La journée avait bien commencé. Je m’étais réveillée aux petites heures du matin, avant même que le soleil pointe le bout de son nez. Il était 5h du matin... Je m’étais endormie à 21h la veille, après avoir regarder un vieil épisode de Pokémon sur mon ordinateur. C’était l’épisode dans lequel Pikachu part pour aller vivre avec les autres Pikachus et qu’il finit par revenir pour être avec Ash. À toutes les fois, je pleure comme un bébé. Je ne peux pas m’en empêcher. C'est un bel épisode qui me fait vivre plein d'émotions. Verser autant de larmes m’a probablement épuisée puisque je me suis endormie tout de suite après… Ce matin, mon cadran devait sonner à 6h, mais je n’ai pas attendu qu’il sonne pour me lever. À 5h30, j’étais sortie de la douche et j’étais parfaitement réveillée. J’ai enfilé un chandail blanc et des pantalons noirs ; mon uniforme de travail, puis je m’étais dirigée vers la cuisine. Je n’avais quand même pas résisté à l’appel du café. J’y suis complètement accro et je m’en suis servi un même si je n’avais pas particulièrement besoin de caféine. J’ai ensuite laissé un mot sur la table de la cuisine pour mon père qui allait s'inquiéter en se réveillant et en constatant que je n'étais pas dans la maison : « Papa, je suis partie au Café. Je vais y passer la journée. Ne m’attendez pas. Saranghaeyo ! » Puis je suis partie. Heureusement pour moi, le café était à quelques pas à peine de notre demeure. En théorie, j’aurais dû arriver à 7h et ouvrir le café tout de suite en y entrant, mais j’avais une heure à tuer avant l’heure d’ouverture. Je n’avais pas de vaisselle à faire, mais le café avait besoin d’un bon coup de balai. Je me suis mise au travail, nettoyant chaque partie du café pour qu’il soit propre comme jamais puis je me suis dirigée dans la cuisine. J’ai fais cuire quelques biscuits et préparé un gâteau. Bref, mon heure libre a été bien occupée. À 7h, l’employé qui s’occupe de cuisiner est arrivé et j’ai ouvert le café. J’ai attendu que les premiers clients pointent le bout de leurs nez. Ça a pris un moment, mais je dois avouer que les mercredis ne sont pas les journées les plus achalandées de la semaine. J’ai servi quelques cafés et quelques déjeuners, mais c’était très calme. Après une heure à ne pratiquement rien faire, j’ai décidé de refaire du café. J’étais dos au comptoir et quand je me suis retournée, Nichkhun y était assis. Je ne l’avais pas entendu ni entré, ni s’asseoir et le voir si près de moi m’a surprise. J’en ai échappé les deux parties amovibles des cafetières que je tenais dans les mains. Aish ! … Ma maladresse et moi ne faisions qu’un. Je ne pouvais pas être fâchée contre lui par contre : il portait la chemise que je lui avais offerte. Je lui ai quand même donné un coup sur l’épaule pour évacuer ma petite frustration. Il ne me prit pas du tout au sérieux et me demanda de lui servir un café. Avant de m’exécuter, je l’ai fixé longuement. J’étais certaine qu’il m’avait dit qu’il travaillait aujourd’hui. Étais-je folle ? Avais-je halluciné cette information ? Il me semblait que non. Il m’avait bel et bien affirmé qu’il n’était pas en congé aujourd’hui, pourtant. Ou peut-être était-ce mon frère qui m'avait dit qu'ils allaient travailler ensemble aujourd'hui? « Qu'est-ce que tu fais ici? ... Ce n'est pas que je n'ai pas envie de te voir, mais tu n'es pas sensé travailler? » Je n'aimais pas quand il manquait des journées de travail. C'est vrai qu'il n'avait pas l'air très en forme, mais c'était probablement parce qu'il avait trop fêté la veille. Contrairement à moi qui se couche à 21h après avoir regardé des épisodes de pokémon, lui il sort et fête toute la nuit. Je me retournée pendant qu'il me répondait et lui servi son café. J'étais à peu près certaine qu'il allait me dire qu'il avait congé... J'ai attendu patiemment sa réponse.

Nichkhun avait encore décidé de ne pas aller travailler. J'étais toujours de dos à lui quand il me répondit et je tentai de ne pas laisser transparaître ma déception. J'ai simplement soupiré. Je n'ai pas réagit plus que ça. Je ne suis pas sa mère après tout! S'il veut faire l'imbécile et fêter toute la nuit (parce que oui, je savais que c'était ce qu'il avait fait) qu'il le fasse! Je ne suis pas là pour le ramener sur le droit chemin, j'en ai marre de le faire. Il n'ajouta rien de plus et ne donna pas d'explications sur les raisons qui l'ont poussé à ne pas se présenter sur son lieu de travail. Je ne lui ai pas non plus demander. Je savais que ses raisons allaient être ridicules et je n'avais pas envie d'être encore plus découragée par son attitude que je l'étais déjà. Sans lui demander ce qu'il voulait dans son café, j'y mis deux sucres et un lait, comme il le prenait tout le temps. Depuis que ma mère est malade, je n'avais plus beaucoup de temps à consacrer à Nichkhun et il était devenu un client régulier. Je connaissais donc ses goûts en matière de café et de nourriture et il n'avait jamais besoin de me le demander et je lui servais ce qu'il voulait.

Je déposai son café et m'appuyai sur le comptoir pour discuter avec lui. Le café était très calme à cette heure-ci et je n'avais pas de client à servir. J'avais donc un peu de temps à lui consacrer. Il me demanda comment j'avais passé ma soirée d'hier et je lui répondis. J'eus encore la larme à l'oeil quand je lui racontai l'épisode que j'avais vu la veille. Au moment où je terminai mon histoire, des clients entrèrent et je dus aller prendre leur commande. Alors que je me retournai vers le comptoir, je vis Nichkhun, debout, qui discutait avec une grosse garce. Je fronçai les sourcils. Oui, je crois que j'étais jalouse. Un tout petit peu. À peine. Je me suis vite dirigée vers Nichkhun. «Où tu vas?» lui ai-je demandé, mais ça n'a pas sonné comme une question. Je le saisi par les épaules et l'obligea à se rasseoir au comptoir. De toute façon, il n'avait même pas payé son café. Rapidement, je donnai l'addition à la pétasse qui avait osé adressé la parole à Nichkhun. Ce dernier m'a alors demandé si j'avais bien dormi. Je lui répondis oui, sans plus d'explications. Je lavai le comptoir en me demandant comment est-ce que je pourrais discuter avec lui sans que la conversation tourne vers ce qu'il avait fait hier soir. Il me demanda alors quelle était ma couleur préférée. «Pourquoi est-ce que tu te demandais quelle était ma couleur préférée ce matin?!» lui ai-je demandé en premier. Ce n'était pas le genre de questions que je me posais à son sujet. Ou peut-être que si. Je dus avouer que ça m'intéressait de savoir quelle était la sienne. «C'est le jaune.» ai-je répondu. «Jaune comme les poussins et les citrons.» C'était un ajout complètement inutile. Nichkhun savait ce qu'était la jaune, mais il m'arrive trop souvent de dire n'importe quoi pour que je puisse retenir ce commentaire inutile. Un couple vint payer leur facture à la caisse et les remerciai d'être venu. Le café étant très tranquille, je pus enfin aller m'asseoir à côté de Nichkhun et je ne pus m'empêcher de lui demander : «La tienne, ta couleur préférée, c'est quoi?» J'espérais de tout coeur que la conversation n'allait pas dériver vers ses conquêtes et ses soirées de débauche dont je ne voulais vraiment pas parler avec lui. Je lui fis un sourire innocent...

«Tout ce qui est vif me donne mal à la tête.» Mon regard s'est tout de suite posée sur la chemise que je lui avais offerte. Dans le genre vive, elle était imbattable. Jaune, rouge et orange, voilà les couleurs qui la composait. Je tournai la tête vers la fenêtre et posai mon regard sur le lampadaire. Un long poteau de métal. J'eus une soudaine envie de me frapper la tête dessus pour me punir d'être une imbécile. Je lui avais donné une chemise qu'il n'aimait même pas. Comment avais-je pu pensé une seule seconde qu'il l'aimerait? Pour qui est-ce que je me prenais, sa petite amie? J'étais juste la petite soeur de son ami, après tout. Il essaya de se rattraper, je savais qu'il disait n'importe quoi juste pour que je ne le prenne pas mal. Il prit même Pikachu comme exemple en pensant que me parler de Pokémons allait régler la situation. Je n'avais rien à lui répondre. Je n'allais pas l'engueuler parce qu'il n'aimait pas ma chemise, il n'avait qu'à ne pas la porter. Je baissai les yeux vers mes propres vêtements. Il devait adorer ça : c'était noir et blanc. Je détestais porter ça. J'étais plutôt dans le genre vêtements mignons, colorés et souvent fleuris. Porter des pantalons noirs me donnaient l'impression que j'allais à un enterrement et un chandail blanc me donnait l'air malade. Je me levai et retourna derrière mon comptoir. Il pouvait partir maintenant. Qu'il aille passer la journée avec une de ses salopes qui lui offrent des chemises noires, tristes et déprimantes comme la mort. Ça ne prit pas de temps pour que Nichkhun vienne me rejoindre de mon côté. Il s'assit même sur le comptoir, ce que moi-même je me permettais à peine de faire quand le café était fermé. «Yah!» me suis-je exclamée, je commençais à me fâché, mais je n'avais pas envie de me chicaner avec lui. Pas devant les clients. J'ai levé les yeux au ciel et abandonna aussi facilement que ça. Nichkhun changea complètement de sujet. «Hey j’ai entendu ta chanson préférée hier!» Ouais, c'est ça. Parce que tu connais ma chanson préférée, ai-je pensé sans oser le dire. Il se mit à lui raconter qu'une fille la chantait au karaoké. Façon subtile de dire qu'il avait vu une belle fille et qu'il voulait absolument m'en parler. Est-ce que j'ai l'air d'un de ses potes, sérieusement? Pourquoi il ne va pas en parler avec mon frère qui va se faire un plaisir de commenter ses aventures. Il continua son histoire en ajoutant que la fille me ressemblait, mais qu'elle avait des plus gros seins que les miens. Je pris le premier objet à ma portée, soit une fourchette, et lui planta dans la cuisse. Quel crétin. C'est vraiment une merveilleuse façon de me rappeler que je n'ai pas de seins. Merci à ma mère de m'avoir légué ce gène merveilleux qui empêche ma poitrine de se développer. Je regrettai tout de suite ce que je venais de penser. Ma mère souffre atrocement. Ma mère est une personne merveilleuse. Les larmes me montèrent aux yeux et je ne pus retenir un sanglot. J'entendis Nichkhun descendre du comptoir et je me demandai s'il parfait enfin... mais non. Il se retrouva face à moi et me serra contre lui. Je fermai les yeux et je me mis à pleurer. J'enfouis mon visage dans le creux de son épaule, mais n'y restai pas longtemps. Moins d'une minute après qu'il m'ait pris dans ses bras, je le repoussai. Ce n'était tellement pas professionnel de ma part de pleurer devant les clients. J'essuyai rapidement mes larmes et décida qu'il me fallait une occupation. Je me penchai vers le petit réfrigérateur qui se trouvait sous le comptoir et en sortit quelques légumes et un peu de jambon. J'allais faire un sandwich. Il en manquait justement dans le présentoir. Je me dirigeai vers le comptoir du fond du café où je faisais à manger. Je déposai la tomate violemment sur la planche à découper. «Les tomates, c'est tellement joli comme légume-fruit. C'est rouge. Une magnifique couleur vive.» J'ai appuyé sur mes mots de façon exagérée. «Ça rend heureux. T'sais quand c'est beau la vie, c'est des tomates! Qui voudrait d'un légume noir, c'est dégoutant!» m'exclamai-je. Je ne pleurais plus, mais pour m'empêcher de recommencer, je disais un peu n'importe quoi. C'était toujours ma façon de ne pas montrer mes vraies émotions. C'était un peu raté, mais au moins j'étais de dos à Nichkhun et aux clients, ce qui les empêchait de voir les émotions défiler dans mon visage...

Nichkhun partit. Sans un mot et en claquant la porte du café. Je laissai tomber mon couteau et abandonna la pauvre tomate qui avait souffert entre mes mains. Je regardai par la grande fenêtre du café et vit Nichkhun s'éloigner. J'essuyai la larme qui menaçait de couler et pris une grande respiration. Je remis un sourire sur mon visage, comme si rien ne s'était passé et allai desservir les tables des clients qui avaient terminé. J'ai fait payer quelques personnes puis il n'est resté que trois jeunes filles dans le coin du café. J'avais toujours des sandwichs à faire, pour de vrai cette fois, sans détruire des tomates alors je retournai à mon poste. Alors que je me suis remise à couper, j'ai vu du coin de l'oeil Nichkhun entrer à nouveau et s'installer au comptoir. Je fis comme si de rien n'était et attendit qu'il parle ou qu'il parte. Bref, je n'allais certainement pas aller vers lui. Je coupai la tomate de façon adéquate cette fois et plaça ce que je coupais entre deux tranches de pains avec un peu de mayonnaise et du jambon. Je plaçai ensuite les sandwiches coupés entre triangles dans le présentoir réfrigéré. Quand j'eus fini, je me demandai ce que j'allais bien pouvoir faire pour ignorer Nichkhun encore un peu. Je devais me trouver une occupation. Heureusement, un client entra dans le café. Je ne connaissais pas son nom, mais je l'avais déjà vu souvent auparavant. Il commanda deux cafés que je lui préparai tout de suite. Quand je les déposa devant lui, il en poussa un vers moi et m'invita à le boire avec lui. Je rougis et baissai la tête. J'étais à le fois heureuse et mal à l'aise qu'un beau garçon m'invite à boire un café avec lui. J'allais accepter quand il a reçu un savon en plein visage. Je cherchai des yeux l'auteur de cette attaque pour voir Nichkhun qui lui lançait un regard méprisant. Qu'est-ce qu'il lui prenait!? Est-ce qu'il connaissait l'autre jeune homme? Parce qu'il ne pouvait pas l'attaquer simplement parce qu'il m'avait invité à boire un café. Mon "ami" se mit à raconter tout un tas d'imbécilité sur un talisman africain et un pouvoir maléfique. Je ne comprenais rien à ce qu'il disait, mais celui qui m'avait invité sortit du café sans avoir l'air d'être fâché contre Nichkhun. Ce dernier s'empara du café que j'avais servi pour poussa l'autre vers moi. Mon visage était de marbre. Je n'affichai aucune expression, mais repris le café dont Nichkhun s'était emparé. «Avant de prendre ce café, commence donc par me payer le premier.» ai-je simplement dit en déposant les deux tasses derrière moi. Il avait commencé par partir sans payer puis avait fait fuir un client qui n'avait pas payé lui non plus. Bref, il me devait de l'argent pour 3 cafés. Est-ce que son but de la journée était de gâcher ma journée parce qu'il semblait qu'il faisait tout me rendre agressive depuis qu'il était entré. «Pour que tu puisses me payer, il faudrait par contre que tu ailles travailler.» ai-je ajouté. «Pourquoi t'es encore ici?» lui ai-je demandé sans attendre de réaction de sa part. «Je travaille, moi! Je n'ai pas le temps de m'occuper de toi.» Je n'avais aucune l'envie ni le temps de jouer à la mère avec lui, de l'éduquer, de lui apprendre les bonnes manières et de lui donner un couvre-feu. «Ne lance plus jamais d'objet sur mes clients.» ai-je simplement dit, lui tournant encore une fois le dos pour vider les deux tasses dans l'évier près de la planche à découper.

Nichkhun ne s'est même pas excusé. C'est ce qui m'a frappé en premier lorsqu'il s'est mis à parler. Qu'est-ce qui avait de si difficile à avouer ses torts? J'ai été un imbécile, Hyun Ae, excuse-moi. Voilà. Je l'aurais pardonné, ça aurait été simple et parfait. Mais non. Il fallait qu'il se mette à déblatérer pour éviter le sujet. Il me posait des questions et changeait d'avis tout de suite sans me laisser le temps de répondre et me disait de ne pas répondre. Bref, je ne plaçais pas un mot. J'enfouis encore une fois mon visage dans mes mains et poussa un bruyant soupir. Quel crétin. Pourquoi est-ce que mon frère était ami avec lui en premier lieu? Mon frère, si gentil, si drôle, si adorable était ami avec un imbécile. J'étais bien décidée de ne pas lui en vouloir et de laisser tomber, quand il a fini par s'excuser. J'ai levé la tête vers lui. Je dus avouer que j'étais un peu confuse de sa soudaine bipolarité. J'étais encore en train d'analyser ses premiers mots, soit : « Bon tu as raison, je suis un imbécile. » quand il a terminé de me proposer des solutions pour se rattraper. Je n'avais pas bougé. J'étais droite, la tête légèrement penchée sur la côté, les mains sur les hanches. Je ne comprenais pas vraiment ce qui venait de se passer et surtout, son soudain changement de sujet de personnalité. Je devais ressembler à un mannequin étrange avec une expression de surprise sur le visage. C'était à mon tour de ne plus pouvoir répondre. Ça va, je te pardonne. Tu n'as pas à te rattraper. C'était simple et facile comme tout non?! Et pourtant, je n'y arrivais pas. Il se frappa la tête sur le comptoir et j'ai sursauté. Je me massai le front avec mes mains, tout cela m'avait donné mal à la tête. « Je ne t’embêterai pas plus longtemps, bonne journée » Je n'eus pas le temps de le retenir qu'il sortit du café. Je m'en voulais terriblement de ne pas l'avoir retenu. Je me servi un verre d'eau et quand je me retournai vers la rue, je le vis. Il était accroupi et se frappait encore la tête. Je souris. Il était trop mignon. À cet instant, je fus attendrie. Je n'aurais pas dû, mais je le pardonnai instantanément. Je sortis mon téléphone cellulaire de ma poche et cherchai Nichkhun Oppa dans mes contacts. J'appuyais sur suivant pour lui envoyer un message texte. « Joaheyo » ai-je écris. Je l'aimais quand même. Nichkhun pouvait être une grosse andouille la majorité du temps, il restait un de mes meilleurs amis. J'avais grandi avec lui et je savais au plus profond de moi que même s'il me faisait les pires coups du monde, j'allais toujours l'aimer...