Ryūtarō & Jae Hyo

Cela faisait deux bonnes heures que Jae Hyo hésitait, assis sur le canapé à soupirer toutes les cinq minutes. Il tenait son portable entre ses mains, commençant à composer un numéro avant de l'effacer aussitôt. Sur la table basse se trouvait un petit papier sur lequel était inscrit quelques chiffres. La veille, il avait vaguement fureté sur quelques forums pour trouver une solution à son … « problème ». Celui qui l'empêchait de dormir depuis plus d'une semaine déjà. Il avait d'abord commencé ses recherches par « Connaître sa sexualité » puis ça avait légèrement dérivé en « Je crois que je suis attiré par les hommes. » C'était assez dingue de voir toutes les personnes qui étaient tout aussi paumées que lui. Il n'avait fait que survoler les réponses aux sujets et la plupart des conseils se résumaient à ça : « Essaies avec un mec, tu verras bien si ça te plait ou pas. » Bien sûr, il avait d'abord rejeté cette solution d'un air dégouté mais quand le lendemain, il se réveilla, pour la énième fois, en sueur dans son lit après un rêve des plus torrides avec une personne munie d'un phallus, il avait été obligé de se remettre en question. Il n'en pouvait plus de vivre ainsi, ça lui pourrissait l'existence, il voulait juste se rassurer, se dire qu'il n'aimait pas les hommes, qu'il était totalement hétéro. Après tout, il lui suffisait de voir ce que ça lui faisait, rien que des baisers peut-être ? Il n'était pas vraiment obligé d'aller plus loin. Pour essayer. Il avait alors regardé sur internet (qui, nous vous le rappelons, est l'ami de tous les bi refoulés.) et avait trouvé le site dece type. Un « Escort boy ». Ça faisait mieux que "Gigolo" c'était sûr. Il avait vite noté son numéro et avait fermé la page web avant d'effacer son historique. De toute façon, il pourrait bientôt tourner la page : Quand il aurait enfin eu la confirmation qu'il était bel et bien purement hétéro.

Ça, c'était ce qui s'était passé avant hier. Mais maintenant, il doutait. Et si ça lui plaisait ? Et si il avait envie de continuer, qu'il se retrouvait excité par une paire de couilles ? Bordel, il crevait de peur. Il avait les mains moites et son pied tapotait rapidement le sol, signe d'anxiété. Il ne savait pas quoi faire. Et si jamais cet « escort boy » était en fait un de ses clients ? Et si il le connaissait ? C'était sûr que sa réputation était finie. Adieu Jae Hyo le coureur de ces dames, le dealer impitoyable et bonjour Jae la fiotte qui se fait prendre par tous les pédés du quartier. Dans sa ville natale, ça avait toujours été comme ça. Il se souviendrait toujours de son ancien voisin, retrouvé complètement amoché dans une vieille ruelle à cause de sa sexualité. Personne ne lui avait jamais rendu visite à l'hôpital après ça. Il ne voulait surtout pas finir seul. Ça ne risquait pas vraiment d'arriver un jour, Sung Gyu était gay après tout. Mais sa crainte ne voulait pas s'effacer et le nœud dans son estomac ne faisait que lui retourner les boyaux. Il avisa la bouteille de Whisky traînant sur un meuble au fond du salon et s'en empara comme si il s'agissait de son seul moyen de survivre. En passant devant la chaine hifi, il l'alluma. Beethoven avait le don de l'apaiser. Il se laissa tomber sur le canapé et porta le goulot à sa bouche avant d'avaler une gorgée de liquide. L'alcool lui brûlait la gorge et lui faisait monter les larmes aux yeux mais il s'en fichait. Et puis merde, qu'est-ce qu'il avait à perdre après tout ? Rien du tout, si ça ne lui plaisait pas (et ce serait sûrement le cas) il n'aurait qu'à virer ce type de chez lui. Il composa le numéro qui était indiqué sur le site et attendit. Chaque sonnerie faisait accélérer son cœur qu'il avait peur de perdre dans les quelques secondes à venir tellement il battait vite. C'était quand même un comble. Jae Hyo qui s'amusait à jouer les caïd, à effrayer les gosses et qui se pensait invincible avait peur de ses propres réaction. Il se trouvait pathétique. La sonnerie cessa pour laisser place à une voix masculine. Jae Hyo déglutit avant de demander si il pouvait obtenir de ses « services ». Il lui laissa son adresse et lui proposa de venir dans les deux heures suivantes. Dès que l'autre eut confirmé, il lâcha un « merci » maladroit et raccrocha. D'accord. Il ne lui restait plus qu'à... attendre n'est-ce pas ? Alors il attendit, Beethoven résonnant dans l'appartement. Il faisait nuit dehors. La pleine lune éclairait le salon. Jae Hyo aimait ce genre d'ambiance mais il fallait dire que tout était gâché par l'appréhension. Cependant, il ne regrettait pas d'avoir appelé ce type, il serait enfin fixé et n'aurait plus à se poser des questions comme celles qui le taraudaient sans cesse ces derniers temps. D'ailleurs, il n'avait pas vraiment prêté attention à la photo accompagnant l'annonce. Il lui avait bien jeté un coup d’œil mais sans plus. Un grand brun plutôt beau. Sûrement plus grand que lui. Il espérait que non, question de fierté. Déjà qu'il avait l'air d'un gosse paumé, il se sentirait vraiment minable devant un immense brun au sourire éclatant. Bien qu'il s'estimait lui-même plutôt beau. Et il fallait l'avouer, il l'était non ? Il passa une main dans ses cheveux teintés, rangea la bouteille de Whisky toujours dans sa main dans le placard et fila dans la salle de bain. Sans plus réfléchir, il fonça dans la douche en poussant un soupir de contentement quand il sentit l'eau couler le long de son corps. Il y passa un bon quart d'heure, tentant tant bien que mal de se vider l'esprit. Il se rhabilla vite fait, se sécha les cheveux à la va vite, si bien qu'ils étaient toujours un peu humides et enfila un débardeur blanc ainsi qu'un simple pantalon noir. L'interphone sonna. Okay.
Il inspira un bon coup. Il devait se calmer, au risque de passer pour un crétin de puceau. Enfin, il l'était, d'une certaine façon. Il décrocha. « Tu peux monter. C'est le numéro 25.»
En à peine deux minutes, l'autre se trouvait derrière sa porte, frappant. Il hésita un moment. Et s'il en venait à le regretter ? Tss. Au point où il en était... Il ouvrit la porte. Devant lui se trouvait un homme d'environ sa taille, quoi qu'un peu plus grand et... putain de merde, il était beau cet enfoiré. Rien que le fait de penser ça le renforçait dans l'idée qu'il y avait une chance qu'il craque. Il ne pouvait pas ! Il ne voulait du moins... Il se gratta l'arrière du crâne et s’écarta pour le laisser entrer. Il referma la porte aussitôt, se retournant vers son « invité ». Il baissa le volume de la musique à l'aide de la télécommande et désigna le canapé. « Assis-toi. ». Okay, il devait faire quoi exactement ? C'était un peu plus délicat que quand il invitait des putes. Là, il n'avait qu'à dire « couches-toi là et écarte les jambes. » et la meuf s’exécutait. « Je ... » Et bien, et bien. Ça promettait pour la suite. « Je te paierais à la fin de la soirée mais je ne veux pas de baises et tout le baratin. Je veux juste voir si tu arrives à m'exciter. » Une explication franche et directe, digne du grand Kim Jae Hyo, mais il n'avait actuellement pas la tête à passer par quatre chemins. « Je ne suis pas gay ni même bi, je te le dis tout de suite. J'expérimente juste. » Il trouvait tout de même bon de le préciser. « Tu veux quelque chose à boire ? Ou bien tu ne pas boire en service ? » Il sourit malicieusement et haussa un sourcil, même dans cette situation, il cherchait à faire l'abruti. Ça détendait un peu l'atmosphère. Enfin, ça le détendait lui surtout. Intérieurement, c'était l’apocalypse, un véritable enfer.

Cela faisait déjà deux heures… Deux heures que j’étais coincé ici, avec ce client qui m’en faisait limite voir de toutes les couleurs. Il n’était physiquement pas très beau, et en plus de cela, Monsieur était bavard. Un peu trop… Là, pour le coup, je regretter le fait d’avoir accepté sa demande. Il m’avait payé pour lui tenir compagnie, pendant trois heures. Et il me harcelait presque pour que je l’embrasse. Je ne fais pas mon boulot pour les chiens, mais alors si en plus de ça, je dois embrasser des moches, sans être dédommagés.

En bref, c’était le bordel. Je priais le ciel pour que cette dernière heure passe vite… Très vite ? Je ne demandais rien de plus, et pour le coup ; j’étais même capable de me tirer de là sans rien lui dire. J’avais la tête comme une citrouille…Je suis sûr que même les citrouilles étaient bien moins grosses à cette heure-ci.

Je m’absentais pour aller aux toilettes… Mais c’était en vérité pour souffler un peu. Bordel de nouille… Je vais finir par regretter ce métier, à cause de certains… Ou alors c’est mon physique qui me fait défaut ? Je ne me suis jamais posé la question… Je sais que cela peut avoir des inconvénients, mais à ce point-là…

Je fermais la cuvette, et je m’installais dessus. En soupirant, en glissant ma main sur mon visage. J’en avais marre… Pourvu que l’heure passe vite. Et pourvu que personne ne m’appelle ensuite… Je pourrais passer mon après-midi dans mon lit, à moitié à walpé, en regardant un film… Ou même deux. Ça faisait un sacré moment que je n’avais pas eu l’occasion de me détendre. De toutes les manières possibles, j’entends… Oui oui, c’est bien à quoi vous penser. Mais je ne compte pas me laisser tripoter par un homme comme l’autre idiot, dans son salon, en train de s’exciter tout seul à la simple idée que je baisse mon pantalon.

Je me fais sortir de mes pensées par mon téléphone portable, qui vibre contre ma jambe, longuement. Un appel… Bien sûr, c’était un numéro que je ne connais pas. Encore un qui a vu mon site internet ? Je décroche et colle mon oreille contre mon téléphone, pour bien entendre ce que le client doit me demander.

« « Moshi moshi ? »

Et la conversation commençait là. J’avais gardé la mauvaise idée de dire bonjour, en japonais, au téléphone. Ce n’était qu’un détail cependant. Je commençais à analyser indirectement l’homme. Il devait être jeune… Sa voix était un peu plus fine que la mienne, qui était grave. Pas trop, mais juste ce qu’il faut. Il voulait que je sois là dans les deux heures ? C’était parfait. Ce nouveau client me sauvait la vie sans s’en apercevoir. Je serai un jeune homme sage et comblé dès à présent, ah ah. Nous coupons contact, jusqu’à toute à l’heure. Et je sors des toilettes. L’autre idiot me saute presque dessus.

« Wouh… Du calme. Je dois y aller. Garde la dernière demi-heure pour toi, c’est cadeau. »

J’espère qu’il n’allait pas pleurer, hein. De toute manière, c’est fini, je ne reviendrai plus ici. Je joue avec les hommes, pas avec les gamins. C’est quoi ça encore. Bien rapidement, et avant qu’il n’ait pu me répondre quoi que ce soit, ou même me retenir, j’étais dehors. Déjà en route tranquillement vers chez moi. Je retournais me changer. Et lorsqu’une heure ce sera passée, alors je repartirai. Je n’ai jamais était dans le coin où il vit.

... One hour and forty five minutes later ...

J’étais déjà face à l’appartement du jeune homme en question. Effectivement… Je n’étais jamais venu par ici. Je n’en avais pas l’occasion, et il était la première personne à « m’inviter » ici. Charmant… Je fronçais un peu les sourcils. Il me restait un quart d’heure. J’avais beau faire ça, chaque jour… J’étais toujours anxieux. Il faut dire que ce n’est pas très facile, comme métier. J’avais beau aimer ça, c’était tout de même ma propre personne, et je pouvais toujours tomber sur n’importe qui… C’était à moi d’être prudent, et d’assumer mon choix.

Je sonnais à la porte, tranquillement. Dans la minute, la porte s’ouvrit devant moi… Et un jeune homme à la tignasse décolorée était devant moi. Légèrement plus petit que moi… D’environ 3, ou 4 centimètres, le blond me regardait avec un air, presque… Choqué ? Il n’avait pas une tête de gay… Enfin, il n’en avait pas l’air, tout du moins. Il m’invita à entrer, et je m’exécutais. Pour l’instant, je n’avais rien à dire. Nous nous dirigeons dans le salon, et je m’installe tranquillement dans le canapé. Il vient me rejoindre, et se pose à mes côtés.

« Je ... »

C’est parti. Le coup du mec qui ne sait pas par où commencer. Typé du bisexuel caché, ou refoulé… Alors je me serai trompé ? Boaf… Il est mignon. Donc c’est pas vraiment un problème. J’avais à peine le temps de poser les yeux sur lui, qu’il commençait à me déblatérer une série de phrase, avec vitesse. Mon sourcil droit se releva, peu à peu.

« Je te paierais à la fin de la soirée mais je ne veux pas de baises et tout le baratin. Je veux juste voir si tu arrives à m'exciter. Je ne suis pas gay ni même bi, je te le dis tout de suite. J'expérimente juste. »

C’est parti mon kiki. Et je le prends comment moi ? Je ne fais pas la pute. Il n’a vraiment pas dû lire… Ahah. Comme les trois quart des gens qui me contact. J’vais bien finir par m’y faire un jour, hein…

« Je vois vraiment pas ce que je suis censé te faire… A part me déshabiller… »

Dis comme ça, ouais, je sais. Mais bon, j’étais strip teaseur. Pas autre chose de plus glorieux. Je réfléchissais… L’exciter… Si c’est pour finir avec les fesses en l’air, non merci bien. Monsieur la belle gueule, vous pourrez rappeler. Ce même blondinet me sortait rapidement de mes pensées. Iil n’avait vraiment rien lu…

« Tu veux quelque chose à boire ? Ou bien tu ne pas boire en service ? »

« Etant donné que je suis à mon compte, je fais ce que je veux. Un simple verre suffira, merci. »

Et je regardais le jeune homme. Il n’est ni gay, ni bi… Mon œil. Il ‘’expérimente’’ … Alors il ne verra aucuns inconvénients à ce que je le touche ? ça fait partie de la découverte, non ? Ouais… Mais je le sens mal, là, pour le coup…

« Ecoute… Si tu veux un strip tease, c’est sans problème. Je n’ai vraiment pas d’idées, surtout que tu n’as pas l’air très… A l’aise avec l’idée que quelqu’un te touche. Je n’ai pas raison ? »

J’vois ça toutes les semaines, des mecs comme ça… Donc on verra bien. Quoi que, lui… Il semble bien plus intéressant. Je me demande à quoi pourraient ressembler ses réactions. Si être assis à côté d’un homme bisexuel ne lui fait rien, c’est déjà bon signe… Non. En fait ce n’est pas bon signe. Il est peut-être en ébullition de l’intérieur. Maman, j’ai peur, vient me chercher.

Jae Hyo était incroyablement mal à l'aise. Il se sentait comme le pire des imbéciles à essayer de paraître sûr de lui alors qu'au fond, il ne souhaitait qu'une chose : Fuir très loin et s'enterrer sous terre. Ouai, il avait juste l'air d'un crétin qui ne pouvait pas accepter sa sexual- hey mais attendez, c'était ce qu'il était en fait. Dans tous les cas, il ne savait pas trop où se mettre. Pourquoi il avait appelé ce type déjà ? Il regrettait incroyablement à vrai dire. D'ailleurs, en voyant l'air que prenait l'autre, il devait se demander ce qu'il faisait là. Peut-être qu'il devrait se contenter de le payer et de le virer de chez lui ? Non, il n'allait tout de même pas abandonner maintenant. Quoi que, c'était bien son genre, d'abandonner. Un vrai lâche, voilà ce qu'il était. Mais ce n'était pas nouveau et ce ne serait sûrement pas la première fois qu'il lâcherait l'affaire dès que ça commençait à le déranger un peu trop. D'un autre coté, sa fierté et son égo surdimensionné le torturaient méchamment. Aiish...

Un peu tremblant et troublé par l'alcool ingurgitée un peu plus tôt dans la soirée et qui commençait à faire effet, il chercha la foutue bouteille de ce délicieux vin Italien quand il entendit la réponse de l'autre lui affirmant qu'il prendrait bien un petit verre. Mais en vain. Bordel ! Il l'avait tout de même pas déjà bu ? Un vin à ce prix là … Il souffla, un peu triste d'avoir perdu une si bonne bouteille mais se ressaisit bien vite en attrapant un vin rouge traînant par là. Parce que non, Jae Hyo ne buvait pas que de la bière ou de la vinasse. Monsieur avait des goûts de luxe et ce vin n'était pas le genre qu'on vendait à la supérette du coin. Il voulait se la péter, il avait bien le droit non ? Il en versa rapidement dans le verre de son « invité » et le lui tendit avant de boire le sien cul sec. Actuellement, il avait juste envie de se bourrer la gueule. « Je vois vraiment pas ce que je suis censé te faire… A part me déshabiller… » Il grimaça et se racla la gorge. Peut-être qu'il avait été trop direct dans ses propos quand il avait « accueillit » l'autre. Il n'était pas encore à ce stade là, c'était... juste trop. « Nan, nan. Laisse tomber et garde tes fringues. Discutons. » Il se laissa tomber sur le canapé, renversant un peu du liquide contenu dans son verre (ouai ouai, il s'était resservit entre temps le sagouin) sur son haut. « Aaah, merde ! » Il frotta la tache, mais doué comme il était, il ne fit qu'empirer les choses. Ok, il commençait à être pompette. Boire ce whisky tout à l'heure n'avait pas été la meilleure idée qu'il avait eu. Comment entamer la conversation avec un escort boy engagé seulement pour tester ses capacités à résister à la gent masculine ? Il fronça les sourcils à la recherche d'un sujet de conversation mais ce fut un échec cuisant. D'habitude, il était le premier à déblatérer une tonne de parole à la suite mais cette fois-ci, son cerveau semblait s'être vidé de toute matière grise. « Écoute… Si tu veux un strip tease, c’est sans problème. Je n’ai vraiment pas d’idées, surtout que tu n’as pas l’air très… A l’aise avec l’idée que quelqu’un te touche. Je n’ai pas raison ? » Et bien, même pas besoin de réfléchir. Bon, sur le coup, ce n'était pas vraiment ce qu'il avait espéré comme conversation. Mal à l'aise à l'idée qu'on le touche ? Évidement ! En plus, ce mec était vraiment, mais vraiment … sexy ? Erk erk erk, il n'arrivait pas à croire qu'il avait pensé ça d'un foutu mâle ! C'était vachement troublant à chaque fois que ça lui arrivait. Ce n'était pas la première fois qu'il se retournait sur le cul d'un mec mais il essayait toujours de ranger ça dans un coin de son cerveau en le classant dans le dossier "à oublier". Mais cette soirée était censée lui ouvrir les yeux alors il était hors de question qu'il se voile la face. Il préféra tout de même ignorer la question. Il lui restait un minimum de fierté même si les trois quart s'étaient évaporées aussitôt il avait composé le numéro de téléphone de … d'ailleurs c'était quoi son nom déjà ? Et puis, c'était mentionné quelque part sur son site ça ? De toute façon, il avait pas vraiment réfléchit, il avait juste appelé le numéro indiqué sans prendre la peine de lire l'annonce. Un escort boy, ça se résumait à une prostitué en plus poli non ? Et bah, pour lui c'était ça. A vrai dire, il s'en foutait totalement. « Peut-être quand je serais un peu plus bourré et que je ne saurais pas trop ce que je vois, pourquoi pas. Mais pour l'instant, je veux garder mes yeux intacts. » Hey, ça ressemblait vachement à une insulte dit comme ça. Ouai, il ferait peut-être mieux d'essayer de rattraper le coup. « Pas que tu sois pas atttira- euh, sympa à regarder mais … Enfin, tu vois quoi... » Et le césar du plus gros looser s'embrouillant dans ses propres propos tout en se tapant une honte phénoménale fut décerné à … Lee Jae Hyo ! Il s'éclaircit la voix avant de plonger dans son verre pour la énième fois de la soirée (la bouteille était juste à porté de main, au cas où). Il préféra changer de sujet, histoire de ne pas plomber l'ambiance de la soirée (qui n'était pas tellement au top à la base). « C'est quoi ton nom déjà ? C'était un nom japonais pas vrai ? Moi c'est Jae Hyo, mais tu peux te contenter de Jae. » Ouai, si ça se trouvait, l'autre s'en foutait royalement comme de son premier client. Il lui jeta un coup d’œil, qu'il espérait discret (mais bon, on parlait de Jae Hyo quand même) et le jaugea du regard. Est-ce qu'il se sentait attiré par lui ? Honnêtement, il aurait préféré répondre non mais... il fallait regarder la vérité en face. Ce type était beau. Si Jae Hyo n'avait pas été aussi perturbé, il aurait volontiers accepté sa proposition de strip tease. Mais bon, il était perturbé. Il détourna du regard, un peu gêné de reluquer ainsi un mec. Il pouvait pas bordel !

« Nan, nan. Laisse tomber et garde tes fringues. Discutons. »

Je lève le sourcil un instant, puis plus longtemps encore… alors où, il m’a appelé pour se foutre ouvertement de ma gueule, ou monsieur est si perturbé que les simples paroles d’un mec le rendent malade ? J’opterai pour la seconde proposition… Il sait que je suis un escort boy, que mes mots sont crus, et que je ne passe pas par quatre chemins… Je pense que c’est la première fois qu’il se retrouve avec un homme de charme devant lui… Tout seul, en tête à tête. Je peux toujours essayer d’être gentil, mais moi et mon caractère de merde. Ou alors, je vais me moquer de lui aussi… Mais il a l’air d’avoir un sale caractère. Arf, je m’en fiche après tout. J’suis juste là pour bosser.

Il me donne avec maladresse un verre de vin. Puis il se remet à boire comme je ne sais quoi… Rahlala… Les blonds décolorés sont tous pareils, n’est-ce pas ? J’avais déjà des clients, et on peut dire qu’ils sont du même acabit, mon dieu mon dieu. Je bois une légère gorgée, plongeant la pointe de mes lèvres dans le verre. Puis je le pose sur la table basse non loin de nous, et m’installe correctement dans le canapé. J’appuie mon coude contre l’accoudoir, et je pose ma tête contre… Il me fait un peu de peine. Mais c’est quoi son problème ? Il a qu’à appeler une pute, baiser, et hop ! Il verra bien s’il aime les b- monsieurs. Je roule des yeux en le voyant se battre avec son haut, qu’il vient de tâcher. Oh lalala… C’est vraiment pire que ce que je pensais. Je me penche sur lui et attrape la bouteille, que je pose sur la table.

« Ouais, beh je discute pas avec des ivrognes. Alors reste un minimum correct. »

Il me regarde un peu de travers, mais je m’en fiche. Puis, c’est quoi ça ? Pourquoi il est à l’autre bout du canapé ? Je ne vais pas le manger… Quoi que je ne dirais pas non. Il est très… Charmant. Un peu plus d’ailleurs. Mais ce n’est pas le moment de penser à ce genre de chose… Enfin, pas avec lui. Sinon je vais me prendre un joli croché du droit. Je lève mes fesses et je m’approche un peu. Il ne va pas se sauver, quand même ? Il ne doit pas être stupide à ce point. Je le regarde et croise mes bras en le fixant, longuement.

Il se décidait enfin à répondre à ma dernière phrase… Celle où je lui parlais indirectement de mon travail. Peut-être que j’aurais dû la garder fermée, cette bouche. « Peut-être quand je serais un peu plus bourré et que je ne saurais pas trop ce que je vois, pourquoi pas. Mais pour l'instant, je veux garder mes yeux intacts. » Ouais, bon. L’agression indirecte, ça va vite fait. Je le regarde de travers, et il doit bien comprendre que ça ne me plait pas beaucoup, ce qu’il vient de me dire. Je regarde ailleurs en me redressant ; je pense que d’ici deux ou trois remarques du genre, je ne m’attarderai pas vraiment. Il doit bien vite comprendre que ça ne me plait pas, et il se « rattrape » bien vite. « Pas que tu sois pas atttira- euh, sympa à regarder mais … Enfin, tu vois quoi... » Oui, c’est bien ce que je disais ; monsieur le mignon petit blondinet ne sait plus où il en est dans ses idées. Je souris un petit peu et je décide de retirer ma veste. C’est bon, je risque de passer du temps ici, alors bon… Puis je tourne le visage vers lui, pour le regarder encore… en soupirant.

« Tu veux quoi, exactement ? Je ne peux pas te toucher, alors que tu me demande de te séduire. Même indirectement. »

Parce que oui, il ne faut pas prendre les gens pour des cons… Et tu ne vas pas m’apprendre à faire mon travail. Je décide de commencer à tester l’animal maintenant, étant donné que je suis venu en tant que psychologue, ce soir… Je m’approche un peu. Très peu, je le regarde de haut en bas ; vraiment, c’est un très beau garçon. Mais il est trop perturbé. Il n’est pas rebuté à l’idée que je sois si proche de lui. Il pose rapidement ma main sur son genou, en voyant qu’il est occupé à fixer sa bouteille… Pas de réaction. Je la laisse dessus, alors. Il semble presque m’avoir oublié. Si longtemps que je fini par soupirer encore et me remettre dans le fond du canapé. C’est bon, là. J’vais nous enfermer dans ta chambre, t’attacher, me mettre à poils et te violer, et on verra si tu aimes vraiment les hommes ou non. Bordel.

« Bon, on fait quoi là ?! »