J'avais bien choisi mon jour pour emménager à Ulsan. Le temps était magnifique et le ciel dégagé laissait un soleil hivernal timide illuminer de sa lumière froide le petit quartier que j'avais choisi d'habiter. Malgré un froid piquant, JiHoo courait dans le jardin, avide de découvrir ce nouveau terrain de jeu.
J'avais un peu culpabilisé d'imposer à mon fils de 2 ans et demi un tel chamboulement. Mais finalement quitter Séoul et ma famille avait été une épreuve plus pour moi que pour lui. La petite bicoque où nous allions vivre à présent l'avait tout de suite enchanté et il s'appliquait à aider les déménageurs à sa façon, portant quelques petits objets à l'intérieur et proposant des biscuits à tout moment. Puis il s'était mis à explorer la petite maison.
Tout juste assez grande pour nous accueillir avec ses deux chambres, sa cuisine et sa salle de bains pratiques, c'est le grand salon à la baie vitrée ouverte sur le jardin luxuriant qui m'a séduite. Il faut avouer que cette vieille bicoque un peu désuète ne paye pas de mine, mais j'en suis vraiment tombée amoureuse.

Le déménageurs transportèrent les derniers cartons dans l'entrée. Ouf! Ils étaient enfin venus à bout de tout notre bardas, que j'avais à grand peine réussi à faire tenir dans leur camion. Je n'imaginais pas avoir autant d'affaires, aussi j'ai dû m'y reprendre à plusieurs fois et laisser certaines choses que je comptais initialement emmener avec nous chez mes parents. Cela avait beaucoup fait rire Mr Kim, le "chef-déménageur" comme l'appelait JiHoo.

- Et voila, Miss Park. C'est fini, on a tout déchargé.

Mr Kim, justement. Il sortait de la cuisine où il avait eu la gentillesse de m'installer l'électroménager et vint me faire signer les derniers papiers concluant le transport des meubles. Je signai et attestai ses documents puis le remerciai.

- J'aimerais vous proposer mieux que cela mais c'est avec plaisir que je vous offre un thé ou du jus de fruit.

- Ha ha, c'est gentil, mais mes gars ne carburent qu'a la bière. Je plaisante, ils ont surtout hâte de rentrer à Séoul avant la nuit. Il est 16h, on va se mettre en route.

Je m'inclinai pour le remercier et JiHoo fit de grands signes aux déménageurs tandis qu'ils remontaient dans leur camion, jusqu'à ce que le véhicule disparaisse au coin de la rue.
Je me tournai vers mon garçon.

- Ca te dit, un goûter avant de déballer tes affaires?

Il acquiesça avec un grand sourire et fila droit vers la cuisine.
Avant de rentrer dans la maison, je pris quelques instants pour contempler ce nouvel horizon qui s'ouvrait devant nous. C'était pour nous deux un nouveau cycle qui commençait, et même si certaines étapes s'annonçaient peut-être délicates, j'espérais sincèrement que JiHoo et moi allions nous épanouir dans cette ville. Je pris une grande inspiration.

"Ulsan, me revoilà!"

Je sors du coiffeur après une heure trente et m'arrête devant une boulangerie . Au travers de la vitrine si délicieusement décorée je me contemple, rajustant au passage ma mèche que je juge trop plate .
Je ne sais pas vraiment pourquoi j'ai voulu changer de tête, sans doute que mon futur rendez vous professionnel avec Mee Yeon m'a pousser à le faire? Je souris niaisement avant de m'éloigner , une main sur ma sacoche l'autre dans le fond de la poche de mon veston. Ce matin le soleil brille mais ne semble pas vouloir nous réchauffer, je suis presque frigorifié, voilà pourquoi je ne m'attarde pas plus longtemps . Arrivé dans ma rue la cadence de mes pas diminue et je relève les yeux , dodelinant de la tête au rythme d'une musique diffusé dans mon casque audio. Je détourne le regard quand un vrombissement sourd se fait entendre et fronce les sourcils, curieux de savoir qui vient d'emménager dans la petite maison d'en face. Le camion s'éloigne et avec lui ses odeurs peu plaisante et son bruit de moteur agaçant. La porte de la petite bicoque se referme au même moment et sans plus m'en faire je rentre dans ma résidence, me dirigeant d'un pas nonchalant jusqu'à la porte de mon immeuble. Arrivé devant les boites aux lettres je souris à une voisine plutôt âgée qui s'approche de moi, les lèvres pincées les mains remontés contre son bustier aux motifs florale. Mentalement je me maudis d'avoir couper mon Ipod , je crois qu'elle a encore quelque chose à me dire . J'ai finis par comprendre que peut importe où je me trouve il y aura toujours le même type de personne .Des stéréotypes pure et dure , des personnes lambda qui ne semblent pas vouloir évoluer et qui se complaisent dans leur existence médiocre. Je la dévisage un long moment laissant mon visage trahir mes pensées. Je n'ai jamais su mentir ni cacher ce que je ressent alors je ne cherche pas à dissimuler le fait que ses paroles m’assomment plus que ne me passionnent .

"...Vous savez qu'une jeune mère célibataire vient d’emménager juste en face? Avec son petit garçon. "

Un rictus étire mes lèvres quand elle me pose cette question rhétorique . Il est évident qu'elle n'attend pas de réponse, qu'elle va poursuivre et commencer à spéculé sur la vie de cette pauvre jeune femme qui n'a rien demandé à personne . Mais encore aujourd’hui le fait de vivre seul avec un enfant et mal vu, et je trouve ça triste.
Elle continue, parle et parle encore je crois même à un moment entendre les mots "carton" " petit linges " et "aucuns jouets pour enfants" . Exaspéré je ferme les yeux, les doigts crispés sur la clés de ma boite au lettres toujours enfoncée dans la serrure .

"Oui je vois .Bonne journée madame Lee"

Coupée court dans son élan elle balbutie, cligne plusieurs fois de ses paupières trop fardé et s'éloigne, pantoise . Je souffle , soulager et gagne l'ascenseur , contrarié .
Dans l'immeuble on me juge comme étant un jeune adulte asocial, cynique et froid . Je pense qu'il y a du vrai la dedans même si malgré tout je tâche de rester polis en tout situation même face à ce genre de vieille mégère .

Je passe le reste de l'après midi à travailler sur un projet photo que mon patron m'a donner .Je n'aime pas trop ça, qu'on m'impose une base de travaille mais ça fait partit du métier et je dois m'y plier . Je ne suis encore qu'assistant. Avec un sourire je me dis que finalement je suis peut être même plus professionnel et créatif que lui, que mes photos ont plus d'âme que les siennes .
Vers dix huit heure , tiraillé par la faim et sans aller vérifier dans mes placards je ressort, direction le drugstore ouvert presque 24h/24 au bout de la rue . J'enfile ma veste et dévale les deux escaliers qui me séparent du dehors.
Je traverse pour me retrouver sur le trottoir de l'épicerie et m'arrête pour boutonner ma tenue .

tenue de ChoiKang une fois ressortie :

L'après-midi était passée tellement vite que je fus surprise lorsque la pendule du salon (vestige des précédents occupants) sonna dix-huit heures. Je n'avais pas du tout autant avancé que je l'aurais souhaité dans le déballage des affaires de JiHoo, mais il fallait absolument que nous sortions faire des courses avant la fermeture des magasins, histoire de remplir le frigo pour les quelques jours à venir! Je pressai JiHoo pour qu'il enfile un blouson et des chaussres tandis que moi-même me couvrais sommairement d'un sweat usé (mais que j'adore) et coiffai mes cheveux à la hâte en un espèce de chignon, certes disgracieux, mais pratique.

Même si j'avais déjà vécu à Ulsan, je connaissais très mal le quartier résidentiel dans lequel nous nous étions installés. Après tout c'était plutôt normal puisque à l'époque je vivais sur le campus de l'université. Je n'avais donc aucune idée des commerces que l'on trouverait à proximité de notre maison. JiHoo, qui commençait à fatiguer de la journée agitée que nous venions de vivre, traînait un peu la patte et je devais le motiver sans cesse. La perspective que peut-être nous trouverions une boutique de jouets lui insufflait assez de courage pour qu'il avance.
Mais point de boutique de jouets. Sur notre chemin, un kiosque à journaux, puis des maisons et petits immeubles à perte de vue. J'allais renoncer et me résigner à nous commander quelque chose à faire livrer directement à la maison lorsqu'au détour d'une rue, nous voila arrivés sur la petite rue piétonne et commerçante du coin! JiHoo repéra directement l'enseigne d'une librairie jeunesse sur la gauche, et moi celle de l'épicerie ouverte 24/24 à droite.

Je promis à JiHoo que nous ferions un tour à la librairie après avoir acheté de quoi manger et nous entrâmes dans le drugstore. Il n'y avait pas foule, et c'était une petite épicerie, mais je trouvai quasiment tout ce qu'il nous fallait pour tenir quelques jours. Tout en me dirigeant vers le rayon "légumes", JiHoo sur mes talons, je terminais d'énumérer mentalement la liste de tout ce dont nous avions besoin d'urgence, pour être sûre de n'avoir rien oublié. Une idée me traversa soudain l'esprit et je me tournais vers mon fils:

- Hoooo! JiHoo, tu veux que je fasse de la Tempura de légume ce soir?

Il adorait ce plat, et sauta aussitôt de joie

- Allez, je prends des courgettes, des aubergines et des patates douces...

Ji Hoo m'aidait à choisir les légumes dans les bacs. C'était parfait, nous avions de quoi faire un petit repas festif. Je pesais les légumes lorsqu'au bout du rayon, un grand jeune homme à l'allure décontractée apparut. Il se dirigeait vers nous tout en regardant les fruits et légumes. Sa silhouette me disait quelque chose, mais ce ne fut que lorsqu'il tourna son visage dans notre direction, sans faire attention à nous, que je le reconnus enfin.

"ChoiKang!!"

Instinctivement j'eus un mouvement un peu désordonné et fit tomber nos belles aubergins par terre. JiHoo poussa un soupir désespéré.

-Mamaaaaan! T'es toujours trop maladroite!

Les portes automatiques s'écartent sous la détection de ma présence et je pénètre dans le magasin, attrapant à l'entrée un panier à la hanse rétractable . Depuis que ces merveilles sont en circulation dans les grandes surfaces je ne m'ennuie plus à porter mes courses à bout de bras, non à la manière d'un chariot moins encombrant je le tire derrière moi, le faisant rouler . Le casque toujours visser sur la tête je déambule entre les rayons, parfois je m'arrête quand un produit attire mon attention ,je suis un garçon tellement gourmand que je n'hésite pas à faire des expériences, je teste toutes sortes de choses, dés qu'une nouveauté sort et qu'elle contient au moins trois ingrédients que j'aime elle finis dans mon panier . Oui moi qui ai toujours peur de tout je ne crains pas l'indigestion .
Voilà à quoi se résume mon coté aventureux, à un pot de pâtes au nom hispanique et à un fruit un peu étrange venu des caraïbes . Je suis loin d'être un mec intéressant, ma vie elle même n'a rien d'exaltante , il est évident que tout ça me plait , que je n'ai jamais souffert de la solitude mais voilà plus les années passent plus je me dis qu'il faudra bien qu'un jour ou l'autre je me case, déjà juste pour donner un héritier à mes parents .

Arrivée vers le coin alcool je me saisit d'un pack de bière sucré aux arômes bonbons ou fruitées, celles justement proposées à la vente pour les tout jeunes adultes, et moi je rentre encore dans cette catégorie là, un grand benné de vingt-trois ans qui grimace toujours quand on lui sert un verre de rhum . Les quelques amis qu'il me reste encore de la fac se foutent souvent de moi, eux ont un job et une copine, les virés au bar ils connaissent et maitrisent, ce genre de pseudo boissons alcoolisés ce n'est plus de leurs âges.
Le rayon d'à coté est celui des sodas et des gâteaux apéritifs, j'en attrapent plusieurs sachets et bouteille avant de retraverser l'allée principale . Le son de ma musique diminue, je m'arrête alors près des étalages des fruits et légumes et sort mon baladeur de la poche arrière de mon pantalon . Je constate en soupirant que ma batterie est presque morte, quel con je vais devoir passer en caisse en entendant tout ces gens se plaindre de leur journée.

"ChoiKang!!"

Je sursaute violemment en redressant la tête, reculant d'un pas je titube mais me rééquilibre de justesse quand je vois devant moi, une jeune femme qui semble me connaitre .Je fronce les sourcils et m'approche, je n'ai pas mit mes lentilles pour ressortir, et je suis myope . Je m'arrête à quelques mètres de la jeune femme quand une petite tête brune se ramène et tend les légumes abimé qu'il a ramasser par terre. Je relève la tête, et doucement laisse les traits de l'inconnue se dessiner, c'est Eun Sil est malgré toutes ces années, mon cœur se serre une nouvelle fois . Je suis un garçon tellement rancunier que ma première idée et de la snober, la dévisageant tellement mal qu'elle en baisserai les yeux . Mais j'ai décider de faire un travail sur moi même et de contrôler certaines parties de ma personnalité pour devenir quelqu'un de meilleur . Je souffle alors en reprenant en main la hanse rigide de mon chariot .

"Salut Eun Sil , ça fait un bail .."

Et c'est peu dire , je ferme un instant les yeux avant de porter mon attention sur le petit parasite qui gravite autour de ses fines jambes fuselées dans un pantalon noir . Je souris un peu, je déteste définitivement les gosses .

- Salut EunSil, ça fait un bail…

Il y eut un moment de flottement et de silence gêné au rayon fruits et légumes de la supérette. Je n’arrivais pas à croire qu’à peine sortis de chez nous, nous croiserions précisément la seule personne de tout Ulsan que je n’avais pas hâte du tout de revoir… Et le ridicule du décor ! Décidément je n’aurais pu rêver plus embarrassant. Quelques clients passaient à côté de nous, durant ce qui me sembla une éternité. Ils nous regardaient bizarrement, se demandant ce que faisaient ces deux adultes qui se dévisageaient devant les courgettes et aubergines.
JiHoo nous regardait alternativement, ne comprenant pas trop la raison de ce silence pesant. Je me repris, tentant d’avoir l’air le plus naturel possible, au moins aux yeux de mon fils. Une vieille dame me força à m’écarter pour pouvoir se servir des tomates, ce qui me donna l’occasion de poser mes mains sur les épaules de mon fils. Il me tendit les aubergines qu’il avait ramassées.

- Tiens maman.
- Merci, JiHoo.

Je les enfournai dans mon panier puis fit un sourire mal à l’aise à ChoiKang.

- Oui on peut dire que ça fait longtemps qu’on ne s’est pas… vus.

Je me hasardai à détailler l’homme qu’était devenu ChoiKang. Toujours aussi grand, il avait manifestement gagné en assurance. Son attitude dégageait une certaine confiance et s’habillait avec soin. Il me sembla soudain très différent du jeune homme que j’avais connu lors de nos années de fac… Mais l’étrangeté de notre rencontre faisait ressurgir une certaine indécision sur son visage.
Je m’agitais confusément, écartant les bras et haussant les épaules comme pour souligner l’évidence de ce que j’allais dire :

- Je suis de retour à Ulsan.

Il équarquilla les yeux devant l’absurdité d’une telle déclaration. Bien évidemment qu’il pouvait voir que j’étais revenue, quelle cruche ! Je me frottais les tempes, histoire de me remettre les idées en place et –pitié !- de trouver quelque chose de plus pertinent à dire !

- Je veux dire, j’ai décroché un job pour KBS et donc nous habitons ici depuis aujourd’hui, avec mon fils…

Je lui présentai mon fils… son fils aussi… Mais enfin ça il n’était pas encore temps qu’il le sache. Peut-être ne le saurait-il jamais d’ailleurs. J’appréhendais déjà tellement comment se passerait nos retrouvailles que j’avais exclu l’éventualité de lui révéler de but en blanc la vérité.
Il lança un regard très interrogatif sur le petit garçon qui le salua poliment, encouragé par mes mains rassurantes sur ses épaules.

- Bonjour monsieur. Je m’appelle JiHoo, j’ai 2 ans et demi.

Je croisai mes bras pour me donner un peu de contenance. Connaissant ChoiKang, je savais que ça n’étais probablement pas la meilleure façon de faire, mais j’étais réellement prise de court. Aussi je décidai de poursuivre la conversation comme si nous nous étions quittés hier. Erase & Rewind. De toute façon des explications il m’en demanderai sûrement tôt ou tard (et je comprenais tout à fait qu’il puisse ne avoir besoin), je tenais juste à ce qu’elles n’aient pas lieu devant mon fils. Un enfant n’avait pas à entendre certaines choses. Aussi et lui demandai :

- Alors, comment vas-tu ?

Spoiler:

On est là, face à face à se fixer dans le blanc de l’œil , j'hésite entre me mettre en colère ou exploser de rire face à cette situation plus que grotesque . Je ne pensais jamais la revoir, après qu'elle m'est quittée sans raison, et assez salement je l'avais rayé de ma vie, elle m'a pourrie encore plus mes rapports avec les filles parce que je ne pouvais plus leur faire confiance, pour moi elles avaient toutes quelque chose d'Eun Sil et ça ne passait pas .
Une vieille passe entre nous ,je grince des dents en lui lançant un regard noir alors que mon ancienne et unique vraie copine se décale poliment, ramenant contre elle son marmot . ça aussi ça me fou en rogne, il est assez âgé, il est né quand elle était loin de moi, elle a refait sa vie en se moquant bien de ce que moi je pouvais devenir .

Je la dévisage un long moment , elle n'a pas changé, elle ne semble même pas avoir vieillie, j'ai l'impression de la retrouver le lendemain de son dépars, et ça me sert une nouvelle fois le cœur d'avoir attendu presque une année entière, comme un con, un signe de sa part.
Moi qui voulais changer, devenir enfin un homme et apprendre à pardonner je me rend compte que je ne sais pas encore passer à la pratique, j'ai beau faire un pas en avant j'en fais forcement deux en arrière et ça ne présage rien de bon pour l'avenir .
Je baisse les yeux sur le marmot, je n'ai pas envie de lui sourire ni de faire semblant, je n'ai jamais su le faire elle n'en sera donc pas indigné , de toute façon je me fous bien de ce que Eun Sil pense de moi .

Sa constatation idiote sur son retour me laisse perplexe, ce fout-elle de moi ou bien cherche t-elle à détendre l'atmosphère?
Je pense qu'elle a compris ce que je pensais car elle se rattrape tout de suite moins sur d'elle, trop tard j'ai relever son idiotie et je ne peux que m'en délecter, pour une fois que je me retrouve en position de force face à elle je vais en profiter, avant elle savait me maitriser mais aujourd'hui c'est différent, si autre fois elle me jugeait trop froid et distant je n'ai qu'une chose à dire, elle n'a encore rien vu de ce que je suis devenu .
Le petit s'adresse à moi, je grimace pour lui sourire, je me force à paraitre aimable pour ne pas le faire chialer mais il est clair que je ne féliciterai pas, je ne sais même pas quel devrai être le niveau d'éloquence d'un môme de cet âge mais si cet enfant est d'elle alors il est forcement plus malin que la moyenne .

"ça va, ça va, je faisais des courses et je venais de finir, faut que je rentre ."

Oui je tourne court à la conversation car je sens que la tendance se renverse et qu'elle ne va plus tarder à prendre le dessus . Un peu anxieux de paraitre faible face à elle je reprend la hanse en dur et donne un léger coup dans la panier pour le faire s'incliner, je me place bien devant pour qu'elle n'aperçoive pas les alcool et la mal bouffe, sur ça je suis resté le même et je n'ai pas envie de voir naitre sur son visage de poupée un sourire amusée qui la caractérisait si bien avant .
Maintenant qu'elle est de retour à Ulsan, qui plus est avec un môme en plus est très certainement un mari je sens que je vais me sentir encore plus seul dans cet ville,et oppressé, mon passé me rattrape alors que je cherche à le fuir, si jamais je quitte la ville nous recroiserons nous encore? Je parais plus affecté qu'elle par ces retrouvailles, et je sais malheureusement pourquoi , elle elle a refait sa vie, semble heureuse et épanouie, elle es revenue grandie de son dépars, elle a murie et évoluer, moi même si j'ai vieillis je suis rester le même gamin à l'âme noire et solitaire , je n'ai plus envie de constaté ça comme de grosses et douloureuses claques en plein visage.

J'incline la tête par politesse, c'est-elle que ce simple geste me coute? Et me dirige en caisse sans rien ,dire ,mes longues jambes me permette d'arriver plus rapidement et ne pas trop trainé, sentir son regard sur mon dos me pèse .
Je vide le contenue de mon charriot sur le tapis roulant et sors directement ma carte , bleu ,le casque autour de mon cou se presse contre ma joue au moment ou j'incline la tête pour rentrer mon code dans la petite machine . Sans trop savoir pourquoi je laisse courir mon regard sur les autres files de clients, la cherchant du regard, mais rien . Je soupire et prend mes sacs après avoir récupéré tous mes articles .
Si je l'ai croisé dans cette supérette c'est que forcement elle ne vie non loin, je vais devoir penser sérieusement à démanger, je n'ai visiblement pas fait le deuil de notre relation .

Spoiler:

ChoiKang venait d'écourter notre rencontre de la façon la plus sobre dont il était capable compte tenu des circonstances. Il m'avait marmonné une réponse d'une insipidité infinie, puis s'était éclipsé en inclinant légèrement la tête - politesse oblige, et nous planta là. Parti aussi vite qu'il était arrivé. Je restai un moment interloquée par le côté surréaliste de cette entrevue, puis secouai la tête avec un rire nerveux.

Finalement ChoiKang n'avait pas tant changé que ça. Certes l'emballage avait évolué, mais ma simple présence avait mis à jour la faille béante derrière la tenue soignée et le style sophistiqué et étudié. Oui cela m'avais assommée de le voir se renfrogner ainsi à mon égard. Oh, certes je m'attendais à ce qu'il m'en veuille, à ce qu'il me demande des comptes et qu'on s'engueule. Tout cela j'étais prête à l'accepter, c'était un retour de bâton mérité...
Mais je ne m'attendais pas à me sentir aussi énervée! Je connaissais ChoiKang et j'avais déjà vécu ce genre de coups de pression avant, lorsque nous étions ensemble. Je lui en voulais de n'avoir pas évolué assez pour mieux gérer ce genre de choses! Je sentais que mon énervement montait progressivement mais sûrement, en même temps que l'envie de le rattraper par le col et lui balancer certaines vérités à la gueule... Il fallait que je me sorte ça de la tête.

JiHoo me sortit de mes pensées:

- Haaan! Maman, on prend des chocolats?!

Au moins, lui n'était pas perturbé plus que ça par cette rencontre. Il gardait les pieds sur terre, le petit monstre! Quelques instants plus tard, nous voila devant le rayon de friandises. Je le laissai choisir quelque chose qui lui ferait plaisir (et nous vaudrai bientôt une visite chez le dentiste) et l'entrainai vers les caisses et la sortie. J'avais envie de rentrer au plus vite chez nous, me caler avec une bonne tasse de thé bien chaude dans le canapé encore recouvert du papier bulle le protégeant du déménagement. Instinctivement, je vérifie que ChoiKang n'est pas dans les parages avant de payer et de sortir de la supérette.

Arrivés à la maison, déballage des courses, rangement dans le réfrigirateur et préparation du repas. Curieusement toutes ces tâches quotidiennes me calmèrent. Je n'étais déjà plus tant en colère que ça lorsque nous nous mirent à table, dévorant le fameux tempura de légumes tant mérité. Et j'avais totalement évacué ce crétin de ChoiKang de mon esprit lorsque j'accompagnais JiHoo à son bain.
J'avais installé sommairement le lit dans la chambre de JiHoo, recréant au mieux son univers familier malgré le chamboulement du déménagement, avec ses peluches préférées et une veilleuse pour le rassurer. 2puisé, il s'endormit sans demander son reste! Je le contemplai pendant quelques instants. Nous avions encore deux jours de répit avant qu'il ne fasse sa rentrée à l'école du quartier. Cale nous laisserait le temps de ous reposer un peu entre le déballage des cartons à terminer et les quelques aménagements et bricolages qu'il me fallait entreprendre pour finir de rende la maison parfaitement praticable.

Je sortit sans bruit de sa chambre et me dirigeai vers le perron de la maison. Là, assise sur le seuil malgré le froid qui mordait au travers de mon gros sweat, je m'autorisai une cigarette. je ne fumais quasiment jamais, mais après cette journée forte en émotions comme celle-là, j'estimais que j'avais le droit de décompresser.
La colère passée, je me sentais quand même assez triste. C'était vraiment un coup de malchance que d'être tombée sur ChoiKang de cette façon. Avec le recul, je n'étais plus vraiment étonnée de sa réaction... C'était juste.... vraiment dommage. Je ne pus m'empêcher de murmurer entre deux volutes de fumée.

- Crétin...

Je suis rentré rapidement, je peux dire que cette rencontre à tout casser maintenant je suis d'une humeur massacrante et ça m'a coupé l'appétit. Je jette mes achats dans ma minable cuisine et me laisse mollement tomber dans mon fauteuil sur roulette , le faisant dériver jusqu'à mon bureau recouvert de planche à photos et de pellicule encore vierge. D'un coup brusque je disperse tout ,frappant violemment mon poing surs mes travaux en cours .Je suis à bout, j'ai manqué d'exploser devant elle, de lui cracher à la tête tout ce qui m'avaient torturés l'esprit jusqu'à présent, pourquoi cherche t-elle encore à me pourrir la vie?!
Je fulmine, j'aurai préfère qu'elle aussi n'aie pas changer, que sa vie sois aussi triste et minable que la mienne, là on aurait été quitte, mais je constate qu'il n'y a aucune justice dans ce monde elle n'a pas été puni pour m'avoir lâchement abandonnée.

Je donne un rude coup de pied contre le mur et m'envoie rouler jusqu'à l'un de mes placards .J'en sors une grande feuille à dessin format raisin et la dépose sur ma table d'architecte, un crayon entre les dents je relève la tête, observant par la fenêtre de ma chambre ce qui se passe au dehors pour trouver l'inspiration. Mon sang se glace quand je me souviens d'un détail que j'avais jugé insignifiant ce matin. La petite maison juste en face de l'immeuble où je vis viens de trouver acquéreur, ....Ce serai un trop gros hasard si Eun Sil n'avait rien à voir là dedans . Pour en avoir le cœur net je décide de vérifier, je tend alors mon bras pour éteindre la lumière et ainsi pouvoir voir sans être vu . J'étire le rideau et plisse les yeux, mes lunettes sur le nez je sonde les fenêtre voisine cherchant un signe de vie . Qu'est ce que je ferai si jamais je réalise qu'elle vie juste en face? Une existence parfaite avec l'homme de sa vie et leur progéniture ? Mes doigts se resserre autour du crayon , j'essaye de contrôler mon agacement mais j'ai vraiment du mal, moi qui fait partit des 2% de gens qui ne croient pas au destin, j'ai des doutes aujourd'hui .

Après quelques minutes se dessine enfin une ombre, puis elle disparait encore, éteignant derrière elle les lumières. Je quitte machinalement mon siège pour pouvoir suivre cette silhouette , debout je me glisse contre ma table à dessin, me dissimulant derrière le fin rideau.
Mon cœur se serre encore quand avec une certaine aigreur je constate que oui, c'est elle qui vie là quand je la surprend assise au bas de sa porte. Je ferme les yeux et tire à nouveau le rideau , me dirigeant vers mon lit d'un pas lent, je me laisse tomber dessus et étouffe entre les oreillers un gémissement plaintif. C'est tellement injuste, pourquoi Dieu me met-il ainsi à l’épreuve? Je ne suis même pas croyant monothéiste qu'est ce que je fou ?!
Tourné sur le dos je fixe pensif le plafonnier, tendant le bras j'observe les choses aux travers de mes doigts écartés, soupirant blasé et finis par fermer les yeux .

Au petit matin une sonnerie stridente et agaçante retentit me tirant d'un sommeil pas du tout réparateur . Je sens que mon humeur sera encore plus bourrue qu'à l'ordinaire, je vais avoir encore plus de mal à sortir de là, de peur de la voir elle .
L'air de rien l'avoir retrouver m'a soulager ,mais rien qu'une infime partie des craintes que j'avais ressentit le jour où j'ai constaté sa fuite .
Même si notre couple battait de l'aile, qu'on passait plus souvent notre temps à nous insulter et nous disputer que nous étreindre et sourire je n'aurai jamais pu imaginer quel disparaitre comme ça ,du jour au lendemain . En premier lieu j'ai eu peur ,puis ensuite ce sentiment à été très rapidement écraser par une impression de trahison ,de foutage de gueule complet et de mépris pour moi .
Pour qui se prenait-elle à me larguer comme ça?! Je donne un grand coup de poing dans le plexiglas de ma cabine de douche, recrachant l'eau qui coule entre mes lèvres. Une telle rage me fait perdre la tête, altère mes ressentit , foutant à vif mes nerfs déjà bien abimés.

J'avale une dernière chips et jette négligemment le paquet rigide au sol, shootant même dedans pour l'envoyer rouler sous mon bureau . Je m'étire et me lève, me saisissant de mon appareil préféré pour les sorties, un hybride assez léger et maniable petit et fonctionnel . Je le glisse dans la poche de ma sacoche en cuir puis sors attrapant avant de mettre la clés dans la serrure ,un autre de mes petits bijoux, au cas ou l'autre n'a plus de batterie .
Le précieux Canon passé autour du coup je ferme enfin la porte puis quitte mon immeuble, il fait beau aujourd'hui autant passé au parc prendre quelques clichés pour immortalisé cette journée ensoleillé et peu être pouvoir trouver un ou deux modèles qui accepteraient de passer au studio photo .