Il y a des après-midis comme ça où vous ne faites strictement rien, parce que vous n'êtes bon à rien. Aujourd'hui, c'était exactement le cas de Zelda. Elle était restée à son appartement, avait fait un concours de miaulements avec ses chats – et bien sûr, avait gagné par chaos. Mais comme elle était bonne perdante, elle leur avait quand même donné un peu de nourriture pour chats et, petit bonus, des crevettes ! Ils s'étaient régalés, lui avaient fait de grosses léchouilles avec leur haleine ultra-fraîche de croquettes aux crevettes et étaient retournés se prélasser sur le lit de la blondinette. Tandis qu'elle, eh bien, elle avait fait le sushi en s'enroulant dans sa couette, dix fois le tour de son appartement à cloche pied pour entretenir sa forme physique, appris la chorégraphie de Gangnam Style, caché ce qu'elle avait balayé sous le tapis du salon – quelle utilité, me direz-vous, puisqu'elle vit seule ; aucune, je vous le confirme – enfumé son appartement en ratant son gâteau au chocolat... Bref, que de réussites en cette journée pluvieuse.

Elle avait fini par s'asseoir sur le dit tapis à regarder des émissions débile à la télévision. Pendant une heure, puis deux. Puis elle en eut marre. Il était vingt heures, elle n'avait rien fait de productif de sa journée. Ce n'était pas tellement le fait de n'être pas productive qui la gênait, mais plutôt que cela faisait des week-ends qu'elle passait ainsi à faire des trucs tous les plus débiles les uns que les autres. En plus sans avoir personne pour les faire avec elle. « Tch. Ce soir, je m'arrache ! ». C'était donc décidé, ce soir, elle sortait. Le coup de fil qu'elle passa à Min Ra pour savoir si elle voulait venir, elle qui l'accompagnait habituellement dans ses soirées d'ivrogne, se solda par un refus. La brune ne pouvait pas. Tant pis, Zelda sortirait seule, comme une grande. Si si, ça lui arrivait. Puis, elle finissait toujours par se faire des amis d'un soir – et non, je n'ai pas dit coup d'un soir! - et passait finalement de très agréables soirées. De toute façon, Zelda était quelqu'un de très sociable, et encore plus après quelques verres, donc elle n'avait aucun mal à trouver du monde avec qui passer la soirée.

Enfin. Non pas que son pyjama lui déplaise – merveilleux t-shirt beaucoup trop grand – mais il était temps de prendre une petite douche et de se changer pour sa sortie du week-end. Elle sautilla joyeusement vers sa douche qu'elle prit brûlante, à tel point qu'en en sortant, des marques rouges s'étaient dessinées sur son corps. Elle noua ses cheveux négligemment – de toute façon, ils étaient toujours beaux, nah! - et opta pour une petite robe un rien provocante et l'assortit de quelques bijoux. Elle n'omit pas la séance maquillage et choisit finalement une paire de chaussures dont la hauteur des talons était assez... Vertigineuse. Mais qu'importe, elle y était habituée. Elle prit son sac et monta sa voiture. Cima ou Midnight Bar ? Mh, le premier. Elle allait trop souvent au second, un peu de changement ne fait pas de mal. Elle s'y dirigea en négligeant quelque peu les limitations de vitesse et, une fois arrivée, se rendit au bar.

Il était à peine vingt-trois heures et le bar était rempli. Il y avait quelques groupes d'amis et d'autres, éternels solitaires, comme Zelda ce soir-là assis au bar. Quelques hommes, généralement peu ragoutants, tentaient des approches vis-à-vis des plus jolies femmes présentes dans le bar et se faisaient méchamment rembarrer, ce qui ne manqua pas de faire sourire la blondinette. Elle commença à boire verre sur verre – en assez peu de temps il faut le dire – et, une fois qu'elle sentit que l'alcool commençait à lui monter à la tête, elle descendit du haut tabouret. Son regard balaya le bar, en quête d'un compagnon, homme ou femme peu importe, de boisson pour ce soir. Ah ! Là, il y avait un jeune homme seul, qui n'avait d'ailleurs pas spécialement l'air dans son élément. Enfin, ça, c'était l'analyse d'une jeune femme de vingt ans déjà largement pompette. Elle se dirigea vers lui en titubant, bousculant au passage quelques personnes qui lui jetèrent des regards qui ne présageaient rien de bon. Elle se dépêcha d'avancer vers sa proie sans prêter attention aux vilains gens encore capables de tenir debout.

Et elle y parvint finalement. Sans faire attention au fait qu'elle avait affaire à un inconnu, elle posa sa tête sur son dos et sa main sur son épaule. « Heeey ! Je suis sûre que ça te dit qu'on boive ensemble coquin ! ». Ce sur quoi elle lui prit la main et l'entraîna d'un pas décidé vers le bar, tout en zigzagant et titubant sans même s'en rendre compte. Un des barmans les avait vus et Zelda demanda d'office plusieurs shooters, sans demander l'avis de l'inconnu, une fois de plus. « Allez, soyons fous, je t'invite ! C'est rare hein les femmes qui invitent ? Mais je suis originale et adorable moi ! Et puis... Je t'ai vu regarder les fesses du mec là bas – elle en pointa un du doigt au hasard - : bien rebondies, hein ! ». Elle marqua une pause puis regarda le brun, interloquée. « Mais... T'es qui au fait ?! »

‘I bet you won't ... ’

1