Sujet sensible ~

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Kang Sun Joo & Park Mee Yeon ~

Vendredi, 15h.
Je rentre tout juste du White Coffee. J'ai le ventre rempli d'un délicieux fondant au chocolat et de plusieurs grandes tasses de thé au jasmin. J'y passe toutes mes pauses. C'est le paradis.
Je farfouille dans mes poches à la recherche de mon trousseau de clés. Non, de mon ÉNORME trousseau plutôt. Trois clés pour une dizaine de porte-clés énormes, c'est pas un trousseau normal, ça. Enfin, je le trouve assez rapidement et ouvre la boutique. Je referme directement la porte derrière moi. Il fait vraiment meilleur à l'intérieur. Ni trop froid, ni trop chaud, la température idéale pour mes plantes, les clients et pour moi. Je n'ai jamais supporté les endroits bondés où il fait beaucoup trop chaud. C'est vraiment désagréable.

Je me dirige vers le comptoir et passe dans l'arrière boutique. Je me débarrasse de mon manteau, de ma grosse écharpe en maille et de mon bonnet. Je frotte doucement mes mains soigneusement manucurées l'une contre l'autre pour les réchauffer. Je met ma bouilloire à chauffer pendant que je m'attache les cheveux en un gros chignon lâche et que je noues mon petit tablier dans ma nuque. La bouilloire se met à siffler. J'attrape une tasse, y verse quelques cuillerées de préparation pour cappuccino et y rajoute l'eau frémissante. Je touille le tout pendant quelques secondes et retourne dans la boutique. Je pose mon mug sur le comptoir et me hâte d'aller retourner la pancarte signalant l'ouverture de la boutique. Personne ne devrait pousser la porte du magasin avant dix sept heures. Les clients passent un fois leur travail fini, lorsqu'ils sont sur le chemin du retour, etc. Je ferme la boutique a 19h30, histoire que tout le monde ait le temps de passer.
Je retourne derrière le comptoir et sors mon carnet de commandes. Il faut que je fasse une composition florale pour 17h. Je devrai peut-être commencer à m'y mettre, non ? Je commence alors à courir entre les étalages de fleurs. Deux trois feuilles de fougères par là, des roses roses par ici, ainsi que des lys blancs et des tulipes orangées. Je dispose toutes mes trouvailles sur le plan de travail et les examine attentivement.

Une dizaine de minutes plus tard, j'ai enfin réalisé un croquis qui me plait. Oui, je dessine toujours mes futurs bouquets et compositions avant de les assembler. Je suis une styliste de fleurs, comme j'aime m'appeler parfois. Je suis douée en dessin, alors autant en profiter. Je souris devant mon croquis. Le client m'a demandé quelque chose d'assez neutre, mais de joyeux. Du blanc pour le neutre et quelques couleurs vives pour la joie. Tout cela me parait bien.
Bien sur, je dois réaliser tout ça en fonction de ce que me demande mes clients, mais je ne peux pas le faire exactement. J'ai toujours besoin de rajouter un petit quelque chose personnel. Un peu comme ma signature.

J'enfile alors mes gants en cuir. Je prend mon carnet de croquis et le pose près de mon plan de travail. Je me met alors à assembler les plantes, de façon élégante et soignée. Mes fines mains flottant dans mes gants beaucoup trop grands. Je me met à siffloter, histoire de casser un peu le silence de la boutique. Je n'aime pas trop quand tout est silencieux, c'est stressant. Je suis très concentrée sur mon bouquet. Mon travail est l'une des choses où je ne peux pas être déconcentrée. Il faut que je réalise mes bouquets et composition avec mon coeur afin de donner quelque chose de potable. Si je suis déconcentrée, mes créations ne donneront rien.

Une quarantaine de minutes plus tard, j'ai enfin fini d'assembler, et de mettre sous papier. Je suis contente de moi. Je range tous mes outils, mais laisse trainer mon carnet de croquis sur le plan de travail en plein milieux de la boutique. Puis, je me rend compte que j'ai totalement oublié mon cappuccino. Je retire mes gants, les pose sur le comptoir et me rentre dans l'arrière boutique. Je met ma tasse au micro-ondes et le lance. Je continue à fredonner une douce mélodie en attendant le "bip, bip, bip" du micro-onde.
Si bien, que je n'entend pas du tout le premier client de l'après-midi entrer.

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‘Sujet Sensible’

1

Vendredi, 14h00 . Je crois que je n’ai jamais aussi mal dormi que cette nuit-là. Il faut dire que je n’ai jamais supporté de boire un ou deux verres de vodka pure alors six ou sept, ça n’allait pas passer aussi facilement. Je m’en voulais tellement d’avoir bu tout ça ! J’ai même du mal à me souvenir de ce qu’il s’est passé. Oh mon dieu.. Il était déjà aussi tard ? Moi qui détestais gâcher mes journées à dormir.. Je passais mes mains sur mes yeux en les frottant légèrement pour me sortir du sommeil.. Y’avait rien à faire. Une douche c’est ce qu’il y a de mieux pour réveiller, non ?

Une heure plus tard, après avoir pris soin de mon corps –oui je suis coquet et alors ? –, m’être habillé, coiffé et avoir rangé mon petit studio, je me préparais à sortir. Si je ne pouvais pas aller voir mes parents pendant deux mois, je prouverai à ma mère que je ne lui en veux pas. La pauvre, elle a du être choquée quand je lui ai parlé hier.. Je m’en voulais pour ça aussi. J’avais fait énormément d’erreurs en ce moment. Il fallait que je me ressaisisse. Un gros bouquet « Océane » était surement tout indiqué mais ma mère aimait les choses simples. Cependant, je ne m’y connaissais pas beaucoup en fleurs, malgré le fait que j’allais acheter un bouquet toutes les semaines chez la même fleuriste et que je photographiais la nature. Il fallait vraiment que je me renseigne.

Les mains dans les poches, je marchais dans la rue sans même faire attention au chemin que je prenais. Je connaissais l’itinéraire par cœur pour aller à The Efflorescence. Je pouvais facilement y aller les yeux fermés ! C’était la boutique où j’étais le plus allé depuis mon arrivée à Ulsan. Encore un rapport avec ma famille. Il était environ 16h15 quand je poussais la porte du magasin. Instinctivement, je fermais trois secondes les paupières pour sentir la délicate odeur des fleurs. Mais quand je les rouvris, je ne vis personne. Ce n’était pourtant pas fermé. Mais en prêtant plus attention, je remarquais que quelqu’un sifflotait dans l’arrière boutique. Cela me fit doucement sourire. Je me penchais vers les fleurs et m’arrêtait un temps devant le bouquet que je prenais d’habitude : des roses blanches. Cette fois, j’allais changer. Je continuais mon chemin à côté des fleurs jusqu’à arriver au comptoir où une paire de gants en cuire, des crayons et stylos ainsi qu’un carnet traînaient.

Ma curiosité m’emportait à feuilleter rapidement ce dernier. Il était rempli de noms de clients et de petits dessins de bouquets ravissants. Le dernier me tapait vraiment dans l’œil. Il me fallait celui-ci pour ma mère.

« Excusez-moi.. »

Je ne pouvais pas attendre indéfiniment la petite fleuriste. Je patientais le temps que la demoiselle arrive et esquissa un sourire gêné. Dès que je croisais le regard de quelqu’un, mes mots se cristallisaient et j’étais capable de dire vraiment n’importe quoi.

« Je suis venu acheter des fleurs ! … »

On s'en doutait pas, Sun Joo, on s'en doutait pas ...

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Je continue à siffloter, totalement à fond dans ma chanson. Chanson qui est d'ailleurs ma sonnerie de téléphone, soit dit en passant. Je balance ma tête de tous les côtés, totalement prise dans la musique. J'ai le rythme dans la peau, vous savez. Le micro-onde sonne, et s'arrête. J'entend une voix. Je m'arrête de siffloter net, et repasse une main dans mes cheveux pour les recoiffer. Je sors ma tasse et me précipite dans la boutique. Je deviens rouge comme une pivoine. J'espère qu'il ne m'a pas entendu lorsque j'étais dans mon trip total, en train de me prendre pour une bête de scène ou je ne sais quoi d'autre. Je l'ai déjà vu plusieurs fois au magasin qui plus est, c'est un de mes habitué, je n'ai pas vraiment envie de le faire fuir.

-Bonjour !

Je failli éclater de rire lorsqu'il me dit :"Je suis venu acheter des fleurs". Je me retiens, un énorme sourire sur les lèvres. Que serait-il venu faire dans une boutique de fleurs à part acheter des fleurs, hein ? Je me mis alors à le considérer gravement et lui dit, très sérieusement:

-Des fleurs ? Hum, je ne connais pas. On n’a pas de ça ici.

Je lui offre alors un grand sourire. Je le taquine, c'est pas méchant. Enfin, je dois quand même me montrer un minimum agréable, je ne veux pas que les clients désertent. Même ceux que j'aime le moins. Enfin. Je le regarde attentivement, il est jeune, surement plus jeune que moi, et vient chercher des fleurs régulièrement. Serait-ce pour sa petite-amie ? Ou alors sa future petite-amie ? Ou alors ses parents ? Je ne sais pas trop. Cependant, il achète toujours des bouquets. Et la plupart du temps, les jeune homme offrent seulement une fleur solitaire à l'élue de leur coeur. Je pencherai plus pour la famille alors. Enfin, cela ne me regarde pas vraiment. J'aimerai juste savoir quel est le genre de destinataire, afin de faire un bouquet correspondant. Je ne ferais pas le même pour une jeune fille dont il est amoureux que pour de la famille proche. Je choisirai des fleurs différentes, avec une signification plus appropriée. Enfin bref.

-Alors, comment puis-je vous être utile ? C'est pour offrir, non ? Vous venez souvent, acheter un bouquet, je suppose que c'est pour de la famille non ? Excusez-moi, cela peut paraître très indiscret, mais j'aimerai cibler la clientèle à laquelle j'ai à faire.

Je lui sourit. Non, je ne vais pas utiliser ces informations pour le stalker ou je ne sais quoi. Il peut se rassurer. Mais, mon dieu, qu'est ce que ça me fait bizarre de vouvoyer quelqu'un qui est plus jeune que moi. La clientèle du magasin étant plutôt âgée, il est rare que j'ai des clients plus jeunes. Surtout des clients qui soient jeunes et réguliers. Il est le seul il me semble bien. J'ai d'autres clients réguliers, bien entendu. La vieille ajhumma avec son look juste... comment dire... très coloré, par exemple, qui vient souvent m'acheter quelques plantes. Elle me fait bien rire à chaque fois, toujours à me raconter sa vie alors qu'il y a un tas de monde derrière elle. Enfin. Elle tient une boutique d'alimentation pas très loin il me semble. Il faudrait que je pense à passer la voir un de ces jours.

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‘Sujet Sensible’

2

La jeune demoiselle qui tenait la boutique arriva, une tasse à la main. Ses chantonnements avaient été laissés dans l’arrière boutique. Elle s’empêcha de sourire à ma remarque ridicule. Au moins elle avait le tact de ne pas me mettre plus dans l’embarra, pas comme d’autres feraient.

« - Des fleurs ? Hum, je ne connais pas. On n’a pas de ça ici. »

Pendant deux – trois secondes, je restais de marbre, ne comprenant pas que la fleuriste blaguait. Qu’est-ce que je peux être coincé c’est fou. J’esquissais un sourire. Il fallait que je me mette à l’aise. Ça faisait au moins la vingtième fois que je venais acheter un bouquet chez elle et on n’avait jamais tapé la discute.. Elle me faisait rire avec son air joyeux sur le visage. Elle semblait vraiment profiter de la vie un maximum, et je trouvais ça cool. Peut-être qu’un jour, moi aussi, je réussirais à me lâcher..

« Alors, comment puis-je vous être utile ? C'est pour offrir, non ? Vous venez souvent, acheter un bouquet, je suppose que c'est pour de la famille non ? Excusez-moi, cela peut paraître très indiscret, mais j'aimerai cibler la clientèle à laquelle j'ai à faire. »

Comment avait-elle su que c’était un bouquet à destination de ma famille ? Je n’étais pas le genre de garçon à avoir une petite copine ? De toute façon, ça ne serait pas la première fois qu’on se méprendrait. J’acquiesçais vivement de la tête avant de commencer :

« - Ma famille est loin et pour leur montrer que je pense bien à eux, je leur envoies des fleurs. Surtout à ma mère, elle adore ça. Mais j’aimerais changer cette fois-ci.. Pour une occasion plus spéciale. »

Je n’allais pas étaler plus ma vie, car cela ne l’intéressait surement pas. Je n’osais dire que j’avais regardé sans sa permission le petit carnet déposé sur la table. Que penserait-elle de moi ? J’étais vraiment indiscret et curieux.. Et si je lui décrivais le croquis qu’elle avait réalisé sur la page ?

« Peut-être qu’avec deux trois feuilles de fougères, des roses roses, des lys blancs et des tulipes orangées, ça ferait bien… ? »

Ça ne passait pas, c’était peu crédible. Je lui expliquais en quelques mots mal choisis que j’avais feuilleté son calepin et que le dernier bouquet dessiné me plaisait réellement. Il était parfait et ma mère serait ravie. Je n’avais aucune envie de me fighter avec la petite fleuriste. J’aimais aller chez le même commerçant et faire connaissance petit à petit avec lui. Ça créait des liens, parfois forts. J’essayais tant bien que mal de garder ce sourire timide que je peinais à dessiner sur mon visage. Pourquoi était-ce si dur même avec elle, que je voyais toutes les semaines ? Je m’excusais encore une fois pour ma curiosité, baissant la tête et jouant avec mes mains.

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Je ne vous en veux pas, c'est de ma faute, c'est moi qui l'ai laissé traîné. Mais je suis contente que mes croquis vous plaisent. Cependant, le dernier bouquet est pour l'un de mes clients, et je ne refais jamais deux fois le même bouquet, désolée. Mais, vous semblez bien connaître ce qu'apprécie votre mère, accepteriez-vous de m'en dire un peu plus, histoire que je lui fasse un bouquet qui lui conviendra parfaitement ?

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