Il y a des jours ou la nostalgie vous revient dans la gueule comme un boomerang revient à son lanceur. Pour moi ces jours étaient là. Sans savoir pourquoi, était ce la date qui venait de passer ? Ou bien était la présence de Reina à mes cotés dans le bar qui me faisait me souvenir de tous ces moments passé à deux, toutes ces joies que nous avions eu mais aussi cette peine lors de la perte de notre enfant ? Je pencherais pour la seconde solution personnellement. Je pensais tout oublier en partant en Corée mais rien n’y fis dès que je voyais un couple avec un enfant, enfin un bébé mon cœur se serrait, je pensais que cette famille pouvait être la mienne mais il n’en serait jamais rien … Tout ça par la faute d’une crapule … Je conduisais plus pété ou drogué depuis qu’on avait eu ce drame, notre drame. Je voulais un garçon comme tout les hommes, je ne me souviens plus ce que la femme que j’aimais et que j’aime toujours voulait. Enfin tant que le bébé était le notre à vrai dire je me moquais du sexe qu’il aurait de ce qu’il ferait plus tard, même s’il devenait gay je m’en foutais et bordel dieu seul sait que j’aime pas deux mecs qui se roulent des pelles … Non je ne voulais que son bonheur car ce petit être était désiré, ma future femme était rayonnante, elle était aussi belle qu’au premier jour avec son joli ventre arrondi. Ce que personne ne savait c’est que j’avais encore sa photo ainsi que la seconde échographie du bébé dans un emplacement de mon bureau et une photo de nous deux dans mon portefeuille, elle était enceinte de deux mois d’après ce que j’avais marqué sur la photo. Il m’arrivait fréquemment de la regarder et c’est en général que je craquais, je ne voulais que personne ne le voient alors je fermais mon bureau à double tour comme quand je voyais des demoiselles … Oui je passais des fois du bon temps dans mon bureau avec des femmes. Depuis cette romance j’avais changé, j’étais devenu libertin et je me défonçais très souvent.
Pourtant, je me calmais depuis un moment, certes il y avait bien Eun Sun avec qui je passais de bon moment sous la couette, mais elle était devenue une des rares femmes avec qui je couchais. Yeon Hee aussi faisait partie de mes conquêtes mais nous nous voyons moins souvent depuis quelques temps.

Je terminais d'essuyer les table en bas, j'avais dis à mes serveurs et serveuses qu'ils pouvaient y aller, il commençait à neiger et je ne voulais pas qu'un d'eux ou d'elles se blessent. C'était une de mes responsabilités. Reina aussi aurait pu repartir mais elle, je voulais la tenir un peu pour moi, je la raccompagnerais moi même. Je voulais lui parler, non pas lui faire se souvenir du passé car j'aurais été le plus grand des salops en faisant ça. La douleur était encore plus forte pour elle ! Après tout c'était elle qui le portait qui allait lui donner la vie quand le drame était survenu. Non je voulais lui parler d'autre chose ... Ma curiosité et aussi ma jalousie me poussaient, à savoir si elle avait un autre homme dans sa vie ... Je voulais retenter ma chance avec elle. Je l'aimais toujours ... Avant de me lancer, je passais derrière le bar et pris une bouteille de champagne, je trouvais un prétexte pour remonter aussi soudainement. Fêter la saint valentin ? Non certainement pas ! J'avais horreur de cette fête depuis un moment et puis ce jour là était trop proche du jour maudit pour nous. Non je devais trouvais un autre prétexte et si c'était tout simplement pour fêter nos retrouvailles ? Oui voilà l'idée, c'est ce que j'allais lui dire. Lentement, je remontais les marches menant à notre bureau, je poussais le plus silencieusement possible la porte pour la surprendre. Quand je passais la tête elle cherchait certainement un document dans l'armoire à factures et autres papiers importants. Je dois dire que la vue que j'avais était des plus agréables, ces formes étaient toujours aussi bien qu'au moment que nous nous étions connu. Reina au fil des ans était toujours aussi belle. Mon coeur accéléra dans ses battements. Je devais respirer fort quand j'entrais dans la pièce ... Elle ne m'avait pas vu, je posais mes fesses sur mon bureau, la bouteille derrière moi cachée. J'attendais qu'elle se relève afin qu'elle ne se blesse pas pour lui montrer ma présence.

- Est ce que je te dérange Reina ?

J'étais là depuis quelques minutes, j'avais pu me rincer un peu l'oeil durant ce temps là et je dois avouer que mon ex future femme, m'attirait toujours autant. J'espérais toujours sincèrement la reconquérir et cela faisait un petit moment que j'avais cette idée. Ce n'était pas un coup de tête comme cela. Non je voulais vraiment que nous reformions une famille. Quitte à ce que je lui montre la fameuse photo de mon portefeuille. L'autre ... Je préférais la garder dans mon bureau. Je ne voulais pas lui faire de la peine. Elle avait déjà assez souffert à cause de moi ...

Etre hantée par son passé, par ses souvenirs. C'est une chose que Reina n'aurait jamais imaginée il y a quelques mois de ça. Elle vivait une vie tranquille. Elle étudiait quelque chose qui lui plaisait et prenait goût à aller en cours, à apprendre des choses. Elle était en couple et vivait une histoire comme on en voir dans les films. Une historie sans prise de tête ou l'amour était vraiment plus fort que tout. Première relation vraiment sérieuse. Avant cela, elle s'était amusée. Avait cru être amoureuse. Vous savez quand on est jeune et que l'on croit tomber sur le prince charmant, être amoureuse et tout ce qui va avec. Jusqu'au jour ou ça s'arrête. On souffre un peu parce que l'on s'était tout de même à la personne. Puis on se rend compte que ça ne fait pas si mal que ça. On finit par rencontrer quelqu'un de nouveauté l'histoire repart du début et se finit aussi. Encore une fois on souffre un peu, mais on s'en remet. Puis on finit par tomber sur quelqu'un de spécial. Quelqu'un qui nous fait connaître la vraie définition du mot aimer. On se rend compte que finalement, tout ce qu'on avait connu par le passé n'était pas vraiment de l'amour. Du moins pas de l'amour avec un grand "a". Il y a quelque mois Reina vivait dans le bonheur, un homme qu'elle aimait et qui l'aimait en retour. Ils filaient le parfait amour et il venait même de la demander en mariage. Malgré qu'elle soit encore jeune, elle n'avait pas hésité une seule seconde avant de dire oui. Persuadée qu'elle allait passer le restant de ses jours avec cet homme. Pour couronner le tout, la jeune femme était enceinte. C'était un peu la cerise sur le gâteau. Vraiment elle avait tout pour être heureuse et ne se serait pas doutée que tout cela allait changer en l'espace de quelques instants et la bouleverser comme jamais elle n'avait cru possible d'être bouleversée.

Un événement. Un seul événement avait eu le pouvoir de changer radicalement le cours de sa vie. Un événement qui la hante encore tous les jours. Jour et nuit. L'empêchant de dormir à cause de cauchemars plus vrais que nature. Revivant sans cesse cet accident de voiture. Car oui on y pense pas, mais les victimes d'accidents sont rarement les personnes responsables. En même temps, le mot victime n'est pas là pour rien. On ne peut pas être victime et responsable en même temps dans le cas des accidents de voitures. Quoi que techniquement c'est possible. Cependant, Reina préfère penser que les responsables d'accidents qui subissent des dommages, ne sont pas réellement des victimes et doivent simplement assumer leurs actes et ne sont donc pas des victimes. Elle, en l'occurrence, est une victime. Elle n'avait rien demandé ce fameux jour. Elle avait pris sa voiture comme d'habitude, sans se douter qu'elle allait se faire rentrer dedans par un chauffard sans doute ivre et allait perdre son bébé sur le coup. Le plus grand malheur de sa vie vraiment. C'est fou comme un événement comme cela peut vous changer quelqu'un. Depuis ce jour elle n'est plus la même. Ce n'est pas difficile à voir pour quelqu'un qui la connait. Pour quelqu'un qui ne connait pas grand-chose de sa vie passée, elle cache tellement bien sa souffrance qu'il est impossible de s'en douter. Depuis ce jour, elle a développé une peur bleue de prendre la voiture et ne s'y résout que lorsqu'elle n'a pas le choix.

Le pire cependant, reste la culpabilité, se dire qu'elle n'a pas su protéger son enfant. C'était son rôle pourtant. On ne lui en demandait pas beaucoup et pourtant, elle n'en avait même pas été capable. Ça la rongeait de l'intérieur. À tel point qu'elle n'arrivait même plus à regarder Mikio dans les yeux. Ayant bien trop peur de ce qu'elle pourrait y voir. Elle s'en voulait et ne comprenait pas comment il faisait pour ne pas lui en vouloir. Elle comprenait encore moins pourquoi il lui avait demandé de venir bosser dans son club. Cependant, lorsqu'elle avait accepté, elle ne s'était pas posée trop de questions et avait accepté immédiatement. Ayant le besoin de s'éloigner de Tokyo, espérant peut-être repartir à zéro. Malheureusement, cela n'avait pas vraiment eut l'effet escompter puisque revoir Mikio n'avait fait que remonter tous ses anciens sentiments. Elle était toujours aussi folle de lui et lorsqu'elle le voyait, elle était partagée entre la joie et la tristesse. Des sentiments pas simples à affronter.

Elle était dans son bureau, classant des papiers pour le club et en cherchant certains autres. Il commençait à neiger et elle se doutait que Mikio allait sûrement dire aux employés de rentrer chez eux plus tôt. Évitant ainsi tout danger sur la route. Elle cependant restait là de toute façon elle ne prenait pas la voiture et d'ailleurs, si elle avait eu envie de repartir plus tôt, elle aurait juste eu à en informer le jeune homme qui n'y aurait sans doute vu aucun inconvénient. De plus, le travail était son refuge, lorsqu'elle travaillait elle ne pensait à rien d'autre que son travail et cela avait un certain effet apaisant pour elle. Elle était un peu une bourreau du travail depuis son accident. C'était toujours mieux que de tomber dans l'alcool ou la drogue. Moins nocif. Absorbée par ses dossiers elle entendit tout de même la voix de Mikio derrière elle. La faisant se retourner immédiatement. Il était assit sur son bureau, elle voulait se montrer irritée par cela mais n'y arrivait même pas.

- Tu ne me dérange pas, mais fait vite j'ai encore des choses à faire avant de partir.

Elle dit cela en croisant ses bras sur sa poitrine, comme pour se protéger. De lui, de ses sentiments de ses souvenirs. Bosser avec lui n'était pas simple. Loin de là. Elle n'arrivait pourtant pas à savoir si cela lui faisait plus de bien ou de mal de le voir tous les jours.

- Qu'est-ce que tu veux Mikio ?

Les rapports étaient quelques peu froids. Surtout de sa part à elle. Ne sachant pas comment se comporter face à lui, tiraillée entre se comporter comme si rien ne s'était passé ou autrement. Elle choisissait autrement. Incapable de mettre le passé derrière elle.