Regarde-moi !

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Regarde-moi !

Yu Na était assise par terre, dans le minuscule salon du petit appartement où son père et elle vivait. Sur un pouf coloré, la fillette avait déposé Wany, son panda en peluche, et avec beaucoup d’application, elle avait « préparé du thé » et des petits gâteaux imaginaires. Sa voix fluette s’élevait dans un babillage ininterrompu auquel Wany répondait de façon toute silencieuse. De quoi elle parlait ? De tout mais surtout de rien ! Du beau temps, de la chaleur, de sa nouvelle jupe rose qui tournait, du fait que le thé et les gâteaux étaient vraiment délicieux aussi ! Et visiblement, la conversation lui convenait tout à fait.

Papa était assit dans le canapé, un stylo dans une main et des feuilles déjà bien noircies sous les yeux. Il était comme Wany : silencieux. De temps en temps, Yu se tournait vers son père pour lui tendre un biscuit imaginaire ou une tasse de dinette que Tae Wan finissait par prendre en lui affirmant que c’était fameux ! Ca faisait le bonheur de Yu Na qui rosissait de plaisir avant d’en revenir inlassablement à son panda. Les enfants étaient formidables quand il s’agissait de s’amuser avec trois fois rien pendant un temps infini…

Néanmoins, alors que son ventre commence à réclamer quelque chose d’un peu plus consistant, Yu Na commence à se désintéresser de peluche, faisant de plus en plus participer son père qui, parallèlement, semblerait souhaiter qu’elle l’oubli le temps qu’il finisse ce qu’il fait. Mais si les enfants peuvent concentrer longuement leur attention sur une activité qui leur plaît, une fois que ce n’est plus le cas… Leur patience n’est souvent pas bien fameuse ! De fait, la fillette se remet debout, grimpant sur le canapé pour venir se coller contre son père, silencieuse, observant la main adroite qui vient ajouter quelque chose sur la copie.

Finalement, Yu pose sa tête contre l’épaule paternelle, tentant de gagner un peu une attention qui pour le moment est plutôt tournée vers… Des devoirs ? Comme elle à l’école ? Papa avait dit qu’il allait retourner à l’école à la rentrée non ? Comme elle. Il était fou ! Il avait le droit de ne plus y aller et pourtant, il le faisait ! Elle quand elle serait grande, elle n’irait plus à l’école du tout et elle resterait avec papa et Wany toute la journée à la maison. Bon plan. Très bon plan même !

En tout cas, elle n’a pas plus l’attention de son père alors venant pointer une phrase au hasard, sa petite voix enjouée demande :

- Il y a écrit quoi là ?

Puis en montrant une autre et encore une autre :

- Et là ? Et là ?

Yu Na vient chercher à tourner la page pour voir ce qu’il y a derrière tout en demandant encore, inépuisable quand il s’agissait de poser des questions presque juste pour faire tourner en bourrique son père ;

- Il y a des images ? Et des dessins ? C’est pour ton école ? Pour ta maîtresse ?

Yu tire un peu plus fort sur la page alors que son père écrit, visiblement décidé à récupérer toute son attention d’une manière ou d’une autre… Elle voulait son père, elle avait un peu faim, soif aussi… Et elle voulait des câlins ou jouer avec papa. Ne comprenait il pas ?

- On mange quand ? J’ai soif.

Yu vient ramener une mèche de cheveux derrière son épaule avant de venir détacher le nœud qui les retenait en queue de chevale. Elle reste assise à le regard, le tripatouillant un instant avant de ramener en avant ses cheveux long pour les regarder comme si elle allait y trouver quelque chose de spéciale. Finalement elle relâche le tout pour se reconcentrer sur papa, ignorant un peu ce qu’il pouvait bien dire pour essayer de grimper sur ses genoux, lui tournant le dos, marchant un peu sur ses papiers avec ses petits souliers.

- Tu attaches mes cheveux ? Ca me gêne…

Yu Na a un petit soupire, se laissant un peu tomber contre son père en prenant autant de place qu’elle le peut. Inutile de dire que pour l’instant elle était encore « subtile », douce et délicate… Mais que si elle faisait choux blancs, les larmes s’en mêleraient et potentiellement les cris, aussi. Capricieuse ? Un peu… Beaucoup… Mais ça faisait au moins quarante six jours que papa travaillait ! Oui ! Tout ça !!

Et comme la petite fille qu’elle était, sachant bien qu’elle était en train de déranger son père, elle a une petite voix mielleuse et pleine de tendre innocente alors qu’elle ajoute avec une malice des plus enfantine :

- Mais je t’aime moi papa.

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Confortablement posé dans le canapé de son petit salon -ou du moins, il se plaisait à le croire-, Tae Wan était en mode multitâche, sans que ça ne paraisse pour autant. C'est le genre de talent qu'on apprend à développer avec l'âge... ou plutôt, avec les responsabilités, dépendant d'à quoi ces dites responsabilités ont l'air. Celles de Tae étaient immenses, lui semblait-il parfois et il vivait avec. D'ailleurs, présentement, alors qu'il aurait dût être sagement posé dans un coin de sa chambre à faire ce devoir de mathématiques un peu trop complexe pour être résolu de façon confortable, attendant que sa mère l'appelle pour l'avertir que le souper était prêt, il restait là, dans ce canapé au confort douteux, le regard à moitié posé sur sa feuille, à moitié sur sa fille. Une jolie fillette de six ans était effectivement en train de jouer à la table basse de la pièce, juste devant lui, faisant goûter le thé à son ours en peluche. Ou plutôt, dans le cas précis, à son panda en peluche.

Un petit sourire étirait parfois les lèvres de Tae Wan lorsque, au milieu de ce long monologue sans fin avec « Wany », son bébé disait quelque chose qui l'amusait. Néanmoins, il reprenait rapidement son air bien sérieux lorsqu'elle se tournait vers lui, histoire de ne pas l'encourager à venir le déconcentrer ! Il aurait probablement tout donné pour aller jouer avec sa fille présentement. Entre les mathématiques et le jeu du thé, à tout prendre, il préférait encore que sa fille lui mette une couronne sur la tête et le force à être son prince plutôt qu'à résoudre ce qui, selon lui, ne lui serverait strictement à rien dans la profession qu'il visait. Hélas, c'était les durs aléas de la vie d'étudiant. Le retour à l'école n'était pas simple et, pour ce second semestre, c'était d'autant plus difficile que le premier, il l'avait fait trois ans plus tôt. Il avait oublié la moitié de ce qu'il avait appris... mais heureusement, il avait toujours les notes de son premier semestre qu'il pouvait fréquemment retourner consulter. Amen pour son côté maniaque qui le forçait à tout bien ranger et garder « au cas où » !

Quoi qu'il en soit, il retrouvait déjà le plaisir d'étudier. Peut-être que c'était cette longue absence forcée des bancs de l'école qui l'avait rendue aussi assoiffé de connaissance ! Pour être sincère, il n'avait plus cru pouvoir y retourner. Sa mère avait bien offert de l'aider un moment, Mais Tae Wan désirait être complètement indépendant. Maintenant qu'il avait sa fille avec lui, il ne pouvait se permettre de jouer de la charité, que ça vienne de qui que ce soit. C'était une question d'autonomie, parce qu'on s'assurerait qu'il savait s'occuper de son enfant malgré son âge, que ce soit la protection de la jeunesse ou l'opinion des gens autour de lui tout simplement. Et pour ceux qui croyaient que ça ne comptait pas... eh bien, ils n'avaient vraisemblablement jamais été dans sa situation, voilà tout ! Et voir sa petite qui, présentement, jouait comme si tous leurs soucis n'existaient pas, c'était le plus beau cadeau qu'on aurait pu lui faire. Il faisait son possible pour que Yu Na n'ait pas conscience de la pauvreté dans laquelle ils vivaient. Ses vêtements étaient de seconde main, mais joli. Parfois reprisé, mais il faisait ça si bien que ça se voyait à peine ! Et elle souriait à nouveau...

D'ailleurs, cette quiétude était trop belle pour durer ! Yu Na était devenu une petite fillette débordante d'énergie, ce qu'elle n'était pas à son arrivée chez lui. Même que ça l'avait tué de voir son enfant ayant si peur de lui aussitôt qu'il réprimandait un petit peu. Il en avait pleuré de longues nuits en solitaire... jusqu'à ce qu'il comprenne qu'il valait mieux aller prendre une petite place dans le lit de Yu Na pour la serrer tout contre lui en laissant ses émotions se calmer doucement. Celles de sa petite puce aussi en avaient fait de même et à présent, elle était souriante et bonne vivante... Trop !!! D'ailleurs, après que Wany ait perdu tout intérêt aux yeux de Yu Na, c'était à lui d'en payer les frais... et à sa belle concentration, surtout. Le jeune homme commence par ignorer la fillette, peut-être dans le but que ça se calme. Ou du moins, il ne lui accorde pas autant d'importance qu'à l'ordinaire, lui répondant presque machinalement alors qu'elle lui demande ce qui est écrit là, là, là, là...

Et ça continue. Alors, finalement, Tae Wan relève la tête tout en poussant un long soupir qui n'augure rien de bon pour la fillette !

YU NA ▬ Il y a des images ? Et des dessins ? C’est pour ton école ? Pour ta maîtresse ?
TAE WAN ▬ Non, il n'y a pas d'images, Yu. Arrête, tu vas déchirer mes devoirs.

Il prend sa voix de papa presque frustré, mais ça ne fonctionne visiblement pas... Mais au moins, Yu Na se tait, recommençant à s'intéresser à autre chose qu'à lui. Bien. Il adorait sa fillette, mais parfois, il l'aurait bien mis à « off », histoire de pouvoir travailler un peu ! Voilà le genre de commentaire qu'il ne ferait jamais devant qui que ce soit, histoire qu'on ne l'accuse pas d'être un père indigne... Naturellement, la petite n'a pas dit son dernier mot. Tae Wan se surprend souvent lui-même à voir à quel point il peut être bête à espérer en vain pour ce genre de chose ! Et après avoir elle-même détaché ses cheveux...

YU NA ▬ Tu attaches mes cheveux ? Ca me gêne…

Tae Wan peste sous cape, histoire que sa fille n'entende rien. Mais l'irritation était là néanmoins et le regard qu'il lui renvoie est éloquent. Ça l'est d'autant plus lorsqu'elle commence à piétiner ses feuilles de cours ! Finalement, le jeune père prend la petit pour la poser un peu plus loin sur le canapé, déjà prêt à gronder. Il repousse ses feuilles... et au même moment, Yu Na revient contre lui, assurant :

YU NA ▬ Mais je t’aime moi papa.

Un long soupir franchit le seuil des lèvres d'un Tae Wan qui, malgré tout, ne se sent soudainement plus aussi frustré. Vile petite manipulatrice... Mais c'était bien lui le fautif : il se laissait prendre trop facilement à son petit jeu des émotions ! Quelle enfant intenable... Et dieu qu'il l'aimait ! Le jeune homme glisse ses bras autour de la silhouette minuscule -lui semble-t-il !- de son bébé, l'attirant sur ses cuisses pour la serrer tout contre lui. Quel petit monstre, c'était à peine croyable ! Certes, il s'était fait prendre à son jeu tout seul. Néanmoins, il n'en oublie pas son autorité paternelle, histoire de ne pas en faire un vrai monstre de caprices plus tard !

TAE WAN ▬ Qu'est-ce que papa est en train de faire, Yu ? J'étudie. Tu ne peux pas jouer avec Wany une petite demi-heure encore ? C'est trente minute, mon bébé. Quand la grande aiguille de l'horloge va être sur le huit. Ce n'est pas très long.

Tu parles... pour un enfant, c'était l'éternité, oui. Et de ça, Tae Wan est fort conscient. Or, il aurait drôlement eu besoin de ce moment, lui... Vraisemblablement, il allait devoir faire sans et continuer lorsque son bébé allait être au lit. De toute façon, n'avait-elle pas stipulé qu'elle avait faim ? Elle aurait très bien pu inventer pour avoir son attention, mais vu l'heure, c'était plus que probable. Finalement, cédant presque complètement, Tae Wan saisit l'élastique que la petite avait retiré de ses cheveux un peu plus tôt. Il étire la main pour prendre la petite brosse à cheveux qui était posée sur la table basse du salon, là où elle n'aurait pas dût être, mais visiblement, Wany le panda avait eu besoin de se démêler les cheveux, bien sûr.

Avec tendresse, l'homme démêle les longs cheveux soyeux de son bébé. Il n'allait jamais les couper ! Oui bon... C'est ce qu'il disait là, mais il y avait fort à parier que lorsque Yu Na allait vouloir les avoir plus court, il allait céder. Après tout, ce doit être un peu chiant pour jouer, forcément... Mais pour le moment, elle semblait aimer ses longs cheveux de princesse !

TAE WAN ▬ Je t'ai déjà dit de ne pas défaire ta coiffure pendant la journée, mon ange.

Et finalement, sur ces dernières réprimandes, le jeune homme attache les cheveux de la petite avant de poser la brosse à nouveau sur la table basse. Il range comme il le peut les feuilles de son devoir dans son livre de cours, alors que Yu gigote sur lui. Et finalement, il la prend dans ses bras pour se lever, la faisant passer sur une de ses hanches pour se diriger vers la cuisine.

TAE WAN ▬ Qu'est-ce que la petite princesse pourrait manger pour calmer sa fringale, hm, hm...

L'homme rigole doucement tout en chatouillant les côtes de son bébé, la tenant fermement pour qu'elle ne tombe pas au sol. C'est le genre de considération qu'un enfant n'a pas... et il faut y penser pour eux !

TAE WAN ▬ Peut-être un arc-en-ciel !

Tae Wan dépose la petite sur le comptoir, lui faisant signe de ne pas bouger. C'était le genre de chose qu'il faisait souvent pour que Yu Na voit bien lorsqu'il préparait ses collations. Ça lui évitait de poser deux millions de « Qu'est-ce que tu fais, papa ? » et ça contentait donc les deux partis ! L'homme ouvre le frigo pour sortir une pomme, des raisins mauves sans noyau et une brique de fromage blanc.

TAE WAN ▬ Quelles sont les deux couleurs à chaque bout d'un arc-en-ciel, ma chérie ?

Ce disant, Tae Wan montre la pomme et les raisins à la petite avant de désigner le fromage.

TAE WAN ▬ Et il y a toujours des nuages dans le ciel ! On va prendre ta jolie assiette bleu et ça sera le ciel ! D'accord ?

L'art d'être un père 101 : comment faire manger des trucs bons pour la santé à son enfant en une leçon simple !

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Au début, il faut bien le reconnaître, ce n’était pas gagné… Papa avait semblé complètement absorbé par ce qu’il faisait et l’attention qu’il lui avait octroyée était toute limitée. « Heureusement », Yu Na n’était pas le genre de fillette à se décourager pour si peu et ce n’étaient pas non plus les regards de désapprobation qui en disaient long qui l’avait arrêté. Yu voulait son père, elle le voulait maintenant et elle l’aurait ! Et si pour ça elle devait ensuite pleurer ou crier… Hé bien très bien, elle était d’accord !

Non elle n’était pas toujours aussi capricieuse… Bien qu’elle soit pourvue d’un sacré caractère ! Mais parler à une peluche commençait à la fatiguer, il fallait le reconnaître. Et puis le seul qui lui répondait sincèrement là… C’était son estomac. Et la faim, quand on a six ans, ça ne pardonne pas. C’était comme la fatigue : elle exacerbait le pire côté des enfants ! Ils trépignaient, chignaient, pleuraient et faisait des caprices jusqu’à ce qu’ils aient un peu récupéré et qu’ils soient frais et dispos.

- Non, il n'y a pas d'images, Yu. Arrête, tu vas déchirer mes devoirs.

Mais Yu n’écoute pas, évidemment. Et le ton de réprimande de son père n’y change toujours rien… Le chouchou finit autour de son poignet, comme un joli bracelet coloré et son père finit par la prendre à bras pour… La déposer plus loin sur le canapé ! Yu a une petite exclamation piquée, revenant près de son petit papa qui finalement, baisse les armes. Quand il y avait un bras de fer quelconque entre eux, difficile pour papa de gagner s’il ne mettait pas un bon coup de frein très très vite. Enfin bien sûr, ça dépendait de l’état d’excitation de Yu Na… Mais présentement, ces molles réactions n’entamaient pas le moins du monde la détermination de la petite fille.

Et voilà qu’elle gagne tout à fait non ? Tae Wan vient la prendre sur ses cuisses, la câlinant, et Yu Na laisse sa tête reposer une seconde contre le torse de son père, poussant un petit soupire d’aise et de satisfaction. Là, juste là… C’était le meilleur endroit du monde. Elle était en sécurité entre ces bras qui l’étreignait et si ça n’avait pas toujours été évident pour elle, à présent ça l’était. Maman était très loin de son esprit et son père était le meilleur des princes charmant, capable de faire disparaître le moindre bobo d’un baiser ou d’un câlin.

- Qu'est-ce que papa est en train de faire, Yu ? J'étudie. Tu ne peux pas jouer avec Wany une petite demi-heure encore ? C'est trente minutes, mon bébé. Quand la grande aiguille de l'horloge va être sur le huit. Ce n'est pas très long.

Les yeux de Yu Na remontent jusqu’à l’horloge pour observer les aiguilles. Elle cherche le numéro huit, comme s’il avait pu changer de place depuis la dernière fois qu’elle avait regardé et une fois trouvé, elle a une petite exclamation enfantine de dépit. C’était loin. Trop loin !

- Mais j’ai envie d’être avec toi moi.

Et même si ça faisait très caprice, c’était au moins la stricte vérité. Arriverait sans doute un jour l’adolescence et ses affres ou Yu ne voudrait plus avoir son père en permanence sur le dos évidemment… Mais pour le moment elle était encore la petite princesse de son papa et n’était pas disposé à couper le cordon.

Finalement, son père vient commencer à lui démêler les cheveux et Yu ne bouge plus, se laissant faire. Elle adorait que son père la coiffe ! C’était agréable et au moins l’homme n’était concentré que sur elle ! Du moins en théorie !

- Je t'ai déjà dit de ne pas défaire ta coiffure pendant la journée, mon ange.

Yu Na acquiesce tout en affirmant néanmoins :

- Ca s’est défait tout seul.

Oui… Enfin… Oui. Tout seul quoi. Presque sans aide, ok ? Le chouchou sur son poignet est retiré et Yu fait un peu la grimace alors que son père tire un peu sur sa queue de cheval pour le nouer. Elle porte une main à sa tête comme pour retenir ses cheveux des fois que papa les arracherait par mégarde mais non ! Et un instant plus tard, la voilà dans les bras de son père qui est debout ! Victoire totale là non ?

- Qu'est-ce que la petite princesse pourrait manger pour calmer sa fringale, hm, hm...

Yu Na a un petit cri de joie et de bonne humeur, frappant une brève seconde dans ses mains comme pour encourager son père qui parle de goûter. Son petit estomac se fait légèrement entendre, la faisant rire. Rire qui prend des intonations fortes et aigues tandis que son père vient la chatouiller, la faisant se trémousser au milieu de ses éclats de rire, au risque de chuter par mégarde. Mais papa ne l’avait jamais lâché ni laissé tomber, donc aucun risque assurément ! Elle avait une confiance aveugle et d’ailleurs, il ne lui venait même pas à l’esprit qu’elle pouvait effectivement se casser la figure !

Néanmoins toutes les bonnes choses ont une fin ! La voilà assise sur le comptoir et là par contre, elle avait déjà faillit tomber et eu très peur !! Papa aussi avait eu peur cette fois là et depuis, elle ne bronchait plus trop, se contentant de voir les choses depuis sa place. C’était encore plus facile comme ça que par terre, sur la pointe des pieds pour être sûre de bien voir ce qui se passait sur le plan de travail hein !

- Peut-être un arc-en-ciel !

Un petit « hooo ! » admiratif franchit les lèvres de Yu alors que son papa lui propose carrément un arc-en-ciel ! Mais papa avait toujours de riches idées quand il fallait manger ! Yu adorait particulièrement quand il venait dessiner avec la sauve des plats ou les petits légumes. Ca ne les rendait pas meilleurs et parfois ça ne suffisait pas à la convaincre de les manger, mais en règle général ça aidait quand même beaucoup, fallait le reconnaître !

- Quelles sont les deux couleurs à chaque bout d'un arc-en-ciel, ma chérie ?

Et c’est avec la conviction de son jeune âge que Yu s’exclame aussitôt :

- Veeeeeeeert !

Sauf que lorsque son père lui montre la pomme et le raison, elle a un vrai air étonné et déboussolé. Pas de vert ! Yu tend une main pour prendre un petit raison qu’elle vient glisser avec gourmandise entre ses lèvres, ses joues rosissant instantanément de plaisir alors qu’elle fait un grand sourire à son père, rectifiant donc le tir :

- Rouge et violet !

Et quand même, par acquit de conscience, presque soucieuse, elle demande :

- Mais il y a du vert aussi ?

En tout cas, d’après papa, il y aurait le ciel et les nuages avec son assiette et du fromage blanc. D’ailleurs, la fillette a une petite grimace pour le dit fromage blanc, réclamant :

- Tu va mettre du chocolat dedans ?

C’était meilleur avec le chocolat hein ! Et sa gourmandise toute entière suppliait là ! Et puis aussi, sans doute plus prise par le jeu de son père que par un réel intérêt de voir manger son père, elle s’enquiert :

- Tu vas manger quoi toi ?

Yu vient essuyer ses mains sur sa blouse bien qu’elles ne soient pas sales, par réflexe alors qu’elle aimerait bien aller retaper dans le raisin ! Et finalement elle affirme aussi :

- J’ai soif…

Un jus d’orange se serait bien hein… Ou un chocolat froid ? Ou… Ou…

- De la menthe ! Du sirop ! S’il te plaît ! Avec des gros glaçons !

Ouais, Yu Na carburerait au sucre si on la laissait faire ! Mais elle était loin d’être épaisse ! La biologie, son dynamisme et surtout la surveillance de papa jouait pour beaucoup à ce sujet ! Yu attrape une cuillère qui est posée sur le comptoir pour jouer avec pendant que son père préparer et elle continu de bavarder avec son père :

- Pourquoi tu fais des devoirs pendant les vacances ? Tu es puni ?

Yu semble soudainement très intéressé par la question… Forcément, compte tenu du fait que pour elle, papa c’était un peu Dieu, pouvait on réellement le punir ? Et puis une dernière question qui l’intéressait beaucoup avec la chaleur estivale :

- On va aller à la plage ? Tu vas m’apprendre à nager dis ?

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