Na Eun aime passer devant ces grands bâtiments vitrés de tout part. Elle lève les yeux au ciel, admirant la splendeur, la grandeur de ces géants de verres, qui de leur majesté lui inspire un profond sentiment, indescriptible. Ulsan est une ville magnifique. Et ce quartier l'est particulièrement.

Nous sommes samedi matin. Il est tôt, la ville s'éveille à peine. Les gens se font rare dans les rues, les oiseaux peuplent les arbustes environnant et rythme les pas de la jeune coréenne au son de leur chant. Depuis quelques mois déjà, Na Eun travaille pour une célèbre chaîne d'hôtel en tant qu'agent d'entretiens. Néanmoins, récemment, elle a trouvé place au sein même du siège, où elle s'occupe personnellement des bureaux. Une vingtaine. Ce n'est pas de tout repos, mais elle veut se donner le mal de gagner elle-même de quoi vivre, plutôt qu'être, encore et toujours, au crochet de ses parents. Bien qu'ils en ont largement les moyens ; question de principe.

Elle arrive alors sur les lieux, vêtue d'un pantalon noir, d'un sweet shirt et d'une épaisse veste en jean. Une allure décontractée en somme. Elle salue bien poliment chaque cadre qu'elle rencontre sur son chemin et va pour déposer ses affaires dans la pièce prévue à cet effet. Elle se débarrasse de cette masse de tissus sur ses épaules et revêtit une blouse blanche, son uniforme, entre autre. Cela ne la change pas beaucoup de l'école vétérinaire où elle arbore la même tenue. Soigneusement, elle replace ses cheveux scintillant d'un côté, sur son épaule et prend en main son chariot de bonne fortune. Elle déambule dans les couloirs, le pousse calmement et s'arrête à chaque porte concernée. Le rituel est toujours le même. Elle frappe avant d'entrer, si elle constate que le bureau est occupé, elle prendra gentiment congé et devra repasser plus tard. S'il est vide, elle pourra s'affairer tranquillement. Na Eun fait du bon travail, elle est soignée, minutieuse, efficace. Quoique un peu curieuse. Ce matin, tout les bureaux sont vides, donc elle pourra terminer son travail assez rapidement.
« Evans Wei Min », un nom étranger au milieu de tout ces noms purement coréen. Elle ne peut s'empêcher de se questionner à propos de son propriétaire. « Evans » doit être un nom américain, tandis que « Wei Min » est clairement chinois. Elle franchit le seuil et débute paisiblement ses tâches, tout en rêvassant. Wei Min doit sûrement être un grand homme d'affaire, le double de son âge, un accent prononcé, plutôt occidental. Elle l'imagine de taille moyenne aussi, débordant de charisme. En nettoyant les vitres, préalablement ouvertes pour y laisser passer l'air frais, elle dévie naturellement, s'accoudant aux rebords et admire la vue éblouissante. C'était sans compter cette présence derrière elle, qu'elle remarqua par un bruit de chaise, qu'après coup. C'était lui ? Elle se retourne soudainement pour le découvrir.

« Bonjour Monsieur ! » dit-elle vivement en s'inclinant.

M. Evans avait déjà pris place à son bureau. Elle reste un moment interdite devant lui. Il n'avait rien de l'homme mûr qu'elle s'était imaginé plus tôt. Au contraire, c'était même étrange de l'appeler "Monsieur" puisqu'il semblait du même âge. C'est une bonne surprise. Un visage fermé, mais aux traits très doux. Il faisait bonne impression. Néanmoins, ce visage ne lui semblait pas inconnus à bien l'observer...