dise la vérité. Voilà la vraie raison qui m’a poussée à refuser ton cadeau, ai-je dit en tendait la main devant moi et en l’ouvrant, paume vers le haut.

La bague se trouvait au creux de ma main.

- Je t’ai menti. Je t’ai volé ta bague le soir au Bal. J’étais saoule, oui, mais ça n’excuse pas mon geste. Je voulais du plus profond de mon cœur que ta relation avec Myung hee ne fonctionne pas parce que je voulais que tu sois avec moi. Je refusais que tu te maries à un tel point que je voulais t’en empêcher ou gâcher ton mariage. Alors j’ai volé ta bague... Est-ce que tu veux toujours payer l’appartement et les études d’une menteuse et d’une sale égoïste?

Elle protesta en me demandant si elle pouvait parler à son tour. Hyun Ae soutenait qu’on devait mettre tout cela au clair et étrangement j’étais bien d’accord avec elle. Poussin resta assise et je restai moi aussi là où je me tenais en attendant qu’elle dise ce qu’elle avait à dire. Je voulais bien essayer de deviner ce qu’elle me dirait, mais c’était impossible, puisqu’elle n’avait vraiment aucune expression sur son visage. Cela était probablement une des premières fois où je n’arrivais pas à lire en elle comme dans un livre ouvert. Finalement, elle ouvrit la bouche et exprima son point de vue qu’il me tardait de connaître.

« Tu as raison, j’avais des attentes pour le week-end au chalet. Et pas seulement pour le week-end. J’avais des attentes pour nous deux, mais comprends moi, ton comportement des dernières semaines ne me donne pas d’autre option. Tous les deux, on n’agit pas ensemble comme on agirait si on était seulement des amis. On agit comme un couple NichKhun, alors que tu es fiancé. Et que tu n’as pas l’intention de la laisser. Tu vas te marier et ça me brise le cœur. »

Je baissai la tête honteusement. J’avais bien mes tords moi aussi dans cette histoire. Il est vrai que je n’agissais pas normalement avec elle. Enfin, j’étais malhonnête et je jouais beaucoup avec ses sentiments et ce même si je savais très bien que ça ne pourrait pas durer. N’importe qui, sauf moi bien sûr, n’aurait pas continué d’alimenter les espoirs de Hyun Ae étant fiancé à une autre. Je n’aurais jamais dû la prendre plus qu’une meilleure amie. Mais nous n’agissions pas comme un couple, nous agissions bien comme deux amants. J’osais même plus lui prendre la main en public de peur que de stupides rumeurs partent et que Myung Hee me fasse une crise et que je doive cesser de voir Hyun Ae par la suite.

Je m’arrêtai de broyer du noir quand Poussin se leva enfin de ce foutu plancher, prenant néanmoins racine au mileu de la pièce, refusant de s’approcher du vilain monstre que je suis.

« Je vais toujours être ton amie. Même après ton mariage. Je vais seulement avoir besoin de temps pour accepter que Myung hee est celle que tu veux et que ce n’est pas moi. Mais je vais m’en sortir… J’imagine. »

Celle que je veux ? Je ne savais même pas ce que je voulais. Je fis non de la tête à répétition sans oser la regarder dans les yeux. Hyun Ae avait été mon rêve inatteignable toutes ces années ; comment je pouvais faire une croix sur mon futur avec elle, maintenant qu’elle était devant moi ? Le bruit de l’enveloppe me fit alors relever la tête vers mon amie et elle se rapprocha aussitôt de moi quelque peu. Elle s’immobilisa, avant de me tendre l’enveloppe.

« Reprends l’appartement. Je reprends le week-end au chalet. Si c’est ce que tu veux, à partir de maintenant toi et moi on est que des amis. On ne peut pas être plus que ça. Pas tant que tu as Myung hee dans ta vie. Alors mon amitié, c’est ce que je t’offre. »

Je gardai mes yeux posés sur Hyun Ae un long moment sans bouger, sans parler. J’essayais juste de lire dans son regard si elle était sincère dans ses paroles. Elle était sérieuse. Elle m’offrait dorénavant que son amitié et rien de plus ? Un faible sourire se dessina sur ses lèvres, alors que moi j’étais même incapable d’en feindre un. Son soupir me fit douter et je détournai le regard pour prendre une grande respiration à mon tour, refusant ce qui était en train de se passer.

« Je dois aussi être sincère avec toi. Tu mérites que je te dise la vérité. Voilà la vraie raison qui m’a poussée à refuser ton cadeau »

À la fin de sa phrase, je baissai la tête pour voir ce qu’elle me montrait et je figeai aussitôt. J’étais sans mots. Complètement abasourdi. Dans la paume de sa main se trouvait cette bague. MA bague que j’avais perdue il y près de deux mois déjà.

«Je t’ai menti. Je t’ai volé ta bague le soir au Bal. J’étais saoule, oui, mais ça n’excuse pas mon geste. Je voulais du plus profond de mon cœur que ta relation avec Myung hee ne fonctionne pas parce que je voulais que tu sois avec moi. Je refusais que tu te maries à un tel point que je voulais t’en empêcher ou gâcher ton mariage. Alors j’ai volé ta bague... Est-ce que tu veux toujours payer l’appartement et les études d’une menteuse et d’une sale égoïste?»

Mes yeux étaient toujours posés sur cette bague et je ne daignais même pas regarder mon amie qui venait de se confesser et pas rien qu’un peu. Quand j’eus enfin le courage de bouger, je fis un pas vers l’arrière en relevant la tête vers elle, la questionnant du regard. Comment avait-elle osé ?

« Comment tu… »

Je préférai me taire encore une fois sachant que les mots qui me venaient en tête étaient inutiles. Je récupérai ma bague en approchant la main lentement de celle de Hyun Ae. Je la fis glisser le long de mon doigt pour la remettre en regardant Hyun Ae assez sévèrement. Jamais je n’aurais cru qu’elle me rendrait la tâche de choisir aussi facilement.

« Merci d’avoir eu le courage de me la redonner après tant de jours. Mais je ne te remercierai pas pour les problèmes que tu m’as causés. »

Il était difficile de mettre un mot pour bien exprimer ce que je ressentais à ce moment. C’était un mélange de rancune et de déception, mais en même temps, j’étais attendri. Attendri par son vol, car elle l’avait fait pour moi. Pour qu’on se retrouve. Toutefois…

« C’est stupide ce que tu as fais, car même si Myung Hee m’avait laissé, je ne crois pas que toi et moi se serions retrouvés. Tu n’aurais fait que me briser le cœur inutilement. »

Je regardai alors l’enveloppe qu’elle tenait toujours dans ses mains avant de lui dire de la garder, puisque de toute façon les paiements étaient faits et je n’avais aucune envie de me lancer dans la vente d’un loft.

« On a tous nos défauts Poussin, mais s’ils y en a bien deux qui ne te collent pas à la peau se sont bien ceux d’être une menteuse et une égoïste. »

Je posai une main sur son bras que je caressai comme pour la rassurer et moi de me sentir moins mal en lui annonçant qu’on devrait s’en tenir qu’à de l’amitié à partir de maintenant. Enfin, je m’excusai auprès d’elle pour avoir alimenter ainsi ses espoirs.

« …Mais j’ai réellement cru en nous et peut-être un peu trop. Je n’aurais jamais dû t’embrasser. On n’aurait jamais dû faire l’amour. Maintenant je regrette la décision que je prends. »

Je baissai la tête en prenant une longue respiration pour ensuite saisir Hyun Ae dans mes bras fortement avant de lui murmurer à l’oreille…

« Je refuse de te lâcher. Je sais que si je le fais…ça sera plus pareille après. »

Je sentis ma gorge se nouer et mon cœur se débattait au point que je me forçais pour cacher mes tremblements. On resta au moins cinq minutes dans les bras de l’autre jusqu’à ce que j’accepte le fait que je devais la voir que comme ma meilleure amie. Je fixais le plancher alors que je demandai ce qu’elle voulait faire à présent. Je lui offris encore la possibilité de la raccompagner chez elle, mais j’énumérai aussi plusieurs autres endroits comme la patinoire ou le cinéma question de laisser retomber la poussière. J’attendis sa réponse en regardant son beau visage. Depuis le temps que je la désirais, avoir su je serais resté couché ce matin. Je savais que c’était ce qu’il y avait de mieux, mais mon côté irrationnel se battait encore en moi et c’est pourquoi que lorsqu’elle me répondit, je n’entendis pas sa réponse. Je clignai des yeux en bougeant quelque peu la tête comme pour me réveiller un peu et je lui demandai de se répéter.

Les yeux de NichKhun se posèrent sur la bague et il resta immobile un moment à la fixer. Il assimila ensuite ce qui venait de se passer et fis un pas vers moi. Je baissai la tête, le bras toujours tendu vers lui.

- Comment tu…

Il ne continua pas sa phrase et moi, je n’osai pas le regarder. Il prit la bague qu’il repassa à son doigt. Je n’aimais pas la voir sur lui et je détournai les yeux encore une fois. Je ne voulais pas non plus voir son expression pendant qu’il me regardait. J’étais honteuse et je gardai la tête baissée.

- Merci d’avoir eu le courage de me la redonner après tant de jours. Mais je ne te remercierai pas pour les problèmes que tu m’as causés.

Je ne répondis rien. Il avait raison. Je ne méritais pas d’être excusée et je le savais très bien. C’était un geste stupide qui ne m’avait rien amené de bon. Tout ce que ça avait eu pour effet, c’était de me faire sentir coupable. Il ne m’en avait pas parlé, mais ça avait sûrement causé des problèmes avec ma cousine aussi.

- C’est stupide ce que tu as fais, car même si Myung Hee m’avait laissé, je ne crois pas que toi et moi se serions retrouvés. Tu n’aurais fait que me briser le cœur inutilement.

Je me sentais comme une enfant que l’on grondait. Je me sentais toute petite et ridicule et stupide. Je méritais tout ce qu’il me disait. Je méritais même qu’il soit encore plus méchant. Il aurait pu se mettre à me crier dessus et j’aurais compris. J’aurais même compris s’il m’avait insulté. Il ne le fit pas et j’en fus plutôt surprise. Je m’étais préparée à une réaction pire que celle là. J’étais confuse qu’il réagisse aussi calmement. Je refusais son cadeau et il le prenait très mal. Je lui avouais que j’avais volé sa bague et il réagissait beaucoup mieux que je l’aurais cru. Elle était où la crise que j’avais prévue?

Je relevai la tête vers lui, un peu confuse, lorsqu’il me dit de garder le loft puisque les paiements étaient faits et qu’il n’avait pas envie de le revendre. Très bien alors. J’allais m’en occuper et lui redonner tout l’argent que ça allait me rapporter. Je n’allais certainement pas garder le loft. On n’achète pas un loft à la fille qui veut détruire son mariage.

- On a tous nos défauts Poussin, mais s’ils y en a bien deux qui ne te collent pas à la peau se sont bien ceux d’être une menteuse et une égoïste.

Il se rapprocha encore de moi et me caressa le bras comme pour me réconforter. J’étais bel et bien une personne égoïste pourtant et je ne comprenais pas pourquoi il ne le voyait pas. Je n’arrivais pas à accepter qu’il soit heureux avec quelqu’un d’autre que moi. Qu’est-ce que c’était ça, si ce n’était pas de l’égoïsme?!

Il ajouta qu’on devait s’en tenir à l’amitié, désormais. J’acquiesçai distraitement, même si cette idée, que j’avais moi-même emmenée, me déplaisait au plus haut point. NichKhun s’excusa ensuite d’avoir alimenté mes espoirs. Il me réconfortait et s’excusait!? Je devais être dans un monde parallèle. Comment j’étais supposée arrêter de l’aimer s’il se montrait aussi gentil envers moi? Il me rendit encore plus confuse lorsqu’il continua…

- Mais j’ai réellement cru en nous et peut-être un peu trop. Je n’aurais jamais dû t’embrasser. On n’aurait jamais dû faire l’amour. Maintenant je regrette la décision que je prends.

Il baissa les yeux alors qu’une larme coula sur ma joue. NichKhun me saisit ses bras. Je passai mes bras autour de lui, refusant de le lâcher. Je me blottis contre lui et j’agrippai son chandail comme si ma vie en dépendait.

- Je refuse de te lâcher. Je sais que si je le fais…ça sera plus pareille après. me murmura-t-il.

Ces paroles eurent pour effet de renforcer mon étreinte autour de lui. Mes larmes finissaient leur course sur le chandail de NichKhun. Je le serrais dans mes bras comme on serre quelqu’un qui part pour une très longue période de temps et qu’on ignore quand on le reverra. Ou si on le reverra. J’avais l’impression qu’il partait et que je n’allais plus jamais le revoir. Lorsqu’il me relâcha, je quittai ses bras à contrecœur. J’avais l’impression que je perdais une partie de moi-même en acceptant de n’être qu’une amie pour lui… Mon bonheur peut-être? Oui. Je crois que c’était ce que je perdais. Mon bonheur dépendait de lui. J’avais besoin de son amour pour être heureuse.

- Si tu as cru en nous et que je crois en nous, pourquoi on n’est pas ensemble? ai-je dis tristement.

NichKhun cligna des yeux et me demanda de répéter. Apparemment il était dans la lune pendant que j’avais parlé. Je me forçai à sourire avant de lui répondre.

- J’ai envie d’aller au cinéma.

Je lui fis dos pour peser sur le bouton de l’ascenseur, mais NichKhun me fit remarquer que ce n’est pas ce que j’avais dit plus tôt que je venais de répéter. J’ignorais vraiment comment j’avais pu lui cacher que j’avais volé sa bague pendant deux mois, parce que j’étais la pire pour cacher quelque chose. Je soupirai avant de me retourner pour lui faire face.

- Je t’aime Nich. Je t’aime comme je n’ai jamais aimé personne auparavant. Et j’aimerais respecter ma promesse et ne jamais te laisser partir. Mais c’est trop dur. C’est dur de t’aimer et de devoir te partager avec Myung hee alors que j’aimerais t’avoir pour moi toute seule. Alors tu sais quoi? Je laisse tomber. J’abandonne. Marie Myung hee. Moi j’en peux plus.

Je n’arrivais plus à supporter son regard et je baissai la tête. Je laissai échapper un sanglot et je portai ma main à ma bouche pour éviter que ça se reproduise. Après un petit moment où je tentai de ne pas me mettre à pleurer, je relevai la tête vers NichKhun qui me faisait un regard désolé. Je passai mes doigts sous mes yeux pour essuyer les larmes qui menaçaient de glisser sur mes joues et j’affichai un sourire. Il était faux évidemment puisque j’étais tout sauf heureuse, mais je préférais afficher un faux sourire que de me mettre à pleurer. L’ascenseur s’ouvrit dans mon dos.

- Je crois qu’il y a Sherlock Holmes au cinéma. Je sais pas s’il est bon. Tu as envie d’aller voir ça? dis-je en y entrant.

NichKhun me suivit et je me retournai vers le loft qu'il m'avait offert. J’y jetai un dernier regard avant que les portes se ferment. Mon ami d’enfance n’avait toujours pas dit un mot. Je tournai la tête vers lui, mais il ne me regardait pas. Je n’arrivais pas non plus à deviner ce qu’il pensait. Je restai silencieuse un instant, mais la situation me rendait clairement mal à l’aise. Je me mordillai la lèvre avant de briser le silence.

- Nich s’il te plaît dit quelque chose. Je vais devenir folle si tu dis rien. Je vais m’imaginer plein de scénarios dans ma tête et croire que tu m’en veux à mort. Je suis toujours là, d’accord? Je reste dans ta vie. C’est ce que tu voulais, non?

Je me retournai vers lui, mais les portes de l’ascenseur se rouvrirent sur le rez-de-chaussée…

Un sourire apparu sur ses lèvres et elle me répondit qu’elle voulait aller au cinéma. Je fis non de la tête obstinément. Elle me tourna le dos pour aller peser sur le bouton de l’ascenseur, sûrement pour fuir le fait qu’elle venait de mentir.

« Non non, attend une minute Poussin, ce n’est pas ce que tu as dis. Je le sais. Ça sonnait plus long et pas du tout pareil. Dois-je te rappeler que tu es une très mauvaise menteuse? »

Ma remarque la força à me faire face et c’est dans un soupir qu’elle sembla me répéter réellement ce qu’elle avait dit, mais cette fois dans la version non censurée et rallongée.

« Je t’aime Nich. Je t’aime comme je n’ai jamais aimé personne auparavant. Et j’aimerais respecter ma promesse et ne jamais te laisser partir. Mais c’est trop dur. C’est dur de t’aimer et de devoir te partager avec Myung hee alors que j’aimerais t’avoir pour moi toute seule. Alors tu sais quoi? Je laisse tomber. J’abandonne. Marie Myung hee. Moi j’en peux plus. »

Je baissai la tête peu après que Hyun Ae ait fait de même. Puis je reposai mon regard sur le visage de amie. Elle se battait contre ses émotions et je ne trouvai rien à lui dire pour la consoler. Lui dire ma pensée ne l’aiderait pas. N’importe quels humains rationnels auraient déjà mis fin à ce genre de relation; la preuve que je n’étais pas rationnel! « Je t’aime Hyun Ae », ces quelques mots pourtant si simple à prononcer lorsqu’ils sont ressentis, toutefois je restai muet sans réponse face à sa confession. C’est un sourire qu’elle me montra après quelques secondes, mais je devinai qu’il était faux. Elle s’empressa d’ailleurs d’aller dans l’ascenseur quand celui-ci arriva.


« Je crois qu’il y a Sherlock Holmes au cinéma. Je sais pas s’il est bon. Tu as envie d’aller voir ça? »

Je la suivis sans dire un mot et j’évitais son regard. Hyun Ae resterait ma meilleure amie malgré tout et elle occupera toujours une place énorme dans ma vie, cependant…J’étais à nouveau mal à l’aise en sa présence. J’aurais préféré qu’elle me demande d’aller la conduire chez elle. L’ambiance était étrange et j’avais l’habitude d’être très affectueux avec Poussin. Agir de la sorte aurait alors été déplacé. Cependant, je détestais être froid et neutre avec ma bonne amie. BREF, je méprisais ce moment car j’ignorais quoi faire.

C’est finalement la petite Cho qui vînt briser le silence en me demandant de parler. Je me tournai alors la tête vers elle. Hyun Ae continua en affirmant qu’elle deviendrait folle si je ne disais rien. Par contre, je ne savais pas quoi lui dire. Peut-être que c’était des remords ou un autre truc moche inventé par les femmes, mais je ne me sentais pas d’humeur à sourire. J’avais pas l’impression de mériter l’affection que Hyun Ae m’avait donné depuis. J’avais juste envie de me cacher dans le noir le plus complet et me couper du monde extérieur. Au moins là, je ne décevrais personne. Oui c’est ça, il m’aurait bien fallu Yeon Hee; là maintenant, now!

« Je vais m’imaginer plein de scénarios dans ma tête et croire que tu m’en veux à mort. Je suis toujours là, d’accord? Je reste dans ta vie. C’est ce que tu voulais, non? »

Ahhh non. Qu’on ne me demande plus ce que je voulais. Je le savais pas. À quelle école veux-tu aller? Quel métier? Quelles femmes aimes-tu? Mais arrêté avec tous ses choix! Je ne peux pas revenir à l’âge de 4 ans. L’âge où le monde décidait tout pour moi, même les vêtements que j’allais porter.

Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent et à nouveau le silence s’imposa. Je me retournai vers Poussin qui me regardait déjà, attendant que j’ose dire un mot.

« Je n’ai pas vu Sherlock Holmes et il semblait bon. Alors on y va pour Sherlock? »

Je portai ma main contre les portes de l’ascenseur pour les retenir, elles qui allaient se refermer. Poussin me fit alors oui de la tête avec cet air déçue et s’exécuta pour sortir à l’extérieur. Après avoir relevée la tête vers le haut et soupiré silencieusement en réalisant seulement maintenant que mon commentaire était stupide. Le genre de réponse que Hyun Ki aurait très bien pu donné quoi.

Je suivi finalement Poussin jusqu’à ma voiture et c’est encore dans le silence que je démarrai le moteur. De temps à autres, aux intersections, mes yeux se posaient sur Hyun Ae qui observait dehors par la fenêtre. Alors que nous approchions de plus en plus du cinéma, je me décidai finalement à mettre ma gêne de côté.

« Poussin, c’est quoi la date que tu as réservée pour le chalet? »

Je jetai un rapide coup d’œil en sa direction, elle qui avait tournée sa tête vivement en entendant ma phrase. Miss Cho me regardait avec de grands yeux tout ronds. Je la regardai insistant en lui redemandant la date. Elle fini par me répondre qu’elle avait réservé le chalet en date du 17 février et que c’était pour la fin de semaine.

« Je te réserve donc cette fin de semaine là? »

Un peu incertaine elle approuva et sembla me regarder comme pour voir si j’étais certain de ma décision. J’étais peut-être un peu idiot par moment, mais reste qu’on m’avait appris à ne jamais refuser des cadeaux. Et puis, il s’agissait d’un week-end avec Hyun Ae à un chalet et non pas d’un truc super déplaisant.

Arrivés enfin au cinéma, je ne me fis pas prier pour en descendre et aller à l’intérieur. Au moins dans la salle, je trouverais bien un sujet de conversation! Je payai les entrées et on s’arrêta bien sûr au comptoir alimentaire pour se faire des réserves de popcorn. La séance allait débuter très prochainement et on arriva à nos sièges lorsque les annonces prirent fin. Je pris la grosse initiative de donner le popcorn à Hyun Ae, ainsi, je serais certain de garder un contact avec elle en allant lui rappeler au 3 minutes que j’existais toujours. Toutefois, bien avant qu’on arrive à la moitié de la projection, Poussin me tendit le sac de maïs soufflés pour que je le garde, car je semblais en manger bien plus. Je la remerciai hypocritement en le prenant et je commençai à bouder le sac. 5 minutes plus tard, le popcorn reposait sur le banc vide à côté de moi.

Certes, j’acceptais son choix de n’être que des amis malgré tout, car je n’avais pas le droit de rester près de moi alors que la date de mon mariage était officielle, mais…Avant même le premier baiser que nous nous étions échangé, notre entourage nous considérait pratiquement comme un couple. J’avais toujours été d’un naturel affectueux avec Hyun Ae et elle de même. Je me l’étais toujours permis, car premièrement nous étions tous les deux sans histoires et deuxièmement, je ne croyais pas qu’elle avait des sentiments pour moi, donc c’était clair que c’était de l’amitié. Cependant, maintenant avec ce qui s’était passé entre nous lors des derniers mois, j’avais la nette impression que je venais de gâcher le lien si précieux que j’avais elle. J’avais peur d’être affectueux à nouveau avec elle et que cela soit mal interprété. Bien sûr, mes sentiments pour cette fille n’étaient pas disparus en un tour de voiture, mais au moins avant Hyun Ae ne pouvait pas penser que je lui faisais des avances.

Quand le film se termina, je restai un moment à cligner plusieurs fois les yeux. Quoi c’était déjà la fin? Comment le film s’était terminé? Je n’avais pourtant pas dormi! En sortant de la salle, Hyun Ae me demanda tout sourire mon appréciation personnelle du film comme nous avions l’habitude de faire. J’y ai alors répondu franchement

« Mauvais, il n’a pas réussi à me garder captivé »

Je lui relançai la question et j’écoutai sa réponse pour ensuite lui demander si elle voulait aller à quelque part à présent. Il n’y avait pas beaucoup de commerces ouverts aujourd’hui à cause de Noël et donc nos choix étaient très limités. Je proposai quand même d’aller se promener en voiture et peut-être qu’on trouverait quelque chose. C’est justement à ce moment que Kyung Ae m’envoya un sms sur mon cellulaire et il demanda où Hyun Ae était car elle ne répondait pas à son téléphone et les parents l’exigeaient pour préparer le repas de ce soir. Apparemment la famille recevrait de la visite surprise. Je lui tendis alors mon iphone pour lui faire lire le sms et on prit le chemin de retour.

Lorsque j’arrêtai la voiture devant son bloc à appartements, je soupirai quelque peu de la voir partir ainsi et de terminer son noël sur cette mauvaise note.

« Désolé, je crois que c’est le pire noël que je viens de t’offrir. Pour être franc je ne sais juste pas comment réagir à présent avec toi, car j’ai encore envie de te prendre autant dans mes bras et te faire sentir comme LA plus importante le temps de quelques heures, mais je ne veux plus te voir pleurer. Je suis amoureux de ton sourire… »

Je restai impassible à la regarder quelques temps avant de reprendre que j’imagine que ça allait se replacer tout seul avec le temps et que mon aise allait revenir bientôt.

« Le temps règle souvent tout » dis-je en lui faisant un faux sourire.

Ce n’était pas vrai. Le temps n’avait rien arrangé entre nous. Bien au contraire. Le temps nous avait même éloigné durant la dernière année. Et je craignais que la prochaine année ne soit pas plus clémente avec nous.

« Tu me rappelles quand tu as des congés? Personnellement, je vais être absent pour les deux prochaines semaines. J’vais voir mon petit frère et passer quelques jours à Busan pour le nouvel an. Tu peux m’appeler quand tu veux après ça. »

Elle sembla réfléchir et j’attendis de voir sa réponse. Pendant ce temps là, Kyung Ae me harcelait de sms en me suppliant de ramener Hyun Ae au plus vite, car lui il avait horreur de couper des légumes.

Poussin me donna sa réponse et s’apprêta alors à quitter la voiture, toutefois je la retenu en posant ma main sur poignet pour attirer son attention.

« Hyun Ae, pour la bague, je pris une courte pause pour bien formuler ma pensée, j’peux pas t’en vouloir. À ta place j’aurais sans doute dérobé la bague après seulement quelques heures où elle se serait retrouvée à ton doigt et….je ne te l’aurais pas rendue. » concluais-je quelque peu honteux tout en présentant un sourire sincère.

Je fixai NichKhun pendant un instant sans qu’il ne daigne lever les yeux vers moi. Je commençai à paniquer intérieurement. Je m’imaginai tout de suite que notre amitié était terminée et qu’il me détestait maintenant. S’il ne disait rien, j’allais inévitablement sauter aux conclusions et en déduire qu’il ne voulait plus rien savoir de moi.

- Je n’ai pas vu Sherlock Holmes et il semblait bon. Alors on y va pour Sherlock?

Sa réponse ne me rassura pas, bien au contraire. Il évitait le sujet. C’étai encore pire.

NichKhun retint les portes d’ascenseur qui allaient se refermer. Il voulait éviter le sujet et je n’avais même pas la force d’insister. Triste et angoissée, je fis oui de la tête puis sortis de la cabine. Au moins il ne me ramenait pas chez moi. Je me dirigeai vers sa voiture et y entrai une fois qu’il eut débarré les portes.

Le trajet jusqu’au cinéma me semblait plus long que jamais, tellement j’étais mal à l’aise. Je regardais par la fenêtre, mais je voyais du coin de l’œil que NichKhun me regardait de temps à autre. Je n’arrivais pas à deviner ses pensées et je me demandais toujours s’il était fâché contre moi ou s’il me considérait encore comme une amie. Je ne savais pas quoi dire pour rétablir la situation, mais le silence devenait de plus en plus pesant. S’il durait trop longtemps, j’avais peur qu’on ne s’en sorte plus. Je savais déjà que les choses ne seraient jamais comme avant entre nous, mais peut-être que parler arrangerait un peu les choses. Il y avait toujours une chance de sauver les meubles.

- Poussin, c’est quoi la date que tu as réservée pour le chalet?

Je fus surprise qu’il prenne la parole et sa voix m’a sortie de mes pensées. Je restai un instant, confuse, à le regarder. Il venait de me demander la date de la réservation du chalet? Mais pourquoi? Il n’avait pas dit plutôt qu’il n’irait pas? Devant mon absence de réponse, il me le redemanda.

- Euh… Vendredi le 17 février… Pour le week-end en entier.
- Je te réserve donc cette fin de semaine là?

Même si, à l’intérieur, j’étais folle de joie, à l’extérieur je regardai NichKhun avec un air incertain. Était-il sûr de sa décision? Il me souvenait que nous avions convenu que c’était mieux si nous n’y allions pas ensemble. J’acquiesçai quand même. Je savais que je ne devais pas me faire d’attente pour ce week-end que j’attendais maintenant avec impatience, mais de savoir que NichKhun acceptait de passer quelques jours avec moi seule me rassurait un peu. Même si c’était seulement en ami, c’était mieux que rien du tout. De plus, il m’avait appelé Poussin. C’était peut-être une habitude, mais il m’appelait Hyun Ae quand il était fâché.

Une fois au cinéma, nous sommes descendue de la voiture. Pendant que NichKhun payait nos billets, je cherchai l’heure de la représentation. Je me détendis quand je vis qu’elle commençait très bientôt et que nous n’aurions pas à alimenter une conversation dans la salle de cinéma. Après le traditionnel arrêt au comptoir du restaurant, nous avons pu nous diriger vers la salle avec notre sac de popcorn et nos boissons. Les annonces se terminaient lorsque nous avons pris place.

NichKhun me laissa avoir le sac de popcorn sur mes genoux et je l’y posai même si je n’avais pas particulièrement faim. L’émotion m’avait noué l’estomac et je me sentais bizarre. Moins d’une heure plus tard, il n’y avait que NichKhun qui pigeait dans le sac de popcorn et je lui donnai puisque je n’avais plus l’intention d’y toucher. Ça ne servait à rien que ce moi qui l’ais.

Je me forçai à me concentrer sur le film, même si mon esprit divaguait facilement vers autre chose. J’essayai tant bien que mal de ne pas penser à la situation. Angoisser ne servait à rien, surtout pas dans une salle de cinéma. Je jetais quand même de brefs coups d’œil vers NichKhun tout au long du film, mais son regard était encore une fois indéchiffrable. Je me décidai finalement à laisser aller la situation et je reportai mon attention sur le film.

Une fois que le générique s’afficha à l’écran. Je souris en me tournant vers lui et en lui demandant son habituelle critique du film.

- Mauvais, il n’a pas réussi à me garder captivé.

Bon et bien j’étais heureuse de savoir que je n’étais pas la seule à être distraite. Il me relança la question.

- Il était bon. Pas autant que le premier, mais c’était divertissant. Il manquait un peu de rebondissements, mais j’aime beaucoup Robert Downey Jr. et sa présence à l’écran compense pour les lacunes du scénario. 6 sur 10.

Tout en sortant de la salle, Nich me demanda ce que je voulais faire maintenant. Les idées me manquaient. Rares étaient les endroits ouverts en ce 25 décembre et tout ce qui me venait en tête étaient les restaurants. Or, je n’avais pas faim. Alors qu’il me proposait de se promener en voiture en attendant de trouver quelque chose, il reçut un message texte et s’arrêta pour le dire. Il me le tendit ensuite pour voir de quoi il s’agissait. Je fus déçue de voir que ma famille me réclamait. Je devais avoir des cousins qui étaient en ville et qui avaient décidé de débarquer à l’improviste.

NichKhun me raccompagna chez moi et arrêta sa voiture devant le bloc à appartements. Je détachai ma ceinture, mais je me retournai vers lui avant de sortir. Il ne semblait pas vouloir faire de même.

- Désolé, je crois que c’est le pire noël que je viens de t’offrir.

Je fis non de la tête, mais je le laissai continuer.

- Pour être franc je ne sais juste pas comment réagir à présent avec toi, car j’ai encore envie de te prendre autant dans mes bras et te faire sentir comme LA plus importante le temps de quelques heures, mais je ne veux plus te voir pleurer. Je suis amoureux de ton sourire…

Il me regarda un peu avant d’ajouter que tout allait s’arranger avec le temps et qu’il allait se sentir à l’aise à nouveau d’ici peu.

- Le temps règle souvent tout.

Pour la majorité des gens peut-être, mais ce n’était pas le cas pour nous deux. Le temps nous était compté et il jouait contre nous. Je n’osai pas le dire, mais il allait se marier probablement sous peu, même si je ne connaissais pas la date de son mariage. Était-elle déjà déterminée? Bref, nous n'avions pas de temps.

- Tu me rappelles quand tu as des congés? Personnellement, je vais être absent pour les deux prochaines semaines. J’vais voir mon petit frère et passer quelques jours à Busan pour le nouvel an. Tu peux m’appeler quand tu veux après ça.

NichKhun allait à Busan pour le jour de l’An. Je devinai tout de suite que c’était avec Myung hee. Ça ne prenait pas un QI très élevé pour faire le lien. Kyung Ae et ma meilleure amie allaient à Séoul pour le Nouvel An. Bref, j’allais me retrouver seule pour commencer la nouvelle année. Génial. J’hochai la tête distraitement, soudainement triste d’être abandonnée la semaine prochaine.

- Oui je vais t’appeler. Mais t’as le droit de m’appeler aussi tu sais…

Je lui souris puis m’apprêtai à sortir de la voiture, mais Nich m’a retenue par le poignet.

- Hyun Ae, pour la bague… j’peux pas t’en vouloir. À ta place j’aurais sans doute dérobé la bague après seulement quelques heures où elle se serait retrouvée à ton doigt et….je ne te l’aurais pas rendue.

Je souris puis pris sa main pour la serrer dans la mienne. Je regardai un moment nos doigts enlacés en esquissant un sourire en coin. Je le connaissais assez bien pour savoir qu’il en aurait été capable. Cela me faisait chaud au cœur et m’attristait à la fois.

- Je sais, ai-je répondu doucement en hochant la tête.

C’était injuste que NichKhun veuille me garder pour lui tout seul avec que moi, je ne pouvais pas l’avoir. Je ne fis pas le commentaire puisque maintenant, lui et moi n’étions que des amis. Je lâchai sa main pour passer mes bras autour de son cou. Je l’embrassai sur la joue avant de le serrer contre moi. Si nous étions toujours amis, les câlins étaient permis, non? Je ne fis tout de même pas durer l’étreinte trop longtemps.

Je m’éloignai et lui demanda s’il ne voulait pas rester dîner chez moi. Cuisiner pour une personne de plus ou de moins n’allait pas changer grand-chose et j’étais persuadée que ça n’allait pas déranger mes parents. NichKhun refusa et je compris que la situation le mettait peut-être mal à l’aise, donc je n’insistai pas. Je posai ma main sur la poignée de la porte, mais je me retournai une dernière fois avant de sortir.

- Tu vas me manquer. Je t’appelle, sans faute, dans deux semaines.

Je lui adressai un sourire avant de sortir et de rejoindre ma famille. Mon frère sembla content de me voir arriver et me relégua la dure tâche qu’était de couper des piments. En effet, des membres de ma famille avaient débarqué, mais personne de mon âge ou qui s’en rapprochait pour me distraire. Que des vieux oncles et de vieilles tantes qui entreprirent de me poser des questions sur ce que je faisais dans ma vie et si j’avais un époux. Ils abandonnèrent bien vite de se renseigner sur ma vie quand ils virent qu’elle était tout sauf passionnante. Une fois à table, je ne prenais pas part aux discussions, encore trop absorbée par la tournure des évènements entre NichKhun et moi. Sans m’en rendre compte, le vin qui se trouvait dans ma coupe disparut rapidement. Je m’en resservis, mais le liquide s’évapora encore une fois. Lorsque je me levai pour mettre mon assiette au lave-vaisselle, je me rendis compte que j’avais peut-être un peu abusé. Sans être saoule, l’alcool m’avait plongé dans un état déprimé qui me rappelait que ma vie était vraiment nulle. Je me sentais affreusement seule parmi les invités et lorsqu’ils se retirèrent au salon, je m’éclipsai dans ma chambre. Aucune notification sur Facebook, ni aucun message texte. Avais-je des amis?! Je cherchai alors le nom de NichKhun dans mes contacts.

«Tu me manques déjà.» ai-je écrit.

Est-ce que c’était déplacé? J’étais persuadée que, dans le passé, je lui avais déjà écrit qu’il me manquait. Ça n’allait pas être la première fois que je lui enverrai un message dans le genre. Seulement, la situation avait changé.

- Qu’est-ce que tu risques? Me suis-je dit à voix haute avant d’appuyer sur envoyer.

Je ne m’attendais pas à recevoir de réponse de sa part, c’est pourquoi je ne pris pas la peine de le mettre sur la vibration. De toute façon, j’avais envie de jouer à Fruit Ninja sur mon iPod et le bruit de mon téléphone allait seulement me déconcentrer dans ma partie. J’envoyai donc valser mon téléphone au fond de mon sac à main avant de m’étendre sur mon lit et d’entamer une première partie.

Après plusieurs parties, presque toutes gagnées parce que j’étais un vrai ninja, mon frère vient m’informer que nous étions les deux délégués à la vaisselle ce soir. Avant que j’aille pu dire quoi que ce soit, il m’informa que je lavais et qu’il essuyait avant de s’éclipser et de m’ordonner de lâcher mon iPod et de venir le rejoindre.

Lorsque je mis le pied dans le corridor, on sonna à la porte et je bifurquai pour aller répondre. Je souris en voyant NichKhun se tenir debout sur le pas de la porte. Je tournai alors la tête vers la cuisine.

- Kyung Ae, t’es pas obligé de faire la vaisselle, j’ai trouvé quelqu’un pour le faire à ta place.

Je me retournai vers mon ami d’enfance avec un regard espiègle.

- Je suis contente que tu sois revenu. T’arrives juste au bon moment!

Je l’entraînai dans la cuisine où j’enlevai la serviette des mains de Kyung Ae en lui disant qu’il pouvait partir et que Nich allait m’aider. Je ne lui avais pas demandé son avis, mais je ne lui donnais pas le choix.

Malgré tout, un silence s’installa entre nous lorsque je commençai à laver la vaisselle. Je ne voulais pas laisser le silence installer un malaise entre nous, mais je ne savais pas trop quoi lui dire. Après un moment j’en eus marre et je lui envoyai de l’eau sur son t-shirt en souriant.

- Hey! Si t’es revenu c’est pas pour qu’on s’ignore!

La meilleure façon de nous réconcilier, c’était toujours de nous chamailler. Il s’en suivit une bataille où je dus courir autour de la table pour éviter qu’il me fouette avec la serviette et où nous avons fini par avoir tous les deux nos chandails trempés. Le mien étant en laine, il devint vite froid et inconfortable. J’allais devoir aller me changer. Nous avons repris notre sérieux et finit la vaisselle en discutant sur mes oncles et tantes présents, ce soir. Lorsque ce fut le temps de ranger la vaisselle, nous n’avons pas eu besoin de se faire la conversation puisque Nich me demandait où allaient certains ustensiles de cuisine pour m’aider à les ranger. Une fois la cuisine propre, je sus quoi faire pour nous occuper.

- J’ai oublié de te montrer quelque chose ce matin. Suis-moi, ai-je avant de me diriger vers ma chambre.

J’ouvris le garde-robe et y prit une toile posée au fond dans un coin libre où rien ne pouvait la toucher. Je la déposai sur le chevalet près de mon bureau et me décalai un peu pour que NichKhun puisse voir de quoi il s’agissait.

C’était la reproduction de la photo que j’avais déchirée quelques mois plutôt lors de notre grosse dispute. Celle de Nich, Kyung et moi à mon quatorzième anniversaire avec nos visages heureux même s’ils étaient tous couverts du crémage du gâteau avec lequel nous nous étions battus. J’avais terminé de peindre en plus gros sur une toile.

- J’ai eu du temps pour la finir, quand on ne pouvait pas se voir, et que Hyun Ki et Sun Ae travaillaient. Étrangement, c’est arrivé plutôt souvent que vous soyez tous indisponibles, mais ça m’a arrangé et j’ai pu la terminer rapidement.

Je ne montrais pas souvent mes œuvres, mais celle-ci me tenait particulièrement à cœur. Je me tournai vers NichKhun et me fit aller d’avant en arrière, un peu anxieuse de sa réaction.

- T’en penses quoi? Sincèrement.

Hyun Ae me prit la main et me regarda en me rendant mon sourire. Elle souffla un court Je sais avant de relâcher ma main pour plutôt venir passer ses bras autour de mon cou. Je l’entourai à mon tour de mes bras que je passai dans son dos et elle vînt déposer un baiser sur la joue avant de s’éloigner. Poussin me demanda alors si je ne voulais pas rester à dîner avec sa famille, mais je m’empressai de décliner l’offre ne voulant pas être l’intrus. Et puis c’était Noël.

Hyun Ae posa ensuite sa main sur la poignée de la portière, mais elle me regarda une dernière fois avant de rajouter…

« Tu vas me manquer. Je t’appelle, sans faute, dans deux semaines. »

Je fis oui de la tête, puis je la regardai sortir de la voiture pour ensuite disparaître à l’intérieur de chez elle. Je vis alors qu’il était relativement tôt dans l’après-midi et je vins à me demander ce que je ferais à présent. Tout d’abord je décidai de voir si par chance Min Seul ne serait pas à l’appart. Quand je rentrai, j’allumai plusieurs lumières, car le lieu était plongé dans le noir. J’en conclu que la petite chipie n’était pas là. Par réflexe, j’allai donc dans ma cuisine et tout naturellement, je sortis une bière du frigo. Je la débouchai et callai une bonne première gorgée. Le bruit avait probablement alarmé le chien qui se précipita sur moi en aboyant.

« Alors toi aussi tu as passé un merveilleux noël à ce que je vois » dis-je en m’adressant à mon chien.

Certes je n’eus aucune réponse de sa part, mais je le pris dans mes bras pour le câliner un peu tout en l’amenant dans ma chambre. Je le déposai sur mon lit avant de saisir mon téléphone et me laisser échouer sur le matelas. Tout en regardant le plafond, j’entendais les sonneries que faisait le téléphone et je me mis à insulter l’appareil parce que mon ptit frère ne décrochait pas. Tombé sur le répondeur, je lançai mon cellulaire à l’autre bout de la piège faisant sursauter Doogie.

« Quoi? Ce n’est pas ton téléphone. J’fais ce que je veux avec! »

Le chien s’approcha de moi pour venir me lécher le visage, mais je me relevai pour éviter son attaque et c’est en me levant que mon regard se posa sur ma solution. Mon bureau sur lequel reposait mon ordinateur. Plus précisément, mes yeux s’étaient figés sur l’un des tiroirs du meuble. Je marchai jusque là pour en sortir un sac transparent qui contenait mon meilleur ami. L’amphét. Myung Hee était avec sa famille à Busan, ma propre famille ne répondait pas au téléphone et Hyun Ae servait d’esclave à sa grande famille pour préparer leur repas. De plus, Min Seul n’allait sûrement pas apparaître. L’avais-je seulement déjà vu entre ses murs au moins une fois? Sans plus attendre, j’ouvris le sac et je fis une ligne juste à côté de mon ordinateur.

Après avoir inhalé la dose, je me sortis un joint déjà roulé d’un autre sac dans ce même tiroir et je retournai sur mon lit pour le fumer. L’animal me bouda en prenant ses distances, mais cela m’était bien égale. Plus rien ne me préoccupait même. Je me mis à jouer avec ma bague que je venais de retrouver. Je la faisais rouler entre mes doigts avec le sourire aux lèvres. Il n’y en avait pas de problème. Au final, tout allait bien. Je finirais mes jours avec une fille que j’aime alors pourquoi me compliquer autant la vie. Hyun Ae était arrivée trop tard et là elle devait être jalouse que je ne sois plus sa chose. Sans Princesse, elle ne serait jamais venue à moi. Peut-être même qu’elle se serait trouvé un mec. Je me mis à rire voyant que je n’étais vraiment pas à plaindre. J’avais la vie parfaite! Rapidement, mes yeux se mirent à se fermer d’eux-mêmes et en quelques minutes, je tombai endormi.

Combien de temps que je venais de dormir? Un coup d’œil rapide à mon cadran pour me rendre compte que cela faisait à peine deux heures. Donc je ne m’étais que assoupi. Je me relevai difficilement en me tenant la tête et j’allai à la salle de bain. J’allumai la lumière avant de la reteindre aussitôt. J’étais mieux dans le noir finalement. Mon reflet dans le miroir me répugna soudainement. Je passai mes mains sur mon visage jouant avec celui-ci. Je me passai de l’eau sur le visage, mais j’abandonnai la tentative puisque la sensation ressentie était plus qu’insupportable. Cependant, plus je me regardais et plus je me dégoutais. Je me tirai jusqu’à ma chambre de nouveau pour me faire une seconde ligne quand mon cellulaire se mit à vibrer.

« tiens, mon frère indigne ose me parler! »

Je pris mon téléphone pour me rendre compte que le texto venait plutôt de Hyun Ae. Quoi, je n’avais pas dormi deux semaines tout de même! Je lis le message pour ensuite sourire.


«Tu me manques déjà.»

Conscience humaine, nom féminin. Encore un truc inventé par les femmes, mais n’empêche à cause de ma conscience, je me mis à avoir des remords. C’était difficile à avouer, mais elle me manquait déjà aussi, et au lieu de rester seul à broyer du noir, j’aurais dû rester avec elle. Je saisis le rebord de mon chandail pour le sentir et je l’enlevai pour ensuite enfiler un t-shirt blanc. J’allai récupérer de la glace dans le congélateur que je me passai au visage pour réveiller mes sensations et effacer toute trace de mon occupation d’il y a une heure.

Après un check-up complet, seul mes pupilles étaient encore dilatés anormalement, mais j’y pouvais rien pour ça et cela ne paraitrait plus bientôt. Quand je me jugeai présentable, je me mis en route rapidement, direction l’appartement de la famille Cho.

Arrivé devant la porte, je sonnai et une petite tête brune vînt me répondre. Le sourire qu’elle fit en me voyant me fit chaud au cœur jusqu’à ce qu’elle se mette à crier vers la cuisine pour que son frère l’entende.


« Kyung Ae, t’es pas obligé de faire la vaisselle, j’ai trouvé quelqu’un pour le faire à ta place. »

Elle me regarda alors avec son sourire espiègle et je ris nerveusement. Il y avait beaucoup de vaisselles?

« Je suis contente que tu sois revenu. T’arrives juste au bon moment! »

Oui je voyais bien ça. Elle m’attira immédiatement dans la cuisine où je trouvai Kyung Ae avec le linge en main jusqu’à ce que Poussin le lui enlève en lui disant qu’il pouvait partir puisque je serais l’âme charitable qui l’aiderait. Il n’attendit pas qu’on lui dise deux fois et il parti très rapidement de la cuisine. Je pris le linge à vaisselles et je laissai Hyun Ae laver. Aussitôt, un long silence s’installa et je cherchais quoi à dire, mais il n’y avait que des questions stupides qui me passaient par la tête.

Je fus sorti de mes pensées quand Poussin m’arrosa en m’envoyant de l’eau sur mon t-shirt. Son petit sourire était bien ce qui la sauva, puisque sans celui-ci elle n’aurait pas revu la lueur du soleil.


« Hey! Si t’es revenu c’est pas pour qu’on s’ignore! »


Ahhh ouias? Elle voulait de l’attention alors? Je n’avais peut-être pas le contrôle sur l’eau, mais j’avais un très bon coup du poignet et une serviette bien mouillée. Une bataille se déclara entre nous. Une bataille où il n’aurait pas de perdants. Juste beaucoup de gestes amicales et de gamins seraient échangés. On tourna plusieurs fois autour de la table avant de s’avouer vaincus quand nos chandails se retrouvèrent complètement collés sur notre peau.

Pour ne pas trop alerter la famille de Hyun Ae, d’un commun accord, on cessa notre guerre pour aller terminer la vaisselle le plus vite possible. La discussion revint naturellement entre nous. Je la questionnai sur sa très précieuse famille pour savoir tout d’abord, qui était là. Quand tout fut rangé, Poussin ne perdit pas une seconde pour proposer une nouvelle activité. En autant que cela ne s’agissait pas de devoir tout ranger la maison, j’étais d’accord.


« J’ai oublié de te montrer quelque chose ce matin. Suis-moi »

Bien élevé que j’étais, je l’écoutai et je la suivie jusqu’à sa chambre. Là, Poussin sortie une toile de sa garde-robe. Elle alla la déposer sur un chevalet, puis fit plusieurs pas vers l’arrière pour me laisser voir.


Je reconnu aussitôt la photo qu’elle avait reproduite en peinture. C’était cette photographie qui avait été prise à l’un de ses anniversaires. Le crèmmage à gâteau sur nos visages m’aidait grandement à m’en rappeler d’ailleurs.


« J’ai eu du temps pour la finir, quand on ne pouvait pas se voir, et que Hyun Ki et Sun Ae travaillaient. Étrangement, c’est arrivé plutôt souvent que vous soyez tous indisponibles, mais ça m’a arrangé et j’ai pu la terminer rapidement. »

Je reposai mes yeux sur son œuvre en restant un peu figé. Je passais en revue chacun des petits détails jusqu’à ce que Hyun Ae me demande ce que j’en pensais…sincèrement.


Je me tournai alors vers elle en prenant une grande respiration et un visage neutre. Je la regardai longuement dans les yeux avant de lui dire franchement ce que j’en pensais.

« Sincèrement, je ne crois pas que tu veuilles savoir ce que j’en pense. Plus tôt au loft, je t’ai dit ce que je pensais du talent que tu as et ça l’a un peu mal fini. Tu ne veux pas vraiment repartir sur le sujet? »

Hyun Ae cru alors que je trouvais cela laid et elle me reposa sa question d’un angle différent. Je n’eus donc pas le choix de revenir sur le sujet, car elle voulait visiblement une réponse.

« Cette peinture est très belle Hyun Ae, comme toutes les autres que j’ai eu la chance de voir d’ailleurs. Tu t’es surpassée sur cette toile et tu ne me fais pas regretter l’original en numérique. Mais maintenant, si tu veux perdre ton temps à servir des cafés…Ben tant mieux, mais ne me montre plus tes toiles. »

Je croisai les bras en regardant Poussin qui était déconcertée quelque peu par ma réponse crue. Je fermai les yeux en les gardant longuement fermés tout en expirant, pour ensuite rouvris les yeux et les poser sur mon amie.

«Désolé, mais oui ça m’enrage de te voir être au service de ta famille et mettre de côté tes rêves. Alors la seule chose que me prouve cette toile, c’est que j’avais raison en t’inscrivant à cette université. Maintenant, tu as refusé donc ne viens plus me parler de ton art ou bien je m’arrange pour démolir le Chokollis dans le but de t’ouvrir les yeux. »

Je continuai mon speech sans lui laisser le temps de placer un seul mot

« Tu sais, si je n’ai pas voulu me contenter de ton amitié, c’était justement parce que je n’ai qu’une vie et je savais qu’en faisant une croix sur un futur possible avec toi c’était définitif. Tu veux mettre ton bonheur de travailler dans un métier que t’aime et qui t’inspire de côté avec pour seul prétexte que tu as une famille à faire vivre? Ce n’est pas de ta faute si ta mère est tombée malade, et j’crois pas que tu dois payer pour ça. »

Je m’excusai de mes paroles, mais je soulignai le fait que je préférais être franc avec elle plutôt que de garder mes impressions pour moi et lui faire une plus grosse crise plus tard. Je répétai que sa toile était réussie pour ensuite proposer d’aller voir sa famille un peu.

Il se tourna vers moi et me regarda longtemps sans montrer la seule parcelle d’émotion.

- Sincèrement, je ne crois pas que tu veuilles savoir ce que j’en pense. Plus tôt au loft, je t’ai dit ce que je pensais du talent que tu as et ça l’a un peu mal fini. Tu ne veux pas vraiment repartir sur le sujet?

Déçue de sa réaction, je me tournai vers la toile en me demandant ce qui clochait. Elle ne lui plaisait pas? Je le regardai ensuite en lui demandant de me dire ce qu’il n’aimait pas.

- Cette peinture est très belle Hyun Ae, comme toutes les autres que j’ai eu la chance de voir d’ailleurs. Tu t’es surpassée sur cette toile et tu ne me fais pas regretter l’original en numérique. Mais maintenant, si tu veux perdre ton temps à servir des cafés…Ben tant mieux, mais ne me montre plus tes toiles.

Ah! Voilà ce qui clochait. Il était toujours fâché que j’aille refusé de me faire payer mes études! Je croisai les bras, ce qu’il fit également. Il ferma les yeux en soupirant lorsqu'il vit mon visage contrarié par ce qu’il venait de me dire.

- Désolé, mais oui ça m’enrage de te voir être au service de ta famille et mettre de côté tes rêves. Alors la seule chose que me prouve cette toile, c’est que j’avais raison en t’inscrivant à cette université. Maintenant, tu as refusé donc ne viens plus me parler de ton art ou bien je m’arrange pour démolir le Chokollis dans le but de t’ouvrir les yeux.

Je sentais que je me mettais en colère et je serrai les mâchoires avant de lui dire que ça n’avait rien à voir avec le fait de m’ouvrir les yeux. Et puis qu’est-ce que ça lui faisait à lui que je m’occupe de ma famille? En quoi ça le concernait?! Il ne me le laissa pas le temps de répliquer de toute façon. D’une part, il eut raison parce que je n’avais pas l’intention d’être gentille, mais les paroles qui suivirent ne me calmèrent pas.

- Tu sais, si je n’ai pas voulu me contenter de ton amitié, c’était justement parce que je n’ai qu’une vie et je savais qu’en faisant une croix sur un futur possible avec toi c’était définitif. Tu veux mettre ton bonheur de travailler dans un métier que t’aime et qui t’inspire de côté avec pour seul prétexte que tu as une famille à faire vivre? Ce n’est pas de ta faute si ta mère est tombée malade, et j’crois pas que tu dois payer pour ça.

NichKhun s’excusa de ses paroles, mais expliqua qu’il aimait mieux être franc avec moi. Sa franchise ne me dérangeait pas. Je préférais qu’il soit franc plutôt que de me mentir, mais son opinion me dérangeait. Il me dit que ma toile était réussie puis me proposa que nous passions au salon pour voir ma famille.

- T’as déjà essayé de te mettre à ma place un peu, pour voir comment je me sentais ou t’es borné à un tel point que ce que je ressens tu t’en contrefiches?

NichKhun ne sembla pas apprécié que je lui parle sur ce ton, mais je n’appréciais pas non plus qu’il se permette des réflexions sur ma façon de gérer ma vie.

- Tu crois peut-être que je perds mon temps à servir des cafés et que je passe à côté de ma vie. Mais t’as tort. L’Université sera toujours là dans un an. Ma mère, non.

Je sentis une boule d’émotion me monter à la gorge comme à toutes les fois où je mentionnais ma mère, mais je ne laissai pas la tristesse l’emporter. J’étais trop en colère contre mon ami d’enfance pour que les larmes prennent le dessus.

- Grandis un peu NichKhun. T’as aucune idée de ce que c’est que la vie. Si, par prétexte que t’as qu’une seule vie à vivre, tu refuses d’avoir des responsabilités et tu te maries avec la première fille facile qui se présente à toi. C’est ton choix! Tu fais ce que tu veux! Mais ne vient pas me reprocher mes choix. Parce moi, contrairement à toi, j’ai décidé que ma famille était importante et passait en premier.

Je compris alors pourquoi NichKhun avait choisi Myung hee à ma place. Cela me frappa comme une claque en plein visage. La vie de mon ami d’enfance tournait autour de son propre nombril. Il avait toujours fallu que tout fonctionne à sa façon et si ça n’allait pas comme il voulait, il s’en allait, abandonnait, laissait tomber pour aller trouver autre chose qui allait le divertir. Myung hee était exactement comme lui. Je ne les avais que très rarement vu ensemble, je ne pouvais donc pas vraiment juger leur relation, mais ils avaient tous les deux le même but commun dans la vie : s’amuser. J’étais tout le contraire d’elle. Je ne me pliais pas aux exigences de NichKhun. Je lui demandai de m’être fidèle. Je lui demandai d’arrêter de mentir. Je lui demandai des efforts. Évidemment qu’il fuyait. Il avait l’impression de se sentir enfermé. Je l’entravais dans sa seule vie qu’il avait à vivre.

Je me sentis aussitôt affreusement blessée. Les efforts qui, pour moi, semblaient minimes et essentiels dans une relation étaient pour lui des sacrifices trop durs à faire.

- Je ne regrette pas d’avoir abandonné mes études. Au contraire.

Je m’étais calmée. Étrangement, mon ton était soudainement devenu beaucoup plus doux.

- Quand ma mère va mourir, je sais exactement comment je vais réagir. Je vais avoir besoin de noyer dans ma peine dans quelque chose. Et à ce moment, je reprendrai mes études. Le Café me rappellera ma mère et je ne pourrai plus y mettre les pieds. Je vais me tuer à la tâche dans mes études jusqu’à ce que j’aille mieux. Voilà pourquoi j’attends avant d’y retourner. Parce qu’à la mort de ma mère, je sais qu’il y aura quelque chose de stable auquel je pourrai m’accrocher.

NichKhun, contrairement à mes études, n’était pas quelque chose de stable auquel je pouvais m’accrocher. Dieu sait où il allait être quand ma mère allait mourir. Encore avec Myung hee peut-être? Elle ou une autre s’il se lassait de Myung hee. Il aura fort probablement un nouvel emploi. Ce dernier l’amusera le temps de quelques mois jusqu’à ce qu’il ne l’amuse plus et qu’il en veuille un autre. Un nouvel téléphone, ça c’était certain. Et qui sait? Peut-être une nouvelle voiture. On ne savait jamais à quoi s’attendre avec lui.

Mais en aucun cas je ne pouvais affirmer qu’il allait être là pour moi et que j’allais pouvoir compter sur lui.

Comme je l’avais prévu, Hyun Ae ne voulu pas tout à fait aller rejoindre sa famille. Elle prit la parole et il était évident qu’elle était dans tous ses états.

«T’as déjà essayé de te mettre à ma place un peu, pour voir comment je me sentais ou t’es borné à un tel point que ce que je ressens tu t’en contrefiches?»

Je me mis à regarder n’importe où sauf là où se tenait Hyun Ae. Je croisai les bras en tentant de garder mon calme, mais apparemment Miss avait beaucoup à me dire.

« Tu crois peut-être que je perds mon temps à servir des cafés et que je passe à côté de ma vie. Mais t’as tort. L’Université sera toujours là dans un an. Ma mère, non. »

Je voulu lui couper la parole, mais Hyun Ae était vraiment partie pour faire un monologue. Si je détestais voir la Hyun Ae qui pleure, je dois dire que je la préférais à celle qui se tenait devant moi. La Hyun Ae en colère n’était pas plaisante.

« Grandis un peu NichKhun. T’as aucune idée de ce que c’est que la vie. Si, par prétexte que t’as qu’une seule vie à vivre, tu refuses d’avoir des responsabilités et tu te maries avec la première fille facile qui se présente à toi. C’est ton choix! Tu fais ce que tu veux! Mais ne vient pas me reprocher mes choix. Parce moi, contrairement à toi, j’ai décidé que ma famille était importante et passait en premier. »

C’est bon. Ses attaques personnelles m’avaient assez atteintes là. Elle pouvait cesser de parler. Déjà qu’elle m’insulte, ça passait, mais qu’elle passe sa colère sur Myung Hee fut de trop. S’il y avait une fille facile entre les deux cousines, ce n’était certainement pas Myung Hee. Je ne connaissais pas une fille plus soumise que Miss Cho Parfaite. Je me retins de tous commentaires toutefois, mais l’image que Hyun Ae me donnait d’elle ces derniers mois était bien moins reluisante que n’importe qui d’autre de mon entourage. De plus, elle était odieuse de se penser meilleure que moi en terme de responsabilité. Nos situations n'étaient pas comparables. Certes, je les détestais ces foutues responsabilités, mais j’en avais plus actuellement qu’elle. Je ne vivais plus chez papa et maman moi, j’avais des nombreuses factures à payer, et elle n’arriverait pas à me faire sentir mal pour elle parce qu’elle traverse une période difficile avec sa mère mourante. La mienne était morte déjà.

Amer de savoir la réputation que j’avais à ses yeux, je baissai la tête pour essayer de ne pas dire tout ce que j’avais sur le cœur. Je me mordis la lèvre inférieure en me demandant pourquoi j’étais revenue la voir en fin de compte.

« Je ne regrette pas d’avoir abandonné mes études. Au contraire. »

Je ne l’écoutais même plus parler tellement qu’elle avait réussi à me rendre de mauvaise humeur. J’avais envie de frapper un mur, démolir la face de Hyun Ki ou bien tout simplement partir d’ici en claquant la porte sans me retourner.

« Quand ma mère va mourir, je sais exactement comment je vais réagir. Je vais avoir besoin de noyer dans ma peine dans quelque chose. Et à ce moment, je reprendrai mes études. Le Café me rappellera ma mère et je ne pourrai plus y mettre les pieds. Je vais me tuer à la tâche dans mes études jusqu’à ce que j’aille mieux. Voilà pourquoi j’attends avant d’y retourner. Parce qu’à la mort de ma mère, je sais qu’il y aura quelque chose de stable auquel je pourrai m’accrocher. »

Ma tête se releva aussitôt en entendant ses derniers mots. Quelque chose de stable hein? Cette Hyun Ae n’avait pas changée énormément finalement. Toujours en train de se replier sur elle-même alors qu’elle avait des gens autour d’elle pour l’aider. Bien sûr, je ne ferai toutefois pas partie de ces personnes quand le jour sera venu. Je n’en avais plus envie. De tout façon, Hyun Ae ne m’en aurait pas laissé la chance. Plus maintenant…

« Eh bien… dis-je sur un ton complètement neutre, malgré le fait que je bouillais de l’intérieur, Apparemment je ne te manquais pas tant que ça… »

Je ne pu supporter son regard plus longtemps et je dû dévier la tête pour regarder le plancher. Tout en continuant d’éviter son regard, je repris la parole.

«Toutes mes félicitations, tu viens de mettre fin à tout ce qui restait entre nous. Je ne veux plus avoir affaire à toi. De toute façon, qui voudrait d'un ami comme moi? »

Je fis un pas en arrière pour ensuite faire dos à Hyun Ae et me diriger vers la porte de sa chambre mais j’arrêtai le pas sans pour autant me retourner.

« Pour cette fille que j’aimais, je voulais être toujours là à ses côtés. Je voulais être celui qui essuierait ses larmes et lui redonner le goût de vivre. Je voulais être là pour elle, comme elle l’a été pour moi lorsque j’ai perdu ma mère, mais visiblement, je n’ai jamais eu sa confiance »

Enfin, je me retournai une dernière fois pour lui faire face et avec un sourire en coin. Je la regardai longuement. Son visage d’ange, sa toute petite taille qui la faisait paraître si fragile et son regard innocent. Ses lèvres que j’avais désirées, ses yeux qui parvenaient à attirer mon regard à tous les coups et ses délicates mains que j’aimais prendre. Puis, je dis mes derniers mots.

« Je t’ai réellement aimée Hyun Ae, plus que tout au monde... Je te souhaite de trouver le bonheur, c’est pour ça que tu ne me verras plus. »

Je lui fis à nouveau dos pour la dernière fois et j’ouvris la porte de sa chambre avant de me diriger directement vers l’entrée de son appartement. Tout mon être était contre ce que j’étais en train de faire, mais de ce que j’avais cru comprendre, elle n’avait plus aucune estime pour moi. Je n’avais plus rien à faire dans sa vie.

Rapidement, pour ne pas avoir le temps de changer d’idée, je quittai l’appartement sans un mot et regagnai ma voiture, me retrouvant à plusieurs coins de rues plus loin en quelques secondes. J’étais aveuglé par mes émotions et je ne faisais pas attention à la route. C’est lorsque j’arrivai à une intersection et que je passai proche de me faire rentrer de dans que je me décidai de ranger ma voiture sur le côté pour ensuite m’accoter la tête sur mon volant et fermer les yeux en prenant de grandes respirations. Mes mains serraient très fort le volant et je figeai. J’étais encore amoureux d’elle. J’avais besoin d’elle. Mais j’avais plus besoin d’elle, qu’elle n’avait besoin de moi.

Au final, contrairement à ce que plusieurs auraient pu penser, moi le premier, ce ne fut pas Myung Hee qui brisa la solide amitié de plus d’une dizaine d’années entre cette fille et ce gars qui s’aimaient pourtant plus que tout. Non, il ne fallu qu’une banale dispute pas plus pire que les autres et d’un gars éperdument fou d’amour qui ne désirait plus être le responsable des larmes de la jeune fille.

Spoiler:

- Eh bien… Apparemment je ne te manquais pas tant que ça…
- Mais de quoi tu parles?! ai-je répondu du tac au tac.

Il regarda le plancher, de toute évidence il évitait mon regard et évitait également cette conversation. J’aurais pu gager cher sur sa réaction et il réagissait exactement comme je m’y attendais. Il était incapable d’accepter le fait d’être remis en question, surtout pas par moi et ma misérable vie qu'il aurait tant aimé contrôler.

- Toutes mes félicitations, tu viens de mettre fin à tout ce qui restait entre nous. Je ne veux plus avoir affaire à toi. De toute façon, qui voudrait d'un ami comme moi?

Ça y est, je fulminais à nouveau. Il ne comprenait rien! Il ne faisait même pas l’effort d’essayer de comprendre. En fait, il ne comprenait que ce qu’il VOULAIT comprendre. Et ça m’énervait. Non ce que je ressentais en ce moment, c’était pire que d’être seulement énervée. J’étais hors de moi. J’avais envie de lui crier dessus. J'avais envie de lancer des objets et de le secouer pour qu'il se réveille et qu'il arrête de faire le con. Il méritait une bonne gifle que je ne me résignais pas à lui donner. Je serrai les dents et le regardant s’éloigner vers la porte de ma chambre. Il mit la main sur la poignée et s’arrêta.

- Pour cette fille que j’aimais, je voulais être toujours là à ses côtés. Je voulais être celui qui essuierait ses larmes et lui redonner le goût de vivre. Je voulais être là pour elle, comme elle l’a été pour moi lorsque j’ai perdu ma mère, mais visiblement, je n’ai jamais eu sa confiance.

Il faisait quoi là?! Est-ce qu’il était en train d’essayer de me faire sentir coupable. Parce que, si c’était le cas, il échouait lamentablement. C’était n’importe quoi ce qu’il disait. C’était un tissu de mensonge auquel je n’avais plus envie de croire. Il m’aimait!? Foutaise! Il allait se marier avec Myung hee et n’avais jamais voulu faire d’effort pour me garder près de lui! Jamais! Oui, il avait passé une nuit devant ma porte à essayer de se faire pardonner. Mais c’était avant que Myung hee entre complètement dans sa vie. Depuis, plus jamais il n’avait tenté de se battre pour moi. Ça en disait long sur sa motivation à me garder dans sa vie. Je n’allais pas être conne au point de faire tout ce qu’il voulait de moi. Je n'avais pas besoin de ça.

Il avait une place à mes côtés que je lui gardais précieusement et qu’il n’avait jamais voulu prendre. S’il l’avait vraiment voulu, nous aurions été ensemble. Il avait décidé lui-même de ne pas me choisir. La responsabilité de cette dispute ne me revenait pas cette fois.

Il se retourna vers moi avec un sourire en coin alors que mon visage affichait tout sauf un sourire.

- Je t’ai réellement aimée Hyun Ae, plus que tout au monde... Je te souhaite de trouver le bonheur, c’est pour ça que tu ne me verras plus.

Je tremblais de rage. NichKhun se retourna ouvrit la porte de ma chambre. Je n’allais certainement pas le retenir. Oui, qu’il ne fasse plus partie de ma vie allait me faire mal quand ma fureur aller retomber. Mais pour le moment, tout ce dont j’avais envie, c’était de lui crier dessus. De lui dire qu’il n’était qu’un con et que je n’en pouvais plus qu’il joue avec moi comme si je n'étais qu'un simple objet.

Je ne connaissais rien de pire que de me sentir comme un objet. Et étrangement, c’était exactement comme ça que je me sentais avec NichKhun. Il jouait avec moi au gré de ses envies. Le NichKhun que j’avais connu quelques années auparavant était cent fois mieux que le NichKhun manipulateur que j’avais devant moi aujourd’hui. Autrefois, NichKhun tenait à notre amitié, il me défendait et me surprotégeait tout le temps. À l’époque, ça m’énervait, mais au moins je savais que je pouvais compter sur lui. Maintenant, ce n’était plus le cas. Pas depuis que Myung hee m’avait remplacée.

Et ce qu’il était devenu, je n’en voulais pas.

J’attrapai mon manteau et traversai l’appartement à toute vitesse. Je marmonnai rapidement que j’allais prendre l’air en passant devant le salon. Je descendis les escaliers au pas de course, comme si j’asphyxiais et que j’avais besoin de l’air frais pour me calmer, alors que je savais très bien que ça n'allait pas être le cas. Je sortis devant l’immeuble au moment où la voiture de NichKhun tournait le coin de la rue.

- VA TE FAIRE FOUTRE! ai-je hurlé à plein poumon.

Crier me fit un bien fou et j’ignorai les regards des quelques passants qui s’étaient trouvés dans la rue au moment où j’avais crié. Je partis dans la direction opposée qu’il avait prise. M’éloignant le plus possible de lui, mais aussi de chez moi.

Mais marcher ne m’éloigna pas de mes sentiments.

Lorsque je rentrai chez moi, le soleil était couché depuis longtemps. Les invités étaient partis eux aussi. Mon père m’attendait au salon, mais je ne lui adressai même pas un regard. Je m’enfermai dans ma chambre en sachant très bien que rien n’y personne n’allait arriver à me faire sortir de là pour les prochaines heures. Voir même les prochains jours.

La colère avait fait place au désespoir et les larmes que je pleurai pendant toute la nuit n’arrivèrent pas à atténuer mon chagrin.