Mon enfance n’avait jamais été un conte de fée dans lequel le prince & la princesse se marient & eurent beaucoup d’enfants … Non ! Ma réalité était éloignée de belle vision que l’on servait aux enfants. Ma vie était sombre & triste. Ma tendre maman s’était battue durant toute son existence contre une société qui l’avait déjà rejetée. Elle était trop vieille pour se marier … trop jeune pour être maman … Elle était tombée amoureuse d’un abruti de première qui s’ennuyait avec son épouse & qui avait réduit en cendres les rêves de ma maman. Lorsqu’elle avait appris la vérité, elle en avait été anéantie. Ma naissance lui avait donné un peu de joie dans cette existence morose … Allongé dans mon lit, les yeux fixant le plafond je songeais à celle qui m’avait donné la vie & qui avait choisi de mettre fin à la sienne six ans plus tard. Ma maman … Elle me manquait beaucoup … surtout en ce moment. J’avais quitté Séoul deux ans auparavant en espérant pouvoir me reconstruire. Pourtant je me sentais toujours aussi mal ! Ma petite amie que j’aimais plus que tout allait épouser un autre … J’avais reçu son invitation la vieille. Depuis je rechassais le passé ! Je la revoyais me sourire & rire à mes bêtises. Je la voyais dormir à mes côtés … Je la revoyais me dire « non » devant tous nos amis parce qu’elle en aimait un autre. Je me souviendrais toujours que ce sentiment de trahison qui était né dans mon cœur. J’avais envie de tout détruire autour de moi. Comment avait-elle pu jouer la comédie pendant tout ce temps ? Comment avais-je pu être aveugle ? Pourquoi n’avais-je pas remarqué qu’elle ne ressentait plus rien pour moi ? Pourquoi avait-elle accepté de m’épouser ? Il y avait tant de questions qui restaient en suspend & qui me hantaient …

Assailli par mon passé, j’avais à peine fermé l’œil de la nuit. La colère, la frustration & la peine se livraient un combat en moi qui me rendait agité. Tournant la tête vers le radioréveil, je me demandais comment j’allais pouvoir assurer au boulot si je ne trouvais pas un moyen d’évacuer ce trop plein d’émotions … 5h30 … L’heure était certes matinale mais jamais je ne pourrais tenir une seconde de plus dans ce lit. Me redressant d’un coup, je tendis l’oreille en me demandant si ma colocataire avait encore de la visite aujourd’hui ou pas. Je me fichais pas mal de la façon dont elle gérait ses relations mais je n’avais pas franchement envie de tomber nez à nez avec sa dernière conquête alors que je n’étais pas d’humeur à faire la conversation. La maison est plongée dans le silence alors j’en profite pour quitter la chaleur de mon lit.

Me baladant torse nu parce que je ne vois pas l’intérêt d’être habillé entièrement quand on est chez soi, je parcours les couloirs pour me rendre dans la cuisine. En même temps, notre logement n’est pas une villa donc on arrive rapidement dans une autre pièce. Personne … Haussant les épaules, j’ouvre le frigo en espérant y trouver de quoi manger mais évidemment il n’y a rien ! Purée ! On a oublié de faire les courses comme deux glands ! Me frappant l’estomac avec le poing pour l’obliger à se taire, je retourne dépiter dans ma chambre. Je ne peux pas rester ici alors que je ne peux rien manger ! Non mais oh ! Il faut me nourrir moi ! J’enfile un tee-shirt, un jogging qui tient plus du pantacourt ainsi que des baskets puis sort de la maison.
Courir … aller toujours plus loin … J’avais l’impression de réaliser une publicité pour une marque quelconque. En sortant, je mettais mis à courir pour oublier que j’avais faim, que je n’avais pas d’argent, que mon rêve était bien loin de se réaliser. Ma vie était aussi pourrie ici qu’à Séoul. Je n’avais fais que changer de décor. En courant, j’avais la sensation de fuir tout ça. Au fond de moi, je savais que lorsque je m’arrêterais tout serait de retour. Pour le moment, je ne voulais plus penser à tout ça. Je vidais donc mon esprit. Mes jambes me portèrent près du port.

L’air frais de la mer me fit du bien. Je m’arrêtais pour profiter de la vue ! J’avais chaud. La sueur dégoulinait le long de ma colonne vertébrale mais je ne voulais pas songer à mon apparence maintenant. Je ne savais pas ce que je voulais … en dehors de tout oublier ! Comme prévu mes sombres pensées refirent surface pendant que mon regard se perdait dans l’horizon. M’attrapant les cheveux, je les ébouriffais tout en grognant de frustration. Mon dieu ! Qu’est-ce que j’allais pouvoir faire ?

Tellement obsédé par mes problèmes que je ne remarquai pas la silhouette féminine qui s’approchait de moi. Je n’étais pas quelqu’un d’excellente compagnie depuis que mon ex m’avait quitté. Il ne fallait pas s’attendre à un accueil avec un grand sourire … surtout qu’il s’agissait d’une femme. Quand mon regard accrocha sa présence, je me tournai vers elle. Reconnaissant Seo Ra, j’eus envie d’être sympa mais manque de chance ma jauge de gentillesse était complètement vide aujourd’hui. Il fallut que je l’agresse presque :

« Qu’est-ce que tu me veux ? »

Lorsque les mots franchirent mes lèvres, je m’en voulus instantanément. La demoiselle ne m’avait absolument rien fais & moi je la bouffais littéralement. Purée ! Piquez-moi ! Ce sera plus rapide & on ferait une bonne action ! Avec mon air renfrogné, je devais ressembler à quelqu’un de constiper ou un enfant de 5 ans. Mince ! Regardant ailleurs parce que je me sentais fautif, j’eus envie de rectifier le tir mais comment devais-je m’y prendre ? Soupirant je me demandais si un câlin pouvait résoudre cet accident mais probablement pas. Baisant les yeux comme si mes baskets étaient les choses les plus intéressantes avant d’ouvrir de nouveau la bouche pour lui dire :

« Excuse-moi ! Je n’aurais pas dû te parler ainsi ! Je ne suis pas d’excellente humeur aujourd’hui si tu ne l’avais pas remarqué. »

Intérieurement, j’étais à genoux, les mains liées. J’implorais son pardon en lui faisant aussi une petite moue tristounette. Pourvu que cela fonctionne … Évidemment, elle ne pourrait pas voir la position que j’imaginais pour me forcer à être un peu plus social mais tant pis ! Il fallait qu’elle me pardonne … sinon …

C'était une belle matinée, et je n'avais pas à m'en plaindre. J'avais fixé le soleil qui éclairait ma chambre toute la matinée avant de me décider à enfin sortir de mon lit, et lorsque je l'avais enfin fait, je découvrit que l'on m'avait envoyé un mail. Je l'ouvrit automatiquement, ayant extrêmement hâte de voir ce qu'il contenait. C'était un e-mail de mon frère ! Mon frère qui me manquait tant et que j'avais tellement envie de voir ces temps-ci, vu tout ce qu'il m'arrivait. Il me demandait comment j'allais en ce moment. J'aurais voulu lui dire que tout allait bien actuellement, que je m'étais fait des tas d'amis et que je m'amusais comme une folle à Ulsan, ne faisant que rire des journée entières, mais ce n'était pas le cas, et je n'avais pas envie de mentir à mon frère tant aimé. Je lui racontais alors toute la vérité, tapant rapidement sur mon clavier avec mes petits doigts. Je lui racontais tout depuis le dernier mail qu'il m'avait envoyé. En fait, la seule chose dont je ne lui avais pas parlé, c'était les sentiments que j'éprouvais pour cet homme en couple, lui avouant enfin que j'avais plus ou moins réussis à oublier mon ex-petit ami, même s'il continuait à me hanter. J'écrivais alors à quel point je l'aimais, et à quel point j'étais blessée de ne jamais le voir retourner mes sentiments, jusqu'à la soirée à laquelle je l'avais invité. J'avais omis quelques détails, comme ceux des deux hommes avec qui j'avais démarrer la soirée pour ne parler que de l'altercation entre Kyung Ae - que je nommais seulement par l'homme que j'aimais, ne voulant pas citer de nom - et moi.

Mon récit une fois terminé prenait plus d'une page, et je me dis qu'il fallait vraiment que je converse avec lui plus souvent. Avant d'envoyer, je lui demandais alors comment lui allait, s'il s'était trouvé une jolie japonaise pour finir sa vie, s'il avait dans l'idée de venir en Corée un jour pour voir. Je lui demandais encore comment allait mon autre frère, et comment allaient nos parents. Je n'avais pas énormément de nouvelles d'eux, mais ils me manquaient énormément. Mes parents n'acceptaient toujours pas que je ne sois pas avec eux, sous leur surveillance, mais j'avais besoin de me changer les idées... même si ce n'était pas très efficace. Je devais maintenant oublier deux choses, dont une dont je n'avais pas à m'occuper auparavant. Mon défunt amoureux qui me manquait toujours autant, avec ces beaux yeux, son caractère rebelle, son sourire, son rire, sa peau sous mes doigts, son regard amoureux posé sur moi... mes yeux devenaient humides alors que je m'énumérais toutes ces belles choses qui me manquaient tant de lui. Ses mains posées sur moi, ses lèvres contre les miennes ou contre ma peau, sa douce voix qui ne s'adressait ainsi qu'à moi. Il ne regardait que moi, toujours que moi. J'étais le centre de sa vie, son rayon de soleil comme il avait été le mien. Mon coeur se brisa alors que je m'obligeais finalement à sortir de ma chambre car je commençais a manquer d'air.

Je me dirigeai vers la salle de bain où j'allumais la douche. Je rentrais tout de suite dessous après avoir enlever mes vêtements, laissant l'eau froide couler sur mon corps pour me réveiller, et m'aider à reprendre une respiration correcte. Je n'aurais pas du penser à ça, je devais m'empêcher de penser à ça, tout le temps. Je devais sourire et ne plus penser, rester la Seo Ra fun qui animait toujours par sa joie de vivre, pas cette fille aux yeux rouges qui faisaient peine à voir. Je finis par sortir de l'eau, frigorifiée, pour m'enrouler dans une grande serviette. Je me fixais un instant dans le miroir, m'en voulant d'avoir ainsi réagit. Je sortis de la salle de bain, pour retourner dans ma chambre. Mon ordinateur était toujours posé sur mon bureau, et je voyais que je n'avais toujours pas envoyé le mail. Je cliquais rapidement sur la touche qu'il fallait, et un message m'annonçant que mon mail avait été envoyé s'afficha. J'eus un petit sourire triste. J'avais menti à mon frère. Je n'avais rien oublié. J'ouvrais mon armoire en grand. J'avais besoin de sortir prendre l'air. J'enfilais mon pantalon léopard, ainsi que ma chemise transparente, avant de fixer le résultat dans le miroir. Ce n'était pas fameux, mais je n'avais pas envie de plus m'énerver à choisir des vêtements. Je me coiffais et me maquillais, avant d'enfiler ma veste et mes chaussures pour sortir, les cheveux toujours trempés tombant de part et d'autre de mon visage.

Je marchais dans les rues, je n'étais toujours pas bien. Je marchais encore et encore avant de me retrouver sur la plage, mes talons s'enfonçant dans le sable sans que je n'émette aucune plainte à avoir tant de difficultés à marcher. Je finis par regarder la mer, la fixant simplement, me tenant debout, les bras le long de mon corps. Mes cheveux étaient emportés par l'air marin qui les faisait sécher doucement, y emmêlant dans le même temps des grains de sables dont je n'accordais encore une fois aucune importance. Je restais bien droite à fixer l'horizon en essayant de reprendre un calme intérieur qui ne daignait pas venir. Je me mis alors à marcher près de l'eau, laissant les vagues mouiller mes chaussures alors que je fixais simplement le sable humide. En levant la tête, j'avais aperçu Chin Hae sur la rue qui bordait la plage. Il avait visiblement couru, et ... la vision ne me déplu absolument pas. Je me dirigeais alors vers lui, décidée à vraiment me changer les idée. J'arrivais avec de nombreuse difficultés à son niveau, un beau sourire éclairant mon visage, prête à lui sauter au cou pour lui dire bonjour, mais sa réaction me fit automatiquement m'arrêter dans ma démarche. « Qu’est-ce que tu me veux ? » Je le regardais, toute penaude, n'ayant pas l'habitude de le voir comme ça avec moi. J'essayais d'empêcher mes larmes de couler à nouveau. Il ne m'avait rien fait ! Ce n'était pas grave ! Il avait à peine hausser le ton ! J'essayais de me rassurer ainsi, mais ça ne marchait pas, et mes lèvres s'étaient mise à trembler. Je ne devais pas pleurer. Je me mordais le doigt pour empêcher un sanglot de sortir de mes lèvres. Je n'avais pas le droit.

Si lui aussi se mettait a me parler comme ça, j'étais vraiment mal ! Je me demandais alors ce que j'avais pu faire de mal. Je... j'étais juste venue le voir en souriant. Était-ce mal ? Je le regardais baisser sa tête, avant qu'il ne me dise : « Excuse-moi ! Je n’aurais pas dû te parler ainsi ! Je ne suis pas d’excellente humeur aujourd’hui si tu ne l’avais pas remarqué. » Je me rapprochais de lui avec un faux sourire sur les lèvres. Je posais ma main sous son visage, l'obligeant à relever la tête pour me regarder dans les yeux alors que j'essayais toujours de lui montrer de la joie, et essayant de lui faire comprendre que ce n'était pas grave. Une fois que sa tête fut bien droite, je posais ma main sur son épaule, lui disant doucement : « C'est pas grave, ça peut arriver à tout le monde. Tu veux en parler ? » Je n'étais pas vraiment sûre qu'il veuille en parler avec moi maintenant, mais je pouvais toujours tenter, je n'avais pas envie de le laisser mal. Je le pris par la main pour l'amener avec moi jusque la plage, où je le fis s'asseoir face à l'eau alors que j'en faisais de même. Je ramenais mes jambes contre moi, les serrant entre mes bras alors que je fixais les vagues qui apparaissaient et disparaissaient sans vouloir créer de rythme spécial. Je laissais échapper un léger sourire avant de me tourner vers mon ami. Mes yeux furent automatiquement attiré par son t-shirt qui lui collait à la peau, sûrement à cause de la transpiration. Je pouvais voir chacun de ses muscles, mais il ne fallait plus que je fixe ça.

Je relevais mon visage vers le sien pour le fixer, avant de lui faire un sourire doux : « Tu n'es pas obligé d'en parler maintenant si tu n'en a pas envie. On peux aller se balader ensemble pour te changer les idées, aller manger un peu, ou bien rester ici à regarder l'océan ? On ferra ce que tu veux du moment que ça peut t'aider à te sentir mieux... » Je n'aimais pas voir les gens mal. J'étais là pour leur remonter le moral, peu importe mon humeur à moi, j'étais la pour les faire sourire à nouveau, et leur faire changer d'état d'esprit. Et puis, en les aidant à penser à autre chose, je m'aidais moi-même à ne plus songer à mes problèmes, et ainsi ne pas inquiéter les gens de mon entourage. J'étais indépendante, je n'avais besoin de rien. C'était donc un deal comme je les aimais. Je me tournais encore plus vers lui, m'installant au final face à lui. Je m'approchais de lui avant de le prendre dans mes bras, trouvant que s'il n'allait pas bien, c'était la meilleure des solutions. Je le serrais contre moi, mais moi, ça ne m'aidait plus. Je calais ma tête dans son cou, respirant son odeur, alors que cela ravivait en moi ma tristesse. Je m'éloignais de lui, les yeux mouillés, tout en lui demandant : « Là, ça va un peu mieux ? »