Il y a des journées comme ça où nos périodes de down sont un peu plus fortes que les autres. Il y a aussi des journées comme ça où on pense que ça serait intelligent de noyer tout cela dans un peu, ou beaucoup d’alcool. Cette pensée (pas nécessairement rationnelle) voguant librement dans ma petite tête de personne troublée, j’ai donc décidé sur un coup de tête de sortir, cette journée-là, et d’aller m’amuser au Cima.
Je ne saurais pas trop dire pourquoi je me sentais ainsi. Ça a commencé parce que j’ai essayé de prendre des belles photos, qui étaient toujours ruinées par un facteur environnemental quelconque : trop de soleil, trop de neige, trop de vent. Et après ça… je sais pas, j’ai raté mon souper, je me suis fait mal au genou en trébuchant à cause de la table de la cuisine. Journée de merde, vie de merde, ugHHH !! Au moins mon genou ne faisait plus mal, j’allais seulement avoir une ecchymose désagréable.
Bref, 23 heures. Me voici donc à l’extérieur, accompagné de mon téléphone cellulaire et de mon portefeuille, en cette froide et neigeuse soirée de janvier. Quelle idée aussi de vouloir flamber tout son argent dans de l’alcool alors qu’il fait -20 degrés Celsius à l’extérieur, et à moins d’une semaine de son anniversaire ! Vêtu d’un léger manteau (« carpe diem », comme disent les artistes), et sous celui-ci d’une veste noire et d’un simple t-shirt blanc (et des jeans, comme quoi même déprimé on ne se promène pas en boxer dehors), j’ai gambadé mélancoliquement vers le premier bar qui m’est venu à l’esprit, c’est-à-dire le Cima.
J’avais à peine marché quelques pas qu’une cigarette était déjà portée à mes lèvres. C’est fou à quel point ma consommation de nicotine a augmenté depuis mon arrivée à Ulsan. C’était une fois par mois avant, puis une fois aux deux semaines, une fois par semaine, une fois par jour, et maintenant parfois plusieurs fois par jours. Je n’étais pas encore au stade du paquet par jour, heureusement pour moi. Tout comme la photographie, fumer était une sorte d’échappatoire pour moi. C’est une façon de calmer mes pulsions et attendrir chacune des tensions qui était présentes dans mon corps. Froid, pas froid ; il me fallait ma cigarette avant d’aller au Cima, c’était primordial ! J’allais peut-être même fumer là-bas, et après, et avant de me coucher…
Enfin bref. Étant trop fauché pour me payer un taxi, j’ai du évidemment me résoudre à m’y rendre à pied. Dans mon chemin vers le Cima se trouvait le Paradise Circus, et dans ma confusion du moment j’ai d’abord eu l’idée de m’y aventurer. Nah. Sarah ne travaillait peut-être pas aujourd’hui (et puis, si elle travaillait, ça aurait été awkward un peu, non ?), et puis j’étais totalement hors de leur public cible. Qu’est-ce qu’un bon à rien qui n’a rien à foutre du sexe irait faire au Paradise Circus de toute façon ? Gros imbécile Jakub, c’est pas un bar de strip tease…
- NON MAIS ELLES SONT PAS HABILLÉES BEAUCOUP QUAND MÊME UGH !!!
Les quelques passants qui m’ont entendu crié se sont tous retournés, me regardant avec dégoût. Je n’avais pas fait exprès… je pensais réfléchir, mais j’ai réfléchit tout haut. Un peu trop haut. « Ark, check le fou qui se parle tout seul dans rue »
J’ai lancé ma cigarette au sol, frustré. En serrant le poing, j’ai accéléré le pas vers le Cima, pour être plus prêt de mon but de noyade d’émotions que jamais. En chemin, j’ai tout de même rallumé une autre cigarette pour faire passer mon trop plein de colère. Non mais pourquoi ils me jugeaient comme ça ? Ils ont jamais réfléchit à voix haute dans leur vie d’ahjussi et d’ahjumma ?
Heureusement pour moi, avant une morte certaine d’hypothermie ou de cancer des poumons pour avoir fumé à la chaîne, je suis arrivé au Cima assez rapidement. Malheureusement pour moi, je me suis machinalement et immédiatement dirigé vers le bar.
- Trois shooters de vodka et votre bière la plus forte s’il vous plait.
Le barman m’a regardé d’un drôle d’air, mais m’a servi tout de même. J’ai d’abord avalé le premier shooter, avant d’ouvrir ma bière d’une seule main. Aussitôt ouverte, aussitôt j’en avais bu déjà presque la moitié. J’allais peut-être regretter d’avoir bu aussi vite le lendemain matin… contrairement à beaucoup d’hommes, je ne prends pas très bien l’alcool, et un peu de boisson peut me faire énormément d’effets.
J’ai avalé le deuxième shooter.
Déjà, je sentais mes membres s’engourdir un peu. C’est parfait, c’est exactement ce que je voulais. J’ai pris quelques grandes respirations, avant de prendre le troisième shooter, et boire une nouvelle gorgée de bière. Je m’apprêtais à boire le reste de cette bière infecte quand je sentis un coup sec derrière moi, précédé par des cris masculins. Une bagarre ? Un gars qui s’était fait pousser sur moi ? Ce fut suffisant pour me mettre terriblement en colère.
J’ai littéralement engloutit ce qui restait de bière dans ma bouteille de verre, avant de la fracasser sur la tête de la personne qui venait de me heurter. Et là, tout a éclaté : tout le monde s’est sauté dessus, grosse bagarre de fou avec pleins de cris. Les filles se sont enfuies, les hommes les plus peureux aussi ; ceux qui restaient étaient ceux qui se battaient déjà, les plus robustes, et moi.
Bien entendu, je me suis fait massacrer. J’ai quand même quelques talents en taekwondo, mais avec l’alcool que je venais d’ingérer et le peu d’espace vital que j’avais, mes acrobaties étaient presque inutiles. Au final, on s’est tous fait sortir avant que la police débarque. J’avais un œil au beurre noir, des jointures en sang, une petite plaie sur une joue, bref ; la joie ! J’avais presque oublié que j’étais triste.
J’ai glissé sur la glace qui se trouvait à la sortie du Cima et je suis tombé tête première dans un banc de neige. Toute cette neige allait quand même me permettre de me débarrasser du sang et de la saleté qui se trouvait dans mon visage et sur mes mains, donc un point positif pour moi ! Les rires en arrière plan me faisaient bouillir de rage, par contre. J’ai empoigné la première chose que j’ai trouvé, qui s’est avéré être un bloc de glace, et je l’ai lancé de toute mes forces en direction des types qui se moquaient de moi (et qui était également, non par coïncidence, ceux qui m’avait mit dans cet état physique). Le bloc de glace est atterrit à un mètre d’eux, étant trop loin pour pouvoir les atteindre à coup sûr.
- C’est pas grave, un jour je vais les revoir et ils vont payer, j’ai grogné à moi-même.
D’un pas nonchalant, je me suis dirigé vers le dépanneur le plus proche pour essayer de finir la soirée en beauté, mais seul. J’ai agrippé pas mal de choses : Deux bouteilles sangria, une caisse de soju, une autre caisse de bière… bref, les mains pleines de belles choses, je m’en suis retourné vers chez moi. J’avais un peu perdu le fil du temps. Il devait être une heure du matin…
J’ai passé devant le Paradise Circus une nouvelle fois, jetant un coup d’œil curieux dans sa direction. Aucune chance que je vois quelque chose, ou même que j’aperçoive Sarah, mais j’ai tenté le coup quand même. Je ne marchais pas très droit, donc je ne réfléchissais pas très bien non plus. J’eus à peine le temps de réaliser tout cela que j’étais déjà en face de chez moi. J’ai déposé mes achats au sol, dans la neige, et j’ai plongé ma main dans mes poches vides.
Mes poches vides ? Merde, où sont mes clés ?!
Bravo Jakub ! Tu t’es encore enfermé dehors ! Et qu’est-ce que tu fais d’habitude quand tu t’enfermes dehors ? Tu dors dehors, c’est ça ! Mais là, il fait froid, non ? Tu ne dormiras pas dehors, hein ? Qu’est-ce que tu vas faire, imbécile ?!
J’ai dit poches vides, mais dans ma poche arrière j’avais toujours mon portefeuille et mon téléphone cellulaire. J’ai agrippé ce dernier, qui glissa de mes mains trois ou quatre fois avant de se ramasser avec l’alcool dans la neige. J’ai tombé à mon tour, et en riant j’ai composé le numéro à Sarah.
- Yaaah noonaaaaa…. J’ai oublié mes clés chez moi, j’ai froid, est-ce que je peux venir chez toiiii ?? J’ai plein d’alcool oN VA POUVOIR FAIRE LA FÊTE YAAAYYYY !!!
- je t'aime:
allo j'ai décidé que c'était notre rp chui sûre tu vas l'aimer pareil ok byyyye